Un sursaut et un nouvel espoir sont nés pour les 12 et 19 juin : Nupes

Malgré le désastre du 10 avril,

Un sursaut et un nouvel espoir sont nés

Pour les 12 et 19 juin :

Nupes

 

Pour la gauche éliminée après le désastre du 10 avril, il ne restait plus que le sinistre choix entre Macron et LePen. Il était prévisible que des déchirements en résulteraient. Rien de plus difficile et démoralisant que de se trouver placés devant le choix entre droite et extrême droite, entre le pire et le pire encore : appeler a battre Le Pen, tout en prononçant le moins possible le nom de Macron était une douloureuse gageure.

Ce n’est pas la faute aux millions d’électeurs de gauche, car, dans la phase finale, fin mars, avril, ils ont fait fi des querelles de chapelle, de la primaire populaire avortée, de la division qui faisait rage, des polémiques insensées, et ils ont cherché à repousser cette défaite inéluctable, il y a eu une « remontada », un puissant vote utile en faveur du candidat le mieux placé Jean-Luc Mélenchon. Beaucoup ont fait comme GDS qui, à partir du 23 février, a appelé à voter « le mieux placé », Mélenchon.

Le total des voix de gauche qui stagnait depuis de très longs mois entre 23 et 28 % est monté à 32% dans la toute dernière ligne droite : ce que la division tragique de la gauche avait empêché en cours de campagne, ce que les arguments et programme développés n’avaient pu mobiliser, en fait, l’envie puissante d’exister pour avoir à tout prix une gauche au 2° tour contre Macron, a nourri in extremis des espoirs et Mélenchon a atteint le chiffre record de 22% des voix.

Un record, mais pas suffisant car c’était couru d’avance, on le savait depuis 2017, l’idée que « la force  irait à la force », ça marche forcément, mais pas de façon assez massive pour gagner. Le vote utile ne suscite pas le même élan de masse que la conviction l’adhésion, la conscientisation du vote. 81 % des électeurs de gauche voulaient un candidat unique. Mélenchon a ainsi obtenu 545  274 voix de plus par rapport à 2017. Faute d’avoir imposé l’unité de la gauche avec un candidat commun, un électorat pluraliste, socialiste, communiste, écologiste, trotskiste, jeune, salarié, bien plus large que la seule LFI s’est rué in fine sur son nom.

Avec 21,95 % contre 23,41 % à Le Pen, il a manqué 504 632 voix à Mélenchon pour franchir le 1er tour. Avec les 4,6% de Jadot, les 2,3% de Roussel, les 1,7% d’Hidalgo, (soit 2 991 085 voix, ce qui n’est pas rien) s’il y avait eu un accord unitaire négocié à temps et sans exclusive à gauche sur une plateforme commune, Mélenchon aurait été largement en tête avec une dynamique bien au delà des 32 % et une toute autre page historique aurait été ouverte. La stratégie de cavalier seul, de passage en force a échoué mais c’est d’autant plus cruel.

Face à ses soutiens réunis au Cirque d’Hiver pour la soirée électorale du 10 avril, Jean-Luc Mélenchon a encore déclaré : « Nous disons à tous ceux qui, jusque-là, n’ont pas voulu l’entendre : ici est la force. Nous avons une stratégie : le pôle populaire. Nous avons un programme. Nous avons devant nous d’autres élections. Nous tiendrons à chaque étape notre rang. Réfléchissez-y ». Dans la salle ça criait « Roussel à la poubelle » ? Sur les réseaux sociaux, de plus en plus belle fleurissaient les « #PSplusjamaisça », des montages avec trois portraits Jadot-Hidalgo-Roussel barrés en grand du mot « traitres » La cause de la défaite était rejetée sur les « autres » de gauche comme elle l’avait été depuis 2017 sur le dos de Benoit Hamon. Alors que le PS dans son CN du mardi 19 avril, proposait l’unité à LFI, Mathilde Panot, dans le JDD du 21 avril  rejetait tout accord et ce « de façon définitive ». On était repartis comme de 2017 à 2022… mais cette fois jusqu’en 2027.

Nationalement et localement, un candidat unique partout.

Dés la première minute, le 10 avril à 21 h sur Blast, le porte parole de GDS a déclaré : arrêtons les ravages à gauche. Nous ne pouvons pas gagner les uns contre les autres. Il faut stopper la compétition insensée et retrouver ensemble le terrain de l’unité d’action. Il faut discuter. Il faut un accord de législature.  Pas de fatalité, pas de résignation, il existe un moyen de limiter les effets de la réélection de Macron : un seul candidat de gauche par circonscription. Nous appelons Jadot, Faure, Mélenchon, Roussel, à se rencontrer en ce sens pour négocier une plateforme commune, un « pacte de législature »

Au 2° tour de la présidentielle du 24 avril 2022  y a eu 58,54% des votants pour E. Macron (18,77 millions de voix), et 41,46% pour M. Le Pen (13,29 millions de voix) c’est un 2° tour aux apparences démoralisantes pour le salariat et la gauche.

Le vote du 24 avril ne représente heureusement pas le pays réel, tous les commentateurs l’ont aussitôt souligné. Il faut relativiser ces chiffres bruts officiels car, en fait, 2/3 des français n’ont pas voté pour Macron lequel n’a obtenu que 37,9% des inscrits. Il a perdu 4 millions de voix depuis 2017. Il y a eu 16,5 millions d’abstentions et de votes blancs et nuls.

47% des 37,9 % d’inscrits (soit autour de !,5 millions !) qui ont voté pour Macron l’ont fait non par « adhésion » mais d’abord contre Le Pen. Et une grosse partie de ceux qui ont voté Le Pen c’est compliqué, ils l’ont fait davantage contre Macron que par suivisme aux idées d’extrême droite de Le Pen.

Comme le dit un observateur modéré : Hubert HUERTASQuelle serait plus grande faute d’Emmanuel Macron dans les jours qui viennent ? Croire, parce que sa victoire est plus large que prévu, qu’il serait dans une position confortable. C’est faux, elle est précaire, voire dangereuse. Le verrouillage 5ème république est hors d’usage.

Selon un sondage Opinionway, 63% des personnes interrogées souhaitent qu’Emmanuel Macron «ne dispose pas d’une majorité et soit contraint à une cohabitation», contre 35% qui veulent qu’il «dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale et puisse mener sa politique» .

Selon une autre enquête Ipsos Sopra-Steria, 56% des enquêtés souhaitent que Macron perde les législatives, contre 20% qui veulent qu’il obtienne une majorité «pour appliquer son programme» et 24% qui jugent préférable que «par cohérence» il obtienne une majorité pour «éviter une cohabitation».

Dans le détail, 84% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 49% de ceux de Yannick Jadot, 40% de ceux de Valérie Pécresse, 87% de ceux de Marine Le Pen et 80% de ceux d’Eric Zemmour souhaitent une défaite d’Emmanuel Macron aux législatives.

Toujours selon cette enquête Ipsos Sopra-Steria, 57% des personnes interrogées (26% tout à fait et 31% plutôt) souhaitent que les partis de gauche (LFI, EELV, PCF et PS) forment une alliance et présentent des candidats communs. Ils sont même 93% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 85% de ceux de Yannick Jadot à émettre ce souhait.

D’ordinaire, les législatives d’après présidentielle n’en sont qu’une répétition mécanique. Mais là il y a une possibilité réelle qu’il en soit autrement.

Il ne s’agit pas d’une vaine propagande pour un 3° tour ni pour une « revanche ». Il s’agit simplement de l’élection des députés à l’Assemblée nationale, et vu les circonstances propres aux votes des 12 et 24 avril, l’issue légitime peut être différente. L’affaiblissement de Macron et les contradictions de ses discours et de sa politique laissent penser que les 12 et 19 juin prochain, le poids du pays réel et surtout celui du salariat, peut se faire mieux entendre.

S’unir ou périr :

S’il y avait 577 candidats LFI, 577 candidats PCF, 577 candidats PS, 577 candidats EELV, 577 candidats LO et NPA, une éventualité nouvelle terrible, se dessinait, c’est qu’il n’y ait aucun député de gauche.

De quoi faire frémir tous les appareils.

Par contre un accord national EELV LFI PCF PS (avec d’autres organisations de gauche existantes) sur une plateforme commune,  pour un gouvernement de coalition sans exclusive à gauche, débouchant sur un partage des 577 circonscriptions, pouvait placer la gauche en tête dans plus de 400 des cas le 12 juin.

Ca s’imposait. Il n’y avait pas d’autre choix que de « tourner ». D’autant que la pression de l’électorat  était de plus en plus puissante.

Les historiens le diront : comment ce qui était impossible pendant cinq a dix ans, s’est il renversé ?  Comment la division qui a férocement frappé la gauche pour la présidentielle, s’est-elle muée 15 jours plus tard en une unité à marche forcée ?

C’était la trahison de 2012 à 2017 du quinquennat maudit de Hollande Valls, la cause de la débandade du PS : 1,7 %

Le 19 avril 2022, le CN du PS vote par 160 voix à 75 en faveur d’une négociation avec LFI et toute la gauche. La droite du parti Hollande, Le Foll, Delga, Cambadelis, Assouline, Dray, Mennucci s’enrage dans la dénonciation de cette unité de la gauche, les uns veulent partir (Cazeneuve), les autres désobéir (Delga, Assouline), les autres veulent scissionner (Le Foll annonce un autre parti pour le 16 juillet…) les autres présentent et négocient des candidats allégeants et dissidents (Hollande).

Mais Faure et les siens tiennent bon et présentent un texte politique à LFI où il y a la retraite à 60 ans, le smic à 1400 euros nets, le blocage des prix, l’abrogation des lois anti travail El Khomri et Pénicaud, la planification écologique, la VI° République… Le texte renoue avec le PS d’avant Hollande, reprend des positions traditionnelles de la gauche, il a même une tonalité « gauche socialiste » comportant de nombreux points défendus par les amis de D&S depuis 30 ans. Evidemment cela change la donne et tous les ennemis médiatiques et politiques de l’union le dénoncent.

Voilà que le refus « définitif » de débat entre LFI et le PS du jeudi 21 au son de #plusjamaisPS se mue en un repas Melenchon Faure, en une rencontre en grand public dans la manifestation du 1ermai,  et en un accord ratifié au terme d’une rude bataille. La LFI a expliqué que c’était un « nouveau  PS » un « autre PS » qu’elle avait en face d’elle.

Avec 292 votants, le CN du PS du 4 mai ratifie la motion d’Olivier Faure par 167 voix  contre 101 voix à Hollande-Delga-LeFoll-Assouline-Temal-Cambadélis,  24 abstentions cela semble une majorité nette. Olivier Faure donne une chance avec cette majorité relative et dans la démocratie de reconstruire le PS dans l’unité de la gauche.

Une fois que le PS avait basculé, EELV et le PS ne pouvaient faire moins. Apres s’être violemment disputés en interne, les Verts (qui n’avaient pas de deputes, et risquaient de ne pas en avoir) ont signé a leur tour. Générations qui avait exclu sa minorité parce qu’elle voulait faire accord avec LFI, l’a réintégrée, puis s’est glissé dans le « pole écolo » pour négocier, s’y est fait maltraiter et a signé précipitamment un accord séparé le jeudi 28 avril. Le PCF  qui n’avait que 10 députés sortants a signé aussi. En moins de 10 jours, les quatre partis fondaient la PUPES.

Certes LFI a refusé jusqu’au bout, malgré leurs promesses et nos demandes de rencontres, de négocier avec les plus petites organisations de gauche, comme GDS, Nouvelle Donne, Ensemble.

Certes l’accord était tardif, hâtif, disons même un peu expéditif, bricolé, mais c’était tellement souhaité par les larges masses et imposé par la nécessité que cela a déclenché une profonde vague de soulagement, d’adhésion, d’enthousiasme.

Certes il n’y a eu que des accords bilatéraux façon gauche plurielle de Lionel Jospin.  Certes il y a eu une grande impréparation qui a donné des choix pas toujours en harmonie avec le terrain, pas toujours avec les meilleures candidatures.

C’est la conséquence inévitable d’un tournant effectué à marche forcée en moins de 15 jours. Mais ce n’est pas ça qui compte, c’est le sens considérable que cela a pris. C’est la tempête sous les crânes que ça provoque, : ça modifie la théorie, la pratique, la vision de la gauche, son histoire, son périmètre, l’avenir du salariat.

La donne est changée pour les législatives.. et après. Car la victoire est redevenue possible !

En face, la droite reste divisée et chaotique : « RN » de LePen, en baisse de régime, s’oppose à « R » de Zemmour, tandis que Macron peine à trouver une majorité unique entre LREM (devenu curieusement et soudainement « Renaissance ») UDI, MODEM, « Horizons » (sic, d’Edouard Philippe) et LR (tétanisés par les 4,5 % de Pécresse). Macron, balloté, ne sait pas sur quel pied danser pour son nouveau quinquennat.

La défaite n’est plus inéluctable. Non seulement la NUPES  va sauver des groupes parlementaires de gauche, mais elle peut même déclencher une majorité à l’Assemblée nationale. Et un gouvernement EELV PCF PS LFI…

 

GDS a  bataillé dur, obstinément, opiniâtrement,  depuis le début, pour qu’une semblable unité de la gauche arrive. Nous avons tout essayé, appels militants, syndicaux, de personnalités, 22 en commun, UNALT22, meetings, articles, livre, serment de Romainville, primaire populaire.. Nous avons passé des « petites » alliances avec Ensemble, Nouvelle Donne, Ensemble sur nos territoires, Allons Z’enfants, crée, « RSE » (rassemblement social et écologique) et cherché à présenter des candidats pour « peser ».

GDS avait bien vu que dans chaque parti, il y avait des partisans de l’unité, au sein des Verts, au sein du PCF, au sein de LFI. Et nous avions bien noté que depuis trois ans dans le PS la direction Faure était unitaire. Olivier Faure actuel dirigeant du PS proposait « un candidat commun qui ne soit pas socialiste, ni vert, ni communiste, ni insoumis mais qui soit tout ça à la fois« . Et Faure à Blois, en été 2019, avait même envisagé : « Si Mélenchon doit être candidat, c’est au travers d’une candidature collective. S’il y a des désaccords, ils doivent être tranchés publiquement par un vote démocratique populaire. Rassemblons-nous d’abord sur les idées et désignons ensuite le candidat pour les porter. » Nous avions plutôt soutenu Eric Piolle. Nous avions noté que l’argument de Roussel était imparable : lorsque Jean-Luc Mélenchon s’était déclaré candidat, sans en discuter avec quiconque et ensuite demande au PC un accord. Roussel avait répondu « pourquoi tu ne l’a pas fait avant de te déclarer ? » L’argument avait fait mouche.  

Les électeurs la voulaient encore plus que nous, cette unité.

LFI  a tourné mais c’est un mérite : celui de ré offrir une possibilité de victoire, en accord avec le PCF, EELV et le NPA.

Nous savions, nous GDS, que l’unité ne pouvait se faire avec de l’eau tiède, nous n’avions cessé de proposer 1800, 60, 32, 20, 5, 50, 6°…

Nous savions et nous n’avons cessé de le dire et redire, que ça se jouait sur la retraite à 60 ans, le smic à 1800 euros, la VI° république sociale et écologique et que le terrain était propice à ce qu’autour d’une table ce soit forcément la gauche qui l’emporte sur les sociaux-libéraux !

Beaucoup nous rendent hommage, nous sommes donc totalement partie prenante de la « Nouvelle union populaire écologique et sociale ». Nous ressentons cela comme une victoire après un très long tunnel, un très long combat.

GDS a été utile et sa stratégie est reconnue et son programme est au cœur du nouveau combat pour les 12 et 19 juin afin de vaincre la droite et l’extrême droite. C’était réputé impossible, cela est devenu possible, dés le 1er mai c’était dans toutes les têtes, c’était dans l’air, les manifestants nous souriaient et reprenaient confiance dans les chances  de l’emporter.

Au boulot !

Allons y !

Faisons voter massivement NUPES le 12 et 19 juin.

En mettant l’accent sur les axes immédiats, retraite à 60 ans, hausse massive des salaires, blocage des prix, reconstruire le droit et la dignité du travail

 

Gérard Filoche

 

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