Trois questions dans l’Humanité

  1. La décision de François Hollande de ne pas se représenter à la prochaine élection présidentielle à l’issue d’un premier mandat est un fait inédit. Comment interprétez-vous ce choix ? Que nous dit-il du climat actuel ?

François Hollande a fait ce choix parce qu’il n’en avait pas d’autre. Après avoir pendant plus de 4 ans mené une politique de droite qui a fractionné la gauche, il allait droit à une élimination au 1er tour de la présidentielle ou à l’humiliation de se retrouver évincé dès la primaire de la gauche.

Il affirme que son bilan est bon mais qu’il devait renoncer parce qu’il ne pouvait pas rassembler la gauche. Pourquoi, si son bilan était bon, n’aurait-il pas pu rassembler la gauche ?

Manuel Valls qui avait été son premier ministre depuiis 2014 devra défendre le même bilan. Quant à Vincent Peillon, l’autre candidat à la primaire de la droite du PS, il devra répondre du même bilan car ses deux ans de silence valent acceptation de la politique de François Hollande.

Le climat actuel est le même en France que dans de nombreux pays européens. Pour avoir mené une politique de droite, les partis socialistes se retrouvent soit éliminés (le Pasok en Grèce), soit réduits à des forces d’appoint de la droite (Allemagne, Espagne, Pays-Bas…), sans, pour autant, que les partis situés à leur gauche puissent accéder au pouvoir ou (comme en Grèce), respecter leurs engagements électoraux.

 

  1. Les candidatures se bousculent à gauche tandis que droite et extrême droite présentent respectivement un candidat unique. Face à cette période vécue à la fois comme incertaine, inquiétante et clivée… quelle stratégie et quelles propositions urgentes vous semblent devoir s’imposer ?

Je suis, avant tout, le candidat des petits salaires et des petites retraites : Smic brut de 1 800 €, retraite à 60 ans, 32 heures par semaine, pas plus de 5 % de CDD par entreprise, pas de salaire supérieur à 20 fois le Smic…

Si la gauche n’arrive pas à se rassembler avant le 1er tour de la présidentielle de 2017, il me paraît inéluctable, sauf miracle, que Fillon et Le Pen soient au second tour. Mon objectif n’est pas 2022 : je ne veux pas que les salarié(e)s, les jeunes, les retraité(e)s aient à subir pendant 5 ans la droite ou l’extrême droite au pouvoir.

C’est pourquoi j’ai proposé à Yannick Jadot et à Jean Luc Mélenchon (qui avait toutes les chances de la gagner) de participer à la primaire de la gauche.

Si je gagne cette primaire (il faudrait d’abord pour cela que la direction du PS cesse de faire obstacle à ma candidature), j’appellerais aussitôt après Jean Luc Mélenchon et Yannick Jadot pour que nous nous mettions autour d’une table et que nous discutions des principaux points d’un programme de gauche. Cela ne devrait guère poser de difficultés et l’appel des 100 serait une excellente base de discussion. La question de savoir qui serait le candidat à la présidentielle n’est, pour moi, que secondaire. Si un candidat de la gauche du PS gagne la primaire, je me battrais pour qu’il fasse la même chose.

La droite n’est pas vraiment unie car ni François Bayrou, ni Emmanuel Macron n’ont participé à la primaire de la droite. François Fillon, cependant, est bien devenu, grâce à cette primaire, l’homme fort de la droite.

 

3. La thèse de deux gauches irréconciliables est relancée à l’orée de ce scrutin. On parle d’un divorce qui ne date pas d’hier. Sur quoi est-il fondé ? Est-il, par ailleurs, irrévocable ?

La cause essentielle de la division de la gauche est la politique de droite menée par François Hollande. Mais elle n’a rien d’inéluctable. Il était difficile, depuis 1975, de trouver plus opposés que le PC et le PS portugais. La politique d’austérité du dirigeant du PS, José Socrates, avait durement frappé le salariat. En 2011, il avait été battu par la droite qui avait menée une politique encore plus dure. Pour éviter que les Portugais aient à subir un nouveau gouvernement de droite, le PS et le PC portugais ont réussi à s’entendre et à gouverner ensemble.

Le programme de Fillon va dégager, à gauche, une importante énergie contre lui. Ses attaques contre le salariat, auxquelles la politique de François Hollande ont servi de tremplin, sont inouïes : assurance maladie, allocations chômage, retraites, 500 000 postes de fonctionnaires supprimés, non paiement des heures supplémentaires, révision du mécanisme de revalorisation du Smic, suppression de l’ISF et augmentation de 2 points de la TVA… Mais cette énergie, à elle-seule,  serait insuffisante. Pour qu’elle soit utilisée efficacement et permette de battre la droite, il faudra (comme dans un moteur) qu’elle soit canalisée dans un seul grand piston. Or, aujourd’hui, à gauche, il y a beaucoup de petits ou moyens pistons…

 

16 Commentaires

  1. Posted 16 décembre 2016 at 13:28 | Permalien

    Gérard, ta naïveté sur l’Europe est la raison pour laquelle, moi, électeur de gauche depuis toujours, je voterai désormais pour F Asselineau (UPR), en tout cas s’il obtient ses parrainages. Et s’il ne les obtient pas , je ne voterai PAS : tant que nous serons dans la camisole européenne, nous aurons perdu notre souveraineté, et condamnés à appliquer des décisions prises pour nous à New York, Berlin ou Bruxelles (dans cet ordre).

    Quel que soit le résultat de la course de chevaux à laquelle tu as décidé de participer, le vainqueur ne sera qu’une marionnette qui devra oublier toutes ses promesses, quelles qu’elles soient…..

  2. Posted 16 décembre 2016 at 17:05 | Permalien

    Oui, il y a bien deux gauches irréconciliables. Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Souvenons-nous du référendum sur le TCE. Ce qui a permis au PS de tenir malgré cette fracture, c’est les plaçous. Des mandats de maire, de député, de conseiller général, de conseiller régional, y-en avait quasiment pour tout le monde (à part Filoche et ses amis, il n’y a quasiment que des élus ou des notables au PS). Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Aussi je suis certain qu’au lendemain de l’échec de la présidentielle, le parti prétendument socialiste va exploser.

  3. meduse80
    Posted 16 décembre 2016 at 19:47 | Permalien

    et si Valls gagne : tu le soutiens?

  4. meduse80
    Posted 16 décembre 2016 at 19:49 | Permalien

    et si Valls gagne : tu le soutiens? Voilà pourquoi il est impensable que Mélenchon participe à cette mascarade vérouillée par Cambadélis

  5. Posted 17 décembre 2016 at 0:24 | Permalien

    occupes toi donc du moment du combat, pas de ce qui se passe si on le perd

  6. Michel - Pierre
    Posted 17 décembre 2016 at 1:14 | Permalien

    Il est agréable de trouver dans « L’HUMA » (qui n’avait pas trop donné la parole à GF jusqu’à présent) un débat de cette qualité.

  7. meduse80
    Posted 17 décembre 2016 at 14:11 | Permalien

    non je me préoccupe du moment suivant,
    exactement comme en en 2012 où tu disais que ce n’était pas le problème Hollande ou Mélenchon, l’important étant la venue d’un mouvement social…
    on voit le résultat et on continue de le voir

    tu exiges de Mélenchon qu’il participe à la primaire tout en exigeant qu’un candidat soutienne quoi qu’il en soit le vainqueur, fusse-t-il Valls

    Et c’est ce qui risque de se passer très certainement car là encore ton aveuglement te joue des tours : la primaire a été organisé PAR ou POUR la direction du PS – hier c’était la réélection de Hollande, maintenant celle de Valls.

    Cambédélis est très clair la dessus : il joue les videurs de qui peut ou non participer et il fera tout (magouilleur qu’il est) pour verrouiller le résultat.

  8. Posted 17 décembre 2016 at 18:36 | Permalien

    Attention, Gérard, tu es en train de faire de la politique politicienne, ce que tu dénonces chez les autres.

  9. phil
    Posted 17 décembre 2016 at 22:20 | Permalien

    salut,

    à tous ceux qui trouvent prétexte à jlm de ne pas participer à cette
    primaire, je trouve que comme votre candidat vous êtes sacrement
    couillus de tourner le dos à la chance par la primaire d’avoir 1 seul
    candidat de gauche au 1er tour de la présidentielle, ce qui nous menait
    au 2éme tour, sûr.
    vous ne me ferez jamais croire que jlm n’est pas capable de gérer sa
    participation à cette primaire (36ans de ps au compteur).
    je pense simplement que son but c’est la mise à mort du ps, cela ne me
    désole pas venant d’un politicien, mais se passer des votes des
    abstentionnistes d’entre 2012/2016, ceux qui ont fait perdre la gauche
    malgré jlm malgré le ps, malgré le pc, malgré les vert, et faire prendre
    le risque à tous les prolos de se prendre une droite dur dans la tronche
    , déjà bien amochés par le ps, presque au tapis, c’est lamentable et
    dégueulasse.

    c’est pour cela que je suis certain que l’action de gérard est la
    meilleure, en restant il à fait preuve d’un courage sans égale à
    vos ragots sans cesse répétés, face à vous et contre son ps.
    je lui tire mon chapeau.

    ps: j’ai toujours voté parti de gauche au premier tour et je suis bien
    conscient que si jlm perd en 2017 il continuera en politique mais
    j’en aurais encore chier cinq ans si ce n’est plus.

  10. Posted 17 décembre 2016 at 23:41 | Permalien

    alors ça c’est culotté
    regarde BFM et Itélé de ce soir !

  11. Posted 17 décembre 2016 at 23:50 | Permalien

    a 100 % d’accord

  12. Pro-Filoche
    Posted 18 décembre 2016 at 2:07 | Permalien

    Oui, Mélenchon fait cavalier seul et refuse qu’il y ait un candidat unique de la gauche, au risque de la faire perdre dès le premier tour. Avec Mélenchon candidat, il y aura le vainqueur de la primaire PS (forcément un droitier si Filoche n’y participe pas) et lui. Si les sondages voient juste, il fera 16% tandis que le candidat PS fera 8%. 8% qui manqueront à JLM pour accéder au second tour.

    Alors que si Filoche est investi, Mélenchon devra avoir la décence de se retirer en faveur de celui qui aura eu la légitimité du vote des sympathisants de gauche et Filoche sera au second tour !

    La voie Mélenchon, c’est un second tour LR/FN, ce qui est loin de sauver la gauche.

  13. Pro-Filoche
    Posted 18 décembre 2016 at 2:09 | Permalien

    La souveraineté n’est pas à obtenir de New-York (c’est la nouvelle capitale des USA ?) mais du patronat, qui n’a nullement besoin de Bruxelles ou de Merkel pour attaquer le salariat.

    Pour cela : grève générale, occupation d’usines.

  14. phil
    Posted 18 décembre 2016 at 12:37 | Permalien

    salut,
    @12.Pro-Filoche tu es dans l’erreur, Gérard sortant vainqueur de la
    primaire il appel jlm et yjadot pour pour faire un programme de gvt
    et décider ensuite d’un seul candidat au 1er tour2017, ce qui donne
    beaucoup plus de chance d’avoir une vraie gauche au second
    tour2017.
    mais je trouve que jlm privilégie un peu trop cette obsession de tuer
    le ps, ce qui lui évite la primaire, ce qui isole Gérard à la primaire
    jusqu’à le faire évincer par camba et de faire perdre toute la gauche
    en 2017 car il y aura dans ce cas là plusieurs candidats de gauche
    au 1er tour2017, donc éparpillage des votes de gauche et pas de
    second tour2017.

    dans mes propos je suis trés pragmatique, mais qui seront les
    grands perdants ?

  15. Pro-Filoche
    Posted 18 décembre 2016 at 17:56 | Permalien

    @Phil
    Oui, c’est ce que je dis, il faut que Filoche gagne la primaire et qu’il puisse donc y participer car sinon c’est Valls (ou un autre droitier) qui l’emporte et la gauche est fichue.

    Mon commentaire était une approbation du votre, pas autre chose ;-)

    Amitiés.

  16. Pro-Filoche
    Posted 18 décembre 2016 at 19:07 | Permalien

    Pas de vote pour celui qui vomit sa propagande poutinienne sur les Syriens et qui récupère la mort des journalistes de Charlie Hebdo pour justifier le massacre de civils !

    Le refus de Gérard Filoche de céder à la démagogie anti-travailleurs détachés et à la rhétorique assadienne est l’une des causes de ma préférence pour lui.

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