Chili : les bourreaux de Victor Jara rattrapés 45 ans après leur crime

CULTURE
Victor Jara<br /> <sub>(AP Photo/Fundacion Victor Jara, Patricio Guzman) </sub> 

Victor Jara
(AP Photo/Fundacion Victor Jara, Patricio Guzman)

Neuf militaires chiliens ont été condamnés à Santiago pour la détention, la torture et l’assassinat du chanteur-dramaturge communiste Víctor Jara, arrêté au lendemain du coup d’Etat du général Augusto Pinochet de septembre 1973. L’un des crimes les plus retentissants d’une dictature alors bénie des Etats-Unis et restée globalement impunie.

Hommage à Victor Jara lors de son exhumation, le 5 décembre 2009.<br /> <sub>(AP Photo/Claudio Cruz) </sub>

Ils payent enfin. Il aura fallu près d’un demi-siècle pour que la justice rattrape quelques uns des auteurs d’un des crimes les plus emblématiques et féroces de la dictature chilienne : le supplice et l’assassinat du chanteur dramaturge Victor Jara. Leur peine, du moins – dix huit ans de prison pour huit d’entre eux – n’est pas symbolique.

 

Proche du Parti communiste et soutien du président Salvador Allende, Victor Jara était un artiste engagé et populaire, à la fois homme de théâtre et de chansons, de renommée internationale. Ses textes critiquaient la guerre au Vietnam, mais aussi la bourgeoisie chilienne déchaînée contre l’expérience socialiste amorcée trois ans plus tôt.

Celle-ci s’achève dans le sang le 11 septembre 1973. Victor Jara a 40 ans le jour de son arrestation, le lendemain même du coup d’État dirigé par le général Augusto Pinochet.

Enfermé entre mille autres au stade Chile de Santiago, il subit quatre jours de tortures et un supplice perpétré par une soldatesque déchaînée, haineuse et sadique. En public, les militaires broient à coup de crosses les mains du guitariste exécré. Ils lui tranchent les doigts et lui intiment, par dérision, l’ordre de chanter.

Victor Jara entonne alors l’hymne de l’Unité populaire. Les militaires l’abattent, ainsi que d’autres prisonniers qui ont repris le chant avec lui. On retrouvera dans son corps 44 balles. Son épouse anglaise l’enterrera le surlendemain dans une semi-clandestinité.

Mémoire longue

Fait d’horreur commis dans la joie par une dictature sûre d’elle et protégée par son parrain américain, le martyr du poète connaît un grand retentissement. Sa mémoire restera honorée.

Dans le seul monde francophone, les Français Jean Ferrat,Bernard LavilliersGilles Servat, Serge Utgé-Royo, ou le groupe Zebda, le Belge  Julios Beaucarne, le Suisse Michel Bühler, le Québécois Jean-François Lessard lui rendront hommage par leurs chansons.

La nuit chilienne, pourtant, sera longue et plus encore le chemin de la justice. Ce n’est qu’après 36 ans, en 2009, que sont rendus à Victor Jara les honneurs officiels de son pays. En 2009, son corps est exhumé et autopsié. Il a gardé les traces des 44 balles, coup de grâce inclus.

 

Après trois jours d’hommages populaires, il est enterré le 5 décembre 2009 en présence de sa veuve et leurs deux filles, de la présidente du Chili Michele Bachelet, fille d’une autre victime de Pinochet et de 5000 personnes. Le stade Chile est rebaptisé « Victor Jara ».

 

Le 3 janvier 2013, – quarante ans après les faits, donc – la justice chilienne fait incarcérer quatre personnes dont Hugo Sanchez, officier responsable de l’exécution du chanteur.

Le 24 juillet 2015, dix anciens militaires sont mis en accusation par le juge Miguel Vázquez Plaza, pour l’emprisonnement et assassinat de l’artiste. Huit d’entre eux écopent aujourd’hui de dix-huit ans de détention, le dernier de cinq ans pour complicité, quarante-cinq ans après leur crime.

Ils peuvent encore faire appel. Le dixième homme, celui qui a tiré le coup de grâce dans la nuque de Jara, vit en paix. Il s’est installé aux États-Unis dans les années 1980. Le Chili le réclame en vain.

 

sylvie braibant  TV5 Monde

 

 

7 Commentaires

  1. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 7 février 2019 at 21:06 | Permalien

    45 ans après l’assassinat de Victor Jara, de Pablo Neruda, de Salvador Allende et de milliers de démocrates et de militants de l’unité populaire par l’ignoble fédération américaine qui s’est construite sur le génocide du peuple amérindien, véritable natif de ses terres, les autres n’avaient qu’à rester chez eux au lieu de venir voler les richesses qui ne leur appartenaient pas eux les chantres du respect de la propriété privée, quelques états d’Amérique du Sud résistent encore à l’envahisseur anglo-saxon qui comme disait Simon Bolivar parait destinés par la Providence à infester les Amériques de misère au nom de la démocratie!
    Ce sont le Mexique (dernièrement), Cuba fidèle à son combat depuis les années 60, malgré la souffrance et les privations, Le Nicaragua, la Bolivie et … n’en déplaise à ceux qui n’ont jamais aimé les chavistes depuis qu’ils sont à l’oeuvre, le Venezuela!

    Eh oui on aurait aimé que sur ce blog l’auteur fasse preuve d’un peu plus d’énergie à défendre l’expérience venezuelienne menacée de mort par une alliance infâme du populiste Trump, du fasciste Bolsaneiro, des gouvernements européens à la solde des USA et de leurs alliés les socio-démocrates qui ont trahi la cause sacrée de la solidarité de classe!

    Peu importe, on fera à la place de ceux qui oublient leur devoir de solidarité ou traîne les pieds en oubliant que dans un combat mortel, on ne peut mégoter sur le soutien, ou bien on est contre, ou bien on est avec!

    Bravo en tout cas aux partis communistes d’Europe qui eux n’ont pas hésité, ils ont su du premier abord ou était leur devoir!

    Quant à la farce humanitaire, Excusez du peu!
    On bloque les comptes, on ruine l’état, on pousse toute une population à la misère, et en suite on envoie du secours!

    Commencez à lever le blocus Mr Trump et détruisez votre mur!

  2. Posted 8 février 2019 at 9:18 | Permalien

    Défendons la liberté de la presse. Solidarité avec Médiapart

    La Gauche démocratique et sociale (GDS) tient à exprimer sa solidarité avec les journalistes de Mediapart. Les défendre contre le parquet, c’est défendre les libertés contre le virage de plus en plus ouvertement autoritaire du pouvoir en place, dont la légitimité ne cesse de s’éroder.

    Ce lundi, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire contre le journal Mediapart pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » d’Alexandra Benalla suite aux révélations de vendredi dernier par le journal d’éléments mettant en cause Benalla dans diverses affaires. Dans le cadre de cette enquête, deux procureurs assistés par trois policiers ont tenté de perquisitionner le journal mais, comme l’autorise la loi, se sont vus refuser l’accès par les journalistes.

    Les faits survenus sont gravissimes et constituent un pas supplémentaire dans l’érosion continue des libertés mise en oeuvre par ce gouvernement depuis son arrivée au pouvoir. Clarifions d’abord les choses : Mediapart a révélé des éléments probants contre Benalla, tellement probants que les juges chargés de l’enquête ouverte contre lui ont demandé à Mediapart que le journal verse dans le dossier judiciaire les éléments dont il dispose. Aucun de ces éléments ne concerne d’aucune manière la vie privée de M. Benalla : dans les enregistrements révélés, celui-ci parle des affaires dans lesquelles il est mis en cause et dont aucune ne concerne sa vie privée. Le motif pour lequel l’enquête préliminaire a été ouverte – sans même que l’intéressé ne porte plainte qui plus est ! – est donc tout simplement ridicule. Le parquet a agi sans mandat du juge des libertés et de la détention, sans doute parce que celui-ci aurait refusé de délivrer un mandat de perquisition. Etant donné tous ces éléments, on peut deviner le vrai mobile du parquet (qui, rappelons-le, dépend de l’exécutif) : intimider les journalistes et surtout les sources qui leur fournissent des éléments incriminants. Il s’agit d’une attaque contre la liberté de la presse.

    Cette attaque s’inscrit dans le contexte des mesures liberticides et répressives que le gouvernement ne cesse de prendre depuis son arrivée au pouvoir : pérennisation de l’Etat d’urgence au mépris des principes élémentaires de l’Etat de droit, tournant répressif face aux gilets jaunes et militarisation des tactiques policières, loi antimanifestation en cours d’examen à l’Assemblée Nationale. Jusqu’où ira ce pouvoir dans l’érosion des libertés et dans sa stratégie répressive face au mouvement social ? Jusqu’à l’Etat policier pur et simple ?

    L’agression subie par Mediapart souligne l’urgence absolue à construire le front le plus large possible en défense des libertés. Toutes les organisations démocratiques – partis, syndicats, associations – devraient unir leurs voix dans un combat commun.

  3. Posted 8 février 2019 at 9:20 | Permalien

    Lettre à Olivier FAURE ,
    Premier secrétaire du Parti Socialiste

    Cher camarade,

    Je veux, à nouveau, t’interroger concernant les décisions prises par le PS, à l’époque, envers Gérard Filoche.
    Je t’ai sollicité le 18 décembre 2018 par courrier avec trois autres camarades sans avoir aujourd’hui aucune réponse.
    Je te demande donc, à nouveau, que tu prennes des dispositions, pour que les militants actuels du PS, les fédérations, les instances que tu diriges, soient informés du jugement pris le 12 décembre 2018 qui a relaxé Gérard FILOCHE de toutes les accusations portées contre lui.
    Je trouve que ton silence, sur cette question, est inadmissible, d’autant que les accusations graves portées par des responsables du PS, que tu n’animais pas à cette période, n’ont nullement respectés les règles statutaires et c’est l’ancien vice-président de la commission nationale des conflits qui te l’affirme.
    Comme certains dirigeants du PS n’ont pas hésités à se répandre dans la presse pour accuser Gérard FILOCHE, je me réserve, en cas de non réponse à ce deuxième courrier, à évoquer ces courriers dans la presse également.
    Ce parti, dont j’ai été membre depuis 68, et qui défend des valeurs démocratiques s’honorerait de reconnaître une grave erreur évidente, même si Gérard a depuis quitté ce parti, comme beaucoup d’autres pour des raisons multiples..
    Je te remercie de l’intérêt que tu porteras à ce nouveau courrier.
    Amicalement.

    Georges MARTEL
    Permanent Solférino de 1981 à 2001
    Membre du CN
    VP de la commission Nationale des conflits
    martel.georges@wanadoo.fr

  4. Posted 8 février 2019 at 12:15 | Permalien

    extrait de médiapart :

    Le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel n’est pas loin d’être d’accord. Il a lancé, mercredi, un texte avec les élus communistes de cinq départements normands pour appeler à un rassemblement de la gauche (hors PS) dépassant le simple tête-à-tête avec Génération·s. « On dit à tout le monde, à La France insoumise comme au PCF : “Arrêtez vos conneries !”, explique-t-il à Mediapart. Face au rouleau compresseur libéral et à la menace fasciste, on ne peut pas se contenter d’une alliance entre deux partis qui font 2,5 % dans les sondages : moins plus moins, ça ne fait pas plus. »

  5. Gilbert Duroux
    Posted 8 février 2019 at 20:10 | Permalien

    Il faudrait que de nombreux militants, ceux qui ont quitté le PS et ceux qui y sont encore, relaient le courrier de Georges Martel, demandent la réhabilitation de Gérard Filoche et exigent une réponse. Il ne faut rien lâcher sur cette question de principe. Il faut rappeler à Olivier Faure, qui prétend avoir fait le bilan complet de la période Hollande, que les accusations ignominieuses contre Gérard Filoche, ça fait partie du bilan

  6. Gilbert Duroux
    Posted 8 février 2019 at 20:28 | Permalien

    La proposition de Benoit Hamon est irréelle. C’est une magouille électorale. On ne peut pas faire un rassemblement de la gauche si on refuse de dénoncer l’alliance au Parlement européen des socialos avec les libéraux. Dans le groupe du PS il y a les Roumains et leur dérive autocratique ainsi que les Slovaques qui font alliance avec l’extrême droite. En plus, les socialistes ont choisi de soutenir au niveau européen un candidat qui s’appelle Frans Timmermans, un bon disciple de Jean-Claude Juncker, chantre du dumping fiscal, favorable au glyphosate et à tous les accords de libre-échange. Ce n’est pas sérieux.

  7. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 11 février 2019 at 14:57 | Permalien

    Ah bon il y a encore des gens pour défendre Gérard Filoche au ps, des gens qui demandent à Olivier Faure de revenir sur l’exclusion injuste de celui-ci, ils ne sont pas tous partis?

    La vérité est que si Macron est sorti du néant, pour devenir président de la république, il le doit à François Hollande qui l’a mis en pleine lumière en 2014 pour remplacer Hamon et Montebourg qui contestaient ouvertement son orientation.

    Si le ps n’avait pas été ce qu’il était à l’époque, il aurait du dans son ensemble provoquer une crise avec l’élysée et exiger soit le maintien des frondeurs au gouvernement, soit des élections anticipées avec un congrès avant pour départager les lignes, soit Macron, soit la poursuite de la ligne socialiste, en suite explication claire!
    Il a refusé de le faire préférant faire semblant de ne pas voir!
    En suite, pire alors que la primaire confirmait la fronde pour la candidature, il a préféré continuer en sous-main à soutenir pour l’élection présidentielle le candidat de François Hollande Emmanuel Macron!

    Après les législatives, celui qui est le premier secrétaire actuellement n’a même pas été capable de voter contre la confiance au premier ministre de droite choisi par le nouveau président de la république.
    Au ps, cette période n’a jamais fait l’objet d’aucun débat contradictoire pas plus dans les réunions du conseil national que lors du dernier congrès.
    Les responsables directs qui ont trahi le parti en faisant la campagne de Macron pendant l’élection présidentielle n’ont jamais été inquiétés!
    LE PS EST RESPONSABLE DU FAIT QUE MACRON SOIT LA OU IL EST!

    QUOI QU’IL PUISSE PRETENDRE LE PS EST OBJECTIVEMENT RESPONSABLE DE LA POLITIQUE d’EMMANUEL MACRON!

    IL LE RESTERA TANT QU’IL N’AURA PAS ACCEPTE DE RECONNAITRE L’ERREUR QU’IL A COMMIS EN ACCEPTANT QU’IL SOIT MINISTRE DE L’ECONOMIE ET TANT QU’IL N’AURA PAS SANCTIONNE CEUX QUI ONT TRAHI LORS DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE ET DENONCER PUBLIQUEMENT CEUX QUI ONT QUITTE LE PARTI DEPUIS (Castaner, Colom, Grivaux etc ….)

    Ce jeu hypocrite de la social-démocratie en France n’est pas isolé.

    En Allemagne l’équivalent du ps collabore avec la droite dans un gouvernement de collaboration.

    En Espagne Le PSOE espagnol est incapable de reconnaître le droit élémentaire des catalans à l’auto-détermination sous prétexte que c’est anticonstitutionnel alors qu’à la solde de Trump il appuie un coup d’état anticonstitutionnel au Venezuela!
    Pire il n’a aucune honte à gouverner alors que des dizaines de militants indépendantistes pacifiques sont en prison préventive pour leurs opinions depuis plus d’un an. A ce propos la justice espagnole n’est jamais parvenue à obtenir l’extradition de ceux qui se sont exilés dans les pays de l’UE, parce ce pourquoi ils sont passibles de 25 ou 30 années de prison en Espagne n’est un délit, ni en Allemagne, ni en Belgique!

    Ne me parlez plus de la social-démocratie, j’ai honte d’avoir appartenu à de tels partis hypocrites!

    AUCUNE ALLIANCE AUX ELECTIONS EUROPEENNES AVEC EUX!

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