Au boulot n°248 Confidences d’un VTC (à lire dans l’Humanité dimanche)

 

« Et je dors dans ma voiture, ma mère m’a cousu une couverture pour que je puisse me glisser dedans »… Il a 25 ans et il est VTC. Voiture tourisme avec chauffeur. Il paraît que c’est le dernier métier à la mode dans une société en voie « d’ubérisation » nous clame Jacques Attali. Du nom d’Uber la pieuvre multinationale 50 fois milliardaire qui met en « relation » les chauffeurs et les clients arrachés aux taxis.

Ce jeune homme a cru que c’était la panacée au début. « Je veux faire du fric, je veux m’en sortir » « je suis prêt à bosser jour et nuit s’il le faut ». « Du moins je croyais que c’était possible ». « En vrai j’ai fait des journées de 20 h ». « Parce qu’on sait que y’a que comme ça comme qu’on peut s’en sortir ». « Y a le prix de la voiture, il en faut une belle noire ». « Alors la rembourser, payer l’assurance et l’entretenir » « Uber y prennent 20 % et ils te donnent les courses » « J’ai pris le pli, je fais ça 7 jours sur 7, je prends aucun jour à moi, je peux le faire des années… après on verra…  de toute façon j’ai plus le choix »

« Quand je rentre j’ai le dos cassé, j’ai attrapé un ulcère, je me suis séparée de ma petite amie : c’était après l’accident ». « C’était pas de ma faute, l’autre gars il a manoeuvré à reculons sans prévenir, j’étais fatigué, pas su l’éviter, c’est notre trouille ça, il faut réparer, que le véhicule soit clean, 1600 euros à débourser, j’ai demandé à Uber, ils ont rien voulu savoir, j’ai insisté, ils ont cessé de m’envoyer des courses à faire, comme ça du jour au lendemain. Je les ai rappelé, ils ne me prenaient plus, jeté comme une vieille chaussette alors que ça faisait 18 mois que je bossais pour eux. Vous croyez, Monsieur, que je peux leur faire un procès ? (Oui !) Je suis allé vers les chauffeurs privés et Lecab. Je ne me paie pas la santé ni les retraites, j’ai tort, je sais, mais il faut que ca passe, que je m’en sorte. L’autre jour une femme m’a écrasé son chewing-gum sur la moquette, impossible à le détacher, j’y ai passé une heure, ».

Il paraît que c’est la modernité,  ces chauffeurs VTC sans droit, ni loi, sans salaire, sans horaire, sans dignité ni liberté, attachés à « l’application » le « Big Brother » qui les commande de loin en les exploitant comme des post-esclaves. Et vous avez Attali, Gattaz, Macron, Nathalie Kosciusco-Morizet qui vous disent : « C’est l’avenir » : tous intermittents, tous auto-entrepreneurs, loueurs de bras, fin du salariat, moderne, moderne !

Gérard Filoche

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