punition au lycée de la directrice contre ma petite fille,

Victor Hugo écrivain poète dramaturge mais aussi opposant politique a écrit ces mots :   »Le peuple a le droit à la liberté mais le peuple n’a pas de droit sur la liberté »  vous commenterez cette citation en faisant référence aux articles 26 et 30 de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1948.

 

Victor Hugo s’est exprimé maintes fois dans sa longue vie, sur « la liberté ».

Extraire l’une de ses phrases ne permet pas  d’avoir une vision d’ensemble de sa pensée qui était heureusement évolutive, riche et complexe.

En effet, quand il écrit « Le peuple a le droit à la liberté », c’est bien paternaliste. Ca laisse penser que ce droit lui est accordé. Par qui ? Comment ? D’où vient ce droit ?

Sinon du peuple lui-même.

La liberté n’est pas d’abord un « don ». Elle n’est pas octroyée d’en haut, ni contrôlée d’en haut Elle est d’abord une émancipation, une conquête, que le peuple arrache contre l’oppression et l’exploitation. Elle devient un « droit » dans la mesure où il s’agit, pour protéger la conquête, de la codifier.

C’est sans doute pour cela que Victor Hugo écrit aussi « la liberté consiste à choisir entre deux esclavages, l’égoïsme et la conscience, celui qui choisit la conscience est l’homme libre ». Là, il présente la liberté comme un choix, une action, une émancipation, liée à la conscience.

C’est là qu’il y a contradiction avec la deuxième partie de l’expression « mais le peuple n’a pas droit sur la liberté ». Le « mais » est restrictif on se demande pourquoi. Pourquoi donc opposer la liberté au peuple ?

L’idée que la liberté paraisse en quelque sorte « supérieure », en soi, au point que le peuple n’ait pas de « droit sur elle », est très contestable.

N’est-ce pas le peuple en mouvement qui définit à la fois la liberté et ses libertés ?  Le droit ne vient qu’après.

Les meilleurs et les plus célèbres défenseurs de la liberté, ce sont ceux qui ont pris la Bastille. Ou encore les Résistants à l’occupation nazie. Ceux qui luttaient pour faire bouger les lignes.

Ils ont, ce faisant, par le combat partisan, la lutte sociale, par la manifestation, la grève, l’insurrection, établi et défini la liberté contre ceux qui, se prétendant de « droit divin » « défenseurs de l’ordre établi »,  la déniait au peuple.

La liberté n’échappe pas au peuple,  elle n’est pas extérieure au peuple, elle est soumise au peuple qui la bâtit, la définit, la remanie, la protège. Victor Hugo écrit aussi : « Sauvons la liberté, la liberté sauvera le reste », ça veut bien dire que lorsque la liberté est en péril, c’est le peuple qui la préserve.

Reste à ce que le peuple donne le contenu de cette liberté : « la liberté commence là où l’ignorance finit » écrit  encore Victor Hugo.  Et « Un peuple qui a la liberté doit aussi avoir la volonté ».

La volonté de s’éduquer, de vivre ensemble dans le respect, et la tolérance. Hugo précise «  La volonté trouve, la liberté choisit : trouver et choisir c’est penser »

Et c’est là qu’on peut faire le lien avec les articles 26 et 30 de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1948.

L’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme :

1. Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.

3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.

 

Ce texte n’a – hélas – pas de valeur juridique en France, ce n’est qu’un engagement moral.

 

Contrairement à la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention européenne des Droits de l’Homme elle, est contraignante juridiquement. Elle définit le droit à l’instruction par l’article 2 du protocole additionnel :

« Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction »

 

Mais aussi bien l’art. 26 de la DUDH que l’art 2 de la CEDH ci dessus, donnent des obligationsà l’état :

-       éducation gratuite,

-       enseignement élémentaire obligatoire, 

-       accès aux études supérieures ouvert à toutes et tous en pleine égalité, respect des droits de l’homme (et on suppose de la femme), 

-       et : « favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. »

Ce qui est conforté par l’art 30 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme :

« Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. »

 

Un état ne peut donc pas agir pour mettre en cause la gratuité de l’école, il doit assurer l’enseignement obligatoire pour tous, il doit garantir l’accès aux études supérieures et le respect des droits des humains. Sinon les humains, groupe et individus, sont en droit de se révolter contre cet état qui viole ces libertés-là. Y compris quand l’état fait la guerre contrairement aux actions des Nations-Unies pour le maintien de la paix.

S’insurger contre la mise en cause des droits et libertés, est un devoir car nul ne peut y attenter.

 

Et quand on lit l’article 23 alinéa 1 de la déclaration universelle de droits de l’homme de 1848

et qu’on voit partout autour de soi que ce n’est pas respecté, alors on a le droit aussi de se révolter :

 

Article 23 alinéa 1 : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, a des conditions équitables, et satisfaisantes de travail et a la protection contre le chômage »

Article 25 alinéa 1 : «  Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse, ou dans tous les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté »

 

Nul doute que l’auteur des « Misérables » voyait là des occasions pour le peuple d’avoir la « volonté » de se « sauver » de se soulever (même les jeunes : Gavroche), sachant que garantir ces droits est condition de la liberté.

« Les misérables » ne peuvent pas être libres.

 

 

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*