Mon intervention au BN du PS du lundi 15 mai 2017 : pas une voix pour Macron, pas une voix pour Edouard Philippe

 

Bien sûr, qu’est-ce qui se dit à gauche, en ce moment ? Il se dit que le PS incline vers Macron.  La faute en revient à la formule sortie du dernier BN : « On souhaite la réussite du quinquennat ». Forcément si on souhaite la réussite de Macron, les gens vont voter Macron. On les encourage à voter pour l’original et pas pour la copie.

Cela revient à saboter la campagne des socialistes, et de la gauche, personne, aucun candidat ne s’en tirera en mettant sur ses affiches ou ses tracts la photo de Macron et en se réclamant de la « majorité présidentielle ».

Didier Guillaume, président du groupe socialiste du Sénat, se voit dans la « majorité présidentielle ». Des dizaines d’élus et dirigeants PS sortants le font. C‘est mortifère.

 

Pour augmenter les chances de retrouver des voix, il ne faut pas s’adresser à ceux qui ont des illusions envers Macron mais à ceux, des millions, la majorité, qui n’en ont pas et qui n’ont voté pour lui que par défaut.

Mettre Macron sur son affiche, c’est à courte vue, c’est dissuader de voter pour soi, pour nous, les socialistes. Se réclamer de la majorité présidentielle, c’est discréditer notre parti et reculer encore dans les élections de juin.

Pour regagner des voix il faut combattre clairement la droite Macron et Philippe. Il faut dénoncer leur programme, leurs projets, pas s’en réclamer. Il faut redonner envie à nos électeurs d’être librement, démocratiquement à gauche, avec les socialistes redevenant des socialistes. Et aussi en recherchant l’unité à gauche comme dans le Jura.

Moi, je vous le dis, j’explique dans les médias qu’on ne peut être à la fois socialistes et pour Macron, que c’est incompatible.

C’est clair et compréhensible.

Et pour ceux qui ne le comprendraient pas encore, cela va le devenir vite.

Ceux qui vont à contre-courant arrivent souvent avant les autres. Je vous assure que ça aide

mieux nos candidats ! Ça aide le PS à redevenir socialiste.

 

Alain vient de dire que « c’est compliqué parce que Macron part de la gauche ».

Non, Macron ne « part pas de la gauche ». C’est à nous de démystifier cela : il n’a jamais été dans un parti, dans un syndicat, ni militant à gauche. Nulle part, jamais. Rien à voir avec nous. C’est un obscur et détestable trader, devenu homme de cabinet, putschiste contre le président qui l’avait nommé et contre le gouvernement auquel il a appartenu, soutenu par la finance, les banques, le Medef et la curée médiatique des 9 milliardaires possesseurs de 95 % des médias.

Il est de droite, de droite et de droite, et il a nommé, comme prévisible, un premier ministre de droite.

 

D’ailleurs je ne comprends pas que le président sortant lui montre de l’affection, comme s’il était l’organisateur en deus ex machina de la victoire de Macron, alors qu’il s’agit de sa défaite, à lui, Hollande, président sortant..

De la même façon, il faut arrêter de dire « merci » au quinquennat sortant.

Ce quinquennat nous a fait tout perdre.

Tout. Cinq élections. Une sixième.

Et une septième si on ne se distingue pas du bilan.

A cause de lui, et injustement, le PS, notre parti, est haï.

Nous ne nous reconstruirons en tant que socialistes, qu’en nous en distinguant de ce quinquennat 2012-2017.

Les électeurs peuvent nous redonner du crédit si on en tire le bilan et qu’on s’en sépare clairement : il faut plus qu’un inventaire, il faut une rupture.

Prenons l’exemple du droit du travail : ici, plusieurs viennent de dire qu’ils vont sans état d’âme combattre les ordonnances Macron qui annoncent la casse du droit du travail ! Bien sûr ! Tant mieux !

Nos députés, si on en a, vont voter contre toute confiance au gouvernement, contre ses ordonnances scélérates de début juillet 2017.

On va manifester, je l’espère, avec tous les syndicats.

Mais croyez-vous qu’on va échapper à la question : quid de la loi El Khomri ?

Notre candidat à la présidentielle, Benoît, a fait campagne pour l’abroger.

Ce n’est pas une petite question, l’avenir immédiat : est-ce que le PS veut abroger [ou : est favorable à l’abrogation de] la loi El Khomri ?

Dans mon milieu, quelques milliers d’inspecteurs et agents publics du travail, par exemple, oui, il va falloir dire que le PS se bat contre les ordonnances Macron, il va falloir être clairs : car on vient de recevoir en cadeau de fin de mandat, un décret « déontologique » scélérat du gouvernement Cazeneuve-El Khomri, daté du 12 avril (du 12 avril !) qui casse l’inspection du travail en donnant les moyens aux patrons de contrecarrer ses contrôles.

 

Et que va-t-on dire dans notre campagne et en juillet ensuite ?

Qu’il faut faciliter les licenciements ? Ou contrôler les licenciements afin de les empêcher au maximum ?

Que va-t-on dire contre Uber ? Qu’il faut laisser passer le retour aux loueurs de bras ? Ou qu’il faut imposer des contrats de travail, avec un salaire brut et net ?

Que va-t-on dire ? Qu’il faut le repos du dimanche ou travailler le dimanche ?

Que va-t-on dire ? Qu’il faut renforcer les IRP, ou les affaiblir ?

Que va-t-on dire ? Que la loi doit l’emporter sur le contrat ? Qu’il faut rétablir la hiérarchie des normes ?

Moi, je le dis, si on veut regagner des voix, reconstruire, il faut défendre le droit du travail universel et pas boutique par boutique, il faut défendre les droits républicains, l’ordre public social, l’état de droit dans l’entreprise, les hommes et les femmes au travail et pas les soumettre au cas par cas au despotisme entrepreneurial privé.

 

Et puis on me dit qu’il n’y aurait « pas de place entre Macron et Mélenchon ».  Ça, c’est totalement faux, il y aura toujours une grande place pour un socialisme authentique démocratique, pluraliste, unitaire. Mais, bien sûr, à condition qu’il soit socialiste, démocratique et unitaire à gauche !

 

Aller vers Macron, c’est abdiquer sans dignité, se renier, abandonner un siècle d’histoire et disparaitre, comme le PRG.  Macron va faire pschitt plus vite qu’on ne croit.

 

Mais n’ayez pas « peur » non plus, comme vous le dites, ici ou là, de « FI », c’est conjoncturel. Les mouvements plébiscitaires sans ancrage théorique, historique, refluent vite.

Sur les 19 % de Mélenchon, nombreux sont NOS électeurs, l’électorat d’ailleurs est exactement le même entre les 6,5  % et les 19 %, ce sont des vases communicants.

Nous avons perdu à cause du quinquennat et à cause de la division.

Mais l’aspiration unitaire est toujours très forte sinon majoritaire pour une gauche unie rose-rouge-verte, indépendante de Macron et le combattant. Ça va remonter vite.

 

Et pour ce qui est de « FI », soyons respectueux, patients, attentifs et unitaires, mais en sachant qu’un parti ne peut pas fonctionner dans l’opposition, sans tradition, sans statut, sans programme historique, sans démocratie, de façon plébiscitaire, en se faisant passer pour « peuple » et pas pour « classe », pour « insoumis et patriote » et pas pour « salarié et syndiqué ».

 

Le clivage droite-gauche est impitoyable, car c’est un clivage de classes, et il ressort toujours, le reste est faribole.

La gauche n’est pas réductible aux estrades et aux harangues, même talentueuses, elle est un maillage de nombreux partis, syndicats, associations, clubs, élus de terrain, luttes, grèves, occupations d’entreprises, et institutions.

Le « centre », ça n’existe pas.

La gauche renaîtra si on le veut, si on redevient socialistes, démocratiques et unitaires pour de bon.

 

 

 

 

12 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 16 mai 2017 at 13:31 | Permalien

    Le traître Valls une fois de plus épargné par le PS, qui ne présentera aucun candidat face à lui. Et tu oses nous dire que les trahisons sont marginales alors que cette décision montre que c’est l’appareil dans son ensemble qui renonce à s’opposer à Macron.

  2. Posted 16 mai 2017 at 13:51 | Permalien

    erreur encore, hier soir en BN, l’opposition a Macron est devenue quasi frontale en tout cas verbalement

  3. Michel - Pierre
    Posted 16 mai 2017 at 15:34 | Permalien

    « … hier soir en BN, l’opposition à Macron est devenue quasi frontale … »
    Tous ces gens qui ont empêché le camarade GF de devenir audible pour le plus grand nombre pendant la Primaire Citoyenne commencent donc à ouvrir les yeux.
    Si ça continue ils vont s’apercevoir qu’après la phase « à droite, mais chut … » (en d’autres termes: « ni droite ni gauche »), Macron et ses amis viennent d’entrer dans celle qui pourrait s’intituler « à droite, évidemment », leur objectif final, pour cette période électorale, étant de pouvoir dire, dans un mois: « Bon, maintenant, à droite toute ! »

  4. JeanLouis
    Posted 16 mai 2017 at 16:50 | Permalien

    Après quelques semaines d’abstinence je reviens un peu voir où vous en êtes. Un statu quo complet, les mêmes analyses, souvent justes, et le même positionnement stratégique, indéfectible à sauver le PS qui prend l’eau de toute part et qui est Hollande en tête le grand responsable de ce qui se passe y compris de la montée du FN.. Tiens vous qui passer votre temps à critiquer Mélenchon avec aussi de fausses informations, comme si Mélenchon ne parlait pas des salariés et des syndicats !!!,dites nous un peu ce qu’à voté Ménucci pendant ces 5 ans, et s’il n’est pas autant nocif que les autres pour les classes populaires comme dans la montée en responsabilité du FN dans les quartiers Nord à Marseille, ou si la PS n’est pas celui par lequel Marion Maréchal Le Pen a été élue députée.

  5. Médusa
    Posted 16 mai 2017 at 18:11 | Permalien

    Depuis le temps, n’avez-vous pas remarqué un léger hiatus entre les déclarations verbales au BN et ce qui se passe effectivement sur le terrain ?

  6. Posted 16 mai 2017 at 18:22 | Permalien

    pas leger, enorme,

  7. step
    Posted 16 mai 2017 at 18:53 | Permalien

    D’ailleurs je ne comprends pas que le président sortant … Moi si

    nombreux sont NOS électeurs… Nos ??

    c’est un vase communicant.. oui … et non. Il y a aussi une prise de conscience du fait que le socialisme dans le cadre européen n’est pas forcément possible, ce qu’avoue sans ambages des membres de la technostructure européenne, le rose au joues d’avoir réussi un si joli coup.

    C’est le fondement et l’ancrage théorique de FI: regardez votre histoire il me semble qu’à un certain moment un certain Chevènement était membre du PS : Un souverainiste de gauche et politique, qui savait que sans souveraineté, point de démocratie, et sans démocratie point de capacité à faire réaliser une mandature de progrès social.

    Il en est où théoriquement le PS sur ce point là ? toujours à appeler à une « autre europe » sorte de jugement dernier des peuples ou des pays qui n’existent encore que du fait de leur statut de parasites fiscaux et d’idiots utiles de la finance se flagelleraient TOUS EN MEME TEMPS devant la beauté du nouveau projet qu’on leur proposerait ? Eh ben, qui est à la rue en terme de base théorique ?

  8. Posted 16 mai 2017 at 19:33 | Permalien

    c’est vrai… mais TOUT est pareil, rien nulle part n’est allé plus vite ni mieux,
    qui peut donner des leçons ? qui ? personne

    militons encore et encore

  9. Pro-Filoche
    Posted 17 mai 2017 at 15:47 | Permalien

    Il y a des bonnes nouvelles : dans a Somme la gauche est unie dans la plupart des circonscriptions face au risque FN. Il en est de même dans le Jura.

    Il est hors de question que le FN soit la seule opposition au futures lois Macron.

  10. socrate
    Posted 18 mai 2017 at 11:58 | Permalien

    Valls et Macron c’est kif kif a quelques nuances près …la mème attirance pour le marché ; la financiarisation de l’économie ; la concurrence poussée a l extrême , la soumission aux traités européens favorisant la suppression des droits des salariés etc etc
    ceux qui ont soutenus la ligne Valls sont donc logiquement derrière Macron , seuls quelques hypocrites feignent d’y trouver une différence notoire…
    d’ailleurs en ne mettant pas de candidat en marche face a Valls c’est un signe.

  11. Posted 18 mai 2017 at 12:13 | Permalien

    non le programme de Macron de destruction du salaire brut
    est bien pire que celui de Valls,
    je l’ai soigneusement analysé, décrit, maintes fois sur ce blog

  12. Posted 18 mai 2017 at 14:43 | Permalien

    Roland Brun Je confirme Gérard, en comité à ce moment là, j’ai vue Martin Bouygues rentrer dans une colère noire et appeler la directrice des programmes pour te casser au journal télévisé et lui intimer l’ordre de demander au autres rédactions d’autres médias de l’audiovisuel pour qu’ils fassent pareil comme quoi des fois ils sont plus concurent pour organiser un manque d’éthique, du moins ce qui l’ont fait)
    Il n’ont aucuns scrupules à assassiner socialement des familles et des salariés sur leurs chantiers, 1 mort par jour dans la construction, j’ai jamais vue demander par Martin Bouygues 1mn de silence par respect pour eux et les familles.
    Comme donneur de leçons on fait mieux

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