Votre livreur Mohammed rentable et jetable, auto entrepreneur

Depuis 2001, Mohamed est manutentionnaire dans un grand supermarché de la banlieue parisienne où il a la charge des rayons liquides (alcool, vins et jus de fruits). Il est marocain et ne parle pas bien le français. Pas de syndicat, pas de délégué du personnel, pas de comité d’entreprise dans le magasin où il travaille. Alors sans trop comprendre ce que le nouvel employeur lui demande, il signe l’avenant à son contrat de travail et accepte des nouveaux horaires.

C’est comme ça maintenant, ca va être la nouvelle mode, tout se décidera dans l’entreprise.

Désormais, il travaillera 6 jours par semaine du lundi au samedi inclus, avec des horaires à respecter et 47 h à exécuter toutes les semaines. Pour le salaire, l’employeur l’augmente. Il lui a même consenti une promotion : agent de maîtrise. Mais cela ne fait guère que 1812 euros bruts mensuels … pour 47 heures, soit 9,63 euros de l’heure. L’avenant au contrat indique une « convention de forfait » sans plus de précision.

Mohamed travaille assidûment, il réceptionne les palettes de marchandises et fait ses rayons (approvisionnement, étiquetage et nettoyage) jusqu’au jour où il est victime d’un infarctus. Il a 50 ans il est usé.

La médecine du travail, après un long arrêt maladie, indique qu’il ne peut reprendre un travail qu’à la condition de ne plus lever des charges de plus de 10 kilos. Mais l’employeur ne répond pas à la demande d’aménagement de poste. Il propose au salarié une rupture conventionnelle assortie d’une indemnité de 7000 euros. Mohamed refuse et reprend son travail. Il reçoit alors deux avertissements pour non-respect des consignes de l’employeur… Prologues d’un éventuel licenciement pour faute grave ?

Sera-t-il remplacé par un manutentionnaire plus jeune qui au bout de quelques années, lui aussi sera usé ? Par un auto entrepreneur ?

En l’état actuel du droit Mohamed peut encore contester l’absence de paiement d’heures supplémentaires. Il peut se fonder sur la durée légale de 35 heures par semaine, seuil de déclenchement du paiement des heures supplémentaires. Il peut aussi remettre en cause le refus de son employeur d’adapter son poste de travail et contester son licenciement devant les prud’hommes qui apprécieront son préjudice en tenant compte de sa situation personnelle et familiale, de son état de santé. Ce sera long, couteux, et difficile.

Avec les ordonnances Macron, l’histoire de Mohamed sera le quotidien de tous les salariés, devenu sans recours. L’employeur pourra  imposer une durée du travail supérieure à 35 h et un taux de majoration des heures supplémentaires inférieur aux taux actuels de 25 et 50 %. Avec le barème plafonné obligatoire devant le conseil des prud’hommes le préjudice sera indemnisé sans tenir compte de la situation familiale de Mohamed, de son âge, de ses difficultés à retrouver un emploi.

Faire baisser ainsi le coût du travail est l’objectif des ordonnances Macron… on sera tous rentables puis jetables. Virables comme à Pimkie, PSA, la Société générale. parce que dans tout ça, y’a pas que votre livreur, y a vous… toutes et tous.

 

 

 

One Commentaire

  1. momo
    Posted 3 janvier 2018 at 14:06 | Permalien

    PAIX SUR VOUS,vous êtes un homme,COURAGE.

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