« Ni contrainte, ni coûts supplémentaires, et pas d’intrusion dans la vie des entreprises » [1] les consignes données par le Medef au gouvernement concernant la « réforme » du dialogue social sont claires. Manuel Valls semble les accepter puisqu’il indique, par exemple, que les commissions paritaires régionales envisagées pour la représentation des salariés dans les très petites entreprises (TPE, moins de onze salariés) « n’auront évidemment aucun droit d’ingérence » dans les entreprises. C’est Monsieur Macron qui s’est chargé lui-même le week-end dernier[2] d’annoncer de nouveaux projets de loi inquiétants pour les droits des salariés : seuls sociaux, temps de travail, assurance-chômage… Le dogme libéral « donner plus de souplesse aux employeurs » est repris à l’envi par celui qui est responsable avec Manuel Valls de l’utilisation du peu glorieux 49-3. Ils ont ainsi fait la terrible démonstration qu’ils sont minoritaires au Parlement, car minoritaires dans la gauche et dans le pays.
Retrait du projet de loi Macron
La loi Macron, contrairement à ce que laissent entendre de nombreux observateurs, n’est toujours pas adoptée. Elle ne reste qu’un projet de loi qui va être débattu au Sénat, puis reviendra à l’Assemblée nationale. Ce projet de loi doit être retiré, c’est un enjeu déterminant des semaines à venir. La journée de grève interprofessionnelle du 9 avril est un des rendez-vous importants de cette bataille. Pas question de lâcher sur ce qui n’est que concession à l’idéologie libérale. Cette politique « ringarde » vieille de plus de 30 ans a échoué dans toute l’Europe : ce n’est pas en baissant les protections acquises par les luttes des salariés que l’on relance une économie. Ce n’est pas en jouant la carte du moins-disant social et fiscal que l’on construit une Europe du plein emploi.
Réorienter radicalement la politique gouvernementale
La baisse de 19 100 du nombre de chômeurs de catégorie A en janvier est une bonne nouvelle. La nouvelle est nettement moins bonne, cependant, si l’on prend en compte l’ensemble des chômeurs des catégories A, B et C[3]. Leur nombre augmente de 16 000 le même mois. C’est, en fait, la précarité de l’emploi qui s’aggrave, en même temps que s’incruste le chômage de longue durée.
Rien ne sert de s’entêter à poursuivre une politique qui ne produit pas de résultat. C’est à une réorientation radicale de la politique gouvernementale qu’il faut s’attaquer. Cela sera l’enjeu majeur du congrès du Parti socialiste de juin prochain. Les rappels à la discipline ne servent à rien, les premiers « indisciplinés » étant ceux qui mènent une politique qui tourne le dos aux propositions du projet socialiste de 2011, aux engagements de la campagne de 2012, et qui jour après jour décident sans tenir compte de l’avis des socialistes, jamais consultés sur les orientations mises en œuvre aujourd’hui.
[1] Pierre Gattaz président du Medef
[2] Le journal du Dimanche du 22 février
[3] Les chômeurs sans activité (catégorie A) , les personnes en recherche d’emploi ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois (catégorie B) ou plus de 78 heures (catégorie C) .
5 Commentaires
A lire sur le site de Rue89,comment furent traités les 25 manifestants lors de la venue du premier ministre,de celui de la défense et de l’Éducation Nationale pour soutenir les candidats aux prochains scrutins et la réaction des invités ( élus socialistes ) , il faudra pas pleurer lors des résultats . Une Honte !
Pourriez-vous, Monsieur Filoche, sachant que cela fait partie du domaine de vos compétences, réagir sur cette présentation du CDI intérimaire bien complaisante et surtout bien incomplète.
Je suis sûr que vous avez beaucoup de choses à en dire, voici le lien pour écouter l’émission:
http://www.franceinfo.fr/emission/tout-comprendre/2014-2015/le-cdi-interimaire-25-02-2015-11-00
Intéressant, ce sondage (source : http://www.bfmtv.com/politique/frondeurs-65percent-des-francais-trouvent-normal-qu-ils-s-opposent-au-gouvernement-866534.html)
>
> A la question « quelle opinion avez vous des frondeurs, ces députés socialistes qui s’opposent à certaines décisions du gouvernement parce qu’ils ne les jugent pas assez à gauche? », 55% des Français répondent qu’ils ont une « bonne » opinion et 45% une « mauvaise ».
> Interrogés sur le fait qu’il soit « normal » ou non que les frondeurs « s’opposent à certaines décisions du gouvernement », 65% des sondés répondent par l’affirmative assurant qu’ »il faut avant tout qu’ils donnent leur avis sur les décisions prises ». Au contraire, 33% estiment « qu’il faut avant tout qu’ils soient solidaires des décisions prises ». Pour 69%, ils ont « des convictions profondes », 59% les jugeant également « courageux » et 52% « proches des préoccupations des Français ».
> Parallèlement 55% les jugent « juste comme il faut, ni trop ni pas assez à gauche », 29% « trop à gauche » et 14% « pas assez à gauche ». 70% des personnes interrogées estiment que le Parti socialiste devrait « rappeler à François Hollande ses engagements de campagne » contre 29% qui souhaitent qu’il soutienne le chef de l’Etat « dans sa politique actuelle ».
bonjour,
Oui !….
Ou sont passés les 60 engagements de Francois Hollande !….Bien sûr certains ont été tenu …
Mais ceux que les salariés attendaient, risque de les attendre longtemps!….
Et dans cette loi Macron les handicapés vont aller se rhabiller !… La protection de l’emploi, pour eux tombe à l’eau !…
Je suis bien sûr pour une discipline du parti (Combien de foi, je l’ai entendu de la bouche de P.JOXE quand il venait dans sa famille dans l’Aube ….)
et il était déjà CGT dans son langage …
Moi CFDT et à l’origine de la mise en place du CERES dans mon département … c’est le passé ….
je parle de P.JOXE, mais aussi Jospin qui moi avait une ligne….
Aujourd’hui j’espère que Martine AUBRY rouvrira le débat par la contribution qu’elle a déposé.
J’ai signé cette contribution….
J’ai aussi regardé de près celle de Benoit HAMON, H.EMMANUELLI et A. FILIPETTI…
Quand il parle de faire reculer les discriminations pour garantir les discriminations, je suis d’accord, car dans les fait on est loin de la réalité ….
Ce qui manque dans notre parti, c’est l’écoute des ouvriers et nous en avons peut dans l’AN et les instances régionales, départementales ,
c’est pas demain que cela changera …. ….
Le débat est amorcé …
je regrette pour ma part que les élections départementales (dans mon secteur) rien ne bouge !…. (Ou presque … cachons notre identité !…)
Pour terminer je suis comme camarade Gerard FILOCHE le projet de loi MACRON c’est le retour deux siècles en arrière pour le droit du travail !…
Certains anciens syndicalistes doivent se retourner dans leur tombe …. Et ceux qui restent regarde !…
Quand enfin on nous écoutera , nous qui connaissons le terrain !….
Et je ne parle pas de la retraite à 60 ans … ni des droits qui sont bafoués pour les salariés qui devraient les toucher ….
(fait comme je te dis , mais fait pas comme je fais )!….
Amitiés socialistes G ( CF et secrétaire de section 14…)
Un seul moyen pour amener le PS à imposer un changement de politique à Hollande et donc pour soutenir les frondeurs; lui infliger un désastre électoral aux Départementales et, si ça ne suffit pas, aux Régionales.
Plus le temps de finasser; cela fait 3 ans que le PS a gagné les élections et que cette politique antisociale est menée en son nom. S’il n’y a pas réorientation rapide et visible, il sera trop tard pour récupérer des électeurs trop longtemps jugés captifs et le PS sera atomisé; dans ce cas, ce ne sera pas un mal, puisque ce sera alors le dernier moyen de voir renaître une véritable gauche.