Ce qui fut le plus frappant du souvenir de la grande manifestation du 11 janvier 2015 c’était sa totale extériorité aux tentatives d’exploitation chauvines, nationalistes, racistes, réactionnaires. Notre peuple est grand. Pas parce qu’il est « français » parce qu’il est humain.
4 millions de personnes ont manifesté, il y a un an, le 11 janvier à la suite du terrifiant assassinat de nos amis les dessinateurs de Charlie hebdo et des autres victimes. C’est une de ces grandes mobilisations dont notre peuple est capable depuis la Libération, Charonne, Mai 68, Novembre-décembre 1995, pour les retraites en 2003 et 2010, chaque fois que nos libertés fondamentales et nos droits sociaux élémentaires sont en jeu.
Le climat de ces manifestations était républicain, positif, fraternel, constructif. On étaient tous pluriel et laïques. Ceux qui craignaient ou espéraient des sentiments de revanche, sécuritaires, autoritaires, sectaires, ont bien vu que ce n’était pas le cas, nulle part.
Le crayon a été brandi comme une arme, un symbole, à des millions d’exemplaires de la fête, du droit de tout dire et de rire. « Je suis Charlie », signifiait parmi les manifestants, une forme de défi à tous les interdits, avec humour corrosif, plaisir des caricatures et amour de la vie. Il régnait un grand sentiment de complicité et de liberté dans tous les cortèges.
Nulle part, dans aucun des milliers de rassemblements, de cortèges, il n’a été signalé une banderole avec « unité nationale » : la dominante n’était pas la chasse au terrorisme, c’était : « Liberté j’écris ton nom ». Personne n’a demandé de s’armer comme au USA ni un « Patriot act » encore moins la peine de mort ou « la guerre ».
C’était un peuple mêlé, debout, conscient, qui voulait plus d’égalité, plus de budget pour l’éducation, pour la culture. L’aspiration majoritaire était à combattre les inégalités qui engendrent les haines, à redistribuer les richesses, à de meilleures écoles, de meilleurs logements, du travail, à redonner du sens social, de l’espoir collectif, à notre société.
Le vendredi 13 novembre 2015, nous étions encore des millions à être visés par les attentats : professeur, graphiste, informaticien, chercheur, serveur, restaurateur, juriste, éditeur, artiste, maquilleuse, étudiant, musicien, commercial, employé de banque, chauffeur, livreur, charpentier, communicant, administrateur, contrôleur des impôts, technicien, apprenti architecte, rugbyman, journaliste, avocat, douanier, programmateur, chanteur, sportive, rédacteur, brigadier.
Nos noms étaient : Hyacinthe, Fabien, Lucie, Domi, Valeria, Matthieu, Victor, Cécile, Manu, Maud, Germain, Ludovic, Amine, Djamila, Yannick, Asta, Milko, Elif, Nohémie, Francois-Xavier, Gregory, Patricia, Elsa, Luis Felipe, Juan Alberto, Nick, Lola, Guillaume, Elodie, Mayeul, Ariane, Alban, Manuel, Ciprian, Fabrice, Thierry, Baptiste, Quentin, Hugo…
129 morts, 350 blessés, ils venaient de Venise, de Suresnes, de Berlin, du Burkina Faso, de Neuilly, de Montpellier, de Normandie, du Congo, de Tarbes, de Marne-la-Vallée, d’Asnières, de Cherbourg, de Ceyrat, d’Epervans, du Maroc, de Belgique, de Biarritz, de Californie, de Lambersart, de Madagascar, du Chili, d’Espagne, d’Amiens, de Colchester, d’Algérie, de Bobigny, de Saint-Tropez, de Tonnerre, d’Alsace, de Gondecourt, de Nancy, de Sancerre, de Bagnolet, de Tunisie, du Brésil, de Suède, du Portugal, de Roumanie… renoi ou rebeu.. 21 nationalités, loin par-delà les frontières et le périphérique.
Ils étaient, nous étions, tous mélangés, car c’est ça notre République, elle n’est pas que tricolore, c’est ça notre pays, il est ouvert, accueillant, pluriel, multiculturel.
Ce n’était pas la race blanche, ni le cocorico chauvin, ni la décadence des riches, ni une quelconque « identité nationale » qui étaient visés, c’était notre peuple si fécond, si joyeux et si divers. Le match de foot était international, un des restaurants s’appelait « le petit Cambodge », le rock était « hard » : ceux qui ont expliqué que « Charlie » était allé trop loin, que disent-ils ? Que la musique était trop forte au Bataclan ? Toutes les victimes avaient le même sang et la même joie de vivre. Les assassins venaient de Belgique et leurs menaces visent tous les pays d’Europe. Ce n’est pas seulement une « nation » qui a été visée, c’est l’humanité entière qui est touchée.
Alors c’est ça qui rend surréaliste que le débat qui en sorte soit un débat restreint caricatural, sur la « déchéance de nationalité », sur « l’indignité nationale » sur la « déchéance nationale pour les binationaux ou pour tous » ou pour les « apatrides ». C’est lunaire. Pire, c’est à l’opposé de ce qu’il faut faire, il faut associer tous les autres peuples menacés, pas se barricader de façon ridicule dans les limites du notre.
« Moi, président », j’aurais parlé au nom de l’Humanité à Versailles et je n’aurais pas cédé aux sirènes de la « triangulation » pour obtenir les applaudissements de la droite et de l’extrême droite sur des thèmes franchouillards nationalistes.
« Moi président » je mettrais fin à tout cela puisque c’est une impasse, jamais il n’y aura les 3/5° au Congrès, puisque chercher à recréer des « apatrides » au lieu de l’internationalisme, est une voie sans issue.
9 Commentaires
en attendant, il doit être content le Cabu sur son nuage, la légion d’honneur, Johnny et l’armée pour lui, quelle misère
et pendant ce temps la, la petite souris macron grignote, grignote grignote nos droits
Valls promet des ordonnances pour faire passer des mesures autoritaires touchant a la liberté de chacun.
En clair on va vivre en permanence dans un état d’urgence…
une sorte de patriot act a la française.
décidément avec ce gouvernement on va boire le vin jusqu’à la lie .
atteinte aux droits fondamentaux , retours en arrière social , libéralisation et dérèglement économique
ça va etre long de tenir jusque 2017
Il sont très fort, ces socialos. Ils ont réussi à faire virer Cabu du Canard Enchaîné à titre posthume. Il faut savoir que le Canard interdit à ses collaborateurs de recevoir pareille distinction.
Je vous lis et une fois de plus, votre texte est magnifique et je vous rejoins – au delà de la forme poignante – bien évidemment aussi sur le fond.
Ceci étant dit,au risque cruel de vous décevoir, le dire comme vous le dites si bien, est-ce vraiment penser politiquement ce qui nous arrive ?
Utopiquement, je fais de vos mots ma vérité personnelle. Humaine et politique.
Mais qu’est-ce qu’il se passe en réalité ?
Où est dans votre texte l’analyse géopolitique ? où est le procès des guerres nord-américaines ? qui arme ces mercenaires fanatiques, utilisés et lâchés tour à tour, par les USA et l’Arabie Saoudite ? N’ont-ils pas été parallèlement soutenu par M.Sarkozy, BHL, M.Juppé et M.Moscovisci pendant la guerre fomentée en Libye et dans le parachèvement de la déstabilisation de la Syrie, un pays désormais en proie à une horrible guerre civile ?
Comment penser ce phénomène paradoxal qui fait que la liquidation des « Charlie » par des fascistes panislamistes débouche au cœur de notre république fraternelle sur un Etat d’Urgence en voie de constitutionnalisation éternelle ? Comment se fait-il que la marche du 7 janvier accouche effectivement de plusieurs monstres ? La récidive de jeunes salauds et idiots utiles d’Etats dictatoriaux, le 13 novembre 2015 et symétriquement de la naissance d’un ordre policier permanent s’apparentant à une simili-dictature qui prône la déchéance de nationalité pour les morts en emmerdant les vivants, tout en attendant de passer les plats au FN ?
Comment se fait-il que M.Vals ait étendu la résidence surveillée à des militants écologistes les faisant passer déjà au yeux de l’opinion pour des terroristes potentiels?
Pour penser l’évènement politique qui nous accable, il faudrait avoir plusieurs coups d’avance. Avez-vous vu qu’en Tunisie, au Maroc, en Egypte, en Turquie, ce sont à chaque fois les militants et les militantes de Gauche qui sont assassinées par des fascistes panislamistes ?
Et quand ce ne sont pas eux qui s’en chargent, ce sont des Anders Behring Breivik qui font de même, ailleurs, sous d’autres latitudes.
Cela arrange qui que les militants politiques de Gauche et les militants syndicaux soient ainsi exterminés ?
Hier, au Mexique,Gisela Mota, Membre du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) et maire fraichement élue de la ville de Temixco a été assassinée chez elle, par des tueurs.
Partout, les fascistes aux milles visages terrorisent les populations et assassines les militants politiques de Gauche.
Et en France, le président Hollande sous les rumeurs d’un nouveau Krach boursier nous concocte un Etat d’Urgence permanent et un Etat policier ?
Il ne peut y avoir d’explication aux actes des djihadistes ( !?)
Ce sont les propres paroles de M. Valls lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de 7-8-9- janvier 2015, rendu samedi 9 janvier devant le supermarché cacher de la Porte de Vincennes à Paris.
Est-ce bien vrai ? Il y a pourtant toujours un rapport cause-effet. L’effet, ce sont les attentats qui continuent d’ensanglanter l’Europe. La cause, c’est l’existence de l’État Islamique qui, sans parler d’Al-Quaïda, a été longtemps considéré par l’Occident comme une expression de manifestation démocratique contre les régimes autocratiques arabes et auquel autant les États-Unis que l’UE sont venus en aide. Les politiciens, soit de gauche, soit de droite, ont manqué de clairvoyance et ne se sont pas rendus compte que le développement politique et socio-historique de la société arabe – centrée, non pas autour de l’idée de nation, mais bien autour de communautés ethniques et religieuses – ne permet guère l’existence de démocraties à la manière occidentale et a besoin d’un pouvoir fort pour exister comme état. Alors – en flétrissant médiatiquement et en anéantissant militairement les dictatures laïques – on a fait place à quelque chose de pire, les dictatures religieuses.
Tout ce qu’on peut faire en ce moment, c’est soutenir l’établissement des régimes forts et laïques, et veiller à l’instauration graduelle d’institutions à base de liberté et discussion, autant que le permet l’évolution socio-politique du monde arabe.
a 5
il se trouve que ceux qui ont commis les attentas en France etaient français
et souvent meme avaient un passé de personnes intégrées , certains ayant un emploi.
cela pose donc le probleme du revirement de jeunes qui sombrent dans une folie que leurs parents souvent ne peuvent expliquer
oui mais ils étaient belges aussi, non ?
peu importe, ces crevures au cerveau limité, ont poussé sur du fumier, il faut faire disparaitre ce fumier
je sais pas vous mais j’ai adoré la sortie du fossoyeur interne (cambadelis) sur la primaire à gauche. Je résume:
« Faut réunir toute la gauche, mais si Hollande se représente on sera derrière lui et sans primaire à charge pour les écolos, le FDG et .. de nous soutenir dès le premier tour, pour avoir macron en premier ministre après le second ». C’est beau ! La réponse polie, c’est merci, au revoir, je crois. Quand je dis que ce parti à comme fonction de bloquer une alternative de gauche aux gouvernants libéraux actuels, ce qui est bien, c’est que le chef du dit parti le confirme ! 2017, c’est pas gagné… aussi bien pour le PS que pour un mouvement de gauche sociale.
tant que nous n’aurons pas réglé certains problèmes comme celui de l’absence d’éducation et d’enseignement laic obligatoire , le controle des imams qui respectent pas les valeurs de la France ; ces attaques peuvent se reproduire
avant de voter la loi d’urgence il eut fallu réfléchir sur l’origine des djihadistes , leur formation ; leur endoctrinement et prendre des mesures pour empecher que cela se reproduise.
apres qu ils soient français ou belges peu importe puisque c’est a peu pres la meme culture et que dans les deux cas l’intégration est loin d’etre réussie , c’est un euphémisme.