En défense des partis, de l’élection consciente, de la démocratie poussée jusqu’au bout

Sous différents impacts, et venus d’horizons divers surprenants,  au nom de la « nouveauté », du désenchantement du quinquennat finissant,  on assiste en ce moment à des tirs en règles contre « les partis », pour les sauveurs providentiels, les pouvoirs personnels, les institutions aléatoires et même contre les élections et le suffrage universel direct et représentatif .

L’arriération des grands médias fait 75 « une » pour le prédicateur hologramme Macron comme si on nous prenait pour un pays débile et inculte.

Certes toute la faute en revient à François Hollande, qui non content d’avoir, plus que tout autre avant lui, trahi la gauche, a crée un sentiment profond d’écoeurement, de mal être massif et partagé sur le sens de  nos institutions, son dernier livre  » ce qu’un président ne devrait pas dire…  » étant l’apogée du cynisme et de l’hypocrisie.

François Hollande est la preuve supplémentaire, s’il en fallait une du caractère haïssable du pouvoir personnel tel qu’il a été installé, (une « exception française »), depuis le referendum de De Gaulle de 1962. Elire un « roi », lui donner tout pouvoir, relève du pire système de gouvernement. La V° république en personnalisant la politique dépolitise les personnes. Elle fait de l’élection présidentielle, le pilier d’un système où les humeurs d’un individu, l’emportent sur le sort collectif de la nation, du peuple, de la République. On se réunit à 46 millions d’électeurs une fois tous les 5 ans pour choisir non pas une politique mais la couleur de la cravate, seyante ou non, d’un seul homme : le marketing, l’intrigue, la manipulation, le « buzz » l’emportent sur toute raison, toute conscience collective, tout choix émancipé. En dépit des moyens sophistiqués et des sommes colossales mises en œuvre, ca fonctionne de façon réductrice, caricaturale, comme une sorte de société primitive qui choisirait librement de se subordonner, de se soumettre aveuglement à un tabou ou un totem magiques.

Cela crée les « écuries » présidentielles comme elles sont si bien nommées.

Cela régresse au niveau des « Cour » avec tous les arbitraires qui en découlent ou les partisans les plus habiles maraboutent, avec ou sans son accord, le monarque « élu » et décident de tout par dessus le gouvernement, le Parlement, les partis, les corps intermédiaires, les autres institutions.

L’Elysée décide de tout, ceux qui y sont cooptés ou nommés ont plus de pouvoir que les ministres, le cercle des courtisans s’impose au cercle des ministres, le gouvernement ne gouverne plus, il s’impose aux députés, qui sont réduits au rang de « godillots » sans espace, ni liberté d’action, de décision, de vote. Le Parlement est une fiction, alignée mécaniquement et à force des cris, de pressions, de sanctions sur la majorité acquise lors de l’élection du « président » puis tout se poursuit sous les ordres des lobbies : quand bien même un président élu voudrait-il lutter contre la finance, la finance s’installe à l’Elysée, et des Macron ou Jouyet en grand nombre, petits, moyens, gros, font la pluie et le beau temps. Le pouvoir  hyper-concentré, de ce fait à la fois tout puissant et affaibli, échappe totalement au peuple, à la majorité, à ses aspirations, et tout naturellement tombe entre les mains des activistes des lobbies des banques, des actionnaires et milliardaires, des grands médias, en un mot de l‘oligarchie.

On l’a vu, c’est une horreur, trois ou quatre hommes et leurs zélotes ont décidé, rédigé et imposé une loi dite El Khomri, qui a cassé cent ans de code du travail, alors qu’elle n’était même pas prévue au programme, qu’aucune force sociale ne l’exigeait fortement : elle n’a été concertée et votée nulle part, par personne, par aucun parti (la majorité du PS avait  même voté contre dans son congrès de Poitiers), par aucun député, par aucune institution, elle est passée par coup de force, par coup d’état dit « 49 3 » et elle s’impose à tout le pays, à tous les salariés, à tous les citoyens. 70 % de l’opinion était contre, 78 % de la jeunesse était contre, 3,5 millions de manifestants ont manifesté contre pendant six mois, 1,5 million de citoyens ont signé contre, tous les sondages, tous les débats attestaient du caractère majoritaire écrasant des opposants, rien n’y a fait, la loi maudite et scélérate a été promulguée en plein été le 8 août 2016. Il en avait été de même pour la première loi dite Macron le 9 août 2015.

Alors évidemment, ce n’est pas un hasard si devant pareille déroute des institutions de la république et de la pensée,  il en ressort un accroissement des doutes, du rejet de la politique, et la recherche obscurantiste de conduites magiques arriérées.

-        L’idée que le vote ne sert à rien se développe et nourrit les appels au « vote blanc » comme si en quoi que ce soit c’était une solution

-        l’abstention a connu un bond en avant gigantesque puisque apparemment la différence d’un gouvernement à l’autre entre droite et gauche est si peu sensible, « à quoi ça sert, s’ils sont tous pareils ».

-        le rejet des camps de classe, droite et gauche, est plus fort et renvoie à la confusion en laissant place encore plus à des gourous et à des prédicateurs.

-        Les dits gourous, augmentent en nombre, se placent au « centre » qui n’existe pas et essaient « ni droite ni gauche », de jouer les attrape-tout, parlant au « peuple » par dessus ses classes sociales, détruisant encore davantage le sens des choix politiques collectifs réels à faire.

-        La démonétisation des partis s’accroit, de tous les partis, au profit de « mouvements » de « rassemblements » de soumis ou non-soumis

-        Il surgit même des solutions encore plus archaïques, relevant de Cro-Magnon comme le « tirage au sort » dernier mode magique superstitieuse qui apparait de ci de la.

-        Il y en a même qui vont a contrario du bon sens et proposent encore plus d’augmenter le pouvoir du président et de diminuer le nombre de députés.

-        Et d’autres qui demandent le droit de révocation permanent empêchant toute action concrète des gouvernants.

-        Ou la multiplication de referendums dits d’initiative populaire.

En fait, selon moi nos sociétés ont besoin de devenir plus informées, plus éduquées, plus émancipées, plus conscientes et de faire des choix collectifs, pas de régresser sous l’appel du hasard de tirages au sort et de ses éventuelles facéties.

Selon moi, le clivage droite-gauche n’a jamais été aussi décisif, il est celui entre les deux classes sociales fondamentales, le patronat et le salariat. Ce sont deux camps irréductiblement opposés, supérieurement même au prétendu « camp national ». Même si hélas les partis traditionnels existants ne représentent ces classes que de façon très déformée.

Selon moi, les partis sont discrédités non pas parce qu’ils sont des partis mais parce qu’ils ont été pris en main par des appareils claniques et corrompus loin de leurs militants, de leurs électeurs, de leur base sociale naturelle. Les partis sont, sinon, la forme organisée humaine la plus libre, la plus élevée, la plus naturelle, et le plus consciente, irremplaçable. Sans parti pas de droits, pas de progrès, pas de réforme, pas de révolution. Défendons les droits à constituer et à faire le mieux vivre possible, avec de bons statuts précis, le droit de tendance, les partis seront ainsi comme la prunelle de nos yeux. Qui s’en prend aux partis s’en prend à la démocratie et à l’humanité.

Ce n’est pas les partis qui sont en cause : selon moi, la démocratie doit être poussée jusqu’au bout et non pas muselée, limitée, matée. Les partis doivent développer en leur sein une démocratie scrupuleuse, des statuts vigilants permettant à tous leurs membres d’exprimer et défendre leurs opinions, et de les faire valoir.

Sans démocratie, pas de réforme valable pas de révolution sociale.

Sans démocratie, pas de parti  de gauche authentique.

Sans démocratie, pas de socialisme.

La démocratie n’est pas une technique ni un supplément d’âme, c’est une méthode essentielle, c’est un droit et un ensemble de droits, c’est un moyen permanent d’action, elle conditionne le parti, le syndicat, le pouvoir quel qu’il soit, c’est une méthode d’action, une pédagogie et une garantie essentielle, une protection, une surveillance, un échange. Il faut qu’elle soit méticuleuse, définie jusque dans ses détails : “ La procédure est sœur jumelle de la liberté. ” La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. La démocratie est faite de l’attention de tous, de l’accord de tous. Être socialiste, être révolutionnaire, c’est pousser jusqu’au bout cette démocratie. C’est une praxis, une expérimentation collective qui brasse les expériences, homogénéise, intègre, développe en respectant à l’infini toutes les sensibilités. C’est la condition de toute expression authentique d’une classe, d’un peuple, de l’élaboration collective, du respect des décisions produites, du succès pratique de leur mise en œuvre de l’émancipation humaine toute entière.

Selon moi, les partis doivent être pluralistes et non pas monolithiques. Pas de sauveur suprême pas de pouvoir personnel, c’est valable dans le Parti comme au Parlement.

Je suis pour une VI° République sociale, parlementaire, laïque, féministe, écologique, internationaliste, pacifique. Et pour une Assemblée Constituante afin de la construire.

Selon moi l’élection du président au suffrage universel doit être supprimée. S’il faut une présidence, qu’elle soit élue par les assemblées aux quatre-cinquièmes des voix et qu’elle n’ait pas le pouvoir de dissolution.

C’est le gouvernement qui doit gouverner collectivement, en rendant compte devant une seule grande Assemblée nationale qui doit être élue au suffrage universel à la proportionnelle la plus poussée possible. Toutes les sensibilités doivent être ainsi représentées.

Selon moi, l’Assemblée doit être nombreuse et élargie, et non pas diminuée, pour chaque député représente un secteur restreint du territoire et des citoyens, afin d’être proche d’eux et de leur rendre des comptes. Pas de cumul de mandats, ni dans le nombre, ni dans le temps. Plafonnement des indemnités, et contrôle systématique des revenus de tous les élus. Transparence a tous les niveaux, accès aux données fondamentales sous contrôle des citoyens concernés. Procédures révocatoires rendues possibles et casiers judiciaires vierges pour tout mandat. Statut de l’élu, interdiction des pantouflages et autres reclassements corrompant. Consultations multiples des citoyens et de leurs syndicats et associations, ce qui assure une « démocratie participative »

Selon moi chaque budget distinct du pays doit être gérée par son Assemblée distincte,  le budget de la nation par le Parlement national, le budget des collectivités par les collectivités ad hoc,  le budget de la protection sociale par un Parlement social des syndicats élus- aussi tous les cinq ans aux caisses de protection sociale en même temps que les prud’hommes – par les assujettis.

Selon moi, on doit se féliciter (et non pas le réduire ou le supprimer) du réseau de plusieurs centaines de milliers d’élus aux municipalités, départements, régions, et dans le maximum d’institutions existantes : on multiplier les élections et non pas les diminuer c’est la meilleure façon d’associer le maximum de citoyens a la gestion du pays à tous les niveaux c’est essentiel et garant des contrôles et de la démocratie maximale.

C’est pourquoi, je suis opposé

-   aux propositions d’Arnaud Montebourg, de tirer le Sénat au sort. Je suis contre le tirage au sort, et contre le Sénat et son suffrage censitaire. Je suis contre un « septennat » comme il le présente après avoir paradoxalement pourtant participé à la « C6R ». Et contre la diminution par 2 des députés, au contraire je suis plutôt pour les multiplier par 2.

-        aux attaques actuelles « à la mode » de tous bords contre les partis en général : ils peuvent être transformés, dépassés, rénovés, rassemblés, mais les vilipender, les insulter, vouloir les briser est  non seulement de mauvaise guerre mais dangereux, car les meilleurs des citoyens militants s’y trouvent ou s’y trouveront.

-        Enfin je suis contre les sauveurs, les gourous, les conducator, qu’ils s’appellent Macron ou autres prédicateurs autoproclamés, je suis pour le collectif, la réflexion citoyenne, l’écoute des partis, des associations, des syndicats, le rassemblement, les coalitions, les fronts unitaires, un candidat commun, une plateforme commune, la parole aux salariés qui produisent les richesses et n’en reçoivent pas la part qu’il méritent. Ainsi qu’aux retraites, aux chômeurs et aux jeunes. Il faut prendre le temps et les formes de la démocratie.

-        Institutionnellement le droit du travail doit être universel et non pas PME par PME. La politique et l’humanisme doivent l’emporter sur l‘économie. Le droit du travail est attaché aux besoins des humains, pas besoins des entreprises. La loi scélérate el Khomri doit être abrogée, l’état de droit républicain doit régner dans toutes les entreprises. L’égalité professionnelle  et salariale femme homme doit être imposée.

 

27 Commentaires

  1. Médusa
    Posted 19 novembre 2016 at 21:59 | Permalien

    « On l’a vu, c’est une horreur, trois ou quatre hommes et leurs zélotes ont décidé, rédigé et imposé une loi dite El Khomri, qui a cassé cent ans de code du travail, alors qu’elle n’était même pas prévue au programme, qu’aucune force sociale ne l’exigeait fortement  »

    Si, si, des forces sociales l’exigeaient bel et bien fortement : le grand capital, évidemment ; mais aussi les instances européennes, en gage de bonne volonté vis-à-vis des objectifs de réduction des déficits non atteints.

    « Selon moi, les partis sont discrédités non pas parce qu’ils sont des partis mais parce qu’ils ont été pris en main par des appareils claniques et corrompus loin de leurs militants, de leurs électeurs, de leur base sociale naturelle. »

    Et parce que les partis de pouvoir ont tendance à se transformer en machines électorales mafieuses, distribuant postes, prébendes, ressources, perspectives de carrière, notoriété, etc. Ajoutons aussi l’effet « discipline de parti » : cf. la loi Travail, où une motion de censure aurait dû passer crème si les députés PS n’étaient pas caporalisés/zombifiés par la mentalité de droit divin de la Vè.

    (Voir, par exemple, M. Alexis Bachelay, qui a voté tous les textes scélérats… et se retrouve maintenant porte-parole de Benoît Hamon.)

  2. Antoine Berrit
    Posted 19 novembre 2016 at 22:37 | Permalien

    M. Filoche
    Vous déroulez des critiques,vos idées et un programme offensif dans l’intérêt du peuple.
    Alors qu »attendez-vous pour vous porter candidat?
    Et sinon, allez-vous attendre avril pour sauter dans le wagon du mieux placé?
    Croyez-vous vraiment qu’il y en aura un issu des primaires qui méritera votre soutien, au vu de vos exigences? Pas un pour remettre la loi travail en cause, vous le savez.
    Alors assez joué avec nos nerfs et nos espoirs, choisissez votre camp et si personne ne vous semble compatible avec vos vues, allez y !!!

  3. socrate
    Posted 19 novembre 2016 at 23:24 | Permalien

    Le droit du travail doit être universel
    exact
    quelle idée de faire un code pme
    Il n y a pas de code de la route pour les départementales et un pour les autoroutes
    par contre je pense que certaines choses devraient se trouver dans le code du travail comme par exemple la définition de l’employeur

  4. Posted 19 novembre 2016 at 23:37 | Permalien

    je suis candidat http://www.filoche2017.fr

  5. Mimet
    Posted 20 novembre 2016 at 8:20 | Permalien

    J’ai bien lu « multiplier l’assemblée par 2″ ???? Y aurai des copains à placer?

  6. Posted 20 novembre 2016 at 10:42 | Permalien

    oui, je suis favorable a une grande assemblée de 1000 députés, comme la grande convention
    des circonscriptions plus petites, des députés plus proches du terrain, plus contrôlables par la base,
    le contraire du Sénat et l’assemblée US que semble vouloir Montebourg avec 233 députés façon bonzes notables aux états unis
    je suis pour des centaines de milliers d’élus dans le pays, a tous niveaux

  7. Posted 20 novembre 2016 at 11:54 | Permalien

    J’ai du mal avec votre opposition salariat/patronat.
    Non pas que je nie la lutte des classes.
    Mais où casez-vous un Carlos Ghosn, salarié de Renault et de Nissan à 15 M€ par an ? Et tous les autres grands patrons du CAC40 qui sont aussi des salariés ?
    Selon moi, l’opposition la plus importante est l’opposition travail/capital. C’est le capital qui donne son pouvoir à Ghosn et ses clones, c’est le capital qui impose le mode de gouvernance (j’ai horreur de ce mot) des entreprises. Le patron n’est qu’un fonctionnaire du capital. L’expression n’est pas de moi, mais de Marx, j’ai aussi de bonnes lectures.

  8. Posted 20 novembre 2016 at 12:16 | Permalien

    le salariat n’a que sa force de travail a vendre,
    le patronat l’achète
    c’est très facile, limpide conceptuellement et facile a expliquer des millions de gens peu au clair
    il n’existe que 0;001 % de cadres supérieurs qui achétent et font semblant de se payer aussi et alors l’idée absolument clef a faire passer est le salaire maxima, pas plus de 20 smic, c’est éducatif, stimulant, limpide aussi

  9. socrate
    Posted 20 novembre 2016 at 12:50 | Permalien

    je ne suis pas pour plus de députés ; plus de sénateurs etc
    ce sont eux aussi des notables qui vivent bien au dela des moyens des français  » moyens » et meme sont nantis par rapport aux français pauvres ( 10 millions de personnes )
    pour quel résultat?
    des députés godillots qui votent comme le parti
    Non merci
    et surtout cela nous coute trop chers pour aujourdhui passer 75 % du temps a retranscrire en droit français les directives européennes

  10. Posted 20 novembre 2016 at 14:28 | Permalien

    je suis pour 1000 deputes, et des centaines de milliers d’élus a tous les niveaux c’est la démocratie, il faut plus d’élus, pas moins d’élus ça rend la perméabilité, la porosité plus grandes avec les citoyens, et les diktats d’en haut plus difficiles

  11. Posted 20 novembre 2016 at 14:57 | Permalien

    Gérard Chaouat
    6 min ·
    Je peux pas voter pour ca…..désolé. Une crasse de plus…
    ..Nous n’acceptons pas de voir notre passé commun insulté par Jean-Luc Mélenchon
    • 19 NOV. 2016 PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
    • ÉDITION : LES INVITÉS DE MEDIAPART
    Dans un texte collectif, Alain Krivine et neuf autres anciens ou toujours militants de la Quatrième Internationale s’indignent des accusations lancées par Jean-Luc Mélenchon contre Paulo Paranagua, aujourd’hui journaliste au Monde. « S’il est un principe chèrement acquis face au stalinisme, écrivent-ils, c’est que le débat politique ne saurait être remplacé par la criminalisation de l’adversaire ».
    Nous venons de lire le blog de Jean-Luc Mélenchon qui, pour s’en prendre à la couverture de sa campagne présidentielle par Le Monde, choisit de calomnier le passé militant d’un des journalistes de cette rédaction, en charge de l’Amérique latine. Paulo Paranagua est ainsi décrit par le candidat de « La France insoumise » comme un « assassin repenti » en tant qu’ancien dirigeant de la « Fraction rouge de l’ERP d’Argentine », qu’il qualifie de « groupe de provocateurs ». Jean-Luc Mélenchon n’hésite pas à qualifier Paulo Paranagua de « muse de la CIA », l’accusant à demi-mots d’être responsable « de la mort de toutes les personnes qui l’ont approché sur place ». Ces accusations sont lancées sans l’ombre du début d’une preuve, sans qu’aucun fait ne viennent les étayer. C’est inacceptable. Les soussignés s’indignent de ces accusations qu’ils jugent contraires à toute éthique militante. S’il est un principe que doit défendre le mouvement ouvrier et social, chèrement acquis face au stalinisme, c’est que le débat politique, aussi vif soit-il, ne saurait être remplacé par la calomnie et la criminalisation de l’adversaire. Le problème n’est donc pas notre désaccord politique actuel avec le journaliste Paulo Paranagua, en raison de sa défense de l’ordre néo-libéral international ou de ses attaques contre les forces progressistes d’Amérique latine. Jamais ces désaccords d’aujourd’hui ne nous autoriseront à insulter l’histoire militante collective à laquelle, jeune militant de la Quatrième Internationale, il a participé. En traitant la Fraction rouge de l’ERP d’Argentine de « provocateurs », d’ « assassin » et d’ « agent de la CIA », Mélenchon insulte un groupe de révolutionnaires qui, durant les années 1970, s’affrontèrent au régime militaire (1966-1973) et à l’Alliance Anticommuniste Argentine (escadron de la mort qui fit des milliers de victimes), puis combattirent la dictature militaire argentine réinstallée en 1976. Comme d’autres groupes – guévaristes, péronistes de gauche, socialistes révolutionnaires –, ces militant-e-s pratiquaient la lutte armée, pour résister au plus criminel des régimes militaires de l’époque. Nombre d’entre eux ont été assassiné-e-s, torturé-e-s, emprisonné-e-s par la dictature. Dont Paulo Paranagua, militant brésilien engagé par internationalisme en Argentine, qui fut arrêté, torturé et emprisonné, avant d’être expulsé vers la France à l’issue d’une campagne internationale de soutien. Nous pouvons aujourd’hui revisiter la question de la violence révolutionnaire et, évidemment, nous questionner sur les impasses de la lutte armée, thème d’ailleurs déjà débattu à l’époque. Mais, en aucun cas, Paulo Paranagua et les dirigeants de l’ERP d’Argentine ne furent des « assassins à la solde de la CIA ». Ils furent, à l’époque, nos camarades de lutte et d’espoir.
    Les soussignés, alors militants de la Quatrième Internationale et quelles que soient aujourd’hui leurs positions, n’acceptent pas de voir leur passé commun insulté par Jean-Luc Mélenchon.
    Signataires : Alain Krivine, Hubert Krivine, Alain Cyroulnik, Samy Joshua, Mario Klashko dit « Pelado », Michael Löwy, Charles Michaloux, Pierre Rousset, François Sabado, Charles André Udry. Le Club est l’espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n’engagent pas la rédaction.

  12. grisoline
    Posted 20 novembre 2016 at 18:17 | Permalien

    Ben voyons ! mais vous vous gardez bien de donner le lien vers cet article de blog de Mediapart (en accès libre) où vos lecteurs pourraient accéder à des informations relativisant grandement cette indignation.
    Mais je vous rassure tout de suite vous aurez dans les prochains temps une ample moisson de propos à relayer pour bien enfoncer JLM et les insoumis. Et le Monde ne sera pas le dernier à vous en fournir. Mediapart aussi sans doute, même si la rédaction et une grande partie des lecteurs ont des positions bien différentes vis à vis de JLM.
    Misère de misère comment peut-on gâcher une chance de voir les choses enfin changer ?
    Que le FN, la droite, le PS et une partie du PC appuyés par les médias mainstream fassent tout pour dézinguer la candidature de JLM, ça va presque de soi. Ne vous gênez donc pas, rejoignez le troupeau.
    Pour moi, simple électrice vous êtes une immense déception. Et du coup, il semble qu’il n’y ait décidement rien à sauver dans le PS.

  13. Posted 20 novembre 2016 at 19:04 | Permalien

    c’est JLM qui gâche sa chance et surtout la notre en refusant l’unité de toute la gauche

  14. Posted 20 novembre 2016 at 19:11 | Permalien

    Je suis d’accord avec Gérard Chaouat pour dire que Mélenchon devrait parfois fermer sa gueule. Il a sans doute raison de s’en prendre à Paranagua, qui est un personnage plus que douteux, mais il n’était pas obligé de la ramener sur un mouvement qui pratiquait la lutte armée dans un contexte bien particulier. Mélenchon suit la même pente quand il s’en prend à ceux qu’il appelle « les casseurs » dans les manifs. Il n’est pas obligé d’approuver les modes d’action différents des siens, mais il pourrait au moins adopter une position de neutralité bienveillante vis à vis de ceux qui luttent avec d’autres armes que les siennes. D’autant que le concept de « révolution par les urnes » ou « insurrection électorale », n’a pas démontré sa pertinence. Si les élections seules pouvaient changer les choses dans notre système, elles seraient interdites depuis longtemps.

  15. Pro-Filoche
    Posted 20 novembre 2016 at 19:49 | Permalien

    Tous les opposants à la loi El Khomri doivent participer à la primaire des 22 et 29 janvier. Hollande n’y survivrait pas et cela l’éliminerait de la course à la présidentielle (80% des Français sont contre une candidature de François Hollande). Et en plus ça donne l’occasion de voter pour un vrai candidat de gauche ! D’une pierre deux coups.

    (Bien sûr Hollande pourra se présenter en indépendant mais sera alors seul pour défendre son bilan et face au candidat qui aura gagné la primaire)

    Un Mélenchon unilatéral ferait (peut-être) 16% mais les 8% d’Hollande/Valls seront 8% en moins pour la qualification au second tour. Donc le second tour opposera LR au FN, c’est pas comme ça qu’on sauve la gauche.

  16. socrate
    Posted 20 novembre 2016 at 20:57 | Permalien

    la droite s’est mobilisée
    Le PSarrivera t il a mobiliser ?
    j’ai des doutes
    autour de moi les gens ont de l’urticaire en attendant les mots ps, socialistes ,etc
    et on peut les comprendre
    Le PS risque de payer son manque de courage en interne

  17. 1956
    Posted 20 novembre 2016 at 21:54 | Permalien

    GF11:
    Faut il mettre cette publication sur le compte de la précipitation avant vérification de la biographie complexe de Paranagua?

    Votre détestation politique et personnelle de JLM ne justifie pas l’utilisation de toute artillerie sans discernement.

    Les heures les plus sombres de notre histoire pointent. La classe ouvrière n’a rien à gagner à y collaborer.

  18. FDS
    Posted 20 novembre 2016 at 21:55 | Permalien

    La haine de mr Filoche, soixante dix ballets au compteur ( la retraite à 60 ans , c’est pour les autres n’est ce pas ? ) pour Melenchon est pitoyable !

    Montebourg, Valls, Macron, Hollande iront ENSEMBLE , la primaire n’aura servi à rien !

    Ou plutôt si, vous et Meluche, on ne vous reverra plus nous les briser ( Juppé itou, youpi ; Sarko sera au gnouf et fifille pleurera à chaudes larmes son papinazi ; elle ne sera jamais élue, et tant qu’elle sera là, elle empêchera son camp de fachos de parvenir au pouvoir, faudrait presque lui dire merci !)

    Les nouvelles générations en ont RAS LE BOL DE TOUS CES VIEUX QUI LEUR FONT LA LECON SUR QUOI PENSER ET QUOI FAIRE !

    BASTA !

    Le ménage à gauche, c’est pour 2017 ! Après, on va avoir du temps vu qu’on est dans l’opposition pour 10 ans !

    Pas sur que nous arrivions à reconquérir l’électorat passé au FN avec le pourrissement ambiant.
    Sur le vote FN et son électorat ouvrier, je fais davantage confiance à un Todd qu’à vos salades.

    Quand à votre pseudo démocratie, je la gerbe !

    Valider des élections avec moins de 50 % de votants, autoriser des pourris condamnés ou méler à des « affaires » continuer à des postes politiques quelqu’il soient, des croutons séniles au senat, vous oser appeler ça une « démocratie » ?

    BASTA !

  19. Posted 20 novembre 2016 at 21:57 | Permalien

    Bonjour,

    si le chiffre de plus de 4 millions de participants se confirme, j’en tire deux commentaires.

    1) la démocratie française ne se porte pas si mal, 10% des électeurs se sont déplacés. Ceci bat en brèche le mépris que nos dirigeants et leurs « intellectuels stipendiés » (principalement au PS) porte aux électeurs.

    2) si la PS persiste à vouloir faire une primaire minimum, il se couvrira de ridicule, La première chose à faire pour éviter cela est que G. Filoche puisse se présenter.

    Amitiés socialistes,

    Charles CALA

  20. Posted 20 novembre 2016 at 22:44 | Permalien

    non, les signataires de l’appel sont de qualité, c’est même exceptionnel qu’ils se soient regroupés pour cela c’est en soi un événement pour qui les connait bien, les uns et les autres,
    je ne cache pas que la plupart des signataires du texte sont à mes yeux, d’une qualité intellectuelle, d’une rigueur et d’une expérience militante bien supérieure à celle de JLM, c’est une autre classe, c’est ainsi, c’set mon jugement de valeur, il vaut ce qu’il vaut.
    ensuite l’intéressé concerné Paulo Paranagua est devenu aujourd’hui une vraie engeance politique libérale qui n’a cessé de cracher violemment et mesquinement sur toute la gauche latino américaine dans Le Monde depuis de longues années. il a été bien pire que d’autres correspondants d’autres journaux sur la planète que Le Monde, sur ce sujet, la France a toujours vu le Venezuela par exemple, de façon déformée à cause de lui.
    comment est il arrivé là ? comment en est il arrivé là ? je ne sais pas. J’en ai été surpris.
    Et souvent j’ai hurlé sur ses articles avec d’autant plus d’amertume qu’il avait été lié au trotskisme, en lien avec le secrétariat unifié de la Quatrième internationale, aux guérillas de l’époque.
    Mais je n’ai pas été contacté pour ce texte, pour des raisons évidentes aux yeux de tous ceux qui se souviennent intimement des débats des années 70, sur la lutte armée en Amérique latine, j’étais contre,
    que ce soit en Argentine, avec l’ERP Santucho, en Bolivie, au Pérou, avec Hugo Blanco, en Uruguay avec les Tupamaros (dont Joe Baxter qui fut un temps mon ami) au Brésil, puis au Nicaragua… j’ai contesté l’orientation dite de lutte armée, lors des congrès mondiaux de 1969, 1974, jusqu’à ce qu’elle échoue et soit critiquée puis contestée par ses défenseurs eux mêmes en 1978
    pour autant les acteurs de cette stratégie de lutte armée ont été souvent arrêtés, torturés, assassinés, et si leur orientation n’était pas la bonne, ils l’ont payé durement de leurs vies. Ils méritent le respect et non pas d’être qualifiés ainsi au retour d’une phrase lapidaire par quelqu’un qui a peu connu cette période. En ce qui concerne les années 70, il ne me viendrait pas, 40 ans après, à l’idée de qualifier de façon lapidaire ce que faisait JL Mélenchon à Massy.
    Les épouvantables dictatures barbouzes locales de Videla à Pinochet, de Getulio Vargas à Hugo Banzer ou Somoza, la CIA et les services secrets, ont pourchassé les combattants de l’époque, ils ont été souvent manipulés et sauvagement vaincus. Mais de là à associer cette histoire à la CIA, il y a un fossé.
    Que ceux qui sont ignorants se reportent au film (simplifié) de Costa-Gavras qui s’appelle « L’état de siège » (d’après l’affaire Sallustro)
    Je ne veux pas refaire l’histoire ici : j’ai raconté cela dans mon livre « Mai 68 histoire sans fin » qui sera bientôt re édité

  21. Posted 20 novembre 2016 at 22:54 | Permalien

    he bah
    je préfère avoir mon âge que ce niveau de grossièreté et de bêtise
    ceux qui « gerbent la démocratie » finissent toujours très loin dans l’autre camp que le notre
    l’expérience est la chose au monde qui se partage le moins
    nous sommes jeunes depuis plus longtemps que les autres,
    Bernie Sanders a 74 ans, j’ai tout l’avenir devant moi
    et puis lisez « mai 68 histoire sans fin »

  22. merlin44
    Posted 21 novembre 2016 at 5:15 | Permalien

    sénateur trop critique
    Signalé par Andréa Fradin Journaliste.
    Publié le
    17/11/2016 à 12h10
    5 530 VISITES 11 RÉACTIONS 1
    C’est l’un des premiers élus à avoir émis des doutes sur le fichier monstre TES. Le 1er novembre dans Libération, Gaëtan Gorce s’inquiétait du « risque pour nos libertés » que fait peser cette base de données, appelée à compiler les infos de 60 millions de Français.

    Mais bizarrement, le sénateur socialiste de la Nièvre, également membre de la Cnil, n’a pas répété ses craintes lors de la séance publique organisée ce 16 novembre, avec Bernard Cazeneuve. Le site NextInpact s’interroge alors : l’élu aurait-il été convaincu par le ministre de l’Intérieur, qui multiplie les auditions parlementaires sur le sujet ?

    Point du tout : son groupe l’a simplement privé de parole. Sur Public Sénat (à 2 : 02 : 19), il explique, grinçant :

    « Je n’ai pas participé aux débats parce que j’ai été interdit de parole. C’est curieux, je me suis battu le premier pour obtenir un débat mais mon groupe [socialiste, ndlr] a considéré que mes propos étaient de nature à ne pas aider le ministre. Je trouve cela ahurissant, j’en souris, parce que je commence à m’habituer : dès qu’on fait preuve un peu de caractère et de liberté d’esprit, manifestement c’est mal vu ».

  23. sansressources
    Posted 21 novembre 2016 at 8:53 | Permalien

    la gomme frappe dur en ce moment, manifestement il y a des sujets qui dérangent mais je vais quand même vous dire que grace, ou à cause de vous on va droit à Marine, votre haine du camp adverse va rendre l’unité impossible, je vous rends responsable du désastre à venir, que ça vous plaise ou non

  24. Thomine
    Posted 22 novembre 2016 at 2:27 | Permalien

    M Filoche, le projet politique que vous développez, c’est un projet socialiste au sens le plus poussé, la suppression des leaders, le pouvoir du peuple et par le peuple, la collectivisation des esprits et des moyens.
    Nul part ceci existe et heureusement d’ailleurs.
    Vous avez traduit votre idéal socialiste visant vers le communisme

  25. Posted 22 novembre 2016 at 8:30 | Permalien

    oui

  26. Posted 22 novembre 2016 at 13:50 | Permalien

    le socialisme c’est a chacun selon ses capacités,
    le communisme c’est a chacun selon ses besoins
    il n’y a encore jamais eu de socialisme ni de communisme nulle part

  27. Posted 22 novembre 2016 at 13:51 | Permalien

    en effet c’est mon combat et mon idéal
    oui c’est l’exercice démocratique du pouvoir du peuple par le peuple
    oui, c’est une économie mixte ou les services publics l’emportent et encadrent le secteur privé
    non il ny’ a aucune sorte de « collectivisation des esprits »

    L’histoire de l’humanité est l’histoire de la conquête de l’égalité entre les peuples, entre les classes sociales, entre les individus. Egalité des droits, égalité des chances, égalité réelle.
    Au début, il y a deux humains et un morceau de viande. L’un des deux humains tue l’autre pour avoir le morceau de viande. C’est la « concurrence libre ». Ensuite, il y a partage du morceau de viande sans que l’un tue l’autre : mais c’est le plus fort qui prend le plus gros morceau. C’est la concurrence pas faussée. Après, c’est le partage du morceau de viande à égalité. C’est le début de la fin de la concurrence sauvage. Enfin, le principal du morceau de viande pourra être donné à celui des deux qui en a le plus besoin : c’est la sécurité sociale. C’est l’histoire résumée du progrès des civilisations, l’humanité passe ainsi de la concurrence primate à l’intelligence collective sociale.
    Une société rongée par les cancers des inégalités ne peut être digne et durable. 500 familles richissimes d’un côté et 10 millions de pauvres de l’autre, c’est intolérable. Trois hommes sur la planète possèdent plus que les 48 pays les plus pauvres. 87 hommes possèdent autant que la moitie de l’humanité. 1% possède 50 % des richesses de la planète. 2 français possèdent plus que 20 millions de français. Certains gagnent 300 ou 600 smic en suçant le sang du labeur des autres. Comment être riche dans un océan de misère ? Comment être pauvre sans se révolter contre le pillage des riches ?
    Pas de liberté sans égalité, car sinon c’est la liberté du renard dans le poulailler. Pas de fraternité sans égalité car sinon, les individualismes les plus féroces l’emportent. Pas de socialisme sans égalité dans l’éducation, la création, la production, l’échange, la communication, l’information, l’expression, la décision, l’action collective – sans démocratie.
    La marche à l’égalité implique de passer de l’égalité formelle à l’égalité réelle. Elle implique abondance et répartition des richesses. De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins. L’égalité réelle libère autant les oppresseurs que les opprimés : contre toutes les haines, les racismes, les préjugés, les tabous, les obscurantismes et integrismes. Elle apaise, sans les supprimer, et, au contraire, en les valorisant, les milliards de milliards de différences entre les milliards d’humains. L’égalité est le contraire de l’égalitarisme, elle ne nivelle pas, elle épanouit, elle ne réduit pas, elle exalte. Elle est la condition de l’émancipation humaine.

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