Retraites : les raisons d’une plateforme commune de 13 organisations de gauche – sauf hélas PG, LFI et NPA…

Retraites : les raisons d’une plateforme commune

Un comité de liaison de la gauche sur les retraites s’est réuni, des actions communes de solidarité avec les grévistes ont été organisées avec différentes forces de gauche. Les militant.e.s de la Gauche démocratique et sociale (GDS) y ont pris toute leur place. Cela nous a amené à signer, avec douze autres formations de gauche (*), des propositions alternatives à la réforme de Macron. Ce texte rompt avec l’éparpillement de la gauche. La  signature d’une « plateforme commune des forces de gauche et écologistes » est donc une bonne nouvelle, même si le texte présente plusieurs faiblesses.

 


Ce texte commun est une bonne nouvelle

 

d’abord parce qu’il s’agit d’une réponse aux aspirations de la mobilisation massive et de très longue durée contre la réforme des retraites que veut imposer Macron et que cette réponse s’inscrit en faux contre la concertation en trompe-l’œil du gouvernement et de la CFDT.

Ensuite parce que cette plateforme propose d’instaurer des «garanties collectives » pour nos retraites :

-Le maintien d’un système par répartition et à prestations définies.

-Le rejet de la capitalisation même partielle

-Le calcul de la carrière sur les 25 meilleures années ou sur les six derniers mois.

-Le refus de l’âge pivot, aujourd’hui ou demain.

-La parité de niveau de vie entre les retraités et ceux qui travaillent.

-Une retraite minimum au niveau du SMIC.

-Des mesures de bonification envisagées pour les femmes, dès le premier enfant.

-La réaffirmation du financement de la retraite par la cotisation sociale.

C’est pourquoi la Gauche démocratique et sociale a signé cette plateforme.

Cette plateforme présente néanmoins plusieurs faiblesses.

 

S’il constitue un point d’appui pour la suite, ce texte est le fruit de compromis. Il aurait gagné à être davantage à la hauteur des revendications exprimées dans le mouvement social.

-La plateforme n’affirme pas explicitement qu’en cas de victoire de la gauche et des écologistes en 2022, la réforme d’Emmanuel Macron serait abrogée, si elle avait été votée.

-La plateforme commune ne répond pas aux aspirations des salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP, industries électriques et gazières, Opéra de Paris ; égoutiers…) qui sont, pourtant, le fer de lance de la mobilisation. Dans le système actuel, la réponse à la pénibilité du travail est triple : la possibilité de partir plus tôt en retraite dans les régimes spéciaux, la possibilité d’une retraite avant l’âge légal pour les catégories actives de la fonction publique (les égoutiers, les aides-soignants, les infirmières catégorie B…), le compte individuel de pénibilité dans le secteur privé. Ce compte, individualisé,  est un « emplâtre sur une jambe de bois » : un parcours du combattant pour le salarié, une « usine à gaz » pour l’employeur. La réforme de Macron essaie d’imposer un alignement vers le bas de la prise en compte de la pénibilité en imposant aux trois secteurs le compte pénibilité, réduit à six facteur au lieu des 10 fixée par la loi Touraine en 2014. La plateforme commune propose de revenir à ces 10 facteurs pour les trois secteurs. Ce serait malheureusement, là encore, un autre « cataplasme sur une jambe de bois » et un nivellement vers le bas pour les régimes spéciaux et les catégories actives de la Fonction publique. Ces régimes et ces catégories ne doivent, pourtant, en aucun cas, passer à la trappe.

-La plateforme affirme, à juste titre, que doit être garanti un droit à la retraite en bonne santé. Or, l’espérance de vie sans incapacité est aujourd’hui de 64,5 ans chez les femmes et de 63,4 ans chez les hommes. Cette réalité devrait donc être incompatible avec une autre affirmation de la plateforme : la priorité donné à l’emploi des seniors de 55 à 64 ans. Non seulement ce serait revenir sur l’âge légal actuel de la retraite (62 ans) mais ce ne serait pas tenir compte du chômage des jeunes, en mettant ces derniers en concurrence avec les seniors, entre 60 et 64 ans, pour trouver un emploi.

-La plateforme commune ne prend pas en compte la nécessité de revenir sur les réformes des retraites imposées aux salariés en 1993, 2003, 2010 2014, et notamment de revenir à la retraite à 60 ans et à 40 années de cotisation.

-La plateforme commune considère la retraite comme un « revenu socialisé du travail » mais n’en tire pas toutes les conséquences. Si ces dernières étaient tirées, la gestion de la sécurité sociale devrait revenir aux représentants des ayants-droits, élus selon le principe « un être humain, une voix ». Si ce n’est pas le cas, soit l’État mettra  la main sur ce revenu socialisé (c’est l’un des objectifs de la réforme Macron), soit le « paritarisme » donnera la majorité à une coalition MEDEF-CFDT.

(*) Ensemble, Europe écologie les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération.s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle Donne, Parti communiste français, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, Union des démocrates et écologistes.

 

 

4 Commentaires

  1. CHAMBON Fabien
    Posted 27 janvier 2020 at 11:01 | Permalien

    Cette structuration est positive, pleine d’espoir pour les échéances politiques à venir. Sans union des gauches sociales, il n’y a pas d’alternative possible au néolibéralisme. Ce qui m’inquiète cependant, c’est l’impression de « porosité idéologique » qui peut caractériser certaines organisations. Je m’interroge ainsi sur le jeu byzantin d’EELV, en considérant ce qui se passe pour la campagne des municipales à Paris ou à Montpellier. Je ne pense pas que l’on puisse opérer une révolution sociale et écologique sans envisager in fine une rupture avec le capitalisme (tiens, Epinay en 1971). Par essence, l’accumulation capitaliste n’admet pas de limitation, tout au plus des stratégies de « retenue conjoncturelle » dans des contextes exceptionnels (1945 par exemple et la mise en place de l’Etat-providence). Il utilise également le faux pansement de la psychologie positive anglo-saxonne… J’ai tendance à croire que produire dans le cadre d’une économie de marché revient à exploiter… J’en viens à rêver d’une « république des conseils », ce n’est pas trop demandé si l’on considère la finitude accélérée des ressources naturelles…

  2. Posted 29 janvier 2020 at 19:59 | Permalien

    Rappel : cette réunion s’est tenue à l’initiative de Besancenot et Coquerel. Elle visait à discuter de la mise en place d’un comité national d’action ou de soutien (termes à préciser) au mouvement social.

    Etaient présents :
    PG : Eric Coquerel, Manon Aubry, Guillaume Quentin) ; GDS : ma pomme ; NPA : Olivier Besancenot, Manu Bichindaritz) ; Génération.s (Léa Filoche) ; Esther Benbassa (sénatrice EELV) à titre personnel ; PCF : le directeur de cabinet de Fabien Roussel ; un assistant parlementaire de Clémentine Autain ; un représentant du POI ; un représentant des Amis de la Terre.
    S’étaient excusées :
    Ariane Ascaride ; Aurélie Trouvé (ATTAC)

    Introduction de Coquerel. Il rappelle la situation: un mouvement qui se diffuse, un soutien qui se maintient, un gouvernement en difficulté (cf avis du conseil d’Etat). Une reprise du travail due non pas au découragement ou au sentiment qu’on y arrivera pas mais essentiellement à des difficultés financières. La montée d’une répression antisyndicale (convocations de grévistes devant des conseils de discipline comme à la RATP). Il propose la création d’un comité national d’action constitué à l’image des signataires de l’appel des personnalités (artistes, sportifs, intellectuels, dirigeants d’orgas politiques, etc.). Un tel comité aurait pour vocation de prendre des initiatives de soutien au mouvement. Il faudrait qu’on réfléchisse ensemble aux moyens d’un tel soutien. Il précise que cette initiative n’est ni concurrente avec les initiatives unitaire déjà en cours (plateforme commune) ni avec celles de l’intersyndicale.

    Besancenot rajoute la perspective d’une montée nationale à Paris, précisant qu’elle reste toutefois du ressort de l’intersyndicale.

    Ces propositions reçoivent (à quelques nuances prés) l’assentiment des présents. L’idée générale étant de faire participer la société civile et le monde de la culture au mouvement à travers des événements festifs, culturels, sportifs, musicaux, etc. La date du 17 février (ouverture du débat parlementaire) pourrait être l’occasion d’un tel événement.

    Quelques uns des présents se proposent de réfléchir plus en détail aux initiatives à prendre et feront des propositions lors d cela prochaine réunion. La question de la marche nationale est mise en réserve. Des initiatives contre la répression antisyndicale devraient aussi être envisagées…

    Aucun désaccord en s’est manifesté (seul le POI réserve sa réponse, le camarade présent devant rendre compte).
    Il est convenu de se rencontrer de nouveau, lundi prochain 3 février, 18 h, au local du PG.

    Christian Gourdet

    PS : Le NPA souhaiterait intégrer les orgas syndicales au comité national de soutien. Coquerel répond que Martinez n’y est pas favorable car ça poserait des problèmes internes à l’intersyndicale (certains syndicats – FO ? – ne voulant pas entendre parler de front commun avec les organisations politiques)

  3. Posted 31 janvier 2020 at 10:22 | Permalien

    Claude Weill
    @WeillClaude
    ·
    16h
    Tout faux. Signaler à
    @JLMelenchon
    que
    -Bruxelles n’a jamais exigé la privatisation des chemins de fer britanniques (Major 1993)
    -Johnson n’a aucune intention de renationaliser. C’est le retrait de délégation (temporaire) d’une société défaillante. Rien à voir avec le Brexit
    Citer le Tweet

    Jean-Luc Mélenchon
    @JLMelenchon
    · 20h
    Le Royaume-Uni, libéré de la tutelle de Bruxelles, renationalise le chemin de fer que les libéraux avaient mis en chaos. L’indépendance paye.

  4. Posted 31 janvier 2020 at 11:46 | Permalien

    Data
    Emploi : il faut raison garder

    Guillaume Duval 30/01/2020

    Depuis la publication lundi des chiffres de Pôle emploi au quatrième trimestre 2019, l’ampleur de la baisse du chômage est saluée sur tous les plateaux. Sur un an, on décompte 120 700 chômeurs de catégorie A en moins (qui n’ont pas du tout travaillé), soit un recul de 3 %. Un résultat attribué généralement à une performance exceptionnelle en matière de créations d’emplois. Mais à y regarder de plus près, on se rend compte que le rythme actuel de ces créations d’emplois n’a pourtant rien d’exceptionnel, avec 1 % d’emploi en plus sur un an.

    Ces créations d’emplois restent en effet quatre fois plus faibles qu’au tournant du siècle au moment où on était passé aux 35 heures et deux fois moindre qu’à la fin des années 1980 ou encore en 2006-2007.

    La population active a reculé en 2019

    Evolution de la population active par rapport à l’année antérieure en milliers

    Ces créations limitées sont évidemment mieux que rien, et tant mieux si elles suffisent à faire baisser significativement le chômage grâce aux départs en retraite nombreux des baby-boomers : selon les données d’Eurostat, la population active a reculé en effet de 160 000 personnes en 2019.

    De plus, c’est en fait d’abord au crédit des gilets jaunes qu’il faut porter cette baisse du chômage. C’est grâce à leur action qu’Emmanuel Macron a été obligé de concéder 17 milliards d’euros d’argent public l’an dernier, ce qui a permis à l’activité de mieux résister en 2019 en France que chez nos voisins…

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