LISTE DES RECULS de la dernière mouture de la LOI UBER/EL KHOMRI (Après le 49-3 et avant le Sénat )

 

  1. A. Les reculs directs de la loi
  2. La durée légale du travail, 35h par semaine, avait été de fait supprimée par les deux premières moutures de la loi dans le préambule du futur code du travail issu de la commission Badinter. Mise à l’écart devant la mobilisation naissante contre la loi, cette suppression formelle n’empêche pas le laminage considérable de la durée légale par la disparition totale ou partielle des heures supplémentaires (extension du forfait jours, triannualisation, paiement des majorations à 10%, accords de « développement de l’emploi », légalisation des faux indépendants) (articles 2, 8, 11, 27 bis)
  3. Le décompte des heures supplémentaires sur une période supérieure à la semaine est possible sur décision unilatérale de l’employeur (9 semaines dans les entreprises de moins de 50 salariés, 4 semaines dans celles de plus de 50 salariés) (article 2)
  4. La mise en place d’horaires individualisés dans les entreprises dépourvues de représentants du personnel peut être autorisée par l’inspecteur du travail sans qu’il ait, comme aujourd’hui, à constater auparavant l’accord du personnel. Et dans les entreprises qui ont des représentants du personnel, l’employeur n’aura plus, comme aujourd’hui, à informer l’inspecteur du travail de la mise en place de ces horaires  (article 2)
  5. La mise en place de forfaits en jours ou en heures peut être faite par accord avec un simple salarié mandaté par une organisation syndicale (article 8)
  6. Le fractionnement du repos quotidien et hebdomadaire (soumis à négociation avant le 1er octobre 2016 – article 26)
  7. Modification de la définition du travail de nuit (article 2)
  8. Alignement sur le régime concordataire d’Alsace-Moselle pour le choix de la journée de solidarité (article 2)
  9. Suppression de la consultation des délégués du personnel pour la fixation de la période de prise de congés payés (article 2)
  10. Suppression de l’accord des délégués du personnel et de l’accord du salarié salariés pour le fractionnement des congés payés opéré par l’employeur à l’occasion de la fermeture de l’établissement (article 2)

10. Suppression des jours de congés supplémentaires pour fractionnement (article 2)

11.  Disparition du congé de formation économique sociale et syndicale (renvoyé à un décret ?)

12. Temps de travail du personnel navigant (article 6)

13. Quels qu’en soit le domaine, tous les accords d’entreprise pourront être négociés avec un simple salarié mandaté par une organisation syndicale (article 8)

14. Licenciements facilités : prud’hommes (plafond transformé en « barème indicatif » imposé par décret puis à nouveau un plafond par la commission du Sénat) ; accords de « développement de l’emploi » (article 11) ; définition licenciements économiques (article 30) ; licenciement avant transfert d’activités (article 41) ; flou congé maternité article 3 bis) ; baisse d’impôts pour provision anticipant une condamnation pour licenciement abusif (article 29)

15. Accords collectifs : loyauté (article 7) ; durée des accords (article 7) ; périodicité des négociations obligatoires (article 7) ; révision des accords (article 8) ; avantages acquis (article 8) ; signature des accords collectifs et referendum (article 10) ; accords de groupe, accords interentreprises (article 12) ; commission paritaire de branche (article 13) ; diminution du nombre de branches (article 14)

16. Activité syndicale : Bourse du travail (article 15) ; diffusion information syndicales (article 27)

17. Représentants du personnel : Elections professionnelles (articles 9 et 27 – vote électronique-) ; établissement distinct (article 9)  ; visioconférence (article 9) ; seuil 300 et délai un an (article 9); consultation CCE et instance de coordination CHSCT (article 9) ; définition établissement distinct (article 9) ;  CHSCT : expertise (article 17) ; formation représentants du personnel (article 18)

18. Compte Personnel d’Activité : fichage et mise en concurrence de tous les actifs et retraités, du berceau au tombeau (article 21) ; extension du nombre de « comptes » dans le CPA (article 21 bis) ; extension aux agents publics aux agents publics (article 22) ; fichage des stagiaires (article 36)

19. Bulletin de paie électronique (article 24)

20. Légalisation de faux « indépendants », retour au début de XIXème siècle (UBER et Cie) (article 27 bis)

21. « Appui » aux entreprises : service réservé à l’inspection du travail (article 28) ; cadeaux sociaux et fiscaux (articles 28 bis et 29bis) ; protection contre non respect obligation d’emploi de travailleurs handicapés et obligation égalité hommes/femmes (article 31) ; favorisation des CFA au détriment de l’enseignement professionnel public (article 32) et mise en concurrence (article 36) ; contrat de professionnalisation au rabais (article 33)

22. Précarisation : fonction publique contractuels enseignement supérieur et recherche (article 37) ; légalisation du portage salarial (article 38) ; extension de la définition de « saisonnier » (article 39)

23. Médecine du travail : visites médicales, rôle du médecin du travail, déclaration d’inaptitude, reclassement, recours  (article 44)

24. Chômeurs : récupération des « indus » (article 52)

 

B. Les reculs relatifs à l’inversion de la hiérarchie des normes

Tout d’abord, il est des domaines où la loi s’effacera devant l’accord collectif.

Cela concerne :

25. Les équivalences dans certaines professions qui ne seront plus déterminées par décret (pris après accord de branche) mais par accord de branche. Avec, au passage, la suppression de la prise en compte des usages pour la rémunération. (article 2)

26. L’augmentation de la durée maximale quotidienne est désormais possible sans décret par accord collectif et ce avec un motif passepartout (« motifs liés à l’organisation de l’entreprise ») contrairement aux motifs actuels (surcroît temporaire d’activité, urgence). (article 2)

27. L’augmentation de la durée maximale hebdomadaire moyenne est désormais possible sans décret par accord collectif (article 2)

28. Les reports d’heures d’une semaine à l’autre en cas d’horaires individualisés sont désormais possibles sans décret par accord collectif. (article 2)

29. Les modalités de récupérations des heures perdues (article 2) peuvent être fixées sans décret par accord collectif (article 2)

30.  Suppression de la fixation par la loi du nombre de jours de congés et de ses modalités pour : le congé de solidarité familiale, le congé de proche aidant, le congé mutualiste de formation, le congé de participation aux instances d’emploi et de formation professionnelle ou à un jury d’examen, le congé pour catastrophe naturelle, les congés de formation de cadres et d’animateurs pour la jeunesse, le congé de représentation, le congé de solidarité internationale, le congé pour acquisition de la nationalité, le congé ou période de travail à temps partiel pour la création ou la reprise d’entreprise, le congé sabbatique (article 2)

Ensuite la loi permettra à un accord d’entreprise d’adopter des dispositions moins favorables pour les salariés que celles de la convention collective de branche, et surtout, fait inédit, sans que cette convention collective puisse s’y opposer.

Cela concerne :

31. la rémunération des heures supplémentaires (limite : 10% au lieu des 25% prévus dans le code du travail et de nombreuses conventions collectives). (article 2)

32. la rémunération et l’organisation des astreintes (article 2)

33. les contreparties des temps de pause, de restauration (article 2)

34. les contreparties des temps d’habillage/déshabillage (avec, en passant,  suppression de la prise en compte des usages) (article 2)

35. les contreparties des dépassements de  » temps de trajet habituel «  (article 2)

36. l’augmentation de la durée quotidienne du travail à 12 h maxi (article 2)

37. l’augmentation de la durée du travail maximale hebdomadaire à 46h en moyenne sur 12 semaines (ou sur 16 semaines après le passage en commission du Sénat) (article 2)

38. le différé de paiement des heures supplémentaires sur 3 ans (si accord de branche) (article 2)

39. le travail de nuit : durée maximale quotidienne, cas de recours, définition de la période de travail de nuit, contreparties, temps de pause, égalité hommes-femmes, conditions de travail, articulation vie personnelle/vie familiale, durée hebdomadaire maximale du travail sur 12 semaines (article 2)

40. le nombre et la durée des coupures dans la journée de travail des salariés à temps partiel (article 2)

41. le délai de prévenance des modifications de planning des salariés à temps partiel (article 2)

42. le temps de repos quotidien entre deux journées de travail : fractionnement du repos quotidien ou hebdomadaire (article 26 renvoyant à des négociations avant le 1er octobre 2016)

43. la conclusion de contrats de travail intermittent (article 2)

44. la dérogation à la durée minimale de repos quotidien (article 2)

45. le nombre de jours fériés chômés (article 2)

46. la majoration des congés payés en raison de l’âge ou de l’ancienneté (article 2)

47. le délai de réponse de l’employeur en matière de prise de congés payés (date et ordre) (article 2)

48. les conditions de rémunération des jours de congés payés reportés à l’année suivante (article 2)

 

 

One Commentaire

  1. Anonyme
    Posted 15 juin 2016 at 13:45 | Permalien

    Il n’ est pas surprenant qu’avec une telle porte ouverte que le sénat de droite s’ y engouffre . Mais qui la ouverte cette porte si ce n’ est vos collègues (je ne sais comment vous pouvez les appeler) Jusqu’ou allez vous tolérer leurs agissements ?
    Il ne s’agit pas uniquement du seul gouvernement , que font la grande majorité des députés socialistes élus en totalité grâce à des gens comme moi . Comment voulez vous ,a la vue de la situation actuelle ,que nous ne les classions pas définitivement a leur place c’est à dire à droite.
    Il est plus qu’ urgent que toutes les volontés progressistes ,qui existent dans ce pays, ce rassemblent, le PS ne peu plus en être le cadre .

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