Défense de l’inspection du travail

Au boulot n° 445 chronique humanité dimanche

 

Heureusement qu’il existe une inspection du travail, car sans le long et magnifique rapport de l’inspectrice Sylvie Catala, les crimes perpétrés contre les salariés d’Orange par les PDG Lombard et Richard, n’auraient pas été soumis à jugement avec un éclairage aussi étayé, précis, documenté  !

S’il y avait davantage de moyens  pour l’inspection et d’obligations pour les entreprises de travaux publics et de sécurité, peut être n’y aurait il pas eu l’incendie dévastateur de Notre-Dame : ils ont lâché un mois après, les informations, sur la sous-traitance, les économies de personnel,  sur la non formation du salarié qui se trouvait là, pour son premier jour, lorsque l’alerte incendie a fonctionné.

Il y en a qui écrivent des grosses bêtises sur l’inspection du travail,  qu’elle ne serait pas « neutre », qu’elle « ferait fermer des entreprises », qu’elle utiliserait des fonctionnaires incompétents et gauchistes, etc… Ils ignorent que l’inspection rapporte beaucoup plus que ce qu’elles coûte avec ses pauvres moyens, que ses effectifs (1700 agents de contrôle pour 1,2 million d’entreprises et 18 millions de salariés) sont si restreints qu’une entreprise a une chance d’être contrôlée une fois tous les dix ans. Or il y a 550 accidents mortels du travail,  700 suicides liés au travail, 4500 handicapés du travail, 17 000 accidents avec arrêts par jour, 650 000 par an.  Et deux patrons sur trois commettent des délits en ne payant pas les heures supplémentaires de leurs salariés subordonnés.

La convention de l’OIT qui régit l’inspection du travail dans 140 pays, précise que celle-ci a « pour mission d’alerter les gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés ». Elle est indépendante mais pas neutre.  Elle a pour mission de contrôler les patrons délinquants, voyous,  d’établir des constats et de les envoyer devant le juge : ce n’est pas l’inspection qui sanctionne mais la justice indépendante !

Pourquoi, alors même qu’il parle de sanctionner le travail illégal,  alors qu’il y a 516 000 travailleurs détachés surexploités et sous-payés par le patronat français, alors que l’inégalité salariale femmes-homme est généralisée, alors que  précarité, fausse sous-traitance, faux entrepreneurs pullulent, pourquoi Mme Pénicaud a t elle annoncé une baisse de 15 % des effectifs de l’inspection ?

Pourquoi tout ce que trouve à faire, le Directeur général du travail,  est il d’établir un « code » de « déontologie » de l’inspection dont tout l’esprit est de freiner son action, de limiter sa capacité de contrôle, de la livrer aux patrons qui lui font des procès en retour ?

En fait l’état devrait être à l’offensive pour promouvoir la protection des droits des salariés, comme l’imposent les engagements de la France, devant l’Organisation internationale du travail qui fête ses 100 ans cette année.

 

Gérard Filoche

 

 

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*