Propositions GDS pour nos retraites 60, 40, 10, smic

L’urgence actuelle, c’est d’obtenir le retrait du projet de réforme des retraites Macron-Borne, qui prévoit le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Pour cela, le front intersyndical uni qui s’est constitué aide puissamment au rapport de force.

2,2 millions le 19 janvier, 2,8 millions de 31..

78 % des Français contre, 93 % des actifs contre, 68 % des Francais pour le retour aux 60 ans, 62 % pour soutenir les mobilisations..

On tient le bon bout !

Il en est de même de la campagne commune de réunions publiques des formations politiques de la gauche qui se reconnaissent dans la Nupes et laquelle GDS participe

pour ma part, à Clichy le 31, au Havre le 2 février, à Abbeville le 3 février, à Toulouse le 7 février, à Puteaux le 9 février, à Epinal le 11 février, à Amiens le 15 février, dans le Jura le 17 février…

Lors de ces réunions qui se tiennent actuellement, il n’est pas seulement abordé le rejet des 64 ans à 43 annuités, mais il est souvent abordé les questions de l’avenir du financement de notre système des retraites par répartition à 60 ans.

Nous avons souvent indiqué que de nombreuses pistes de financement sont possibles : revenir sur de nombreuses exonérations de cotisations patronales, annuler la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Il faut aussi rappeler que l’augmentation des salaires nets et bruts, la réduction des inégalités salariales entre les femmes et les hommes seraient autant de moyens importants d’accroître le financement des retraites par les cotisations. Sans oublier qu’en 2022,  80 milliards (un record) ont été versés aux actionnaires des 40 plus grandes entreprises françaises ! Le « fonds de réserve des retraites » (parfois dit Jospin) est de 35 milliards, les caisses complémentaires disposent de 116 milliards, et la fin du remboursement de la CADES va libérer 24 milliards en 2024. Macron lui, quand il veut, trouve de « l’argent magique » pour financer 207,5 milliards aux entreprises, et 430 milliards aux armées. Taxer plus les grandes entreprises et les riches permettrait de dégager aussi des financements pour les prestations qui sont payées par l’Etat (et non les cotisations sociales), comme par exemple le minimum vieillesse (l’Aspa, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées).

Cette campagne contre cette nouvelle régression sociale est donc aussi l’occasion pour les uns et les autres de mettre en débat des propositions en positif.

Pour la Gauche démocratique et sociale (GDS), nous récapitulons ici quelques principes qui nous animent quand nous parlons retraites, avec l’objectif d’atteindre pour le secteur public comme le secteur privé un taux de remplacement immédiat du salaire par la retraite d’au moins 75%.

1. Nous voulons le retour du droit à la retraite à  60 ans pour deux raisons :

a)   Parce que de 60 à 65 ans c’est le plus bel âge de la retraite et les plus dures années au travail. L’espérance de vie en bonne santé stagne autour de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. Une personne appartenant aux 5 % des plus riches vivra en moyenne 13 ans de plus que la personne qui fait partie des 5% les plus pauvres. Il y a 7 ans d’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre. Un tiers des français meurent avant 64 ans.

Nous voulons faire de la retraite une deuxième vie, la plus belle et la plus durable possible, et non l’antichambre raccourcie de la mort. C’est un choix de société, et précisons que pour les métiers pénibles, la retraite doit être plus tôt (par exemple à 55 ans dans le bâtiment).

b)    Parce qu’il faut réduire la durée du travail sur la semaine et sur la vie.  Sans réduction du temps de travail, nous avons déjà 6,6 millions de chômeurs, près de 12% des salariés écartés d’un plein et bon emploi. Le développement des technologies accroîtra ce chômage de masse si la société ne s’organise pas pour partager le travail. La retraite à 60 ans c’est du boulot pour les jeunes, comme la semaine à 32 h c’est du boulot pour toutes et tous.

2. Nous proposons une retraite calculée sur les 10 meilleures années (sur les 6 derniers mois dans le public).

Un calcul comme aujourd’hui sur les 25 meilleures années induit souvent une baisse des pensions du fait des carrières hachées, erratiques, précaires. Il ne faut pas toucher aux 6 mois dans la fonction publique tant que les primes ne sont inclues dans les salaires. Le calcul sur les 6 derniers mois dans le public amène à des retraites à peu près équivalentes avec le privé)

3. Nous défendons un nombre d’annuités pour définir une retraite complète compris entre 35 et 40.

Jusqu’en 1972 c’était 30 annuités, jusqu’en 1993 c’était 37,5 annuités, en 2003 ce fut 40 annuités privé et public. En 2010, l’âge légal de départ est passé à 62 ans puis en 2013 de facto à 63 ans : le nombre d’annuités a été augmenté pour atteindre 43 ans, et même maintenant avec le projet Borne 44 ans (pour les salariés ayant commencé à travailler avant 18 ans).

Nous proposons d’établir un nombre d’annuités basé sur le nombre réel moyen d’annuités effectué au cours de leur vie de travail par tous les salariés, qui se situe aujourd’hui  entre 35 et  40 ans.

4. Nous sommes favorables à la suppression de la décote quand on n’a pas le nombre d’annuités requis (par exemple 40 annuités, chiffre repris dans le programme de la Nupes).

La décote est le taux de minoration (réduction) appliqué à la pension si on ne remplit pas les conditions pour bénéficier d’une retraite à taux plein (bientôt 43 ans). Elle oblige soit à partir avec une pension plus faible, soit de travailler plus longtemps (souvent 67 ans, âge de départ sans décote).

5. Une fois défini le principe d’une retraite à 60 ans avec 40 annuités et calculée sur les 10 meilleures années, nous proposons d’ajuster le taux de cotisations pour y parvenir.

Renversons les raisonnements actuels : au lieu d’adapter la prestation à la raréfaction des cotisations, nous devrions ajuster les cotisations aux exigences de la prestation définie. Nous refusons la vision des néo-libéraux qui nous gouvernent : ils veulent diminuer la part des retraites dans le PIB de 14% (comme aujourd’hui) vers 12 ou même 10 %. Nous consacrerons une part du PIB nécessaire qui ira de 14 à 17 % ou plus selon le nombre (de 14 à 17 millions) de retraités : c’est un choix de société.

6. Nous défendons l’idée d’un montant minimum de la retraite égale au SMIC.

Si le Smic est le salaire minimum pour un salarié en activité, il doit aussi être le montant minimum de la retraite : nul n’a moins de besoins à 61 ans qu’à 59 ans. De la même façon si le salaire maximum est fixé, comme dans le programme de la Nupes, à un montant inférieur à 20 fois le Smic, il doit en être de même pour la retraite maximum.

7°) Ne nous laissons pas abuser par la question de la pénibilité :

Les gouvernements Sarkozy, Hollande, Macron n’ont cessé, avec le Medef, d’errer sur cette question avec des « critères de pénibilité » (tantôt 10, tantôt 4 critères) et des « taux d’usures » (tantôt 10 % en juin 2010, tantôt 20 % en septembre 2010).  Ca a été codifié puis ça échoué. Macron a dit dès 2017 : « je n’adore pas le mot pénibilité accolé au mot travail » n’y a aucune solution dans la recherche d’une appréciation individuelle de la pénibilité : il y a moins de 4600 médecins du travail pour 30 millions de salariés,

Impossible de mettre en œuvre des critères. Quid du travail de nuit ? Le nombre de travailleurs de nuit habituels et occasionnels en France est passé de 3,3 millions (15,0% des actifs) en 1990 à 4,3 millions (16,3%) Quid du travail posté ? 63 % d’horaires atypiques, en équipes, par rotation 3X8 4X8 5X8 ? Quid du port des charges ? Quid des expositions à des produits dangereux cancérogènes ?  Quid du bruit ? Des TMS (85 % des maladies professionnelles ? Quid des métiers pénibles mentalement et physiquement ? Une infirmière de 62 ans ? Un instituteur de 63 ans ?  Il faut donc en revenir à des conventions collectives par branches et par métiers, elles sont négociées et signées de façons adaptées pour limiter et compenser les nuisances au travail.

D’où un point sémantique important : refusez de parler de « régimes spéciaux », ça n’existe pas, ce sont des conventions collectives adaptées qu’il faut protéger, améliorer et démultiplier.

8°) Remettons en cause cette LFSS (et PLFSSR) brutale et bureaucratique :

En fait la LFSS revient à déposséder les assurés sociaux du contrôle de leurs propres cotisations salariales santé et retraites. L’idée initiale du CNR 1945 était que la Sécurité sociale, puisque c’étaient nos salaires, nous, salariés, la gérions et il y avait des élections aux caisses de la « Sécu » tous les cinq ans. Au début c’était un assuré une voix, le patronat avait 11,5 % de sièges, puis De Gaulle Pompidou ont cassé ça par ordonnances en 1966, 1967, et donné 50 % de sièges au patronat. Puis ils (Rocard, Balladur) ont repoussé les élections, puis Juppé les a supprimées en 1995, donnant à une poignée de technos de Bercy, le contrôle bureaucratique des 850 milliards du budget de notre protection sociale (ONDAM et T2A) avec une insuffisante capacité donnée aux parlementaires pour le contrôler.

L’énorme budget de la LFSS passe depuis comme passait une lettre à la Poste et des procédures expéditives (47 1 et 49 3) viennent de surcroit en 2023 empêcher les parlementaires de sérieusement le contrôler, l’amender, le modifier ce qui atteint en une limite de 50 jours un stade procédural quasi dictatorial.

Contre ça, remettons en cause la LFSS, redonnons les caisses aux assurés, réclamons à nouveau des élections aux caisses de la Sécu, Santé, Vieillesse, etc.. un assuré, une voix. Opposons la démocratie sociale (ce devrait être un Parlement social dans la VI° république) contre leurs coups de force type V° République.

 

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