Les intérimaires, premières victimes des accidents du travail, El Khomri s’en fou depuis le début

 

En 9 mois de débats, El Khomri ne s’est pas intéressée une seule seconde à la santé, à l’hygiène, aux conditions de travail. Sa loi vise essentiellement à baisser le coût du travail et à allonger sa durée. Elle se vante d’avoir introduit de la « souplesse » de façon « équilibrée » dans les relations entre employeurs et salariés. C’est à dire de la précarité anti CDI.

Le problème c’est que la précarité au travail tue. Les chiffres 2014 de l’Assurance maladie indiquent que le taux de fréquence des accidents du travail est de 33,4 pour 1 000 salariés et qu’il passe à 46,5 pour 1 000 salariés de l’intérim soit 13 points de plus. Les intérimaires meurent proportionnellement 1,5 fois plus par rapport à l’ensemble des travailleurs : 32 morts pour 774 000 intérimaires contre 539 pour 18,6 millions de salariés.

« Parce qu’aucune mesure sérieuse n’est jamais prise pour changer la donne, dénonce Jean-Paul Bussi, délégué national CGT chez Randstat. Le salarié intérimaire doit être rentable le plus vite possible, il reçoit une formation a minima et se voit souvent déléguer le sale boulot et les tâches les plus dangereuses car l’entreprise est sûre qu’il ne refusera pas. Et en cas d’accident, c’est moins coûteux pour elle.»

2015 a été une année noire en particulier pour Arcelor-Mittal. En un an, trois travailleurs intérimaires sont décédés chez l’aciériste : deux à Dunkerque Grand Scynthe, et un autre dans l’usine de Fos-sur-Mer, Bouches-du-Rhône. L’un a été écrasé entre deux wagons au cours d’une opération de déchargement, tandis que les deux autres, de 41 ans et 29 ans, sont tombés dans une rigole de fonte en fusion à 1400°. Cela a conduit l’agence d’intérim Randstat à retirer, 28 de ses intérimaires de l’usine du Nord, le temps que leurs postes « soient mis au niveau de sécurité attendu ». Mais cette mesure est restée isolée, car aucune autre entreprise d’intérim n’a souhaité imiter Randstat. « Du coup, les 28 salariés intérimaires en question sont allés s’inscrire dans les autres sociétés d’intérim et ont continué à travailler chez Arcelor-Mittal, regrette Jean-Paul Bussi. »

Or Arcelor-Mittal est une entreprise dangereuse, classée « de type Seveso », en convention avec l’état, et donc aussi sous contrôle d’El Khomri, et ne devrait pas avoir d’intérimaires : pourtant elle est passée de 5 % d’intérim en 2009 à 21 % aujourd’hui. Cela devrait être interdit comme dans toutes les professions dangereuses où les risques sont grands et exigent des formations de prévention importantes : comme en Allemagne où l’intérim est interdit dans le Bâtiment Travaux Publics ! Cela devrait être aussi le cas à EDF nucléaire ou, dans la maintenance,  »il peut y avoir 8 à 10 niveaux de sous-traitance« !

Et de façon générale, l’intérim et les CDD, tous les précaires devraient au moins être limités à 5 % des effectifs des entreprises dans des conditions exceptionnelles et motivées.

Gérard Filoche

 

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