Mon intervention au congrès de Poitiers

Je disposais de 5’, je parlais tard dans le débat le samedi en fin d’après midi,  mon intervention a même failli être supprimée, je n’ai disposé que de 4 minutes, et sous cette pression j’ai un peu réduit le texte ci dessous que j’avais envisagé :

https://www.youtube.com/watch?v=OSv3DQ9tC_U&feature=youtu.be

Chers camarades,

 

Il n’y a jamais eu de socialisme ni de communisme nulle part dans le monde. Le socialisme est une idée neuve face à la barbarie capitaliste qui conduit le monde à sa perte. 87 hommes possèdent plus que la moitié de l’humanité. 1 % des hommes possèdent plus que 3,5 milliards d’humains. Ce pillage de la majorité de l’humanité par une minorité insatiable mène inéluctablement aux guerres, aux pandémies, aux xénophobies, aux racismes, aux obscurantismes, aux désastres écologiques. Pour sauver la banquise il faut nous sauver des banquiers.

 

En France, deux milliardaires possèdent plus que 20 millions de français et on a 6 millions de chômeurs et 9 millions de pauvres en dessous de 900 euros par mois. En France, on a 500 familles détiennent 440 milliards plus que le budget de l’état. Il y a 600 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux. On a 80 milliards de fraude fiscale reconnue et on s’est fixé comme objectif l’année dernière d’en récupérer … deux ! Le scandale de Luxleaks, Jean-Claude Juncker c’est Cahuzac à la puissance 10 000. Pendant 30 ans il a fraudé sur 2400 milliards d’euros avec 340 multinationales dont 58 multinationales françaises, Total en tête, qui sont allées là bas au Luxembourg, blanchir chaque année, 100 milliards qu’elle détournaient des caisses de notre République, des recettes de notre budget. Et on va donner 41 milliards de crédit à ces multinationales et à leurs sous traitants : vous pensez une seule seconde qu’elles vont s’en servir pour créer de l’emploi, et nous aider à obtenir des résultats pour nous aider à nous faire ré élire en 2017 ?  Une seule seconde vous pensez cela ? Bien sur que non ! Luxleaks c’est le scandale le plus énorme d’Europe, un trafic d’argent, un blanchiment mafieux, fait par le président de l’Europe, celui là même qui exige des équilibres budgétaires, avec NOS multinationales, NOTRE travail, NOS emplois… L’année prochaine pour 2016, c’est le dernier budget utile du quinquennat, on peut peut-être l’orienter sur la lutte contre la fraude fiscale et aller chercher là les milliards nécessaires plutôt que de les prendre sur notre sécurité sociale, sur les petites retraites, les petits salaires, sur le Smic bloqué, sur le point d’indice gelé dans la Fonction publique, l’argent est là, la République française n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties ! Quelqu’un me disait « on ne peut pas redistribuer les richesses qu’on n’a pas » : forcément ils les ont prises, ils ont vidé les caisses publiques et ils ont rempli les caisses privées, il faut donc aller chercher l’argent là, baisser les impôts d’en bas mais augmenter ceux d’en haut, ceux des 1%, ceux des multinationales, des 1000 entreprises qui produisent 50 % du Pib.

 

Et si on veut sauver la fin du quinquennat, il faut aller vite chercher cet argent pour l’emploi : depuis juin 2012, il y a 600 000 chômeurs de catégorie A de plus, depuis juin 2012 il y a 1 300 000 chômeurs de catégorie A, B et C de plus. On ne peut pas comme Manuel Valls ici ce matin nous « féliciter du travail accompli ». C’est le contraire de notre vocation, de ce pourquoi nous avons été élus, nous avions le mandat de faire reculer le chômage de masse or son augmentation est phénoménale !

Il ne faut pas faciliter les licenciements il faut contrôler les licenciements.

Vous savez, je suis allé dans les Vosges, à Docelles, une grande papeterie, la plus belle d’Europe, une rotative de 200 m de long, magnifique, d’une haute technologie, tout à fait rentable, 171 salariés… un financier finlandais a décidé soudain de la fermer ! Les salariés ont monté un projet de Scop viable, soutenu largement. D’abord le patron dit, faute de repreneur qu’il laisse l’usine aux salariés pour 1 euro symbolique. Puis le financier se ravise et exige 12 millions d’euros, ce qui bloque tout. Depuis janvier 2014 la rotative s’use à ne pas servir. Si on avait imposé le contrôle sur les licenciements, on aurait dit « vous n’avez pas le droit de licencier dans ces conditions là, on ne vous y autorise pas ». Et ils auraient été obligés de payer les salaires, depuis 2 ans, 171 salaires, et au bout de 2 ans ils auraient fini par la donner la rotative pour 1 euro symbolique et on aurait sauvé à la fois une merveille technologique et 171 emplois. Mais si on lui dit, « on te facilite les licenciements, tu peux, y aller, et on va faire un barème pour que ça te coute moins cher », alors il fait ce qu’il veut, on est a la merci des actionnaires et des banques au lieu de leur imposer l’intérêt public et celui des emplois.

 

Je n’ai plus de temps, mon dernier mot c’est « unité ». Car sans unité rien de grand ne peut se faire, aucune élection ne peut être gagnée. Unité des socialistes d’abord. François Mitterrand disait qu’il fait d’abord faire l’unité des socialistes. Là, les motions A et B sont pour une « belle alliance » une belle unité de la gauche. Il faut rassembler les socialistes au gouvernement, ce qui n’est pas fait. Il faut rassembler la gauche au gouvernement ce qui n’est pas fait, non plus. Comment le faire réellement ? On le constate bien sur, maintenant, il y a, à gauche bien sur, une aile libérale d’un côté, et une aile assez gauchiste sectaire de l’autre, mais le cœur de la gauche il est facile a distinguer, il est majoritairement pour une réforme fiscale, pour une réforme bancaire, pour une augmentation des salaires, pour le droit du travail et une réduction de la durée du travail, pour une VI° république laïque, parlementaire, ca fait 5 thèmes comme les 5 doigts de la main, le programme de l’unité n’est pas difficile à bâtir, si on le veut, mais il faut réunir la gauche autour d’une table et pas pour lui dire « voilà  c’est a prendre ou a laisser », non il faut accepter de discuter et prendre le temps nécessaire pour s‘obliger a un accord et sortir ensemble d’accord, pour un gouvernement rose rouge vert,  le programme qui fera cette unité ne sera pas libéral et évidemment il ne sera pas gauchiste sectaire non plus, il sera réaliste, réaliste, au cœur de la gauche, seul ce programme peut nous sauver en décembre 2015 ou en 2017, un programme socialiste authentique issu de notre grande tradition socialiste depuis un siècle. Pas un programme à la Macron, mais dans la lignée de Jaurès.

13 Commentaires

  1. BALME
    Posted 9 juin 2015 at 13:15 | Permalien

    JUNKER OU TOTALEMENT COUPABLE SANS OUBLIER UNE EUROPE CONSERVATRICE

  2. Régis de Prunelle
    Posted 9 juin 2015 at 14:01 | Permalien

    Bonjour,
    Dans le dernier paragraphe, tu es complètement à côté de la plaque. Tu souhaites simplement changer la couleur des fils qui relient la marionnette au marionnettiste. Je t’invite à aller au delà de cette idée. Ce qui se passe en France en ce moment a un seul rôle: que le peuple enfin voit la fin de ce système, pour le remplacer par un autre plus lumineux, et non bâtit sur de l’ancien. Si ce système de société devait être amélioré, il y a longtemps que cela serait fait. Donc, laissons le cadavre de cette société pourrir en silence, et créons une société nouvelle, bien au delà d’une 6e république.

  3. Posted 9 juin 2015 at 14:56 | Permalien

    https://www.facebook.com/tristan.guarinos>
    Tristan Guarinos
    8 juin 21:56
    M. Filoche, Vous êtes une personne extraordinaire. La dernière qui sait user des mots de la Gauche. La vraie, l’historique, celle qui parle du peuple et non d’une finance dérégulée ou d’une économie libéralisée. Votre dernier discours, bien trop court, était au summum de sa subversivité. Il sonnait comme un baroud d’honneur en ces terres socialistes-néolibérales corrompues. Me tromperais-je si j’annonçais votre départ de cette barque pourrie ? Afin de concrétiser quelles actions, non pas pour demain, mais après-demain ? Demeurez toujours l’étendard de nos espoirs violés par le capitalisme, le gouvernement, la soumission social-libérale à l’économie. Vous incarnez notre alternative. Amitiés socialistes, merci pour ces mots qui réchauffe nos coeurs.

  4. Mohamed
    Posted 9 juin 2015 at 15:18 | Permalien

    Bonjour,
    Très beau discours et vraiment 5 minutes de ce discours valent largement les poncifs néolibéraux développés par le 1er ministre et tout les membres attachés à la droite du parti.

  5. Posted 9 juin 2015 at 15:59 | Permalien

    Prenons notre part avec ceux qui veulent bouger le monde 

    pouria amirshahi

    9 juin 2015
    Cette entretien est une nouvelle explication sur les ambitions dont peut, dont devrait, se doter un dépassement et un regroupement des groupes progressistes.

    Dans une tribune parue dans le Journal du dimanche durant le congrès socialiste de Poitiers, Pouria Amirshahi, député PS « frondeur » et depuis des mois en rupture avec l’exécutif, imagine un « mouvement citoyen », à l’extérieur du PS, rassemblant ceux qui veulent remettre en route le progrès.

    Entre rassemblement citoyen et coalition politique, quels sont les contours du mouvement que vous appelez à constituer ?

    Les contours seront dessinés très naturellement par les idées communes. Il faut sortir de ce grand bug de l’histoire de l’humanité, très intrigant, qui fait que l’on a, d’un côté, toutes les possibilités technologiques, médicales, etc. de faire le bien commun et, de l’autre, des régressions, des déplacements de populations, le climat qui menace, des guerres, l’accès aux ressources privatisé, des inégalités qui se creusent… C’est cette volonté qu’il faut mettre en mouvement.

    Sans étiquettes : sentons-nous libres d’être ensemble.

    Pour en sortir, il faut « penser hors de la boîte ». Le temps des scissions a été marqué par des échecs. Personnellement, je me sens très libre d’être dirigeant du Parti socialiste, libre parlementaire, et je demande à toute personne de se sentir libre d’être écologiste, communiste, d’être au Front de gauche, ailleurs ou même nulle part. Je vois des intelligences partout.

    Entre les identités fortes de parti et la méfiance de beaucoup de citoyens vis-à-vis des appareils, est-ce bien réaliste d’imaginer rassembler tout le monde ?

    Personne ne pensait il y a deux ans que, dans la Ve République, il puisse y avoir des parlementaires qui ne votent pas la confiance à un gouvernement issu de ses rangs. Comment convaincre ? En n’obligeant personne. En ne faisant aucune injonction à quiconque de renier ce qu’il est. On verra ce que cela donne. Ce qui compte, ce n’est pas de voir le chemin, il est devant nous. C’est de le prendre. Sur Internet, j’ai reçu plus de 500 contributions en même pas trois heures hier. Je ne les ai pas encore toutes lues, mais de ce que j’en ai vu, c’est très riche. Nous n’avons qu’à nous baisser pour cueillir les idées ! L’expertise existe aussi dans le pays réel !

    Vous mettez en garde contre le « poison de 2017 », mais certains semblent déjà contaminés…

    Je ne suis pas médecin guérisseur des obsessions de la présidentielle.

    Je ne peux dire que ça. Je ne m’occuperai pas des cas particuliers de ceux qui ne pensent qu’à cela. Je me préoccuperai de construire un mouvement collectif, commun, qui soit produira une dynamique lors de ces échéances, soit aura, quoi qu’il arrive, préparé le terrain de la France d’après.

    Des mouvements populaires qui ressemblent à ce que vous décrivez existent en Europe, mais pas en France…

    Dans le monde, chaque pays a ses spécificités dans la grande tentation de réappropriation des souverainetés citoyennes. Regardez la révolution citoyenne en Tunisie, le M 23 au Sénégal, Occupy Wall Street, les Podemos, Syriza… Faisons-le à la française! Nous ne procédons pas, comme les Grecs, de la rupture avec des colonels dictateurs, nous ne sortons pas, comme les Espagnols, du franquisme… Nous procédons de la République, mais il faut approfondir la démocratie, avancer vers l’écologie et il faut le faire dans le champ de notre imaginaire national. C’est pour ça que j’ai parlé de la francophonie, d’une nouvelle alliance internationale…

    Prenons notre part dans ce concert nouveau des citoyens qui veulent faire bouger le monde !

    Avez-vous déjà reçu des retours de partenaires potentiels ?

    J’ai échangé directement et indirectement avec beaucoup de socialistes, avec Pierre Laurent et des communistes, avec Jean-Luc Mélenchon, qui en reparlait lui-même hier matin, avec Cécile Duflot, avec Pierre Larrouturou, de Nouvelle Donne… À chaque fois, je demande, comme nous le faisons, de n’exiger de personne de se renier. Si on me parle d’un nouveau parti, d’une nouvelle étiquette, d’une nouvelle scission, ma démarche n’aura pas été comprise. Tout peut être plombé par la logique de la Ve République, mais ça aussi c’est un enjeu à déverrouiller. Et il ne suffira pas d’invoquer une VIe République pour la faire. Il faut avancer avec cette sincérité et transmettre cette part de sincérité.

    Entretien réalisé par Adrien Rouchaleou, à retrouver dans l’édition de l’Humanité du 9 juin 2015 ou sur le site internet de l’Humanité

  6. Mutzenberg lionel
    Posted 9 juin 2015 at 16:10 | Permalien

    Le problème, Monsieur Filoche, c’est que de vos excellents discours, derrières lesquels éclate les réalités économiques, politiques, sociales, vos camarades anciens socialistes, ils n’en n’ont rien à foutre !
    Ils ne sauvent que ce qu’ils leurs restent de leurs postes, de leurs places, de leurs privilèges.
    Ils n’ont pas peur de la défaite en 2017, ils on déjà prévus les parachutes qui leurs permettront d’attendre la prochaine alternance.
    Cela dure depuis plus de trente ans, et même un militant comme vous n’y peut rien changer.

  7. Posted 9 juin 2015 at 16:44 | Permalien

    mais nous sommes 30 %

  8. Khawam Robert
    Posted 9 juin 2015 at 16:56 | Permalien

    Pourquoi dire qu’ »il y a, à gauche bien sur, une aile libérale d’un côté, et une aile assez gauchiste sectaire de l’autre » ce n’est pas ainsi que l’on rassemble !
    Une aile gauche libérale d’un coté soit, on voit qu’il s’agît de ceux qui sont satisfaits de la politique de droite actuellement conduite par Valls et Macron donc des socialistes de droite. De l’autre il n’y aurait que des gauchistes sectaires. De qui parle-t-on? des socialistes de gauche? des membres du FDG tous mis dans le même sac ? qu’ils soient membres de partis ou non ?
    Il faut raison garder mon camarade, si une gauche peut réussir ce sera une gauche issue de toutes les bonnes volontés d’où qu’elles viennent.
    Les bonnes volontés qui sauront mettre en avant ce qui les rassemble avant ce qui les divise.
    Supprimons de notre vocabulaire tout ce qui est susceptible de rendre impossible la rencontre de ces bonnes volontés.
    Fraternellement

  9. Posted 9 juin 2015 at 17:43 | Permalien

    oui, mais sont visés sans etre mentionnés ceux qui sur internet tapent sur nous a tour de bras, pas les unitaires

  10. Posted 9 juin 2015 at 17:43 | Permalien

    Pierre Stambul a été arrêté cette nuit par le RAID. Co-président de l’Union Juive Française pour la Paix, auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur Israël et la Palestine, conférencier, participant régulier aux manifestations de soutien aux palestiniens, c’est un militant marseillais de la paix, cultivé, brillant et courageux.
    >

    >
    > ci-dessous le communiqué de l’Union Juive pour la Paix
    >
    > http://www.ujfp.org/spip.php?newsletter3143http://www.ujfp.org/spip.php?newsletter3143
    >
    >
    > PROVOCATION ? PIERRE STAMBUL ARRÊTÉ COMME UN TERRORISTE ! >
    >
    >
    > C’est aujourd’hui à 1h30 du matin que le Raid a débarqué au domicile de notre camarade Pierre Stambul, co-Président de l’Union Juive Française pour la Paix.
    > Les forces de police ont utilisé le protocole pour neutralisation de terroriste retranché armé : portes cassées, et devant les habitants pacifiques réveillés recherche immédiate de caches d’armes. Faisant évidemment chou blanc, le Raid n’en a pas moins appelé la police nationale qui a emmené Pierre menotté. A cette heure, Pierre n’est toujours pas relâché. Tout porte à croire que cette mise en scène dont on ne sait qui est à l’origine vise à empêcher Pierre d’assurer l’intervention prévue ce soir à Toulouse par l’UJFP et le comité BDS (Boycott, Désinvestissement Sanctions tant que Israël ne se conforme pas au droit international). Cette intervention grotesque et scandaleuse doit faire l‘objet d’une protestation unanime de toutes les personnes attachées aux droits humains
    >
    > Le Bureau National de l’UJFP le 09-06-2015 10h20

  11. Gilbert Duroux
    Posted 11 juin 2015 at 12:36 | Permalien

    « Vingt-quatre heures après l’irruption nocturne et violente du Raid au domicile de Pierre Stambul, co-président de l’Union juive française pour la paix, c’est chez Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, que les policiers ont débarqué ».
    http://www.politis.fr/Intervention-policiere-au-domicile,31469.html

    Lorsqu’on se souvient qu’en octobre 2013, Jean-Claude Lefort a appelé à la démission le ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour sa politique à l’égard des Roms, on se demande s’il ne s’agit pas là d’un abus de pouvoir sur fond de mesquine vengeance personnelle.

  12. The Aurelio
    Posted 12 juin 2015 at 10:33 | Permalien

    « Et le candidat qui promettait de donner priorité à la jeunesse, la donne en effet : les jeunes auront le droit de faire trois CDD de suite au lieu de deux !

    Tout cela facilitera précarité et chômage de masse : qui facilite les licenciements augmente le nombre de chômeurs mécaniquement, c’est vérifié avec certitude depuis trente ans. Qui assouplit les CDD fait reculer le CDI. »

    Le problème, c’est que les entreprises n’ont aucune visibilité dans la France d’aujourd’hui. Autant pour des raisons économiques pures et dures que d’instabilité fiscale et institutionnelle. Alors quoi ? On préfère des CDD ou pas d’emploi du tout ?

    Parce qu’il ne faudra pas oublier quelque chose de très simple : une embauche suppose une prise de risque économique en fonction de besoins.

    Le reste c’est de la littérature.

  13. Posted 12 juin 2015 at 10:54 | Permalien

    Voyage à Berlin: les cinq erreurs de Manuel Valls

    Par Bruno Roger-Petit

    Publié le 11-06-2015 à 12h52Mis à jour à 20h07

    Après l’annonce par Manuel Valls qu’il prenait en charge pour 2.500 euros le voyage de ses enfants à Berlin, Laurent Fabius a jugé la communication du Premier ministre avait été « maladroite ».

    • Manuel Valls remboursera 2.500 euros pour le voyage de ses enfants à Berlin
    • Pourquoi la com’ de crise de Valls a totalement échoué
    • René Dosière: « Manuel Valls doit rembourser le billet de ses enfants »
    Le dernier petit coup de dague à Manuel Valls aura été donné par Laurent Fabius. Appelé à commenter jeudi 11 juin, sur RMC, la décision prise en catastrophe par le Premier ministre de payer le voyage de ses enfants dans un avion de la République, le ministre des Affaires étrangères, l’air de rien, comme il aime à le faire, laissant distraitement tomber le petit mot qui achève : « La communication était maladroite, mais il n’y a pas eu de mensonge ». La litote aussi, peut tuer. Certes, Laurent Fabius a dit espérer que cette annonce mettrait un terme à la polémique, mais le petit coup de poignard, en passant, est bel et bien asséné…
    « Communication maladroite », traduit du fabiusien en français courant, cela signifie « ni fait, ni à faire ». Laurent Fabius ose ce que peu de ministres osent s’agissant du chef du gouvernement : il dit la vérité. Car dans cette affaire, y compris avec l’annonce surprise de ce jeudi matin, Manuel Valls a réussi la séquence parfaite de communication de crise ratée. De bout en bout, il a commis toutes les erreurs qu’il ne fallait pas commettre. Pour une personnalité publique réputée maitriser à merveille les séquences de communication montées à son profit, cet accident industriel de communication révèle des failles politiques que beaucoup d’observateurs se refusent souvent à voir.
    3 Français sur 4 choqués
    La décision de rembourser le voyage de ses enfants à bord du désormais célèbre avion assurant la ligne Poitiers/Berlin/Paris-Poitiers survient à contretemps. Elle est sans doute le résultat d’un sondage accablant pour le Premier ministre, indiquant que 77% des Français étaient choqués de son week-end. A un tel niveau de désaveu, il fallait faire quelque chose, surtout quand un certain François Hollande compterait au nombre des 77%.
    Le problème, c’est que cette décision est présentée de manière bien étrange par Manuel Valls, qui parait s’excuser d’une faute tout en continuant d’affirmer qu’il n’en a commise aucune.
    Pourquoi tenter de justifier le versement de ces 2.500 euros en continuant de proclamer, côté Matignon, « qu’il ne s’agit pas d’un remboursement mais bien d’une prise en charge puisque le Falcon était de toute façon affrété pour le déplacement de Manuel Valls à Berlin » alors qu’à l’évidence, il s’agit d’un remboursement de frais engagés par la République au profit des loisirs privés de la famille du Premier ministre ?
    Pourquoi déclarer vouloir « incarner un comportement parfaitement rigoureux » tout en continuant de décréter que ce déplacement était « officiel », donc justifié?
    Pourquoi avouer « Si c’était à refaire, je ne le referais pas » tout en continuant d’affirmer que ce déplacement pour assister à la finale de la Ligue des Champions entre la Juventus et Barcelone, en compagnie de ses enfants et de Michel Platini, était légitime?
    Pourquoi faire cet acte de contrition à demi-mot, presque dans le déni, sans faire un mea culpa réel et sans réserve?
    Parce qu’il a refusé, dès le départ de l’éclatement de la crise, le samedi après-midi, de reconnaitre son erreur politique, à savoir l’émission d’un message symbolique destructeur pour un Premier ministre sans résultats et exigeants des Français des efforts et encore des efforts, Manuel Valls finit sa séquence aussi mal qu’il l’a commencée.
    Les 5 erreurs de Valls
    Première erreur : le samedi, se donner en spectacle « Week end de rêve entre Ligue des Champions et Roland Garros » en plein congrès du PS et quatre jours après l’annonce de chiffres désastreux en matière de chômage.
    Deuxième erreur : le dimanche, fanfaronner devant les journalistes présents à Poitiers et ironiser sur les « grincheux  » jaloux de sa vie de People courant de Berlin à Roland Garros.
    Troisième erreur : le lundi, tenter de faire croire que le Premier ministre s’était rendu à Berlin pour y travailler à la préparation de l’Euro 2016, argument peu crédible dans la mesure où l’UEFA avait annulé la réunion prévue et où Michel Platini rendait visite à François Hollande quatre jours plus tard.
    Quatrième erreur : le mardi et le mercredi, justifier la présence des enfants dans l’avion pour Berlin au motif que cela ne change rien au prix de l’avion, alors qu’à l’évidence, c’est la présence des enfants même qui pose un problème de principe.
    Cinquième erreur : le jeudi, annoncer que l’on va débourser 2.500 euros pour payer le voyage de ses enfants, ce qui vaut aveu de culpabilité, « si c’était à refaire, je ne le ferais pas », tout en continuant d’expliquer que tout est normal et légitime, qu’aucune faute n’a été commise.
    A la fin, Manuel Valls ne donne pas le sentiment de se livrer à un vrai, sincère et authentique mea culpa, mais plutôt à une tentative désespérée d’éteindre l’incendie politico-médiatique. En résumé, le message du Premier ministre aux Français est un peu cavalier : « Je lâche 2.500 euros alors que je ne suis pas obligé, donc, lâchez moi la grappe ! »
    Oui, cette communication de crise, comme le dit Laurent Fabius, a été « maladroite ». Du samedi matin au jeudi matin, il ne s’est pas écoulé un jour sans que le Premier ministre ne fasse preuve de sa défaillance à anticiper les conséquences de toutes ses décisions en matière de communication.
    Manuel Valls a beau être un communicant de l’ère Fouks/Séguéla, une belle machine à inventer des histoires, il a été victime de sa raideur, persistant à s’enfermer dans une machine à déni qui a alimenté sa communication de crise de bout en bout.
    La leçon politique de cette affaire
    Il y a donc une leçon politique à tirer de cette séquence : Manuel Valls n’est pas doté d’un garde-fou médiatique efficace. Il manque auprès du Premier ministre un Jiminy Crickett de la communication politique, capable d’anticiper les crises susceptibles d’être engendrées par les faux-pas que le Premier ministre s’apprête à commettre.
    Ceux qui connaissent, depuis longtemps, le fonctionnement politique de Manuel Valls ne s’en étonnent pas. Le chef du gouvernement n’est pas un adepte de la contradiction créative, surtout dès que l’on touche à l’idée qu’il se fait de sa communication. Valls n’est pas Obama, qui est aussi en matière de communication, un partisan du « check and balances ». Il n’aime que les communicants de son sérail, lui répétant à longueur de temps : « Fais-toi plaisir, les Français t’aiment, tu seras président de la république »…
    Les dégâts causés par cette affaire de vol Poitiers/Berlin-Paris/Poitiers, sont considérables. A l’évidence. D’où la limite de la philosophie du « Fais-toi plaisir, les Français t’aiment, tu seras président de la République… » Cette situation éveille en nous comme une étrange sensation de déjà vu. Bref, comme dirait Laurent Fabius, tout cela annonce encore de grands moments de « communication maladroite »…

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  1. Par LuxLeaks ne connaît pas la crise ! le 19 juillet 2015 à 19:40

    [...] Gérard FILOCHE blog : Mon intervention au congrès de Poitiers [...]

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