Ré intégrez Anthony Smith ! chronique n° 494 Humanité dimanche

 

Plus d’un mois que ça dure !  Il n’y a aucune raison à ce que Mme Pénicaud ait « suspendu »  le 15 avril dernier, l’inspecteur du travail Anthony Smith.

D’ailleurs Mme Pénicaud n’a expliqué nulle part les motifs de cette décision, même si nous savons que c’est le fruit d’une collusion politique entre un patron de la Marne, la directrice de la Direccte, la DGT (direction générale du travail) et le Ministère.

En fait, mi-avril Muriel Pénicaud pensait encore que les masques, en nombre insuffisant en France à cause de l’austérité budgétaire macronienne, ne devaient pas être imposés. C’était encore le temps du mensonge. Alors elle ne pouvait tolérer que l’inspection du travail enclenche des procédures devant des juges pour que des employeurs donnent ces protections aux salariés.

Ce, d’autant qu’un juge à Lille venait de trancher en ce sens. ( et cf. le document du CROCT-Bretagne sur les aides à domiciles  ou il est mentionné  que le port par le ou la salarié.e d’un masque FFP2 homologué est sa seule protection valide pour la voie d’infection respiratoire Cf. Accès au dossier de l’INRS : http://www.inrs.fr/risques/biologiques/faq-masque-protectionrespiratoire.html)

L’enjeu était le sort intime de millions de salariés, la question du coût des modalités de protection lors de la fin du « déconfinement » qui venait d’être décidé par Macron pour le 11 mai.

Masques ou pas masques ?

Pénicaud suspend Anthony Smith, le 15 avril 2020 quelques heures après qu’il ait saisi le juge pour les masques d’une entreprise d’aide à domicile où il y avait des malades et beaucoup de risques.

Anthony Smith apprend par un communiqué de presseémanant de Pénicaud qu’on lui reproche d’avoir exigé des mesures « non conformes aux prescriptions des autorités sanitaires ».

Mais il ne reçoit aucune notification officielle argumentée justifiant cette procédure.

Les soutiens sont massifs, plus de 100 000 signatures, 8 syndicats (CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, Unsa) de l’inspection du travail mais aussi de 145 personnalités, saisine de l’OIT, manifestations le 15 mai… et silence de Pénicaud, fourrée dans un sale pétrin.

Article 6 convention 81 de l’OIT : « Le personnel de l’inspection sera composé de fonctionnaires publics dont le statut et les conditions de service leur assurent la stabilité dans leur emploi et les rendent indépendants de tout changement de gouvernement et de toute influence extérieure indue« . Les inspecteurs du travail ont pour mission « d’alerter les gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés ». L’inspection du travail a été précisément conçue pour être indépendante afin de pouvoir agir en étant dotée d’un statut et de moyens lui permettant de résister aux pressions patronales et gouvernementales.

L’enjeu est vital pour 30 millions de salariés :  Anthony Smith ne faisait, comme ses collègues, que son strict devoir. Cet inspecteur doit immédiatement être réintégré dans ses fonctions et la ministre désavouée, car c’est elle qui est dans l’illégalité.

Nous vivons en des temps où la vie des salariés est en cause et la fonction de l’inspection du travail doit être scrupuleusement respectée.

 

Gérard Filoche

 

 

 

 

4 Commentaires

  1. Gregory
    Posted 16 mai 2020 at 16:32 | Permalien

    Dommage que l’on ne puissent pas suspendre les membres du gouvernement …

  2. Posted 17 mai 2020 at 10:05 | Permalien

    Bonjour à tous,

    Je n’ai pas pu me libérer hier à 17h pour participer à la réunion, donc je vais peut-être aborder un sujet déjà évoqué.

    Cinq État de l’Inde ont décidé de suspendre quasiment intégralement le droit du travail pour une durée de 3 ans :
    Coronavirus: l’Inde sacrifie son droit du travail pour relancer l’économie

    C’est quand même un niveau de régression social encore jamais atteint et ça nous montre un aperçu du monde « d’après » qui pourrait se mettre en place.

    Pour contrer la mondialisation néolibérale je pense qu’il nous faut considérer cette attaque contre les travailleurs indiens comme une attaque contre tous les travailleurs. Jusqu’à présent la défense des travailleurs s’est faite principalement de façon nationale et il me semble que ça a été une erreur, qui a favorisé l’adversaire. Il faudrait renouer avec un peu plus d’internationalisme. La pandémie du coronavirus a illustré la « communauté de destin » des différents citoyens de la planète.

    Donc ça vaudrait peut-être le coup de proposer aux organisations de gauche de réaliser une déclaration commune sur le sujet, et de demander la mise en place des taxes douanières sur les produits indiens.
    J’ai préparé un petit texte qui peut servir de brouillon.
    Le combat pour la mise en place de taxes contre le dumping social et écologique ne fait que commencer, je pense que l’opinion publique sera de notre côté, d’autant plus que l’objectif clairement affiché de l’Inde est d’accélérer les délocalisations.

    On pourrait aussi envisager de lancer un pétition citoyenne européenne :
    https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/149/l-initiative-citoyenne-europeenne

    Qu’en pensez vous ?

    A bientôt

    Thomas

  3. Posted 17 mai 2020 at 10:21 | Permalien

    texte de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, « rédigé collégialement par un groupe d’experts régional : Élie Azoulay, Sadel Belloucif, Benoît Vivien, Bertrand Guidet, Dominique Pateron et Matthieu Le Dorze », exerce une pression autorisée sur les responsables hospitaliers afin qu’ils excluent les « personnes fragiles » de la réanimation. Cet appel à un « triage systématique » – dixit le docteur Pierre-Jacques Raybaud, scandalisé – se fixe-t-il pour but d’éviter les goulots d’étranglement ? Une phrase terrible affirme : « Nous considérons licite de ne pas admettre un patient en réanimation dès lors qu’il s’agit d’une obstination déraisonnable, y compris si une place de réanimation est disponible. »

  4. Posted 22 mai 2020 at 10:25 | Permalien

    Eric Thouzeau
    22 h
    Avec ma camarade Anne De Haro, j’ai participé au nom de la Gauche démocratique sociale (GDS) à une réunion nationale (virtuelle) historique hier soir : les associations et syndicats à l’initiative de l’appel #PlusJamaisCa (CGT, Solidaires, FSU, Conf, Unef, Attac, Oxfam, Greenpeace,…) avaient invités les partis politiques à débattre de leur démarche.
    Pour les partis politiques ont répondu à l’invitation : Ensemble, EELV, Génération.s, GDS, GRS, LFI, NPA, Place publique, PCF, PS. Julien Bayou, Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Olivier Besancenot, Marie-Noëlle Lienemann, Claire Monod, Raphaël Glucksmann étaient, par exemple, présents.
    Les responsables de tous les partis ont réaffirmé leur soutien à la démarche des « 18″ associations et syndicats. « Partir de ce qui nous rassemble » a souvent été dit, afin de mener en commun (tout en respectant l’indépendance des associations et syndicats) des actions communes sur des propositions concrètes face à la crise sociale, écologique et démocratique. Une première réunion positive. Ca bouge enfin à gauche ?

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