Au boulot n°145 « Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins » (à Lire dans « L’Humanité Dimanche »)

Il y a 30 ans la gauche instaurait le droit à la retraite à 60 ans. Des réformes de 1993, 1995, 2003, 2007 et 2010 imposées par la droite ont considérablement fait reculer ce droit. Pourtant le MEDEF et la commission européenne exigent de nouveaux reculs sur l’âge de départ et une augmentation du nombre de trimestres nécessaires pour une retraite a taux plein. Ils poussent, en faisant baisser les pensions, à une retraite par capitalisation dans le seul intérêt des financiers. Ils poussent différents systèmes (par points, notionnels…) contre la retraite par répartition qui est pourtant la seule sure. Ils veulent aussi l’harmonisation par le bas, l’alignement de l’âge du départ à la retraite en Europe vers le moins disant social, c’est-à-dire 67 ou 70 ans.

Allonger les annuités cotisées au travail c’est un leurre : en pratique, le chômage des seniors augmentant, elles baissent. 40 % ont une décote. A partir de 55 ans, les 2/3 des salariés sont licencies, inaptes, malades, au chômage. Fixer à 42 ou 43 ou 44 annuités, les cotisations pour une retraite à taux plein, revient à imposer aux salariés de sauter à la perche sans perche, ils ne les atteignent pas. Et ils les atteindront de moins en moins puisque les jeunes travaillent toujours de plus en plus tard.

Ce sont les années de bonheur après 40 ans de labeur qu’ils veulent nous prendre. Les meilleures années de la retraite c’est entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail, c’est entre 60 et 65 ans. Si on vit plus longtemps, c’est en partie grâce à la retraite à 60 ans. Si on vit plus longtemps c’est pour en profiter plus longtemps. La retraite, on la veut pour vivre, pas quand on est grabataires. D’ailleurs déjà l’EVSI (espérance de vie sans incapacité) baisse en France chaque année depuis 2008…

Il y a trois budgets en France, celui des caisses sociales (450 milliards) celui des collectivités territoriales et celui de l’état (300 milliards). Le budget social, le plus important des trois, ne génère pas plus de 10 % de déficit et seulement 10 % de la dette totale (et encore ce chiffre est exagéré). 90 % de la dette du pays ne provient pas de nos caisses de protection sociale, ni de la sécu, ni des retraites. Les caisses ne sont pas « vides » ni menacées : en fait la retraite c’est du salaire socialisé. Or les salaires sont bloqués et le chômage ronge nos cotisations. Pour permettre la relance, il faut hausser les salaires : les geler c’est accroître l’austérité, donc la récession, donc l’augmentation des déficits et de la dette.

Ce sont les cotisations salariales et patronales qu’il faut moduler, pas les annuités, pas l’âge de départ. La prestation doit être assurée, 60 ans sans décote, et les cotisations doivent être ajustées en conséquence.

Cotisations modulées, retraite assurée

à lire dans « L’Humanité Dimanche »

chaque semaine chronique « au boulot » de Gérard Filoche

 

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