Editorial de D&S n°199 : abonnez vous et venez débattre le 15 décembre pour le n°200, 20 ans

Le week-end du congrès de Toulouse restera comme celui où 60 patrons demandèrent à la gauche de leur verser 60 milliards à titre d’assistanat. Ces grands patrons font partie des 1000 entreprises de plus de 1000 salariés qui produisent 48 % du produit intérieur brut : alors qu’ils ont distribué 187 milliards de dividendes en 2011, ils osent demander 60 milliards « d’aides » à l’état et exiger en même temps que baissent les indemnités des chômeurs et que soit cassé davantage le Code du travail.

Pendant ce temps-là, le congrès du Parti socialiste glissait comme un vaisseau fantôme. Tout avait été fait pour que ce congrès n’en soit pas un : expédié, bâclé, gommé d’avance. Pourtant les militants se sont rebellés, 32 % d’entre eux ont manifesté leur opposition, comme ils le pouvaient et vers la gauche. Les salariés de Sanofi, voisins, sont venus manifester leur exigence d’une intervention volontaire de l’état contre les richissimes actionnaires : ovation ! Toutes les questions politiques vitales (salaires, emploi, contrôle des licenciements, droit du travail) étaient posées hors scène mais ne perçaient qu’exceptionnellement à la tribune. Les interventions vigoureuses comme celles de la motion 3 – applaudies plus que les autres par l’immense majorité de la salle – ne reçurent aucune réponse. La préoccupation principale de la direction était de réussir l’intronisation d’Harlem Désir tout en faisant ovationner le plus possible Jean-Marc Ayrault.

Il n’y a donc pas eu de débat avec les 32 % de militants des 4 motions qui avaient refusé de « suivre » la motion 1. Et dans la motion 1, le seul objectif était de « caser » toutes les candidatures aux instances y compris celles d’ex-UMA, l’ancienne minorité de gauche ralliée. La lutte des postes avait remplacé la lutte des idées pour les dirigeants de l’ex motion C  » – ex Un monde d’avance » – du congrès de Reims. Le « monde d’avance » a nettement pris un « monde de retard ». Et la coulisse ignorait encore l’essentiel : que la « 6° motion », le rapport Gallois, 6 jours plus tard, allait prendre la barre avec 20 milliards de cadeaux aux patrons et une TVA augmentée.

Quelques jours plus tôt, le PS distribuait un tract national vantant le rejet de la hausse de 1,4 points de la TVA de Sarkozy prévue le 1er octobre et soulignant en creux le « gain de pouvoir d’achat » que cela représentait. Il a donc fallu présenter cette hausse de la TVA Ayrault du 6 octobre comme n’ayant rien à voir avec la hausse sarkozyste opportunément annulée : elle n’est que de 0,6 % pour des produits non essentiels mais accompagnée d’une baisse de 0,5 % pour des produits de base, sans omettre un « taux intermédiaire » à 10 %. Les 20 milliards sont présentés comme des crédits d’impôt pour les entreprises qui créeront de l’emploi. Le « cap » du vaisseau de la gauche reste donc le même : viser le chômage, atteindre la justice sociale.

Pourtant les « 300 000 emplois » attendus pour ces 20 milliards coûteront 60 000 euros chacun ce qui est rudement cher payé. D’autant qu’il n’a été prévu aucune contrepartie, ni sanction et les patrons, comme d’habitude, se goinfreront sans embaucher. La TVA est un impôt injuste socialement, et la baisse annoncée de 10 milliards de dépenses publiques, notamment dans les budgets des collectivités locales, va dégrader l’emploi. Même des parlementaires de la motion 1 se sont indignés, et au CN du PS, le 17 novembre, des « contreparties » ont été réclamées avec force. Pas de réponse à ce jour.

Ou va t on ? La boussole du gouvernement était fixée depuis le début sur une « ligne de crête » entre actionnariat et salariat. Mais là, le choix a été fait de verser aux actionnaires. Le rapport de force social l’empêche d’assumer ce mauvais choix, alors il est obligé de le nier en affirmant que le « cap » de la justice sociale est maintenu. Mais d’un coté le Medef toujours plus rapace, exige le maximum de flexibilité, les charlatans de Moody’s et « marchés » dégradent quand même la « note » de la France (y compris, ironiquement celle du MES, pourtant conçu comme le « mécanisme européen de stabilité »). De l’autre, le salariat s’impatiente et grogne en profondeur (et il exige nettement majoritairement la nationalisation de Florange et de Petroplus).. L’irruption des luttes dans ce contexte est la seule voie pour démasquer le vaisseau fantôme, en revenir au réel cruel des urgences sociales.

2 Commentaires

  1. bourdin
    Posted 4 décembre 2012 at 15:04 | Permalien

    Suis d’accord avec ce vous écrivez bien que je ne suis pas d’accord sur ce que vous avez dit sur l’Eglise Jeanne d’Arc de Rouen en juin dernier de.Et regrette que nous ne faisons pas plus de publicité pour les elections syndicales pour les trés petites entreprises . mAis nos syndicats n’ont qu’à la bouche que les grandes entreprises public et privé et éventuellement la fonction public fournissant leur responsable et permanent

  2. luc
    Posted 4 décembre 2012 at 21:20 | Permalien

    Le salariat exige nettement majoritairement la nationalisation de Florange et de Petroplus.

    Le salariat ne sait-il pas que la France a une facture énergétique de 60 milliards d’euros par an?

    Or la meilleur façon d’économiser le carburant est de remplacer l’acier par l’aluminium dans les voitures et les trains.

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