Quatre questions au candidat Filoche sur la politique de santé

- Comment voyez-vous l’articulation entre assurance maladie de base et complémentaires santé ? (Quel devrait être selon vous le panier de soins remboursable pas l’assurance maladie ? Faut-il augmenter les remboursements de la Sécurité sociale ? L’optique et le dentaire devraient-ils basculer intégralement vers les complémentaires ? Les complémentaires se plaignent de ne pas pouvoir co-piloter le système avec l’assurance-maladie, qu’en pensez-vous ?)

J’ai une position tout à fait tranchée et révolutionnaire : je suis opposé à tout le système de complémentaires, d’assurance prévoyance, et de mutuelles multiples. Je suis contre ce millefeuille absurde, couteux, et injuste. Absurde parce qu’il est complexe, lourd, bureaucratique. Couteux parce que les frais de gestion sont augmentés de façon scandaleuse : alors que la gestion de la « Sécu » coute environ 4,5 % de frais, celle des autres systèmes coûte autour de 25 %. Il existe maintenant 1100 mutuelles, ça n’a aucun sens, plus aucun rapport avec le mutualisme des origines. La seule vraie grande mutuelle doit redevenir la sécurité sociale, avec des cotisations uniques et proportionnées pour toutes et tous. Ceux qui cherchent toujours des simplifications devraient s’en réjouir non ? Des économies seront réalisées et on pourra enfin rembourser la lunetterie et la dentisterie, entre autres. Et ce sera plus juste pour tout le monde, ce sera le retour à l’égalité équilibrée de tous devant l’accès aux soins. Je le dis aussi pour toutes les cotisations des « indépendants » type RSI : elles doivent toutes revenir à la Sécu, aux caisses de protection sociale.

Ensuite comment cela doit il être « piloté » ? Démocratiquement ! La LFSS de Juppé 1995 est un échec : Bercy fait tout bureaucratiquement et quelques députés se relaient dans l’Assemblée nationale pour valider… Non, il faut en revenir à une gestion par les représentants des salariés et assurés eux mêmes, avec des élections à toutes les caisses sociales. Puisqu’il s’agit du principal des trois budgets de la nation, celui qui génère le moins de dette et de déficit, il doit être contrôle géré par ceux qui sont concernés : cela donnerait naissance a un « parlement social ». Les syndicats pourraient faire campagne tous les cinq ans, défendre leurs programmes sociaux et ça leur donnerait un rôle constructif réel et définirait leur représentativité.

Que les salariés des Mutuelles se rassurent à propos de l’emploi, ils seront ré embauchés à la Sécurité sociale !  Que nul ne s‘inquiète, cela dégagera d’énormes économies de frais de gestion pour le bien de tous, salariés et usagers !

J’ajoute qu’il y aura vraiment une nouvelle  branche jeunesse pour les jeunes en formation de 18 à 25 ans, et une branche dépendance pour le quatrième âge.

-   L’ANI, soit la complémentaire obligatoire en entreprise, a abouti à une forte segmentation des couvertures : CMU, ACS, complémentaire en entreprise, complémentaire seniors, complémentaire individuelle. Envisagez-vous une réforme pour sortir de cette complexité ? Comment voyez-vous les choses à ce sujet ?

Je me suis opposé à l’ANI du 11 janvier 2013 sur presque tous les points mais particulièrement celui-là. J’ai défendu les fondements de la Sécurité sociale tels qu’ils étaient posés dans  Les Jours heureux, le programme du Conseil national de la Résistance : « Chacun contribue selon ses revenus, chacun reçoit selon ses besoins. » Les mutuelles ont imposé leur maintien à côté de la sécurité sociale, sur la base d’une contribution volontaire et d’un « retour » plus ou moins inégal. Plus on avait les moyens de « se payer » une bonne mutuelle, plus on pouvait escompter recevoir.

Cela a ouvert une brèche qui n’a cessé de s’agrandir : les assurances privées fonctionnent avec le même principe, mais avec la rétribution des actionnaires en plus… enfin, en moins pour les salariés.

L’ANI, a rendu obligatoire l’adhésion des salariés à une complémentaire santé, qui peut être une mutuelle (56 % du marché actuel de 25 milliards d’euros), ou une institution « paritaire » de prévoyance (17 % du marché) ou encore une assurance privée (27 % du marché), ce qui a effacé le principe de base de la sécurité sociale.

Cela a aggravé le « millefeuille » diversifié et inégal de cotisations et assurances privées « complémentaires » au détriment des principes fondamentaux de la sécurité sociale : des cotisations proportionnelles de toutes et tous, collectées par les mêmes caisses et redistribuées à chacun selon ses besoins.

Le système du « millefeuille » cotisations, mutuelles, complémentaires, prévoyance et assurances, contribue aussi à dissimuler l’origine de la richesse liée au travail et à détourner ce salaire socialisé que sont les cotisations sociales vers la poche des dirigeants des organismes  «complémentaires ». Et les sommes en jeu, autour de 4 milliards d’euros, ne sont pas négligeables.

Mais pour ceux qui n’avaient pas de « complémentaire santé », est-ce que ce n’est quand même pas mieux que rien…

Chaque recul est justifié par ce type d’arguments : « mieux que rien ». Le recul de tous contre le « bénéfice » de quelques-uns. Il faut d’abord signaler que la complémentaire santé n’est pas acquise pour tous : les jeunes non-salariés, les retraités et les chômeurs ne sont pas concernés. Pour les salariés, il reste environ 400 000 personnes qui n’ont pas de complémentaire santé.

Le nombre de 4 millions de personnes, parfois avancé, correspond au nombre de salariés qui n’ont pas de couverture par leur entreprise et qui, depuis le 1er janvier 2016, sont censés l’avoir par contrat d’entreprise. Mais ces personnes cotisent plus que les autres salariés, l’ANI ayant fixé à 50/50 le partage de la cotisation entre le salarié et l’employeur, alors que la moyenne de la répartition était de 47/53. À noter aussi que le Medef, au sein duquel les sociétés d’assurances tiennent une bonne place, a combattu pour que ce soit les chefs d’entreprise qui décident en dernier ressort de l’affectation de ces prélèvements. Le Conseil constitutionnel, « au nom de la liberté d’entreprendre », a donné raison au Medef et ce sont donc les grands groupes d’assurances qui en bénéficient.

Pour autant, la concurrence a été féroce pour s’accaparer le marché, car tous les contrats actuels, qu’ils soient d’entreprise ou de branche, sont revus au moment de leur renouvellement. Le mode de désignation de l’organisme complémentaire est le seul point qui ait fait l’objet de débats acharnés, entre la négociation de l’ANI et l’adoption de la loi Sapin du 14 juin 2013 et même au-delà, avec un recours en Conseil d’État pour faire respecter la « saine » concurrence.

Et quel bénéfice pour le salarié ? Un « panier de soins » plus réduit que tous les autres … Les « avantages » prévus pour la dentisterie et la lunetterie sont inférieurs à ceux de la « complémentaire santé » liée à la C.M.U ! Pour ces nouvelles complémentaires, l’ANI précise aussi que les contrats donnent lieu à exonération de cotisations sociales pour les patrons, mais que le tout pour le salarié, est soumis à fiscalité !

-   Quelle est votre position sur le tiers payant généralisé ? Quelles sont les mesures que vous préconisez pour améliorer l’accès aux soins ? Comment lutter contre les déserts médicaux ?

Plus brièvement : le tiers payant doit être systématique, et les moyens doivent être donnés à tous les médecins et maisons de santé pour ce soit pris en charge de façon simple et efficace. Les progrès de la numérisation vont permettre cela et enlever toutes les lourdeurs de gestion et de paiement.

L’accès aux soins ? Mais il faut supprimer immédiatement le numerus clausus, et former un nombre important de médecins compétents non seulement pour nos besoins nationaux dans tout le pays mais pour les exporter dans les pays en développement qui en ont tant besoin et avec lesquels nous coopérons.

Il n’est pas difficile, à l’image de ce qui se fait dans l’installation et les mouvements de la fonction publique, avec des aides et subventions de faciliter des parcours assistés de médecins jeunes et en cours de carrière afin d’empêcher tout désert médical. Ne serait ce que par le développement aidé de maisons de santé généralistes ou spécialisées (PMI).

-   Quelle est la mesure phare que vous souhaitez mettre en avant sur ces questions de financement et d’organisation de la protection sociale santé ?

La fin du « millefeuille » !  Le retour à une grande Sécurité sociale appuyée sur les fruits du travail, gérée démocratiquement par le Parlement social des organisations syndicales des salariés, jeunes en formation, chômeurs et retraités, ce sera économie et démocratie, justice et égalité.

(Rappelons à tous qu’il y a trois budgets séparés en France.

-             Le budget de l’état qui pèse environ 300 milliards, génère 78,5 % de la dette présumée du pays : non pas parce que l’état dépense trop, mais parce qu’il n’a pas assez de recettes ! (si le taux d’imposition de Lionel Jospin avait été maintenu de 1999 jusqu’à aujourd’hui, il n’y aurait de dette !)

-                 Le budget des collectivités territoriales environ 200 milliards ne génère, lui, que 11,5 % de la dette présumée du pays. Le réduire c’est nuire a toute l’économie, aux investissements de toutes sortes et à la protection sociale.

-                 Le budget de la protection sociale pèse environ 450 milliards, c’est le plus important mais il est presque équilibré et n’a généré que 10 % de la dette présumée du pays (soit 210 milliards sur 2100 milliards environ).

Notons que ce dernier est le seul auquel a été appliquée la brutale « règle d’or » de Mme Merkel : il ne connaît presque plus de déficit… ce qui est un scandale, car, avec 6,625 millions de chômeurs, il devrait être en grand déficit ! Si ce n’est pas le cas, c’est que la vis a été serrée partout : soins dé-remboursés, hôpitaux traités honteusement comme des entreprises, renvoi au financement par « millefeuilles » privé couteux… et au détriment des malades les plus démunis et des personnels de santé gravement surexploités et maltraités – comme on le voit encore avec les infirmières en lutte.)


 

9 Commentaires

  1. Merlin44
    Posted 10 novembre 2016 at 18:16 | Permalien

    BONJOUR À TOUS,
    LE TAUX DE FONCTIONNEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE EST DE 5%.
    CELLE DES MUTTUELLES 25%.
    5 FOIS PLUS CHÈRE.
    TOUS est dis.

  2. Thomine
    Posted 10 novembre 2016 at 22:57 | Permalien

    faire des médecins généralistes et spécialistes, dentistes etc laboratoires analyses médicales et pharmaciens des fonctionnaires ?
    Nationaliser les labos ?
    Fin du choix de montures, une monture pour tous?
    Et les cliniques privées?
    Gestion de la sécu: Vous excluez le patronat?

    Sinon, avec ces questions, vous êtes servi selon vos objectifs

  3. socrate
    Posted 11 novembre 2016 at 14:23 | Permalien

    Sep 20, 2016 Réseaux de soins
    Les seniors particulièrement attachés au libre choix en matière de santé

    Un sondage réalisé par Opinionway (*) montre que plus ils avancent en âge, plus les assurés sont attachés au principe de liberté de choix lorsqu’il s’agit de leur santé.

    Interrogés sur les réseaux de soins, en leur précisant qu’ils permettent d’obtenir un meilleur remboursement, 66% des sondés déclarent malgré tout préférer choisir librement leur professionnel de santé. Ils sont 19% à préférer choisir parmi une liste limitative proposée par le réseau de soins, quand 14% ne se prononcent pas. Et plus ils avancent en âge, plus les Français sont attachés à cette liberté : 63% chez les 25-34 ans, mais 67% chez les 35-49 ans ou les 50-64 ans et 70% chez les 65 ans et plus.

    En toute logique, les assurés se montrent ainsi favorables au libre choix assorti de remboursements équivalents : 95% estiment qu’on devrait pouvoir choisir par qui on se fait soigner et 88% jugent que le remboursement d’un acte médical donné devrait être identique quel que soit le professionnel de santé choisi (55% des citoyens sont même tout à fait d’accord avec cette suggestion).

    Enfin, pour leur conseiller un professionnel de santé compétent, 70% des sondés font d’abord confiance à leur médecin traitant, 19% à leur entourage mais seulement 3% à leur Ocam. De manière générale, seul 1 Français sur 10 déclare avoir confiance en sa « mutuelle » pour ce type de conseil.

    sondage-opinionway-reseaux-de-soins-sept2016-slide

    ce n’est pas en voulant casser le sytème des mutuelles que tu te fera élire.
    quant a la sécu ; revenant en vsl d’une hospitalisation elle ne m’a meme pas remboursé l’intégralité du transport….
    sans mutuelle c’etait pour ma pomme
    avec tout ce que ca nous coute en cotisation….

  4. Posted 11 novembre 2016 at 14:43 | Permalien

    le « système » des mutuelles est déjà casse depuis longtemps, il y en 1100 déréglementées
    c’est a la secu de tout prendre en charge en échange d’une cotisation de tous
    en matiere de maladie plus la mutualisation est nationale et publique, moins elle coute cher

    les seniors âgés sont surtout attachés à ne pas tomber dans des mouroirs privés, à ne pas se faire maltraiter et piller, ils veulent le choix d’avoir une garantie sociale jusqu’en fin de vie : la branche dépendance de la secu la leur donnera

  5. Posted 12 novembre 2016 at 15:56 | Permalien

    salut,
    l’oligarchie c’est battue contre se système par répartition et solidarité
    qu’est la sécurité sociale, enragée de voir que les travailleurs pouvaient
    organiser leur vivre ensemble en dehors de l’état et de la bourgeoisie.
    la droite a amoindris la représentativité des travailleurs au profit du
    patronat, l’état y a fait des ponctions, tout a été fait pour la décrédibiliser.
    et maintenant les politique libérales veulent la démonter au profit de
    l’actionnariat en prônant qu’elle serait mieux gérée.

    Ambroise Croizat:
    « Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages
    de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière
    énergie, cette loi humaine et de progrès… »

  6. Posted 12 novembre 2016 at 16:03 | Permalien

    merci gérard d’être aussi clair sur ces sujets qui
    nous touche au plus prêt.

  7. socrate
    Posted 15 novembre 2016 at 10:49 | Permalien

    pour couvrir toutes ces dépenses avec des comptes équilibrés il faur redonner du travail aux français ; sinon on creuse encore la dette.Ou trouver un financement qui ne soit pas que sur le travail….

  8. Posted 15 novembre 2016 at 11:25 | Permalien

    mais la dette est artificielle et ne sera jamais payée

    et le travail on en aura si on ne paie pas cette dette présumée, et si on repompe a la finance le fric nécessaire à l’emploi

  9. Posted 19 juin 2017 at 13:14 | Permalien

    Beau partage

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*