Intervention de Gérard Filoche samedi 1er février à Dreux gilets jaunes conférence débat

Intervention de Gérard Filoche le samedi 1erfévrier à Dreux à la conférence débat intitulée : « Nos retraites et nos conquêtes sociales acquises de haute lutte par nos anciens en 36 et 45 sont menacées de destruction »

 

Je suis appelé à vous parler des retraites et d’abord je voudrai vous parler du bonheur, parce que la retraite ce n’est pas d’abord des chiffres. C’est le plaisir, c’est le droit d’avoir une vie après une vie de travail, une vie où on fait ce qu’on veut, où on peut cultiver son jardin, lire des livres, aller au cinéma, aller dans une ile grecque ou bien comme ma maman regarder les feux de l’amour !

La retraite c’est lorsqu’on est libre grâce au travail qu’on a fait tout au long de sa vie. Et c’est grâce à ceux qui continuent à travailler qu’on peut être libres. La retraite n’est pas une épargne Beaucoup trop de gens le croit. Vous avez des prospectus qui vous disent : « mettez de côté pour votre retraite ».Ne le faites surtout pas, ils vous piqueront l’argent ! Il y a en a d’autres qui croient que c’est un impôt, que cela a à voir avec l’Etat. Mais non, cela n’a pas à voir avec l’Etat, ça a à voir avec le travail, les travailleurs et les salariés. Ce sont les salariés qui versent et en temps réel, même pas différé, en temps réel, à ceux qui ne peuvent plus travailler.

Alors vous, vous travaillez, moi je suis retraité, je vous aime ! (Applaudissements). Parce que vous payez ma retraite aujourd’hui comme moi pendant 41 annuités j’ai cotisé pour les autres. C’est ce qu’il y a de plus beau vous savez dans une société, cet échange intergénérationnel et cet échange entre ceux qui peuvent travailler et ceux qui ne le peuvent plus.

Et c’est la base même de notre système qui n’est ni étatisé ni fiscalisé, ni un impôt ni une épargne mais la solidarité entre travailleurs. Et c’est à cela principalement qu’ils veulent s’attaquer.

Alors est ce que c’est une question d’argent ? Non. D’abord Macron lui-même quand il s’est présenté a écrit un livre qui s’appelait Révolution. Et dans ce livre il disait qu’il allait changer le système de retraite mais pas seulement sur le plan financière car la question financière est résolue depuis 20 ans. Et dans sa campagne il disait qu’il ne toucherait pas à l’âge de départ à la retraite ni au niveau des pensions. C’est un menteur ! On sait qu’il ment tout le temps mais là c’est du flagrant délit parce qu’il rajoute : « je fais ce pour quoi on m’a élu ».Ce n’est pas vrai.

Ce n’est pas une question d’argent parce que la France est riche. Jamais la France n’a été aussi riche. On nous dit le contraire, je sais, sur tous les médias, sur toutes les radios. Moi, c’est Dominique Seux sur France Inter le matin qui me met en colère devant mon bol de café au lait. Il nous dit le contraire et c’est faux. Jamais la France n’a été aussi riche et les richesses aussi mal partagées.

C’est ça le comble. Sortez la crise de votre tête, il n’y a pas de crise. Pour ceux d’en haut il n’y en a pas du tout mais eux ils ne ruissellent pas vers nous mais ils pompent, ils pompent !!Comme les Shadocks ! Ils prennent à ceux d’en bas pour accumuler les fortunes en haut mais l’argent est là. Ce n’est donc pas une question d’argent. D’ailleurs si c’était une question d’argent, pourquoi dans le projet de loi que Macron a déposé au conseil des ministres avec E Philippe sur les retraites, prévoit-il que pour les salaires au-dessus de 120 000 euros jusqu’à 329 000 euros, la cotisation retraite soit baissée de 28% à 2,8%. C’est un cadeau de 3,7milliards à ces catégories-là qui paient probablement moins d’1% du haut du salariat. Si c’était une question de finance pourquoi ferait-il ce cadeau ? ce n’est évidemment pas une question de finance. C’est à l’inverse une question pour baisser puis bloquer les retraites.

Et le fond de l’opération est celui-ci : arriver à ce que dans 5 ans, 10 ans, 15 ans la part de financement de retraites baisse et qu’elle puisse aller au monde de l’entreprise, au grand capital, à la grande finance et qu’elle nous échappe à nous, à notre contrôle, qu’elle soit reprise par l’Etat et puis qu’ensuite elle puisse être privatisée. Alors on vous dira : « mettez de l’argent dans les caisses de l’épargne et mettez de l’argent dans le fonds de pension si vous n’avez pas assez de retraite. » Et on vous mettra dans une position où si vous êtes fatigués, malade et que vous ne puissiez pas travailler vous soyez totalement dépendant de ce que vous aurez essayé de mettre de côté et vous n’aurez pas grand-chose Eux seront satisfaits d’avoir pu faire baisser l’ensemble du salariat. Quand je dis salariat, c’est nous, ceux qui n’avons que notre force de travail à vendre.

Parce qu’il y a beaucoup d’erreur sur cette question. On dit parfois un patron vous donne du travail. Un patron ne vous donne jamais rien. Jamais ! Il achète votre force de travail le plus bas possible et vous , vous cherchez à lui vendre le plus cher possible et lui essaie de faire al marge la plus grosse possible sur votre travail. Et s’il ne fait pas la marge la plus grosse possible, il met la clé sous la porte et vous met dehors ? Il vous exploite mais c’est le système qui est comme ça.

Et quand vous vendez votre force de travail alors il vous donne quelque chose en plus sur votre feuille de paye et c’est cela qu’il faut bien étudier à mon avis. Et pour l’étudier je vous propose un petit détour par un film que je conseille à tout le monde bien qu’il soit déjà ancien ; « Queimada » avec Marlon Brando. C’est la révolte des esclaves qui se soulèvent à Haïti et les propriétaires terriens les flinguent. Mais à la fin, comme les esclaves sont plus nombreux ils vont finir par gagner contre les propriétaires terriens qui se réunissent affolés. Il y a l’agent anglais, Marlon Brando, qui leur dit :« Arrêtez avec l’esclavage, réfléchissez. ça coûte cher les esclaves parce que vous êtes obligés de les nourrir quand ils sont petits et qu’ils ne travaillent pas, vous les nourrissez quand ils sont malades alors qu’ils ne travaillent pas, vous les nourrissez quand ils sont vieux et vous les logez encore alors qu’ils ne travaillent plus. Faites-en donc plutôt des salariés ! Vous ne les paierez que quand vous aurez besoin d’eux. Ça vous coutera moins cher que des esclaves.»Alors les propriétaires terriens se sont dit mais oui quelle bonne idée ! Ils ont viré les esclaves des cases où ils habitaient, ils leur ont dit : « débrouillez-vous quand vous êtes vieux… »Ils ne les ont plus payés qu’à la tâche. C’est pour ça qu’on ne disait pas salarié mais tâcheron, journalier, besogneux, loueur de bras, trimardeur, appointé ou canut, c’est à dire toute une série d’expressions qui étaient distinctes des salariés. Et en 170 ans, les tâcherons ont réussi à améliorer leur salaire pour retrouver ce que les esclaves avaient, c’est à dire un salaire brut qui figure sur la feuille de paye où le patron vous donne chaque mois de l’argent pour vivre pour le travail que vous faites mais aussi il vous donne de l’argent pour survivre quand vous êtes malades ou au chômage, quand vous avez des enfants, quand vous avez un accident du travail … et quand vous êtes retraité !

Et les gens, ne font plus attention aujourd’hui parce que cela fait 75 ans que l’on a ça, depuis la seconde guerre mondiale : sur nos feuilles de paye, on a un salaire net et un salaire brut. Les libéraux ne sont pas fous, ils ont dit : « ce sont des charges ! »Ce n’est pas vrai, ce ne sont pas des charges, c’est une partie du salaire mutualisé mis dans un pot commun et redistribué à chacun selon ses besoins quand il est malade, en charge de famille, au chômage, accidenté ou en retraite.

Ce n’est pas une charge, c’est un bonheur !

C’est ce qu’il y a de plus beau dans notre pays et ce n’est pas géré par l’Etat. Au départ c’était géré par les salariés et leurs syndicats qui élisaient ceux qui géraient la caisse de retraite. Le budget de la sécurité sociale et le budget de la retraite ne sont pas des budgets de l’Etat ; ce sont des budgets privés. Et la sécurité sociale qui les gère, les caisses qui les gèrent sont des caisses de droit privé. Elles sont normalement sous notre contrôle à nous autres salariés via nos syndicats. Et c’est normalement nous, jusqu’en 1995, qui étions appelés à voter pour élire ceux qui géraient l’argent que nous cotisons pour ces caisses de solidarité.

Cela a une énorme importance parce qu’aujourd’hui, en 2020, le budget de la sécurité sociale et ce qui est rattaché, c’est 504 milliards. Le budget de la retraite c’est 314 milliards. Le total fait 820 milliards. 820 milliards qui vont dans des caisses de façon « pré affectés », c’est le terme exact ; c’est à dire que ces sommes sont collectées dans un but précis : la retraite, la santé… et cela ne peut pas théoriquement être utilisé à autre chose.

Quand ils ont conçu ça au lendemain de la seconde guerre mondiale, ils sortaient de deux guerres mondiales, ils ne voulaient pas que ces sommes puissent servir à faire des armes ou une autre guerre ! C’est pour ça qu’ils ont conçu un budget séparé et des cotisations pré affectées qui sont distinctes de l’impôt et distinctes et séparées de l’Etat. C’est ce principe qui est aujourd’hui centralement attaqué par Macron et qui va tout remettre en cause s’il parvient à ses fins car je vous le dis, s’il casse notre système de retraite, demain, il cassera notre système de santé.

Il a annoncé qu’il n’y aura plus de cotisations sociales, qu’il avait l’intention de les supprimer toutes comme il vient de le faire pour le chômage depuis le 1ernovembre 2019. C’est-à-dire qu’il a pris 3,5 milliards dans les caisses des chômeurs alors que sur 6,6 millions chômeurs officiels aujourd’hui en France il y en avait encore 2,3 millions qui étaient indemnisés et bientôt il n’y en aura plus qu’1,2 million. C’est à dire que la moitié, insensiblement, vont perdre l’accès au droit à être indemnisé et les autres vont perdre plus vite leur indemnité. Et quand ils vous disent que le chômage baisse, soyez-en certains, une des raisons, c’est que les gens ne peuvent plus, depuis novembre décembre et janvier, s’inscrire comme avant. Et cela ils ne le disent pas.

Ce qu’ils ont fait- pour les indemnités chômage, ils veulent le faire pour les retraites et la santé.

Alors comment cela peut se faire ? La cotisation payée par les patrons sur le travail passera sur l’impôt payé par chacun. Et tout le budget séparé des 820 milliards ira dans le budget de l’Etat. En comparaison, le budget de l’État n’est que de 470 milliards, c’est à dire la moitié du budget de la protection sociale. Quand on dit qu’on a un fort modèle social en France et qu’on peut profiter de ces cotisations, ce n’est pas rien ! 820 milliards contre 470 milliards ! Mais si Macron met, comme il veut le faire, les 820 milliards dans le même tonneau que les 470, alors il ne lui restera plus après qu’à mettre une tirette en bas du tonneau et s’il veut, au vote prochain du parlement décider de deux sous-marins nucléaires à la place de 10 hôpitaux, il pourra le faire. Aujourd’hui, théoriquement, il ne peut pas le faire parce que c’est séparé et pré affecté. Quand tout sera dans le même budget, qui s’appelle le budget de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) c’’est évidemment la protection sociale qui en subira les conséquences et évidemment la part des retraites.

Et il annonce qu’il ne veut pas plus de 14 % (en fait c’est 13,8%) du PIB pour payer les retraites. Mais qui a demandé ce truc-là ? quelle est cette « règle d’or » ? ça vient d’où ?

J’étais, pour des raisons de soins dans un hôpital récemment et la dame qui me faisait une piqure me disait : « mais quand même je vais avoir 1000 euros, ils m’ont promis 1000 euros avec la réforme. »Je lui ai demandé combien d’années elle avait travaillé. Elle me dit : « oh non je n’ai pas travaillé beaucoup mais ii a dit qu’on aurait 1000 euros minimum. »Je lui ai dit : « mais Madame, c’est calculé sur 43 ans, si vous n’avez pas travaillé 43 ans vous n’aurez pas 1000 euros »« Ah bon !! »C’était il y a trois jours ! les gens mettent du temps pour comprendre les choses et quand ils les comprennent ils prennent immédiatement conscience de l’ampleur du mensonge qu’il y a ! De la même façon les gens, ont eu du mal à comprendre que la retraite est actuellement calée sur les 25 meilleurs années et on leur dit qu’elle sera calculée sur toute leur carrière. En fait c’est 43 années dans leur système. Mais si vous calculez sur les 43 années au lieu des 25 meilleurs, cela veut dire que les 18 moins bonnes, c’est elles qui vont influencer vers le bas le niveau de votre retraite.

Un économiste comme Henri Sterdyniak a calculé que ce serait une baisse d’environ 20 à 25% des retraites pour tout le monde.Personne n’y échappera. Ceux qui sont nés avant 1975 finiront par être rattrapés et quoi qu’on ait dit pour eux. Et ceux qui sont après aussi. Donc la baisse sera généralisée pour tout le monde, de 20 à 25 %, pour toutes les retraites. Ce n’est pas du tout une augmentation.

Mais qu’est- ce qu’on peut faire à la place ?

Parlons des retraites disons en 2060. Ils trouvent toujours une date très loin ! Ils ne savent pas comment ce sera, c’est toujours pipeauté mais disons 2060. Mais s’il y a un problème de retraite en 2060, il suffit d’ajuster la cotisation en 2059. Ce n’est pas maintenant que ça se règle. Parce que si par exemple, vous décidez des critères de la retraite : vous définissez la hauteur de la prestation indexée sur les salaires, indexée sur les prix et pas de retraite en dessous du SMIC, vous vous dites en 2059, je vais ajuster les cotisations, cela veut dire 0,1 point ou 0,2 points ou 0,01 point cela dépend de la conjoncture et ainsi en 2060 vous garantissez la prestation. Vous avez remarqué que c’est exactement le contraire de ce que qu’ils font. Eux ils décident de baisser la prestation et ils baissent les cotisations et disent on ne peut pas payer donc vous aller rester jusqu’à 65, 66, 67 ans au travail au lieu de partir à 60 ans. Et si, à l’inverse en 2060 il y a un coronavirus ou une grippe espagnole et bien en 2061 puisqu’il y aura moins de retraités, vous baissez la cotisation de 0,1 ou 0,2… parce que vous adaptez la cotisation au nombre de retraités et à l’âge que vous avez fixé !

Et 60 ans c’est un bon âge pour partir en retraite ! Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans.La biologie du corps humain n’a pas changé même si on vit plus longtemps. A 55 ans, tout devient dur, mentalement et physiquement et l’usure au travail, d’autant qu’on nous demande toujours plus, est toujours forte pour tout le monde. Et en plus ce n’est pas pour tout le monde parce que les plus riches vivent en moyenne 12 ans de plus que les plus pauvres et la différence entre un cadre et un ouvrier, c’est 7 ans d’écart de vie. Alors quand l’autre nous dit qu’il veut une retraite universelle pour tout le monde, c’est une escroquerie. Comment voulez-vous faire une retraite universelle pour tout le monde avec de telles différences d’espérance de vie et avec de telles différences de carrières. Parce que quand il a supprimé le droit du travail, il y deux ans après que El Khomri ait fait déjà la moitié du boulot, quand ils ont fait les ordonnances anti travail, ils ont cassé toute idée d’universalité du droit du travail. Ils ont multiplié les différenciations entre les carrières et ils ont fait en sorte que les salariés soient flexibles, souples, maniables, révocables, changeables…. Donc quand les carrières sont très diverses, comment voulez-vous avoir une retraite unique. Il y a mensonge sous roche.

Après, il s’attaque aux régimes spéciaux. Pour moi, la notion de régime spécial est une notion faussée. Ce sont des régimes normaux. C’est à dire que quand vous avez une loi qui dit c’est 60 ans, quelle est la particularité dans les branches ? C’est qu’il existe, au-delà de la loi, des conventions collectives et vous discutez branche par branche des nuisances, des souffrances, des violences, des inégalités …et vous pouvez compenser celles-ci par un départ plus tôt ou par une pension plus élevée. Je vais prendre le célèbre exemple des égoutiers. Il est célèbre parce qu’il est tragique. A Paris même il y a 250 égoutiers. La moyenne d’espérance de vie est de 58 ans. Ils sont toujours harnachés avec toujours une combinaison, partout dès qu’ils sont dans les égouts ; Ils ont un premier masque pour résister à l’hydrogène sulfuré, au monoxyde de carbone et quand ils sont dans une nappe ils ont un deuxième masque qui sonne. Il faut le mettre et ils ont un quart d’heure pour se tirer de là parce que sinon ils sont morts. Et la vie d’égoutier fait que la moyenne d’espérance de vie, avec tous les cancers contractées, est de 58 ans ! Ils avaient le droit de partir à 50 ans. Sarkozy a changé ça et l’a mis à 52 ans. Macron veut le mettre à 62. Ils seront morts avant de partir ! Quand je donnais cet argument une dame m’a dit : « oui pour les égoutiers de Paris, mais autour il y a ceux qui travaillent dans les centrales d’épuration, ils ont des sables toxiques, des gaz toxiques et eux aussi leur vie est en danger de la même façon et ils partent à 62 ans ! »Mais quelle est la bonne réponse : c’est de faire partir les milliers d’ouvriers qui travaillent sur les stations d’épuration aussi à 50/52 ans comme les égoutiers. Ce n’est pas aller vers le mal. Une société c’est pour le bien, le mieux en général qu’on essaie de travailler et si on vit plus longtemps c’est pour en profiter plus longtemps !!

Ce n’est pas pour travailler davantage, ce n’est pas pour se faire exploiter davantage ! C’est pour justement avoir cet espace de vie et de bonheur où, avant de disparaitre, on profite des fruits de son travail.

Il n’y a pas que les égoutiers. Vous avez vu les danseurs du ballet de l’Opéra de Paris qui ont un régime dit spécial. Ils sont 185. Mais pour être danseur d’Opéra vous commencez à travailler à 8, 9 ou 10 ans et c’est un travail absolument terrifiant. Alors ils avaient la retraite à 45 ans. Essayez de faire des pointes de ballet après 45 ans, c’est forcément moins gracieux ! (rires) Mais ce n’est pas seulement cet aspect-là parce qu’ils souffrent, le corps souffre et vous ne pouvez plus le faire. Alors Blanquer a dit : « ils n’ont qu’à se reconvertir ! »Essayez donc quand vous avez dansé la moitié de votre vie de trouver un travail…. Quand j’étais à l’hôpital il y avait un brancardier qui m’a dit qu’avant de faire ce travail, il était déménageur mais qu’il ne pouvait plus descendre les pianos. Et il a continué en me disant que bientôt il ne pourrait plus pousser les brancards non plus ! »

Il y a 350 personnes à la Comédie française, dans le régime normal. A l’époque c’était des grâces royales et cela a été gardé comme avantage pour les jeunes acteurs dans les rôles de premier et aussi des vieux acteurs, ceux qui jouent les rôles de vieux barbots dans les pièces. Mais est ce qu’on a à se tracasser pour les 350 de la Comédie française ? On a 14 millions de retraités. Pourquoi essaient-t-on de designer du doigt 350 personnes en disant vous avez trop dans votre assiette ? ça ne va pas nous en donner plus dans la nôtre ! Ce n’est pas parce qu’on enlève quelque chose aux uns qu’on aura plus pour soi et la notion d’universalité quelle est-elle dans ce cas-là ?

Alors il est dit : « à la RATP quand même ils ont des avantages et puis ils sont 40000. »  Savez-vous qu’ils sont moins nombreux que les clercs de notaire qui ont aussi un régime dit spécial et qui sont 42000 Les clercs de notaires sont à peu près payés le double que ceux de la RATP parce que pour eux aussi ça remonte à loin. Ce sont des charges qui ont été transmises; il faut de la confidentialité, de l’habileté pour négocier les transactions et puis pour faire les successions… Donc les patrons des clercs des études payent très cher les clercs. Bon, faut-il dire qu’il faut payer moins les clercs de notaire ? Mais enfin quel est l’intérêt ? Ils ont le droit de négocier dans leur branche en fonction de ce qu’ils font avec leurs patrons des avantages et des inconvénients. Sinon plus personne ne peut négocier. Et personne d’ailleurs ne parle trop des clercs de notaire et de leur régime spécial. Je ne suis pas contre qu’ils gagnent et ce qu’ils gagnent. Je ne veux pas qu’on leur retire soi-disant pour égaliser avec les autres. Et d’ailleurs à la RATP, les « avantages » qu’ils avaient, Sarkozy les a retirés. Ils partent à la retraite comme tout le monde :! C’est comme le cheminot, il n’a plus d’escarbilles dans les oreilles et les yeux parce qu’il y a le TGV mais le planning de travail est sur trois semaines ! Vous êtes crevés, vous ne voyez pas votre famille et puis vous faites ça pendant 35 ans, et bien vous n’êtes pas exactement dans une bonne situation du point de vue de la santé et vous en avez marre. Et c’est pareil pour l’infirmière qui met ses lunettes pour chercher votre veine à 62 ans ! Imaginez également l’instituteur qui arrive en septembre et qui fait sa 40ème rentrée. Il a des cheveux blancs comme moi et il est entouré de minots de 3 ans ou de 11 ans autour de lui… Vous trouvez que c’est normal d’être instituteur et de s’occuper d’enfants à 62, 63,64, 65 ans ou même 66 ou 67 avec l’âge pivot ou d’équilibre dont on ne sait pas jusqu’où ils vont nous conduire ?

Donc vous avez besoin de partir plus tôt et je vais vous dire autre chose : dans le bâtiment la retraite doit être à 55 ans.J’ai visité des centaines de chantiers toute ma vie comme inspecteur du travail, j’ai eu a enquêter sur 14 accidents mortels. Il y a 550 morts au travail chaque année en France dont la moitié dans le bâtiment. Et vous croyez qu’ils ne doivent pas partir à 55 ans ? Bien sûr que si ! Et les majors du bâtiment ne fonctionneraient plus ? Mais attendez, les Bouygues, Eiffage, Vinci sont les plus riches de ce pays ; c’est ceux qui font la sous traitance et encore la sous traitance pour finir avec des intérimaires qui n’ont rien pour l’immensité du travail, la violence du travail qu’ils font. Regardez un gars de 55 ans qui pousse sa brouette dans un chantier de démolition !!!

60 ans pour tout le monde et le droit de négocier.  55 ans dans le bâtiment…

Et nos salaires sont trop bas.La moitié des salariés gagnent moins de 1700 € et 98% des salariés gagnent moins de 3200€ alors que le travail des salariés français est le plus productif au monde. La totalité des salaires ont été compactés et compressés depuis 45 ans. En 1968, l’écart de salaires était de 1 à 6. Aujourd’hui il est de 1 à 2,3. Bien sûr je ne parle pas des 1% qui se font 600 smic. Je parle de la masse : 98% ; Si les salaires sont augmentés il n’y a plus aucun problème de retraite. Parce que la cotisation est dedans. Vive le salaire brut !

Et les patrons sont même obligés de mettre au pot. Ils mettent un salaire super brut et c’est la totalité de ce qu’on gagne qui est réparti de cette façon-là. Et c’est bien que ce soit sur le travail, que ce soit le travail qui nous donne ce droit parce que tout le monde de cette façon-là peut en bénéficier, peut se le répartir et il doit être sous le contrôle de ceux qui produisent les richesses. Le salariat produit toutes les richesses de ce pays. Un jour quelqu’un me dit mais le milliardaire Arnaud fait vivre 100 000 personnes ! Mais c’est le contraire ; ce sont les 100 000 personnes qui le font vivre ! c’est dans ces sens-là que ça marche :!

 

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