Reconstruire la gauche : textes de la convention du 20 janvier 2018

 

Nous reproduisons les deux textes adoptés lors de la convention nationale « Reconstruire la gauche » qui s’est tenue le 20 janvier à Paris.

 

Déclaration de  l’Appel à Reconstruire la Gauche

1 – Fin 2017, 1 111 socialistes, militant.e.s ou sympathisant.e.s, membres du Parti socialiste ou non, se reconnaissant dans les valeurs d’une gauche unitaire, sociale et démocratique lançaient un appel à reconstruire la gauche.

Ils proposaient l’organisation d’un congrès socialiste ouvert à toutes les forces disponibles, tirant le bilan du quinquennat et ré-orientant la gauche.

2 – Ce congrès n’aura pas lieu. Celui que préparent les dirigeants du Parti socialiste sera un congrès fermé avec des motions « cadrées » et déposées uniquement par les dirigeants sortants disposant de représentants en nombre suffisant au Conseil national.

De nombreux dirigeants se disent « favorables à la réussite de Macron ».

Or la ligne de clivage est là : on ne peut être à la fois socialiste et pour Macron.

 

3 – Nous, socialistes de gauche, et plus largement, nous qui n’avons jamais renoncé à l’unité de la gauche, à un projet de gauche et qui combattons Macron, décidons de continuer à agir collectivement dans le respect de nos diverses sensibilités.

Nous sommes ouvert.e.s à toutes et à tous. Nous acceptons la double appartenance, mais à gauche ! Nous sommes respectueux.ses des choix de chacun.e et déterminé.e.s à agir collectivement pour que 2018 soit l’année du sursaut pour la reconstruction de la gauche.

Nous prônons une gauche sociale, démocratique, féministe et écologiste qui milite pour une autre création et répartition des richesses, et qui porte haut les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

Nous appelons au rassemblement des « Socialistes unitaires » dans la perspective de la mise en place d’un espace permanent de débats, d’initiatives et d’actions de toute la gauche.

Nous invitons en conséquence les groupes et les individus qui se reconnaissent dans ce projet à travailler avec nous dans ce sens.

Paris, le 20 janvier 2018

 

Déclaration d’orientation politique de la Convention du 20 janvier 2018

2018 doit être l’année du sursaut, de la recomposition,

celle qui prépare les victoires à venir

En 2012, la gauche était majoritaire dans toutes les institutions représentatives.

Mais tous les espoirs, toutes les attentes de celles et ceux qui avaient élu ces représentant.e.s ont été trahis. Alors l’électorat de gauche s’est abstenu massivement. Toutes les élections ont été perdues de 2014 à 2017.

2016 a été l’année de la rupture avec, en particulier, le choc de la déchéance de nationalité et celui de la loi El Khomri.

Incapable de défendre son bilan, Hollande est obligé de se retirer le 1er décembre 2016. Le 29 janvier suivant, l’électorat de gauche sanctionne Valls, et désigne pour la première fois un candidat de la gauche socialiste : Benoît Hamon.

L’unité de la gauche Mélenchon-Hamon ne s’est, hélas, pas réalisée, et l’appareil du PS a pu saboter la campagne du candidat socialiste. La division et ces jeux d’appareils ont fait le jeu du putsch d’un homme de cabinet, Macron. La peur de Fillon, du FN, ainsi que la crise de la droite, ont fait le reste.

Chez tous ceux qui ont généré cette situation, il n’y a pas le moindre bilan, pas d’autocritique.

Le coup de tonnerre vient de loin : des promesses non tenues, de la persistance d’une situation sociale se dégradant sans cesse, de 6,7 millions de chômeurs, de la hausse des inégalités et du rôle de la finance.

Les aspirations à mieux vivre perdurent, elles sont majoritaires. Personne à gauche ne s’accommode du chômage de masse, du blocage des salaires, de la retraite à 67 ans, de 15 à 20 % de précarité, de la facilitation des licenciements, de la casse du droit, de la sécurité et de la dignité au travail.

En ce sens, une majorité de gauche existe, mais elle est incarnée à travers de multiples forces séparées et concurrentes, chacune combative mais aucune suffisamment unitaire, légitime et forte pour gagner.

Rien n’est plus urgent que de reconstruire la gauche et de proposer un projet unitaire qui entraîne une majorité.

Dans ce processus, personne n’a de leçons à donner à personne. Personne ne se soumettra à personne, chaque composante de la gauche a droit au respect. Toutes les sensibilités peuvent et doivent contribuer à ce projet.

À Ensemble!, chez EELV, dans la France Insoumise, chez Génération.S, au PCF, à République et Socialisme…, comme chez ceux qui restent de gauche au PS et dans tous les groupes et courants qui se réclament de la gauche, chacun.e sait que rien de grand ne sera possible sans unité. Chacun.e sait qu’il faut s’atteler de façon volontariste, méticuleuse, ouverte, pluraliste, à la convergence et au rassemblement de toutes les forces en mesure de vaincre Macron sur le terrain des mobilisations et de proposer une alternative gouvernementale.

2018, année du sursaut

L’année 2018 sera une année sans élection notable. Elle peut être une année de recomposition, de résistances, de luttes et d’explosions contre la politique anti-sociale brutale de Macron, du Medef, de la finance. Il peut en sortir un grand sursaut au plan politique, on peut renouer avec des victoires, et préparer unitairement les échéances électorales à venir. Toute la gauche, tous ses courants sont concernés.

Pour que 2018 soit une année de sursaut, il faut fédérer les énergies, les groupes, les individus en un mouvement qui garantisse :

-        que chacun.e soit respecté.e dans son identité, puisse l’exprimer ;

-        que des batailles soient menées avec les citoyen.ne.s ;

-        que des cadres communs soient construits.

Rien n’est plus urgent que de fédérer !

Pour une recomposition, une alternative

Un projet alternatif et majoritaire est possible :

     

  • en mettant le social au cœur, la création et la redistribution des richesses d’abord ;
  • en construisant une vraie transition écologique et sociale ;
  • en s’appropriant la révolution informationnelle ;
  • en encourageant un élan démocratique en France avec la mise en perspective d’une VIeRépublique sociale, écologiste, laïque, féministe, internationaliste et pacifiste ;
  • en développant un nouvel internationalisme à commencer par le combat pour une Europe sociale, contre l’Europe néo-libérale actuelle.
  • en s’engageant résolument contre le pillage des ressources des pays dépendants, contre les guerres prédatrices camouflées en espoirs démocratiques ;
  • en soutenant les aspirations des peuples contre les crises, les guerres, la misère et les exils qu’elles provoquent.

Reconstruire la gauche sans nier les différences

Diverses initiatives nationales et locales – notamment la sortie du bulletin Passerelles –, ainsi que de nombreuses autres initiatives à gauche montrent que des forces existent pour reconstruire une gauche sociale, démocratique, féministe et écologiste, internationaliste. Il faut prendre les dispositions concrètes pour organiser la convergence de toutes les initiatives.

Nous proposons que les « Socialistes unitaires » œuvrent au développement de la démarche autour de Passerelles sur les territoires. Cette démarche peut constituer un outil au service de la réflexion et du rassemblement.

À tous les groupes de gauche, courants mais aussi individus, militant.e.s associatifs ou syndicaux, à toutes celles et tous ceux qui sont disponibles, nous proposons une coordination permanente unitaire qui prépare une Convention nationale ou des Assises pour ouvrir la voie d’un espace (ou une coalition) permanent.e de débats, d’initiatives et d’actions de la gauche.

On ne lâche rien, on continue !

Nous proposons qu’une première Convention nationale commune, co-organisée avec toutes les forces d’ores et déjà disponibles pour reconstruire la Gauche se tienne dans les prochains mois.

Elle devra être préparée conjointement par les forces adhérant à cette perspective, avec un comité de pilotage pluraliste.

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