Il y a 10 ans : 14 janvier 2014 : conférence de presse, Hollande stupéfie en annonçant qu’il a choisi « la politique de l’offre »

 

François Hollande présentait au pays “son” projet de pacte de responsabilité “pour gagner la bataille de l’emploi”, avec l’objectif “d’aller plus vite, plus loin” pour retrouver la croissance selon “un principe simple: alléger les charges des entreprises, réduire les contraintes sur leurs activités et en contrepartie permettre plus d’embauches et davantage de dialogue social”.

Au Bureau national, François Rebsamen qui fut un temps aux comités rouges de la LCR, s’exclame « nous avons un grand president »

« Coup de poker », « virage historique », « tremblement de terre », l’éditocratie de droite comme de gauche frétille d’aise et dit n’importe quoi sur « le  tournant social-démocrate » l’abandon de la « vieille  gauche » égalitaire de transformation sociale, pour une gauche « moderne » et « réaliste ».

Faut-il rappeler aux « modernes » qui nous gouvernent à droite ce que recouvre historiquement l’idée sociale-démocrate qu’ils galvaudent aujourd’hui, à savoir que le parti majoritaire à gauche s’appuie sur des syndicats forts pour arracher au patronat un compromis  acceptable par les salariés ?

 

Comme l’a dit Gérard Filoche, “ce sont de beaux mots: social et démocrate:  “social”, c’est faire œuvre de redistribution des richesses aux salariés qui les créent; “démocrate”, c’est respecter le Parlement et ne pas gouverner par ordonnances et votes bloqués” ainsi que s’apprête à le faire le gouvernement sur ordre du Président pour museler les oppositions et réticences des parlementaires socialistes dignes de ce nom, parce qu’il a peur que sa majorité n’existe plus sur une proposition de reniement , et que ce soit  la droite dont il  porte ici la politique qui lui fournisse l’appoint.

 

Notre projet socialiste débattu et adopté en 2011, les 60 engagements du candidat Hollande   assorti de sa promesse du Bourget d’une guerre à la finance, la motion majoritaire au congrès de Toulouse en octobre 2012, ne mentionnaient pas la promotion du “socialisme de l’offre”, pas plus que la hausse de la TVA ou la dénonciation “des excès et abus de la sécurité sociale”.

François Hollande exige, en échange, des « contreparties « claires, précises, mesurables, vérifiables »au « Pacte de responsabilité » qu’il propose au Medef

Qui peut y croire une seconde ?

Devant l’Assemblée des secrétaires de sections du PS, Pierre Moscovici s’écrie « il n’y aura pas de pacte sans contrepartie ».

Harlem Désir appele le Medef à s’engager « très fortement » sur les contreparties.

Arnaud Montebourg : « La contrepartie devrait être la création de 1,65 million d’emplois ».

« Ni trique, ni fouet, ni conditionnalité bureaucratiquement vérifiée, en revanche, pas non plus de cadeau unilatéral », rajoute Pierre Moscovici en proposant… « d’alléger les contrôles fiscaux sur les entreprises »  – sans craindre que davantage de dividendes ne partent dans les Iles Caïman.

Le député Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry, plaide pour « ­conditionner les exonérations à la signature d’un accord d’entreprise ».

Michel Sapin suit Laurence Parisot en ce sens : « les contreparties ce sera entreprise par entreprise ».

Mais comment faire puisque les syndicats, avisés, n’y croient pas ?

Karine Berger vante une « montée en charge progressive des exonérations », avec « évaluation des contreparties au fur et à mesure » par le « dialogue social ».

« Je n’ai pas des engagements une conception administrative », nuance prudemment Jean-Marc Ayrault qui aura pourtant la lourde tâche de présider  « l’Observatoire des contreparties » annoncé par François Hollande le même 14 janvier.

Cerise sur le gâteau : la CGC se ravise

 

Pour des raisons qui lui sont propres,  la CFE-CGC fait machine arrière et ne signe pas le « relevé de conclusions » du 5 mars.  C’est un coup de théâtre lourd de conséquences : la CFE-CGC qui avait décidé le 10 mars 2013 de signer le relevé de conclusions sur les contreparties sociales du pacte de responsabilité, lequel prévoyait un allègement de charges de l’ordre de 30 milliards d’euros par an pour les entreprises, fait machine arrière.   »La négociation chômage a montré que la confiance n’était pas au rendez-vous (…) le patronat a trahi les signataires potentiels du pacte de responsabilité », a estimé la dirigeante de l’organisation Carole Couvert. « A la base, il s’agit d’un pacte de confiance. On a toujours dit que l’on refuserait de signer un chèque en blanc au patronat, mais que nous étions dans une logique de renvoi d’ascenseur »  confie t elle à Boursier.com. Or, lors de la négociation chômage, « ce sont les mêmes protagonistes qui étaient au tour de la table », a-t-elle ajouté.

Le relevé de conclusions concernant les contreparties au Pacte de responsabilité sera finalement signé par une minorité de syndicats.  Du coté du patronat, le Medef, la CGPME et l’UPA l’ont validé alors que, côté organisations syndicales, seules la CFDT et la CFTC le ratifieront, FO et la CGT y étant fermement opposées.

Reuters prétend que le retrait de la CFE-CGC n’empêchera pas cet accord d’entrer en vigueur car il ne s’agirait que d’un « relevé de conclusions » n’ayant pas le même statut qu’un ANI comme ceux sur la sécurisation de l’emploi ou la formation, lesquels nécessitent la signature d’au moins trois syndicats.  Mais c’est du pipeau car le « relevé de conclusions signé » selon la CFDT se voulait précisément un équivalent à un accord et soumis aux mêmes règles.

Tous ces gens piétinent le droit de leurs propres accords et désaccords, lois et contrats.

Carole Couvert veut, par ce geste, « envoyer un signal fort au gouvernement ». « Nous tirons la sonnette d’alarme pour qu’il entende le mécontentement des classes moyennes ».

 

Il n’y aura jamais de pacte !

Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon confirme « Il apparaît qu’aucune contrepartie n’est aujourd’hui inscrite entre le président de la République et le Medef pour justifier les 30 milliards d’euros d’aides aux entreprises » constate

 

Gattaz et le Medef envoient le gouvernement paitre avec insolence :

« J’attends du gouvernement qu’il me précise, en mars prochain, la trajectoire de baisse de la fiscalité sur les entreprises. [...] On ne pourra avancer que si on redonne de l’oxygène et donc des marges aux entreprisesfrançaises. [...] Il faut surtout arrêter de gérer par la contrainte. Quand j’entends parler de contreparties dans ce pacte, j’entends aussi des gens qui me disent “On va vous contraindre, on va vous obliger, si vous n’y arrivez pas vous allez être punis, on va vous mettre des pénalités”. Il faut arrêter ce discours […] insupportable. On n’est pas dans une cour d’école. »

 

Même Mme Parisot, qui dit ne plus rien avoir à faire avec le Medef, est ressortie pour crier « pas de contreparties ». Elle le fera meme un jour devant moi, dans le petit « sas » avant le studio, avec deux canapés, a BFM, elle discute avec Thibault Langlade :

« - Non mais heureusement qu’on ne signe pas ce truc là, pas question ».

Non pas qu’elle soit pour « la libre concurrence », au contraire, elle menace Hollande d’alerter les capitalistes étrangers contre la gauche au pouvoir en France !

Pour Pierre Gattaz ce serait « suicidaire » de s’engager dans la voie d’objectifs chiffrés d’embauche.

Le patronat veut bien encaisser les milliards que lui propose le Président de la République mais n’a pas l’intention de rendre quoi que ce soit en retour, ni en emploi, ni en compétitivité.

Aucun engagement, rien.

Ils n’inverseront jamais la courbe du chômage.

Ce ne sont pas des amis qu’il faut séduire, mais des ennemis qu’il faut contraindre.

 

Un énorme cadeau supplémentaire au patronat :

 

Le 14 janvier 2014 Hollande annonce la suppression des cotisations  patronales pour la politique familiale.

C’est un cadeau de plus de 35 milliards.

A la fin du quinquennat cela fera 100 milliards !

Financée par une nouvelle réduction globale de la dépense publique de 55 Mds d’euros d’ici à 2017, ces exonérations impliquent de prendre ces 35 milliards dans la poche des salarié-e-s et de remettre en cause la politique familiale.

Annoncée sans prélèvement obligatoire supplémentaire, la pérennité́ de la politique familiale portée par la branche famille est ainsi remise en cause et ne sera concevable qu’en réduisant le niveau des prestations familiales, en supprimant le quotient familial, et donc in fine la réponse aux besoins des familles.

C’est un nouveau choc anti social.

Nous le dénonçons dés ce moment-là : le sacrifice de la politique familiale aura des conséquences sur la natalité́.

C’est la cohérence de la sécurité́ sociale qui est attaquée. Elle ouvre la voie à une refondation du modèle social français dont le centre de gravité ne serait plus la protection des familles et des travailleurs, mais la protection des entreprises et de leur rentabilité́ financière que le Président semble confondre avec leur compétitivité́.

D’ailleurs la droite, si prompte à se mobiliser sur la famille, approuve les propositions du Président.

Toute l’année 2014 Hollande donne des singes de recul des allocations familiales.

Hollande baisse le plafond du quotient familial.

Il module des allocations de base pour les jeunes enfants.

Il gèle plusieurs prestations familiales.

Il annonce, en se heurtant aux députés socialistes,  qu’il baissera la prime de naissance a partir du 2° enfant.

Le 17 octobre 2014, Hollande tergiverse puis confirme : il remet en cause l’universalité des allocations familiales et les soumet a la progressivité des revenus.

Contre lui, avec D&S, je défends le principe « cotisations progressives, redistribution égalitaire ».L’allocation doit être attachée à l’enfant pas à la fortune ou la misère des parents. Attribuez les mêmes allocations a toutes et tous ! Mais établissez 20 tranches d’impôts directes progressives !

 

Ce ne sera pas le moindre des revirements de ce quinquennat : les variables démographiques sont extrêmement fragiles.

Alors que la France, depuis l’an 2000, est en plein boom démographique, avec 850 000 naissances par an, le double phénomène Hollande, la déception des espoirs de la gauche, et les mesures anti-allocations familiales, vont voir pour conséquence un frein aux naissances,

Hollande n’inverse pas la courbe du chômage, il inverse la courbe des naissances.

Il n’y aura plus que 750 000 naissances à partir de l’année 2015.

Cent mille naissances en moins par an ! Bravo Hollande !

 

 

François Hollande n’a plus de majorité pour sa politique

Mécontenter son électorat ne permet pas de séduire celui d’en face.

 

A ne pas répondre aux aspirations de la gauche, on ne capte pas pour autant les adversaires de droite.

Ca déçoit les deux camps et à la fin, il n’y a ni majorité dans le pays, ni majorité dans la gauche.

Et inéluctablement ça se reflète au Parlement : il faut dorénavant tordre le bras aux parlementaires pour qu’ils.. suivent.

Cela rappelle ce moment de fin 1994 ou Jacques Delors renonça à se présenter à l’élection présidentielle en expliquant « il n’y a pas de majorité pour ma politique ».

Sauf que là, c’est le président élu qui doit dire : « pour retrouver ma majorité il faut que je ré oriente ma politique« . Remettre le cap à gauche, car dans les eaux intermédiaires, en effet, il n’y a pas de majorité, elle s’y perd.

 

A chaque Bureau national, j’ai la parole et je le dis. Et je rentre chez moi, et j’écris mon intervention et je la publie sur internet ! Je ne me contente pas de critiquer je fais des propositions concrètes alternatives. C’est vérifiable, jusqu’à la fin de quinquennat jour après jour j’aurais raison  - avec D&S, puis avec une forte opposition gauche socialistes qui atteint jusqu’à 30 %.

 

Sauf que, nous  n’avons aucune illusion,  on ne peut gagner contre le seul appareil en interne, il y faut le mouvement de masse.

 

François Hollande continue en vain de séduire et mobiliser le patronat pour que celui-ci l’aide à « inverser la courbe du chômage ». Apres le « Pacte de compétitivité » le « Pacte de responsabilité ». Il distribue des dizaines de milliards aux « entreprises ». Et il prend ces dizaines de milliards qui manquent aux retraites, aux salariés, aux services publics et à la protection sociale

C’est pareil dorénavant sur les questions dites sociétales : à vouloir concilier avec l’adversaire, on mécontente son camp. On a laissé trainer cinq mois le débat parlementaire sur le mariage pour tous, et l’extrême droite a profité de ce temps pour se mobiliser et se renforcer.

 

L’ANI est expédiée en « urgence » ne laissant pas le temps aux syndicats de mobiliser et de se faire entendre..

La loi contre les retraites n’est pas reportée alors qu’il y avait 370 000 manifestants le 7 septembre : elle est expédiée en deux mois.

 

Par contre la loi sur la famille est reportée d’un an (nous dit-on) à la suite d’une simple manifestation de quelques dizaines de milliers de traditionnalistes.

 

L’affaiblissement du Président dans les sondages vient de là, il mécontente ses électeurs et les électeurs de la droite se radicalisent contre lui.

 

Caporalisation du PS :

 

La preuve du pudding c’est quand on le mange, la preuve de l’impasse de la politique actuelle c’est qu’il n’y a plus la majorité de gauche acquise en mai juin 2012. Sentant cela, les grands médias organisent la curée et font avancer l’idéologue libérale du type « baisser le coût du travail ».

 

Sénat et Parlement reflètent cela. La belle et double majorité du Sénat et de l’AN en juin 2012 s’érode. Au Sénat, il n’y a plus guère de votes de la gauche unie sur les questions essentielles. Les parlementaires du Fg ne votent quasiment plus. Les Verts sont un élément instable de la majorité. Même les PRG se sont fait prier et ont négocié certains votes (retraites)

 

Dans le groupe PS à l’Assemblée qui a légèrement diminué, il y a eu 17 députes socialistes qui n’ont pas voté le TSCG, 41 qui n’ont pas voté l’ANI, et encore une quinzaine qui n’ont pas voté des articles de la loi anti retraites.

 

Parce que sur les retraites, cela a suffi à empêcher des articles importants (43 annuités, et baisse des petites retraites..) l’exécutif a donc imposé un vote bloqué.

C’est le début des 49-3

C’est fatal : quand vous faires une politique contre votre peuple, contre ce que vous lui avez promis, il faut nécessairement devenir antidémocratique.

 

L’exécutif prend alors des mesures contre les droits « normaux » des parlementaires :  en fait PS et députés commencent à gêner le « président normal » – interdiction des assistants parlementaires d’être présents aux réunions de groupe,

- interdiction de déposer des amendements sans les avoir soumis au bureau du groupe,

- interdiction de se coaliser pour rédiger des amendements

Le caporalisme s’intensifié dans le fonctionnement et les rappels à l’ordre se sont faits plus fréquents et plus rudes, avec menaces à la clef. Les appels à « serrer les rangs » ne se font pas sur un ton joyeux.

Certains disent « : « tout ça est la faute au PS ».  En fait non ! ce sont de mauvais observateurs – superficiels. Car dans la 5° République le parti du président peut devenir gênant s’il n’est pas suffisamment « godillot ». Et le PS tel qu’il a évolué depuis 2002, n’est pas mûr pour se « plier » à une politique droitière, blairisée, schrodérisée. Ca ne passe pareil pas en France, dans le parti où Lionel Jospin rejetait la « troisième voie » Blair Schröder et Clinton.

 

Pas encore !

 

 

Résistance dans les rangs du PS.

 

Tant que le PS et son groupe parlementaire ne seront pas « matés », Hollande a du mal a faire tout ce qu’il veut.

Début 2014, il n’y a plus de libre majorité de confiance, plus de majorité d’adhésion. Pour cadrer l’expression des parlementaires, il faut mettre la barre plus haut, et exiger leur fidélité en bloc.

Car en détail, elle n’existe plus.

Si les députés sont libres, beaucoup ne votent plus.

Ils ont été élus sur une majorité constituée sur le discours du Bourget, ils ne sont pas à l’aise dans la politique de reniement. Ca va faire ce qui s’appellera des frondeurs.

 

Confidentiellement, en douce, en aparté, des dizaines de députés nous diront qu’ils votent mais parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement.

Parce qu’ils ne veulent pas faire tomber le gouvernement.

Parce les élections municipales et européennes sont proches.

Mais pas à cause du fond des textes de loi.

Si la loi contre l’indépendance de l’inspection du travail n’était pas intégrée dans l’ordonnance sur la formation professionnelle, elle ne serait pas votée.

Si la loi contre les élections prud’hommes n’était pas intégrée dans  la loi globale sur « la démocratie sociale », et à l’intérieur de la même ordonnance, elle ne passerait pas davantage. Il n’y a pas de majorité pour.

Et s’il y en a une, c’est par ces mécanismes qui forcent la volonté des élus.

Les députés essaient de maintenir la loi famille, mais ils vont se heurter à l’agenda du gouvernement qui en a décidé autrement.

Quelques voix s’élèvent : le sénateur socialiste Jean-Pierre Michel dit clairement ce qu’il pense :

« J’attends de voir si Dominique Bertinotti va rester au gouvernement. Si j’étais à sa place, je démissionnerais tout de suite. Elle travaillait ce texte avant même la loi mariage. Il y a beaucoup de choses très utiles prévues dans la loi, comme la possibilité de connaître ses origines. Et beaucoup sont consensuelles. Or finalement, on recule… « devant une poignée de réactionnaires« , à savoir les participants à la « Manif pour tous » du 2 février. « Si le gouvernement est effrayé par quelques dizaines de milliers de manifestants qui battent le pavé, il ne faut plus gouverner. »

Mais le gouvernement se montre plus déterminé à mater sa majorité parlementaire, qu’à reprendre l’affrontement avec la droite et le patronat.

Il se montre plus zélé dans sa recherche d’accords avec le Medef, et d’apaisement avec lesdits réactionnaires. Pourtant les deux s’opposent : le Medef refuse tout « pacte », les réactionnaires se sentent pas « apaisés » par le recul du gouvernement, mais encouragés à continuer. La majorité de gauche dans le pays ne se reconnaît pas dans cette politique qu’elle n’a pas votée, pas souhaitée, pas voulue.

La majorité parlementaire d’adhésion n’existe plus : elle subit l’autorité telle qu’elle fonctionne dans la Ve République.

 

 

Battre le Medef, reprendre les dividendes ?

 

Le 5 mars un simulacre de « relevé de conclusions » est signé entre la troïka patronale Medef, CG-PME, UPA) et une autre troïka, syndicale celle-là (CFDT, CGC, CFTC). Il n’y figure aucune sorte de « contreparties claires, précises, mesurables, vérifiables » aux dizaines de milliards que vont recevoir patrons et actionnaires… Le texte est vide, il n’y a que du vent…

« Le Medef a tenu à rappeler, au cas où il y aurait un doute, qu’il n’a pris « aucun engagement chiffré juridique »

Mais derrière, de 20 milliards (CICE) à 30 à 35 milliards (de suppression des cotisations salariales et patronales pour allocations familiales) vont être distribués.

« Cela ajoute 30 milliards d’euros aux 200 milliards annuels d’exonérations sociales et fiscales en faveur des entreprises ».

En vain, on le sait d’avance puisque c’est le patronat qui fabrique le chômage pour augmenter ses marges. Ce qui leur est donné

« C’est 10 fois le déficit annuel des régimes de retraites, c’est 30 fois celui de la Caisse nationale d’assurance maladie » rappelle Thierry Le Paon pour la CGT.

Que vont-ils faire de cet argent puisque le mot « contrepartie » n’existe pas dans le « relevé de conclusion signé » – nouveau nom du « Pacte » dit de « responsabilité » ?

Immédiatement Pierre Gattaz pour le Medef met les points sur les « i » :

« - Les dividendes, c’est la rémunération d’un risque » … « Or les actionnaires, vous les rémunérez par des dividendes. Le monde entier fonctionne comme ça. Ce n’est pas le Medef ».

Pas touche à nos dividendes qui ne cessent pourtant d’augmenter au détriment des salaires et de l’emploi !

Selon l’INSEE, de 1980 à 2010, la part de dividendes est passée de 3 % de la richesse nationale à 9 %, soit une hausse de 180 milliards par an pendant trois décennies. En 30 ans, les dividendes extorqués sur notre travail ont augmenté de 200 %. Sur la même période, en euros constants, les salaires n’ont progressé que de 20 % et malgré les dizaines de milliards d’« aides », d’assistanat aux chefs d’entreprise, le chômage de masse dépasse tous les records.

En 2010, toujours selon l’INSEE, 210 milliards de dividendes ont encore été versés aux actionnaires… En reprenant seulement 50 % de ces dividendes, on sort de la « crise » à grands pas !

 

Pierre Gattaz veut y mettre le holà alors même que Jean-Marc Ayrault précise :

« Tout l’enjeu, c’est que cet argent n’aille pas aux dividendes ».

Pardi !

« Que les entreprises puissent faire des bénéfices, d’accord ; qu’elles en fassent avec de l’argent public, il n’en est pas question » souligne le député socialiste Jean-Marc Germain : « les déclarations fracassantes de Gattaz ne facilitent pas les discussions ».

C’est certain.

Cette question heurte longuement – ca durer trois ans -  les élus de la majorité socialiste et menace le vote des budgets 2015, 2016, 2017  nécessaires au pseudo « pacte » à l’Assemblée.

 

 

 

L’opposition croit au BN, CN, Parlement , Sénat

 

Au PS l’opposition grandit : maintenant 40 % des membres du Bureau national  adoptent un appel pour « un cap à gauche ».

Signataires : Paul Alliès, Pouria Amirshahi, Tania Assouline, Guillaume Balas, Marie Bidaud, Sandrine Charnoz, Pascal Cherki, Laurianne Deniaud, Stéphane Delpeyrat, Antoine Détourné, Julien Dray, Henri Emmanuelli, Anne Ferreira, Gérard Filoche, Olivier Girardin, Jérôme Guedj, Monique Herment, Liêm Hoang­Ngoc, Frédéric Hocquard, Régis Juanico, Marie-Noëlle Lienemann, Marianne Louis, Frédéric Lutaud, Emmanuel Maurel, Delphine Mayrargue, Jonathan Munoz, Nadia Pellefigue, Paul Quilès, Roberto Romero, Jean-François Thomas, Isabelle Thomas.

 

Nous aurons 8000 signatures sur les 4 sites internet qui en collectent (le site motion 4 OPVPL, le site motion 3, MLG LSAC,  le site D&S, le site UMA).

 

Jean-Marc Ayrault avait promis un « séminaire » : mais une journée de débat à la Maison de la Chimie n’a rien changé.

 

Parallèlement aux campagnes électorales en cours dans le Parti, cet appel, note appel, sans doute majoritaire à la base, est signé massivement.

Là est l’espoir pour sortir de l’impasse.

C’est aussi l’espoir pour battre la droite UMP aux élections municipales qui viennent les 23 et 30 mars : car les questions que se posent les électeurs sont partout les mêmes :

« - Que faites vous, qu’attendez vous face au chômage, aux bas salaires ? ».

Si ça bouge dans le PS, ça rapporte des voix.

Si ca pousse à gauche dans le PS, c’est bon pour toute la gauche.

Si on bat la droite, les raisons de pactiser avec elle et avec le Medef seront encore plus faibles.

L’impact de l’appel des 40 % d’opposant au BN augmentera.

Une autre perspective gouvernementale peut s’ouvrir qui ne soit pas un simple remaniement.

Nous réclamons au BN un gouvernement de la gauche unie EELV PS FDG.

Nous le disons à Hamon et Montebourg : cessez de cautionner tout cela. La base de Hamon nous a rejoint : elle le leur dit aussi.

 

Nous gardons espoir.

Toujours.

 

 

La résistible débâcle de mars 2014 :

 

On a tout fait pour mettre en garde Hollande, le PS, susciter l’espoir et éviter cela. En moins de 24 mois Hollande « bousillait » le capital électoral immense, sans précédent que la gauche avait obtenu de 2004 à 2010.

 

Les élections municipales françaises des 23 et 30 mars 2014 concernent 36 681 communes. 63 % 55 % des voix exprimées au 1er tour, 62,13 % confirmés au deuxième tour.

La droite obtient 46, 38 % puis 45, 65 %. La gauche chute à 38,20 % et 41,56 %. Le FN stagne entre 4,88 et 6,87 %.

121 villes de plus de 15 000 habitants, dont  Amiens, Angers, Argenteuil, Caen, Carcassonne, Charleville-Mézières, Colombes, Conflans, Fécamp, Evreux, Fourmies, Gisors, Limoges, Montbéliard, Montceau-les-Mines, Quimper, Reims, Roubaix, Saint-Chamond, Saint Etienne, Saint-Ouen, Toulouse, Tours, Vernon, basculent de gauche à droite.

La droite gagne une majorité des villes de plus de 10 000 habitants : elle passe de 433 à 572. La gauche descend de 509 villes de plus de 10 000 à 349. L’extrême droite gagne 14 villes, un niveau jamais atteint sous la Ve République.

51 % des inter-communautés urbaines sont modifiées : la droite obtient 62,8 % des présidences.

Avant les élections de 2014, la gauche (PSEELVFront de gauche et Pour La Réunion) détenait 29 villes de plus de 100 000 habitants contre 12 à la droite et au centre (UMP et UDI). À l’issue du scrutin, la droite détient 22 villes de plus de 100 000 habitants contre 19 pour la gauche, qui perd donc dix villes par rapport à 2008 (neuf villes en métropole et une en Outre-mer).

De quoi pleurer.

Ce n’est pas la faute aux maires ni aux électeurs de gauche, la déroute est entièrement due à la politique de Hollande.  A sa « politique » réactionnaire « de l’offre ».

Alors que deux ans plus tôt la gauche dirigeait encore 2 villes sur trois. Dans un premier temps, selon Christophe Borgel rapporteur en Bureau national :

« - C’est un vote sanction, l’électorat socialiste n’est pas passé à droite mais s’est abstenu ».

L’explication est indiscutable. Cela ramène le PS 40 ans en arrière, avant les municipales de 1977, moment historique de sa montée en puissance vers le pouvoir.

 

Croyez vous que Hollande va entendre et tirer l’évidente leçon ?

 

Non ils vont changer l’analyse des faits de façon grossière .

 

C’est la faute au peuple !

 

Ils vont modifier la première analyse à chaud, du 31 mars, de Christophe Borgel et ils vont mentir sur les causes de la défaite.

D’autres éléments de langage viennent de l’Elysée :

« C’est parce que les Français évoluent à droite »

« Il n’y a pas désir de gauche »,

« La preuve, c’est que Mélenchon ne monte pas ».

« Les Français vont vers Le Pen ».

Ainsi s’excusent-ils d’être impopulaires.

Ce ne serait pas leur faute, mais celle du peuple versatile, ingrat, inconstant qui, hier votait à gauche et qui les lâche.

Eux, ils ne font donc que « suivre en le freinant ce mouvement général » lorsqu’ils mènent une politique…  droitière.

 

Bien que ce soit très grossier comme tentative d’excuse je réponds aux arguments de ces tenants de l’aile droite du PS.

 

Un jour ils oseront prétendre que la défaite « c’est la faute aux frondeurs »  mais pas de chance, à cette date là,  les fameux « frondeurs » (« députés oppositionnels » à l’Assemblée nationale)  n’étaient pas encore apparus.

 

D’abord, mettons les choses au clair : la déroute aux municipales a bien pour origine des causes nationales et pas locales. Ce n’est pas la faute aux maires, le scrutin a pris le même sens nationalement quasiment partout.

Dans un petit village du Lubéron, Mérindol, un de nos camarades, Philippe Batoux perd sa mairie de 21 voix.  Il cherche à rencontrer ceux qui se sont abstenus, souvent des amis connus :

«  - Hé oui, Philippe, c’est pas contre toi, on t’aime toujours bien, mais fallait bien lui dire là-haut, qu’on étaient pas contents ».

 

Ensuite on observe que la droite n’a pas gagné en voix ! Elle en a même souvent perdu. Si elle gagne, c’est en pourcentage, pas en chiffres absolus. Dans nombre de villes elle perd massivement des voix et gagne au premier tour ! Les électeurs socialistes sont fidèles. Ils ne sont pas allés voter ailleurs.

Pour s’être abstenus, il faut qu’ils soient sérieusement déçus.

Le sens de leur abstention saute aux yeux : un désir de gauche non satisfait.

 

Les dirigeants du PS tentent d’objecter : « Mélenchon ne monte pas » dans les sondages. Mais c’est compréhensible. Mélenchon, avec le PG, le FdG, passe son temps à dénoncer le Parti socialiste en des termes agressifs. Il ne propose pas l’unité de la gauche, il propose la « guerre des deux gauches ». Il ne séduit donc pas l’électorat socialiste, même si celui-ci avait la velléité de se tourner vers lui.

Des millions d’électeurs qui ont voté Hollande, pensaient la même chose, sur le fond politique, que Mélenchon (sur les salaires, le chômage, le partage des richesses…) mais ne le jugeaient pas en situation de gagner ni de réaliser ce qu’il disait.

Ils votaient socialistes pour être certains de battre la droite, certains que la gauche gagne, en espérant qu’elle tienne ses promesses.

La gauche est toujours là, majoritaire dans le pays, mais stupéfaite que son gouvernement ne fasse pas une politique de gauche. C’est ce qu’on entend le plus souvent exprimer : la déception !  Que Mélenchon non unitaire ne sait pas capter.

 

Les dirigeants  PS tentent aussi d’expliquer que « les élections intermédiaires sont toujours mauvaises » :

Faux ! Sous Jospin quand on faisait les 35 h, elles étaient bonnes.

Mais, là où est le bon choix politique ? Hollande puis Valls proposent 41 milliards aux patrons, la droite leur en propose 100, c’est tout !

 

Dans cette élection « intermédiaire » le seul changement, c’est que Hollande a trahi ses promesses et va à droite. On peut retourner l’argument : si « la France se droitisait », sa nouvelle politique devrait l’emporter. Mais pas du tout Hollande se minorise, vis-à-vis de la droite qui ne veut pas de lui et vis-à-vis de la gauche qui lui reproche d’aller à droite.

 

 

Expliquer Le  Pen ?

 

Elle profite de la décomposition de la droite. Car pour l’essentiel ses voix ne viennent pas de la gauche, mais de glissements internes à l’UMP.

Elle non plus ne gagne pas de voix en chiffes absolus : du fait de l’abstention, elle est en tête aux européennes du 25 mai, avec moitié moins de voix que ce qu’elle avait à la présidentielle de mai 2012.

Sauf que cette arrivée en tête nourrit sa dynamique propre.

L’UMP fait « du Valls puissance 10 » mais ce n’est pas non plus ce que veut la partie « populaire » mécontente de la droite, alors Le Pen leur fait des propositions démagogiques qui les attirent. C’est pour cela que Le Pen a teint si fortement son programme en « social » et en anti libéralisme, elle fait d’une pierre deux coups : elle se renforce contre la gauche libérale et contre la droite libérale.

 

En fait on pourrait même dire qu’il y a une poussée, sous deux formes opposées, à droite et à gauche contre le libéralisme, les banques, l’oligarchie … au point que même à droite, les dirigeants qui épousent  l’antilibéralisme l’emportent sur ceux qui le soutiennent.

Dans tous les camps, les électeurs cherchent à se débarrasser de la tutelle du libéralisme.

En fait il n’y a guère de déplacement électoraux entre la droite et la gauche. L’électorat, à quelques variantes prés, est stable et fidèle. Deux blocs : l’expression déformée de deux classes sociales fondamentales et antagoniques, le salariat et l’actionnariat.

La gauche est et reste largement majoritaire à la base depuis plus de 30 ans. Comme l’avait dit François Mitterrand en 1981, « c’est la victoire de la majorité sociologique ».

Les « camps » droite et gauche sont installés et varient peu.

Mais ça bouge à l’intérieur de chaque camp.

A droite ça glisse de l’UMP vers Le Pen.

A gauche ça s’abstient pour protester parce que les gouvernants ne sont pas à la hauteur.

Et dans les dix dernières années face à la droite, entre 2001 et 2013, la gauche s’était même renforcée au point de donner tous les pouvoirs au parti socialiste

Si cette écrasante majorité se tasse aujourd’hui à nouveau, ce n’est parce qu’il y a un retournement d’attentes, c’est parce que ces attentes sont trahies : l’abstention a un sens politique extrêmement clair, il n’est pas difficile à interpréter, toutes les études, y compris celles officielles de la majorité du BN du PS, le 31 mars, reconnaissent les faits : pas de désir de droite, sanction du nationale du PS à cause de sa politique nationale droitière…

 

 

Cap a gauche ou suicide ?

 

 

Croyez vous qu’il va nous répondre à nous, aux 40 % du Bureau national du PS qui, avec des milliers de socialistes ont lancé l’appel « cap à gauche » ?

Pas du tout, le gouvernement Jean-Marc Ayrault démissionne.

Et c’est Manuel Valls qui est nommé à sa place.

 

C’est une provocation, un défi, cap à droite !

 

Je me rappelle avoir plaisanté :

« - Pourquoi aller choisir un premier ministre qui fait 5 % des voix du PS ? «  Pourquoi ne pas prendre comme successeur légitime de Jean-Marc Ayrault le premier secrétaire du PS qui, lui, a été élu à 61 % ?des militants  »

Mais la vérité c’est que Hollande n’a plus rien à faire du PS.

Avec la nomnation de Valls, c’est le PS qui est mis hors jeu.

La gauche est mise hors jeu.

L’Elysée dirige tout. Le président « normal » n’est pas normal. Il ne respecte  ni son parti, ni ses élus au Parlement, ni ses électeurs.

Dans le choix d’alliance avec le patronat et avec la droite,  façon SPD-Merkel, peu importe que ni les patrons ni l’UMP n’acceptent de signer un « pacte », Hollande impose seul, unilatéralement, à marche forcée ce que la droite aurait fait.

Valls est là pour ça.

Hamon et Montebourg commettent une lourde erreur. C’est de croire qu’en restant au gouvernement avec de meilleurs postes, l’éducation et l’économie, ils vont l’emporter sur Valls. La politique n’est pas une affaire de génération.

Cécile Duflot sort. Et elle a raison.

Valls en un mois va suffire à nourrir encore plus l’abstention et à pousser Marine Le Pen en tête du scrutin des Européennes, et en cinq mois, il va crier « Vive l’entreprise » devant l’université d’été du Medef.

Puis il va profiter d’un incident banal de vocabulaire dans la bouche de Montebourg à la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, pour forcer la main de Hollande fin août 2014, et virer les deux trublions de gauche qui avaient eu la faiblesse de croire qu’ils allaient s’incruster dans son gouvernement.

Montebourg s’en ira avec panache,

Hamon hésitera une dernière fois. Mais il suit quand même Montebourg. A t il pris le temps d’interroger Martine Aubry avant ? Les « aubrystes » jouent un jeu double, critiques sous la table mais conciliants sur la table. Ils ont pourtant un rôle central car s’ils basculent vers nous dans l’opposition comme ils le laissent parfois croire, c’est le PS qui changera de cap.

 

Le PS est toujours un  « parti ouvrier bourgeois » il devient, à son corps défendant un obstacle gênant face à la politique de Valls.

86 « frondeurs » du PS

 

Avant le discours de politique générale de Manuel Valls et le vote de confiance à son gouvernement, 86 responsables socialistes, dont des députés issus de l’aile gauche du parti, des amis de Martine Aubry et d’autres sensibilités du PS réclament, dans un texte que publie le JDD, un nouveau « contrat de majorité ».

 

Au total, plus de 80 députés et quelques figures du Parti socialiste, comme Emmanuel Maurel, Guillaume Balas, représentant du courant de Benoît Hamon, ou encore François Kalfon, l’un des fondateurs du club « La gauche populaire« .

« Ce n’est qu’une première liste, nous dépasserons bientôt les 100 signataires, notamment quand cette liste sera soumise aux sénateurs« , explique Christian Paul, proche d’Aubry et l’un des initiateurs du texte avec Laurent Baumel, Pouria Amirshahi et Marie-Noëlle Lienemann. J’en suis.

 

« Les conditions de la confiance pour un contrat de majorité

Agir et ne pas subir. La défaite d’ampleur historique que nous venons d’encaisser nous donne une responsabilité sans précédent. Bien plus qu’une protestation de circonstance, les Français ont exprimé des positions très politiques et, dans leur diversité, des demandes de justice, d’efficacité économique et d’égalité républicaine.

Depuis de longs mois, les élus locaux et les députés avaient alerté sur le fossé qui se creusait entre la gauche au pouvoir et son électorat. Cette défaite électorale ne doit pas se transformer en renoncement démocratique. Au contraire, le temps du Parlement est venu. L’affirmation de la volonté politique est encore plus à l’ordre du jour. Le dialogue avec le nouveau Gouvernement s’engage dès maintenant. La représentation nationale doit être digne de sa mission et à la hauteur de ce moment de notre histoire. Il lui revient de participer aux nouvelles orientations qu’exige cette nouvelle étape.

Dans ce but, il faut aller plus loin que les habitudes et les certitudes. Pour répondre vigoureusement à l’épuisement institutionnel, nous proposons un contrat de majorité dans la durée. En effet, pour restaurer la confiance avec les Français, il faut recréer aussi la confiance avec le Parlement. Celui-ci doit apporter sa légitimité en soutien des choix que les citoyens de tous horizons attendent de la gauche au pouvoir.

Notre première contribution au contrat de majorité privilégie les orientations ainsi rappelées :

1- Obtenir une réorientation européenne par un plan de relance contre la déflation et une révision des règles budgétaires insoutenables et ennemies de la croissance et de l’emploi.

2 – Concentrer les moyens publics sur la création réelle d’emplois et, ainsi, intensifier le redressement productif.

3- Défendre des décisions de justice et de pouvoir d’achat : des mesures en faveur des bas salaires, la réforme fiscale et la CSG progressive, l’effort en faveur des retraites les plus modestes, que nous avons demandés depuis des mois. Ces décisions convergent vers un « choc de demande », accompagnant les efforts sur l’offre, additionnant ces améliorations de pouvoir d’achat, les emplois aidés non marchands pour les jeunes et les chômeurs de longue durée, et les investissements publics.

4- Réaffirmer et amplifier les choix et les engagements de 2012 :

- Muscler les efforts de régulation des activités financières et bancaires, et leur mobilisation pour l’investissement et les territoires. Promouvoir la responsabilité sociale et environnementale des multinationales et leur « devoir de vigilance ».

-Rendre populaire la transition écologique : financement et avances pour les travaux de rénovations énergétiques, co-investissements citoyens dans les énergies renouvelables, plan de remplacement des véhicules et équipements anti-écologiques.

- Engager un mouvement de transformation de l’Etat et des collectivités locales, avec les citoyens et les agents publics. Nous soutiendrons les économies efficaces, pas les régressions sociales : non aux économies de dépense qui conduisent à des reculs pour la Sécurité sociale ou à la panne de l’investissement public!

-Défendre l’égalité des territoires par un socle de droits (le « bouclier »), une relance des économies locales, un remaillage des services publics sur deux piliers : l’éducation et la santé.

5- Pour une revitalisation exigeante de la démocratie française. Un sentiment d’abandon exaspère aujourd’hui de nombreux Français (..) Notre majorité sera plus soudée, si elle inaugure des manières modernes de préparer les grandes décisions et de délibérer.

Si nous ne laisserons pas s’installer de faux clivages entre les « cigales » et les « fourmis », nous savons aussi que jamais la France ne se redressera pas dans l’austérité et en laissant exploser le chômage et les inégalités. Nous faisons le choix d’une politique qui marche. Nous recherchons l’équilibre entre les salariés et les entreprises et entre les efforts et la justice, pour toutes les composantes de la société. Refusant la fuite en avant façon Sarkozy, nous choisissons l’efficacité pour mener les politiques d’investissement, la transformation de l’Etat, l’innovation publique.

Les Français n’ont pas changé depuis le 6 mai 2012, ils sont déçus. Ils ne sont pas versatiles, ni ralliés à l’UMP qui n’a rien d’autre à proposer que la dérégulation et l’austérité. Il est impératif d’exprimer une vision claire et offensive du futur de la France et de son rôle en Europe.

Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous l’ont dit dans les urnes. Il faut maintenant passer des urnes aux choix et, pour nous, des mots aux actes. Les temps qui viennent sont pour tous, et pour chacun d’entre nous, une épreuve de vérité.

Le texte des Aubrystes est plus que modéré.

Mais quand on en parle, nous, on lui donne un meilleur contenu dans les médias et sur les plateaux de télévision. Comme je suis fréquemment invité depuis l’affaire Cahuzac je m’en charge en partie. Sur toutes les chaines d’info et aussi chez Ruquier un samedi soir.

 

Manuel Valls ne répond pas.

Au lieu d’aller à gauche, il accélère la fuite en avant droitière.

Il crie clairement : « Il est difficile de faire quelque chose pour les salariés » et « On baisse le coût du travail de 30 milliards ». Macron caché derrière, doit se réjouir. Il donne des dizaines de milliards au patronat, aux actionnaires, aux banquiers. Il prend des dizaines de milliards sur les petits salaires, sur les services publics, sur la santé, l’école aussi. Il pille ceux d’en bas pour enrichir ceux d’en haut, baptisés pour la circonstance du terme gourou fétichisé : « l’Entreprise »

 

Heureusement la gauche et ses syndicats résistent.

Et la résistance interne dans le parti socialiste se renforce : 40 % du BN et plus de 7000 militants ont signé l’appel pour « cap à gauche »,  88 députes ont manifesté leur opposition.

11 n’ont pas voté l’investiture.

S’il y a un moment historique pour que la gauche socialiste joue son rôle c’est maintenant.

L’extreme gauche accuse le PS en bloc, alors que c’est le PS qui est attaqué et que c’est dans le PS que la resistance s’effectue le plus.

Tout le travail qui a été fait depuis plus de 20 ans arrive à point nommé : résister, s’arque-bouter sur les exigences sociales, encourager les luttes, travailler à l’unité des syndicats, de la gauche, construire la majorité alternative qui existe au Parlement : un gouvernement rouge, rose, vert, EELV, PS FDG.

On y va.

On a tenu bon.

On a remonté la pente.

Cette fois D&S veut un front large de la gauche socialiste, assez large pour gagner !

 

 

Cambadelis nommé syndic du PS :

 

Jeux de chaises musicales, partition élyséenne.

 

François Hollande a nommé Harlem Désir secrétaire d’Etat. Harlem Désir a « demandé » à Jean-Christophe Cambadélis de devenir le Premier secrétaire du parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis, à son tour, s’est exprimé dans les médias pour affirmer sa volonté d’être élu par les militants. Il a parfaitement raison : un simple vote du Conseil national, élu en 2012 sur des bases politiques largement remises en question par nos électeurs lors des dernières élections municipales, ne lui donnerait que fort peu de légitimité.

L’élection par les militants d’un Premier secrétaire ne peut pas être un plébiscite. Il faut qu’il y ait la possibilité d’autres candidatures que celle du seul « candidat officiel ». Si ce n’était pas le cas, le Premier secrétaire ainsi plébiscité, perdrait, d’emblée, toute légitimité.

Cette élection doit aussi, évidemment, être l’occasion d’une discussion de fond sur l’orientation du Parti socialiste. Le « casting » n’est pas le plus important. Chaque candidat doit pouvoir publier un texte définissant les grandes orientations qu’il voudrait voir adopter par notre parti et être élu (ou non) sur la base de ce texte.

La question qui est posée est éminemment politique, c’est celle de savoir si notre parti continuera à accepter d’être considéré comme un parti de « godillots » se contentant d’approuver le Président de la République et le Premier ministre ou s’il sera capable, si les militants en décident ainsi, d’exprimer son propre point de vue pour infléchir leur politique et les aider à réussir.

Comment, après la catastrophe des municipales, pourrions-nous faire l’économie d’une telle discussion lors de l’élection de notre Premier secrétaire ?

 

Cambadelis nous propose de construire un parti des « 500 000 socialistes »  avec un  plan de développement géant projeté en grandes diapositives devant tout le Conseil national. Nous ne pouvons nous empêcher, d’être dubitatifs : avec la ligne politique de Hollande-Valls  en 2014, c’est plutôt un retour au « parti des 10 000 » pour lequel le meme Cambadelis combattait dans les années 70.

 

 

BN du PS du 9 avril 14 : sauver le quinquennat ?

J’interviens : « Comme beaucoup ici, je suis embarrassé par cette concomitance entre le remaniement ministériel, et le « remaniement » du Parti socialiste. Cela ne se passe pas sainement. Ça nous tombe dessus ce matin par la radio, on apprend que notre premier secrétaire est délogé, relogé et qu’il y en a un autre. Cela fait apparaitre un changement de Premier secrétaire du Parti socialiste comme une révolution de palais télécommandée, et c’est vraiment gênant. Pour les militants. Pour nous tous. (…)

J’entends Jean-Christophe Cambadélis dire qu’il y a « des fondamentaux qui se perdent ». (…) Sans doute. Mais je vais vous surprendre, quoique je l’ai déjà signalé cela la semaine dernière. Il y a plus grave.

Le gouvernement vient de préconiser devant l’Assemblée nationale la baisse du salaire brut pour augmenter le salaire net. On n’a jamais discuté de cela nulle part : jamais un texte, jamais une motion, jamais un rapport…

Mais c’est inquiétant : ce sont les salariés qui financeront l’augmentation de leur salaire net en voyant diminuer leur salaire brut, indirect, les cotisations sociales. C’est un tour de bonneteau. Le manque à gagner pour la Sécurité sociale sera financé par les impôts… payés par les salariés ! Ou sinon en baisse de soins.

Ce sera symboliquement le choix de diminuer le grand principe de solidarité incarné par la mutualisation d’une part des salaires redistribuée à chacun selon ses besoins.

C’est bien ainsi que nous avions combattu cette proposition qui sort tout droit depuis cinq ans …du programme de Marine Le Pen. Ça fait des années qu’elle propose de réduire le brut pour augmenter le net : nous dénonçons cela dans toutes nos brochures ! Oui, Jean Christophe, il y a des fondamentaux qui sautent ! Sans que personne ne réagisse, sans débat.

Quant à un congrès, il en faut un, anticipé, oui, mais sur le fond ! Avant fin 2014, pas pour régler des problèmes de clans, de motions, ni même de direction, ni même d’un parti de 500 000, mais un congrès nécessaire pour consulter les militants redresser la barre, faire savoir au gouvernement ce que pense la gauche, ce que pensent les socialistes, comment on doit agir, réorienter pour éviter la catastrophe aux prochaines élections.

Car il y a un grand risque sérieux que nous perdions toute la séquence électorale à venir.

Or c’est évitable, il n’y a pas fatalité absolue à aller dans le mur, à tout perdre dans une autre 21 avril en pire, mais seulement si à temps, le parti dit ce qu’il faut, à partir des souhaits démocratiquement exprimés de nos électeurs.

« Valls fera perdre le Sénat, les cantonales, les régionales, et les législatives et le Président.

Ce n’est pas une question d’hommes, c’est une question de ligne politique. L’actuelle orientation d‘austérité est suicidaire.

A la fin, ce sera pire qu’en 1993, la dégringolade va être totale, la coupe sera bue jusqu’à la lie.

La seule possibilité d’empêcher cela et de sauver le quinquennat, c’est d’en revenir à une politique de gauche capable de mobiliser l’électorat socialiste et de gauche, c’est de renoncer à céder aux libéraux, c’est de rebâtir, sur la majorité parlementaire toujours existante, un gouvernement rose rouge vert, unitaire, qui donne envie ET satisfaction à l’électorat de gauche, pour qu’il appuie et vote à nouveau de façon active contre la droite. »

Nous réclamons une direction collégiale jusqu’au congres suivant. Mais le 15 avril 2014, Cambadelis s’impose en Conseil national. Nous présentons contre lui, Sylvain Mathieu, Premier fédéral de la Nièvre, qui obtient 32,88 % des suffrages.

 

Il concède bientôt un congrès qui se tiendra tardivement à Poitiers en juin 2015.

 

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