La gauche grecque désunie va t elle perdre ou gagner dimanche ? suspense ce soir

Une gauche grecque désunie

Stéphane Aubouard
Jeudi, 17 Septembre, 2015
L’Humanité
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AFP
Représentant à eux tous environ 10 % de l’électorat, les partis de la gauche grecque autres que Syriza partent dispersés, favorisant le brouillage politique malgré des analyses et des objectifs souvent communs.

Athènes (Grèce), envoyé spécial.

Alors que les parcs et ruelles proches de la place Omonia recueillent dans l’ombre quelques centaines de réfugiés afghans et syriens, la campagne des législatives débarque à son tour dans ce quartier populaire du centre d’Athènes. Ici, la gauche a souvent l’habitude de faire entendre sa voix. Il y a neuf mois, Alexis Tsipras, alors candidat de Syriza, y enflammait une dizaine de milliers de partisans venus entendre son dernier discours avant d’être élu premier ministre.

Mardi soir, c’est un de ses lieutenants de l’époque, Zoé Konstantopoulou, elle aussi présente le 23 janvier à Omonia, qui s’est exprimée devant une foule fervente quoique clairsemée. Celle qui fut entre-temps présidente du Parlement n’a perdu ni de sa voix ni son verbe : « Voulez-vous une politique d’austérité ? » crie-t-elle à la foule. « Oxi » (non), répond celle-ci, « Voulez-vous d’un nouveau mémorandum ? » « Oxi », clame encore le public. « Voulez-vous une politique qui ne respecte ni les droits de l’homme, ni ceux des réfugiés, ni la démocratie ? » « Oxi, Oxi, Oxi ! » L’impression de déjà-vu est patente à une différence notable près : les drapeaux rouges, verts et violets de Syriza qui flottaient l’hiver dernier dans la nuit athénienne, ont été remplacés par ceux, jaunes et rouges, d’Unité populaire, le nouveau parti créé dès juillet par l’ex-ministre de la Production et de la Reconstruction d’Alexis Tsipras, Panagiotis Lafazanis.

 

« Nous nous sommes sentis profondément trahis »

Au lendemain de l’accord extirpé de force par Bruxelles au gouvernement grec. Parmi les militants présents mardi soir, Myrto Abecassis, designer au chômage, défile une pancarte à la main sur laquelle deux phrases sont inscrites. « Il faut annuler la dette et arrêter de payer pour rien ! voilà la première idée », explique la jeune femme d’une trentaine d’années. « En dessous, il est écrit que nous ne sommes pas les membres de cette Europe qui ne veut pas des réfugiés », reprend-elle, désignant au loin, derrière la foule les quelques tentes de fortune installées sur les trottoirs. À ses côtés, Theodoris Patastzis, rédacteur pour le journal les Travailleurs de gauche, lié à Unité populaire, veut garder le moral. « C’est très dur de recommencer de zéro, mais nous nous sommes sentis profondément trahis », justifie ce quinquagénaire. « Je suis sûr qu’on fera quand même plus de 3 % et qu’on rentrera au Parlement », espère-t-il.

 

Nationaliser et renforcer 
les secteurs stratégiques

Nasos Papastanis, éducateur dans une banlieue d’Athènes, le rejoint un programme à la main. « J’étais moi-même militant de Syriza pendant des années », commence celui-ci. « Mais la signature de ce troisième mémorandum m’a montré le vrai visage de cette équipe dirigeante qui a effacé notre programme pour y inscrire celui du Pasok ! s’indigne l’homme d’une trentaine d’années. Du coup, nous le reprenons à notre compte en l’améliorant : d’abord sortir de la prison de la zone euro ; ensuite annuler les mémorandums ; nationaliser des secteurs stratégiques ; renforcer le secteur public et enfin porter une vraie politique humaniste d’accueil des réfugiés ».

Un programme relativement proche d’autres partis de la gauche grecque qui, en dehors, de Syriza pèsent à eux tous (Unité populaire compris), environ 10 % de l’électorat. Parmi eux, Antarsya (Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement), dont la moitié des membres auraient déjà rejoint Unité populaire, et qui peuvent prétendre atteindre les 1 %, d’autres petits partis d’extrême gauche, mais aussi et surtout le KKE (Parti communiste de Grèce), formation historique de la gauche anticapitaliste hellénique. « Le problème est que le KKE ne veut pas de nous », reprend Nasos Papastanis. « Comme Tsipras, j’ai été membre de ce parti dans ma jeunesse, mais leur seul horizon politique se fait à l’intérieur du parti, comme l’Alpha et l’Omega de toute révolution socialiste. Lafazanis a bien tenté une alliance dès le départ. » Sans y parvenir.

Lire aussi :

Elias Nikolakopoulos « Les indécis qui ont voté Syriza en janvier ont la clé du scrutin »

 

 

Commentaire : à l’opinion de D&S et a la mienne, il ne fallait pas signer le  nouveau memorandum de schauble le 13 juillet, c’était impossible et intolérable vu le vote du peuple grec du 5 juillet. Mais Tsipras en a jugé autrement. Le pire ensuite sst la division qui en résulte, car elle réjouit les droites européennes. Donc, après, il fallait gérer autrement les conséquences de la signature dictée brutalement par Schauble et cie. Il eut été possible de rester dans un même parti avec droit de tendance, car s’il y avait désaccord sur la signature du 13 juillet, les analyses de fond en général et celle du memorandum étaient les mêmes. Sans la scission Syriza gagnait à coup sur, là c’est douteux à I/2 point près. Avec une majorité de gauche le rebondissement était possible, la bataille de l’application du memorandum continuait, mais avec ND, la droite, on sait comment elle se jouera. Des électeurs massivement en accord avec Unité populaire vont voter Syriza pour que ND ne revienne pas, ce qui ne rendra pas le mandat clair pour autant. GF

17 Commentaires

  1. Posted 18 septembre 2015 at 12:21 | Permalien

    Bonjour à tous,
    En complément de la dépêche AFP publiée par notre camarade Gérard Filoche, je vous invite à lire l’article intitulé « Le programme de l’Unité populaire », disponible à l’adresse suivante : http://alencontre.org/europe/grece-le-programme-de-lunite-populaire.html
    Solidairement.

  2. Gilbert Duroux
    Posted 18 septembre 2015 at 17:14 | Permalien

    « Il eut été possible de rester dans un même parti avec droit de tendance, car s’il y avait désaccord sur la signature du 13 juillet, les analyses de fond en général et celle du memorandum étaient les mêmes ».
    Cette décision était intenable. Cette fraction de gauche n’aurait eu aucun député. Elle aurait été laminée à court terme.
    En France, s’il y a des députés frondeurs, c’est bien parce qu’ils ne menacent en rien la politique de Valls et Macron, vu qu’ils votent tous les budgets.

  3. Posted 18 septembre 2015 at 17:27 | Permalien

    Un parti avec droit de tendance, il suffit de regarder chez nous pour voir que ça ne marche pas. Bien que « les frondeurs » représentent soi-disant 30% des militants – et peut-être encore plus des électeurs – du PS, le gouvernement continue sa politique de plus en plus à droite.
    Le combat de l’intérieur, je ne connais pas de cas historique où ça ait marché.

  4. Posted 18 septembre 2015 at 17:47 | Permalien

    jeremy corbyn

  5. Posted 18 septembre 2015 at 17:49 | Permalien

    a l’inverse, syriza aurait laissé place en proportion au nombre deputés de la tendance unite populaire, la victoire aurait été assurée

  6. lionel mutzenberg
    Posted 18 septembre 2015 at 18:18 | Permalien

    Jérémy Corbyn à gagné après 40 années de combat à l’intérieur de son propre parti. Ce qui veut dire que pour des gens de notre génération, c’est râpé de notre vivant, 1981-2021.
    Et puis le combat n’est pas terminé, il doit maintenant, comme vous, se heurter aux élus, députés en têtes, qui eux, trouvent que la soupe est bonne.
    Je souhaites qu’il réussisse, il va bien falloir que dans un pays de l’Union Européenne, l’idéal de gauche reprenne ses droits. La France est larguée par la faute d’une poignée de personnes sans autre conviction, que leurs propres intérêts de classe, et de caste.
    Le parti socialiste d’Epinay est mort, enterrons le avant qu’il ne nous enterre complètement.
    Un autre parti socialiste ? Vous proposez quoi, et qui ?

  7. Gilbert Duroux
    Posted 19 septembre 2015 at 1:00 | Permalien

    GF : « a l’inverse, syriza aurait laissé place en proportion au nombre deputés de la tendance unite populaire, la victoire aurait été assurée ».

    Certes, mais ce n’était pas son intention. Et c’est bien pourquoi s’est créée « Unité populaire ».

  8. Posted 19 septembre 2015 at 5:32 | Permalien

    une « intention » cela se crée, c’est d’abord une volonté, et ca empêche des scission inutiles, dangereuses, perdantes pour toutes et tous : unité

  9. lionel mutzenberg
    Posted 19 septembre 2015 at 9:13 | Permalien

    C’est justement ce qui choque de la part de Syriza, et de Alexis Tsipras: Aucune volonté d’unir la gauche !
    Pourtant il n’est plus sous la menace de la troïka, avec un pistolet sur la tempe; alors, qui est réellement Alexis Tsipras ?
    Il semblerait que je me sois une nouvelle fois planté sur le choix d’un représentant de la gauche.
    Qui sera le quatrième, après Mitterrand, Jospin, Hollande…remarquez, le troisième étant passé, peut être que le quatrième sera le bon…reste à le trouver, mais surtout, à nous donner un projet de gauche qui ne reposera pas sur une seule personne.
    L’homme providentiel n’existe pas, L’histoire nous l’a démontré. De gaulle, peut être, mais il fut l’homme providentiel de la grande bourgeoisie, que pourtant il n’appréciait pas; ne serait-ce pas cela que l’on nomme : Un engagement de classe ?

  10. Posted 19 septembre 2015 at 17:41 | Permalien

    Corbyn a pris la tête d’un parti qui s’est pris une sévère déculottée il y a quelques mois.

    Peut-être qu’après la déculottée prévisible en 2017 un homme de gauche prendra la direction du PS ?

  11. Gilbert Duroux
    Posted 19 septembre 2015 at 18:26 | Permalien

    Je te parle de faits. Les partisans de Tsipras n’ont jamais eu la volonté proposer des candidats de la tendance minoritaire, c’est pourquoi s’est créée Unité populaire. Ils n’avaient pas le choix s’ils voulaient avoir des députés et continuer à exister. Tu ne peux pas calquer le fonctionnement de Syriza avec celui du parti dit socialiste. Syrisa, rappelons-le, est un regroupement (19 composantes, je crois) qui s’est constitué en parti pour profiter de la loi électorale.

  12. Posted 20 septembre 2015 at 11:11 | Permalien

    je me frotte les yeux, tu reproches a tsipras de ne pas vouloir unir la gauche ?

  13. Gilbert Duroux
    Posted 20 septembre 2015 at 16:24 | Permalien

    Tu fais semblant de ne pas comprendre. Tu appelles union de la gauche la caporalisation derrière un homme.

  14. Posted 20 septembre 2015 at 22:52 | Permalien

    il faut des primaires de toute la gauche pour 2017… apres avoir rédigé une plate forme commune
    comme ça j’y suis candidat pardi

  15. Gilbert Duroux
    Posted 21 septembre 2015 at 15:38 | Permalien

    Qui va participer à la rédaction de la plateforme commune au nom du PS ? Le Guen ? Sapin ? Le Foll ? Gérard Collomb ? Manuel Valls ?
    Tu vois bien que cette proposition ne tient pas la route. Tu vois Valls élaborer un programme commun avec Mélenchon et Besancenot ?

  16. Posted 21 septembre 2015 at 18:03 | Permalien

    l’hypothèse d’une telle réunion implique la participation de toutes les sensibilités sinon elle échoue d’avance

  17. Gilbert Duroux
    Posted 21 septembre 2015 at 20:57 | Permalien

    Les complices de Valls-Macron-Gattaz, qui sont à la tête du parti prétendument socialiste, ne marcheront jamais. La preuve, ils préfèrent défendre le référendum diversion de Cambadélis.

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