interdiction des contrats courts

 

Le salariat de France compte parmi les deux ou trois plus productifs au monde, c’est un magnifique salariat.

 

Le problème c’est le patronat français, son bilan est catastrophique, il a laissé  reculer massivement l’industrie, il a laissé creuser le chômage de masse tout en dévorant des centaines de milliards d’aides de l’état, il préfère spéculer dans les paradis fiscaux plutôt que d’investir et d’embaucher.  Il maintient un niveau artificiel global de 15 à 18 % de précaires (jeunes, femmes, immigrés), alors, que même en Allemagne, un quota maximal de 2,5 % est de précaires est instauré dans les entreprises de plus de 300 salariés.

 

Et puis dans les services, il multiplie les « contrats courts » de moins d’un mois, 2,7 % des contrats, pour « jouer » avec une flexibilité maximale, en faisant payer les « creux » par l’assurance chômage. Ce système odieux est en hausse depuis plusieurs décennies, et cela vaut pour l’hôtellerie, la restauration, les activités de services administratifs, l’événementiel, le commerce et la réparation automobile, le transport et la logistique.

Qui peut vivre à la merci de contrats successifs de moins d’un mois ?

 

La principale Fédération patronale des cafés, hôtels, restaurants, l’UMIH, (740 000 salariés dont 380 000 contrats de moins d’un mois) propose d’aggraver cette situation avec un nouveau contrat de travail baptisé « contrat de mobilités». Ce serait un contrat à durée indéterminée, porté par une plate-forme agréée par la branche et qui regrouperait les différentes missions d’un salarié pour différents établissements. Une durée maximum de recours serait imposée pour un même employeur. Le cout de cette flexibilité serait assumé par l’employeur via un double abondement : une cotisation à l’assurance-chômage au taux classique de 4,05 % du salaire brut, à laquelle s’ajouterait une contribution « sécurisation » sur un compte en euros dont le travailleur pourrait disposer librement lorsqu’il est en intermissions.

 

En fait c’est le choix d’une ubérisation de plus dans la profession des serveuses et serveurs.

 

Les patrons confirment qu’ils sont incompétents pour recruter, former et garder leurs personnels, ils ne savent plus ni s’attacher les salariés, ni bien les payer, ils les traitent comme des pions. Menacés d’un « bonus-malus » (ça fait 20 ans qu’on en parle), ils se lancent dans une fuite en avant vers la flexibilité plutôt que dans le retour à des CDI.

 

Une seule solution :les contraindre à renoncer à leur facilités, leurs désengagements, leurs mépris, encadrer sévèrement leur laisser-aller, par la loi et la sanction pécuniaire. Interdire les contrats courts, majorer fortement les salaires des  CDD et de l’intérim, limiter le renouvellement des contrats successifs, interdire aux entreprises d’avoir plus de 5 % de précaires en même temps.

 

Gérard Filoche

 

lire l’humanité dimanche chaque semaine chronique « au boulot

 

 

 

2 Commentaires

  1. MB
    Posted 14 février 2019 at 3:11 | Permalien

    Vos solutions sont logiques, souhaitables et parfaitement utopiques avec l’actuel représentation nationale. Ce qui caractérise le mieux le patronat français, c’est l’égoïsme, la cupidité et le mépris de classe. Je suis convaincu que le mode de sélection de nos députés conduit invariablement à privilégier la satisfaction de leurs désirs. Nos élus semblent convaincus que Les élites industriels et financières sont plus agissantes pour le déroulement de leur carrière que la défense de l’intérêt général. Malheureusement c’est presque toujours vrai!

  2. Gilbert Duroux
    Posted 15 février 2019 at 0:39 | Permalien

    Le problème, plus que les contrats court, c’est l’absence de droits entre chaque contrats. Si les droits au chômage étaient automatiques entre chaque contrat, les salariés ne se verraient pas contraints d’accepter n’importe quel genre de boulot pour croûter. Le rapport de force serait inversé. Les compétences seraient payées à leur juste prix. Les patrons et le syndicat jaune (la CFDT) nous ont vendu la flexisécurité, il n’y a jamais eu la sécurité.

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