Souvenir, souvenir 50 ans après de la mort du Che.

 

assassine à froid, sauvagement, sans procès, isolément par un seul homme alcoolique et grassement payé, sur ordre du gouvernement bolivien et des US, Che, dont Arnaud Leparmentier affirme sur France inter   »qu’il fut fusillé par l’armée bolivienne ».

 

 

 

 

Nous avons fabriqué mi octobre 1967 et imprime à Louviers, un journal spécial des JCR à toute vitesse pour lui rendre mémoire. Nous appelâmes à un meeting hommage salle Lefranc à Rouen, fin octobre.

 

Le PCF de Seine Maritime mobilisa pour interdire ce meeting. A l’époque, il faut le savoir, L’Humanité dénonçait les groupuscules qui s’agitaient à La Havane, OLAS, OSPAAAL. Nous étions 80, ils sont venus à 100 aux cris de « le fascisme ne passera pas » (c’étaient nous les « fascistes ») pour interdire le meeting. La bataille a duré une heure. Il nous a fallu faire une pétition avec la LdH, et les démocrates de Rouen, pour imposer le droit de refaire le meeting librement une semaine plus tard.

 

 

Extrait de « mai 68 histoire sans fin » 1998 :

Le stalinisme n’existait pas qu’à Moscou.

Nous en avons été victimes à notre tour lorsque, après l’annonce de la mort du “ Che ” en octobre 1967, nous avons voulu, à notre tour, tenir réunion à la salle Lefranc. Nous avions édité le dernier “ appel du Che ”, Créer un, deux, trois Vietnam, chez Fromentin, un éditeur sympathisant de Louviers. C’était l’“ heure des brasiers ”. Un magnifique quatre pages avec la célèbre photo en “ une ”. L’échec du “ Che ” nous avait bouleversés, et nous apprenions les conditions dans lesquelles il était réduit à combattre. Il avait été trahi par le PC, lâché par Moscou, si ce n’est par Fidel, isolé totalement des paysans boliviens, son calvaire héroïque était quasiment écrit. La CIA et les mercenaires américains avaient donné l’ordre à la soldatesque bolivienne de l’exécuter et de montrer sa dépouille au monde entier. Mais ils allaient en faire un héros, un martyr, un symbole pour toute la jeunesse combative du monde entier. Nous voulions lui rendre hommage, en tirant les leçons de son combat. Un meeting public fut donc organisé, le premier de la JCR à Rouen. Nous savions que le succès était assuré parmi les étudiants et les lycéens. Mais il vint une centaine de gros bras du PCF, qui tentèrent, comme pour Voix ouvrière, d’empêcher la réunion. La bousculade, les cris, les injures durèrent deux heures. Nous criions : “ Liberté d’expression ” et nous chantions L’Internationale, nous essayions de discuter avec nos adversaires et de les faire parler. Ils avaient pour consigne de ne rien dire, on leur avait expliqué que nous étions des fascistes et qu’il fallait nous mettre en déroute. Il y eut des surprises : plusieurs d’entre eux, travaillant aux Papeteries de la Chapelle, s’étonnèrent, ils n’avaient jamais vu de fascistes chanter L’Internationale. Eux qui ne connaissaient pas Che Guevara découvraient qu’il était cubain et communiste. Pourquoi les avait-on fait venir là ? Il fallut encore deux bonnes années pour que ça mature dans leur conscience, mais nous devions les gagner à la Ligue après mai 68. Ils adhérèrent seulement après m’avoir rencontré, car leur dernière réserve me concernait : nous étions certes un “ groupe sympa ”, nous avions raison, mais pourquoi y avait-il un individu aussi louche et peu recommandable que moi dans ce groupe ? Qu’avais-je de particulier ? Ils ne le savaient pas, mais le PCF leur avait dit tant de mal sur moi, depuis si longtemps, que ça ne pouvait qu’être vrai. On but un pot, on discuta, et ils rirent eux-mêmes de leur préjugé. Mais je découvris les ravages de la calomnie stalinienne à cette occasion. Après qu’ils eurent adhéré, ils se choisirent des pseudonymes appropriés pour résister dans leur entreprise, dominée par le PCF : l’un s’appela “ Ursus ”, et l’autre “ Attila ”. Ils nous racontèrent souvent leur surprise et celle de leurs copains venus interdire notre réunion pour Guevara. Comment, après, ils s’étaient retrouvés dans un café : il y avait eu de la gêne, des questions auxquelles les dirigeants eux-mêmes n’avaient pas su répondre.
Ils avaient pourtant réussi : le meeting n’avait pu se tenir, excepté pour une vingtaine de militants réunis tard le soir dans le garage d’un ami. Mais, en quête d’alliés, nous avons lancé un appel à des personnalités démocratiques prenant position pour notre droit à l’expression. Ce fut un apprentissage : nous pouvions donc faire alliance avec la LDH ou le PSU, ou des éléments du MCAA (Mouvement contre l’arme atomique de Claude Bourdet et Jean Rostand) du Mrap (Mouvement contre le racisme, pour l’antisémitisme et pour la paix). Notre relatif sectarisme faillit s’y refuser, mais grand bien nous prit : il y eut des communiqués dans Paris Normandie, un tract de soutien, et, quinze jours après, on pouvait, dans la même salle, tenir enfin notre meeting, avec quatre-vingts participants, sans être agressés. Ce fut une vraie victoire puisque, à Rouen, le PCF dut, à partir de ce moment-là, renoncer à nous écraser par la force.

 

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