Quand Bernie Sanders devient le pire cauchemar de ceux qui gouvernent le monde

printerprintertext
 

 

 

 

 

Notes

[1] Interview à C.J. Polychroniou : https://truthout.org/articles/noam-chomsky-sanders-threatens-the-establishment-by-inspiring-popular-movements/

Cette interview de Noam Chomsky ainsi que des milliers de textes, vidéos et images de première main venant des États-Unis et concernant tout ce qui se passe au sommet mais surtout à la base de la société nord-américaine, sont postés heure après heure sur le Facebook « Europeans for Bernie’s Mass Movement » que nous avons lancé il y a 3,5 ans et que nous conseillons vivement aux lecteurs de gauche : https://www.facebook.com/EuropeansForBerniesMassMovement/

[2] Il est pour le moins regrettable que les gauches européennes n’arrivent pas à comprendre que ce qui se passe aux États-Unis depuis 4 ans est d’une importance historique pour la gauche et le mouvement ouvrier du monde entier, et donc pour elles-mêmes aussi. Pourtant, elles auraient tout à gagner en tissant des liens et en développant des mouvements de solidarité active avec le mouvement radical de masse nord-américain, maintenant qu’il est à l’épicentre d’un affrontement de classe gigantesque et à l’issue tout à fait incertaine. Et tout ça indépendamment de leur devoir internationaliste tant négligé par les temps qui courent…

[3] Une des dernières manifestations de cette guerre quotidienne contre Bernie a été la publication des résultats de la primaire emblématique de Iowa avec un retard de plus de 72 heures ! Ce qui a permis au jeune poulain de l’establishment et du grand capital Pete Buttigieg de se poser en triomphateur et à Joe Biden d’éviter de payer le prix de son résultat humiliant tandis que Bernie a été empêché de tirer avantage de sa victoire, ayant remporté très nettement le vote populaire. Le fait que la société Shadow responsable de ce scandale ait travaillé en 2016 pour le compte de Hillary Clinton, et qu’elle soit actuellement employée et payée par les campagnes de J. Biden et de P. Buttigieg est évidemment une pure coïncidence…

 

GDS pour que Paris reste a gauche :

 

GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

 

UNIS

page1image1488page1image3088

pour garder Paris

à gauche en 2020

Notre but est de garder Paris à gauche pour la justice sociale, la démocratie, la transition écologique,

> Le logement social,
> Les transports gratuits, > Et les services publics

Notre outil est le rassemblement démocratique de la gauche, de toutes ses composantes, dans le respect de chacune.

VOICI LA LISTE DE MESURES POUR LESQUELLES À GDS, NOUS MILITONS :

Logement, urbanisme, aménagement

La politique d’urbanisme doit avoir pour souci permanent de préserver activement la mixité sociale à Paris :

• Penser l’aménagement de Paris en incluant les communes périphériques proches (ceci, avec l’accord de ces communes), pouvant aller jusqu’à leur rattachement
et la création de nouveaux arrondissements.
Cela permettra d’éviter d’accentuer la densi cation déjà excessive du Paris intra-muros actuel.

• Lutter contre l’habitat indigne et les logements vacants (y compris en usant de la réquisition). Renforcer le contrôle des locations saisonnières qui dérogent encore aux règlementations.

• Augmenter le nombre des logements sociaux en particulier dans les arrondissements qui en comptent peu (centre et ouest de Paris) et favoriser les logements pour
les familles de 3 enfants ou plus. Rénover le parc des logements sociaux anciens
et passer à des immeubles « passifs » (très peu consommateurs d’énergie).

• Développer des logements pour les étudiants
• Débattre démocratiquement avec les riverains et les usagers sur les projets de

construction, d’aménagement des quartiers, des espaces publics, des travaux de voirie.

page1image18752page1image18920

1

• Penser les voies publiques en fonction des personnes à mobilité réduite et des seniors : réserver les trottoirs aux piétons et supprimer les obstacles, implanter des bancs publics, améliorer la traversée des rues.

• Mettre un frein à la marchandisation de l’espace public. Ne pas transformer la Gare du Nord en centre commercial au détriment de son usage premier : donner l’accès aux trains ; ou encore interdire de faire du parvis de Notre-Dame un espace commercial.

• Contrôle de la puissance publique sur la gestion par les syndics de copropriété.

Transition énergétique

• Préserver et développer les espaces verts publics.
• Actions citoyennes de reconquête des rues par la végétalisation des trottoirs,

des façades, des espaces publics.

• Gestion des espaces verts, continuer la politique zéro phyto et la généraliser à toutes les entreprises (SNCF, RATP, etc) et aux particuliers.

• Débitumer les cours d’école et rechercher les moyens de rendre les cours d’école plus fraiches (arbres).

• Réformer le système de vignette Crit’Air : remplacer le critère de l’âge du véhicule par celui de la pollution réelle (ce qui est possible grâce au contrôle technique).
Le système actuel pénalise ceux qui ont peu de moyens pour remplacer leur véhicule alors que, même s’il est ancien, il pollue moins qu’un SUV neuf !

• Interdire le chauffage des terrasses des cafés et restaurant.Transports et mobilité

• Passer à la gratuité des transports en commun !
Commencer par des actions allant dans ce sens : le weekend, pour tous les seniors, etc. Débat public sur l’ensemble de la question de l’offre de transport, lignes, cadencement, type de motorisation.

• Ampli er la réalisation du réseau de pistes cyclables et pour trottinettes, sans discontinuité et interconnecté avec la périphérie. Développer des garages à vélos sûrs aux stations de métro et de RER, aux gares.

• Accessibilité : faire respecter les obligations légales, notamment pour les bâtiments publics.

• Arrêter d’aliéner les emprises ferroviaires existantes a n de préserver une utilisation ferroviaire future. Tram, train ou RER sur la petite ceinture, gares de marchandises en périphérie a n de réhabiliter les approvisionnements par voie ferrée, les derniers kilomètres pouvant être assurés par véhicules de petite taille électriques.

Démocratie

• Exiger le maintien des services publics en gestion locale directe et développer les services publics locaux en régie directe.

page2image21632page2image22896page2image24496

2

• Égalité femmes–hommes : engagement dans le sens de la charte européenne pour l’égalité ; actions participatives sur l’égalité dans les espaces publics.

• Délibérations et vœux sur tous les sujets d’intérêt général contre les politiques néolibérales : traités TAFTA ou CETA, privatisation d’ADP…

• Soutien aux luttes et mouvements sociaux : Participation collective des élues et élus aux mouvements sociaux unitaires.

Sécurité

• Stopper la fermeture des Postes de Police et favoriser la présence en nombre suf sant d’une police de proximité circulant en particulier dans les lieux de forte fréquentation.

Budget des collectivités territoriales impôts

• Dotations de l’État : Dénoncer leur baisse. En particulier, exiger que l’État remplisse son rôle vis-à-vis des migrants : hébergements décents, examen correct des demandes d’asile. Soutier les associations tel que la Cimade, RESF, etc, continuer l’implication active dans les dispositifs d’accueil ; sinon mesures spéci ques de la ville autant que possible.

• Budget participatif : augmenter progressivement la part du budget participatif dans la part du budget investissement. La démocratie participative directe enrichit la démocratie représentative, même si elle ne peut s’y substituer.

• Œuvrer pour une taxation importante des plus-values immobilières
Cela aura pour double intérêt d’alimenter les budgets de la ville et aussi de mettre un frein à la hausse des prix de l’immobilier et des locations.

Vie associative, sport, culture…

• Soutenir activement la vie associative, mettre en réseau les associations, soutenir la formation des bénévoles.

• Refuser la baisse des subventions aux associations, au motif d’une politique d’austérité qui frappe les municipalités suite à la diminution des dotations d’État.

• Accueillir gratuitement les associations dans des locaux municipauxavec prise en charge des uides.

• Ouverture maximale à tous les artistes et créateurs : toute licence en art.Éducation

Égalité de tous les enfants de Paris, les mêmes opportunités pour tous les petits Parisiens, quels que soient les revenus de leurs parents ou le quartier dans lequel ils vivent.

• Petite enfance : construire des crèches municipales et augmenter le nombre de places3

page3image19688page3image21624page3image23224page3image23384page3image23544page3image23704page3image23864page3image24024page3image24184page3image24344page3image24504page3image24664page3image24824page3image24984page3image25144page3image25304page3image25464page3image25624page3image25784page3image25944page3image26104page3image26264page3image26424page3image26584page3image26744page3image26904page3image27064page3image27224page3image27384page3image27544page3image27704page3image29472

• Poursuivre les efforts pour un périscolaire de qualité avec maintien des 4 jours et demi de classe.

• Entretien des écoles et bâtiments scolaires pour répondre aux réels besoins.Services publics

• Gestion de l’eau et préservation de la ressource : garder la régie publique
et accentuer les efforts de remise en état de l’approvisionnement. Utiliser la loi Houdin permettant de consacrer 1 % du budget de la régie de l’eau à des projets solidaires dans les pays du Sud.

• Continuer l’extension de la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain) • Mettre en place une politique de tarifs sociaux, avec les services sociaux (CAS,

DASES) pour l’eau, le gaz, l’électricité et le chauffage.

• Cantines scolaires : développer la part du bio et du local et tendre vers
les 100 % bio ou responsables, et locaux. Veiller à la santé des élèves et à la qualité gustative des repas.

• Numérique : déployer le réseau bre optique jusqu’à tous les logements,
en particulier les logements sociaux et résidences personnes âgées avec encadrement des prix proposés par les fournisseurs d’accès. Tarifs sociaux. Mettre en place
des points d’accès au numérique dans les mairies avec aide individualisée.

• Améliorer la disponibilité de tous les services publics
(heures d’ouverture des bureaux de poste, heures des levées de courrier)

Économie sociale et solidaire

• Concentration de l’aide à l’économie vers les entreprises autogérées par leurs travailleurs (EAT), comme les SCOP (gérées par leurs usagers ou leurs fournisseurs), et non vers celles qui restent des entreprises capitalistes.

• S’opposer au travail le dimanche dans le commerce. Repos dominical systématique pour toutes et tous, dans toutes les activités où il n’est pas absolument impératif
de travailler.

Solidarité internationale

• Soutenir les projets associatifs, et créer des maisons des citoyens du monde fédérant les associations et les ONG, formant des bénévoles solidaires.

• Accueillir les persécutés et réfugiés de tous les pays où les combats pour les droits sociaux et humains explosent.

page4image18688page4image20120page4image21048

contacts

page4image22512

@gds.idf contact@gds-ds.org gds-ds.org

page4image23208page4image23376

4

 

a Renault techno centre Yvelines le 23 janvier 20 info et débat sur les retraites

Retraites : les raisons d’une plateforme commune de 13 organisations de gauche – sauf hélas PG, LFI et NPA…

Retraites : les raisons d’une plateforme commune

Un comité de liaison de la gauche sur les retraites s’est réuni, des actions communes de solidarité avec les grévistes ont été organisées avec différentes forces de gauche. Les militant.e.s de la Gauche démocratique et sociale (GDS) y ont pris toute leur place. Cela nous a amené à signer, avec douze autres formations de gauche (*), des propositions alternatives à la réforme de Macron. Ce texte rompt avec l’éparpillement de la gauche. La  signature d’une « plateforme commune des forces de gauche et écologistes » est donc une bonne nouvelle, même si le texte présente plusieurs faiblesses.

 


Ce texte commun est une bonne nouvelle

 

d’abord parce qu’il s’agit d’une réponse aux aspirations de la mobilisation massive et de très longue durée contre la réforme des retraites que veut imposer Macron et que cette réponse s’inscrit en faux contre la concertation en trompe-l’œil du gouvernement et de la CFDT.

Ensuite parce que cette plateforme propose d’instaurer des «garanties collectives » pour nos retraites :

-Le maintien d’un système par répartition et à prestations définies.

-Le rejet de la capitalisation même partielle

-Le calcul de la carrière sur les 25 meilleures années ou sur les six derniers mois.

-Le refus de l’âge pivot, aujourd’hui ou demain.

-La parité de niveau de vie entre les retraités et ceux qui travaillent.

-Une retraite minimum au niveau du SMIC.

-Des mesures de bonification envisagées pour les femmes, dès le premier enfant.

-La réaffirmation du financement de la retraite par la cotisation sociale.

C’est pourquoi la Gauche démocratique et sociale a signé cette plateforme.

Cette plateforme présente néanmoins plusieurs faiblesses.

 

S’il constitue un point d’appui pour la suite, ce texte est le fruit de compromis. Il aurait gagné à être davantage à la hauteur des revendications exprimées dans le mouvement social.

-La plateforme n’affirme pas explicitement qu’en cas de victoire de la gauche et des écologistes en 2022, la réforme d’Emmanuel Macron serait abrogée, si elle avait été votée.

-La plateforme commune ne répond pas aux aspirations des salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP, industries électriques et gazières, Opéra de Paris ; égoutiers…) qui sont, pourtant, le fer de lance de la mobilisation. Dans le système actuel, la réponse à la pénibilité du travail est triple : la possibilité de partir plus tôt en retraite dans les régimes spéciaux, la possibilité d’une retraite avant l’âge légal pour les catégories actives de la fonction publique (les égoutiers, les aides-soignants, les infirmières catégorie B…), le compte individuel de pénibilité dans le secteur privé. Ce compte, individualisé,  est un « emplâtre sur une jambe de bois » : un parcours du combattant pour le salarié, une « usine à gaz » pour l’employeur. La réforme de Macron essaie d’imposer un alignement vers le bas de la prise en compte de la pénibilité en imposant aux trois secteurs le compte pénibilité, réduit à six facteur au lieu des 10 fixée par la loi Touraine en 2014. La plateforme commune propose de revenir à ces 10 facteurs pour les trois secteurs. Ce serait malheureusement, là encore, un autre « cataplasme sur une jambe de bois » et un nivellement vers le bas pour les régimes spéciaux et les catégories actives de la Fonction publique. Ces régimes et ces catégories ne doivent, pourtant, en aucun cas, passer à la trappe.

-La plateforme affirme, à juste titre, que doit être garanti un droit à la retraite en bonne santé. Or, l’espérance de vie sans incapacité est aujourd’hui de 64,5 ans chez les femmes et de 63,4 ans chez les hommes. Cette réalité devrait donc être incompatible avec une autre affirmation de la plateforme : la priorité donné à l’emploi des seniors de 55 à 64 ans. Non seulement ce serait revenir sur l’âge légal actuel de la retraite (62 ans) mais ce ne serait pas tenir compte du chômage des jeunes, en mettant ces derniers en concurrence avec les seniors, entre 60 et 64 ans, pour trouver un emploi.

-La plateforme commune ne prend pas en compte la nécessité de revenir sur les réformes des retraites imposées aux salariés en 1993, 2003, 2010 2014, et notamment de revenir à la retraite à 60 ans et à 40 années de cotisation.

-La plateforme commune considère la retraite comme un « revenu socialisé du travail » mais n’en tire pas toutes les conséquences. Si ces dernières étaient tirées, la gestion de la sécurité sociale devrait revenir aux représentants des ayants-droits, élus selon le principe « un être humain, une voix ». Si ce n’est pas le cas, soit l’État mettra  la main sur ce revenu socialisé (c’est l’un des objectifs de la réforme Macron), soit le « paritarisme » donnera la majorité à une coalition MEDEF-CFDT.

(*) Ensemble, Europe écologie les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération.s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle Donne, Parti communiste français, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, Union des démocrates et écologistes.

 

 

Le vent se lève

 

Du fond du restaurant où il trime, l’un des plongeurs sort fumer une cigarette. Il rencontre l’éboueur qui passe derrière sa benne,  ils taillent une petite bavette.  Je les vois de ma fenêtre, deux salariés de deux secteurs différents. Radio France est en grève, je descends promener mon petit chien, la serveuse s’est ajoutée au groupe, et aussi, un ingénieur de chez Renault techno centre, je le connais, il habite au dessus. Un grand bonjour matinal et un petit échange, c’est la vie de quartier, ordinaire. On parle retraite et on casse du sucre sur le dos du gouvernement. A nous quatre on est un Conseil d’état. J’imagine que le musicien de l’orchestre de l’Opéra de Paris, qui est voisin, ou que l’infirmière qui va venir tout à l’heure me faire une piqure, puissent se croiser aussi et je sais ce qu’ils en pensent.

C’est notre classe sociale, ceux qui font la réalité de ce pays. L’autre jour, c’est le boulanger lui-même qui m’a dit : « y’en a marre de ce Macron ». Ma fille RATP s’est fait de trop longs jours de grève. Et les profs de ma petite  fille s’y sont mis. Au bout de quarante-cinq jours, celles et ceux qui ne s’y intéressaient pas au début, ont percuté ce que ça veut dire une retraite calculée sur 43 ans de carrière au lieu des 25 meilleures années.

Le vent se lève : 70 % de l’opinion soutient les mobilisations même après 45 jours de grèves. Les mensonges lancinants de BFM, Cnews, LCI, France inter et Cie, ont échoué. 61 % demandent le RETRAIT du projet. Pourtant les sondeurs sont du côté de Macron, ils ne nous font pas de cadeau. Mais ça se sent, on a gagné la bataille de l’opinion. La vague est devant nous, et va déferler, maintenant sous une forme ou sous une autre. Si Macron résiste davantage, il va payer un prix encore plus fort que le retrait de son projet. Tous les Mai 68 ne se ressemblent pas, si on est en train de gagner, c’est parce que la majorité de notre corps social, des gardiens de musée aux avocats, adhère aux grévistes, même quand ceux-ci, faute de sous, sont obligés de faire pause dans la grève : c’était dans les sourires, le tonus et le nombre des manifestants du 24 janvier, où les chansons, les danses, la musique anti Macron fleurissaient.

 

« C’est la première fois qu’une refondation aussi profonde a lieu en dehors d’un temps de guerre ou de reconstruction« disait-il. Macron a tout fait : éborgner, tabasser, emprisonner. Il a érigé le mensonge permanent en apothéose. N’écrivait-il pas, dans son livre Révolution : « Après plus de vingt ans de réformes successives, le problème des retraites n’est plus un problème financier ». Et ne se contredit il pas en exigeant un « âge d’équilibre » (sans doute à 65 ou 67 ans) et une préalable « commission de financement » ?  Tout en abaissant les cotisations  sociales à 2,8 % au lieu de 28 % pour les hauts salaires de 120 000 à 329 000 euros, soit 3,7 milliards de cadeaux de plus aux riches patrons ?

 

Gérard Filoche

 

lisez l’Humanité dimanche, c’est ma chronique hebdomadaire depuis dix ans, N° 478

 

30 millions de salariés relais

Comme en Mai 68, les gardiens de musée se sont mis en grève à leur tour, bloquant l’entrée du Louvre par refus de la retraite par points qui ne « vise qu’à baisser pour tous le montant des pensions » : ils ont déclaré se faire « le relais » de la grève « des salariés d’autres secteurs ». C’est un beau « relais ». Ceux de l’Opéra de Paris ont donné des concerts publics à la Bastille, et des ballets, publics sur les marches de l’Opéra Garnier. Radio France tient une grève de 40 jours, et son orchestre a donné une prestation publique de soutien. Les avocats ont jeté leurs robes dans tous les prétoires de France,  les clercs de notaire, les pompiers ont combattu, comme les infirmiers et les kinésithérapeutes, les bibliothécaires et les égoutiers. Huit raffineries sont stoppées, et les réserves de pétrole du gouvernement ont diminué à partir du 11 décembre. Sept ports entiers sont bloqués et des secteurs comme l’aéronautique militaire de Clermont-Ferrand. Des secteurs du transport routier, de marchandises, de voyageurs interurbain, déménageurs, ambulances, transport de fonds et logistique, les personnels des autoroutes, ont participé bien que le gouvernement leur multiplie les concessions à part tout comme à la police, la gendarmerie, les militaires. Les secteurs de l’énergie-électricité ont multiplié coupures et gratuité. Les hôpitaux sont en grève larvée mais soutenue depuis plus de dix mois, avec la participation de centaines de milliers d’agents révoltés et 1200 praticiens de haut niveau ont démissionné. Les caisses de grève et les galas de soutien se développent, Les enseignants s’y sont mis avec des actions spectaculaires, y compris le début de paralysie du bac Blanquer. Nombre d’étudiants et lycéens, ont bloqué leurs établissements malgré la brutalité de la répression policière systématique. La RATP, c’est le plus grand mouvement depuis la création de l’entreprise en 1948. A l’ex SNCF, les cheminots sont des héros mais la grève n’est absolument pas réductible aux seuls blocages des transports : ses « relais » sont partout. Après les Ordonnances anti-travail de l’automne 2017, la longue mobilisation des cheminots du printemps 2018, les 15 mois de l’extraordinaire mobilisation des Gilets Jaunes (en dépit d’une répression brutale), avec décembre 2019 et janvier 2020, la lutte est devenue plus longue que Mai-juin 68.Macron se résume désormais à trois ans de paralysies successives du pays. Tout est en train de muter : nous sommes en pleine guerre sociale, de relais en relais, rien n’arrêtera plus les 30 millions de salariés. Les Gilets jaunes se sont « syndicalisés », et les syndicats se sont « gilets jaunarisés » : les luttes sont multiformes, étendues, croisées, persistantes, elles sont en train de se rendre invincibles.Gérard Filoche

 

Mémoire et mesures de pénibilité : de Sarkozy à Macron

 

 

Est ce que « la peine » se mesure ? Parce que si Macron ne veut pas de « pénibilité liée au travail », il se révèle alors bien pire que Sarkozy, qui, lui, avait tout de même essayé de la mesurer !

Si, si, rappelez-vous : le 20 juin 2010, Sarkozy estimait qu’un salarié, s’il avait un « taux d’incapacité de 20 % »  pourrait conserver la retraite à 60 ans. Il estimait que cela concernait 10 000 personnes sur 30 millions de salariés. En gros, ceux qui avaient les deux poumons remplis de poussière, la colonne vertébrale immobilisée, deux rotules cassées ou deux coudes et poignets paralysés par des TMS (troubles musculo-squelettiques).

Sarkozy voulut créer un collège d’experts capable d’évaluer sérieusement le degré d’usure des corps des humains et sélectionner ceux qui garderaient la retraite à 60 ans.

Puis, Sarkozy avait déclaré « entendre la rue » après les 2,7 millions de manifestants du 7 septembre 2010. Il avait abaissé le seuil : 10 % d’incapacité suffiraient : un seul poumon abimé, une seule rotule, un coude, et un poignet, la moitié de la colonne vertébrale paralysée, 30 000 salariés (sur 30 millions) pour pouvoir partir à 60 ans.

Le Figaro avait présenté cela comme une « avancée » et les médias : « Sarkozy faisait des concessions ». L’Elysée avait défini ladite pénibilité selon 3 critères :

- Le premier était la soumission au port de charges, avec des gestes et postures pénibles (mais on s’aperçut que cela visait, sans doute plus de 1 salarié sur 5, soit 5 millions. Pas 30 000 ! Les TMS constituent 85 % des maladies professionnelles !

- Le deuxième critère était l’exposition à des atmosphères cancérigènes, toxiques : mais là, si on sait qu’il y a 10 000 cancers d’origine professionnels reconnus en France, c’est une sous-estimation par rapport à l’Europe, le vrai chiffre est probablement entre 50 000 et 70 000. Et il y a 100 000 salariés mourants par l’amiante. Pas 30 000 !

- Le troisième critère était les horaires atypiques : travail de nuit, travail posté, cycles irréguliers. Là encore, c’était plus d’un salarié sur cinq : soit 5 millions !

Sarkozy avait alors décidé que ce serait les patrons qui présideraient des « commissions » qui trieraient non plus les 10 000 mais les  30 000 (lauréats ?) qui garderaient le droit de partir à 60 ans.

Et puis d’autres chiffrages étaient sortis de l’Elysée disant que « 5% », 1,5 million  de salariés étaient concernés par la pénibilité. Ce qui était encore faux : 100 % des salariés ont des risques au travail, y compris dans les bureaux, car ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme au temps de Zola, mais les accidents cardiaques et vasculaires, près de 180 000 par an, dont la moitié sont en lien avec le travail.

C’est pour ça, en fait, que Macron a décidé de ne pas « adorer » la « pénibilité  au travail », il a laissé tomber l’idée de Sarkozy. Avec lui, c’est plus net : auto, boulot, tombeau.

Et puis, sous la pression de la rue, à nouveau, Macron et Philippe rouvrent le dossier (avec la ferme intention de le ré-enterrer aussitôt que possible, avec la complicité active du patronat). Voilà qu’ils lancent  des études par métiers, et non plus par branche. En fermant 42   »régimes spéciaux », ils ouvrent 200 à 300 autres régimes spéciaux, pour des millions de travailleurs. Mais l’individualisation de la pénibilité, va être liée au corps et non plus à la tâche. Le diagnostic médical va monter en importance. Les commissions de contrôle et d’attribution vont se développer. Les aléas personnels vont l’emporter  sur les principes professionnels collectifs.

Encore que leur nouveau système bien moins universel que les précédents, va déboucher sur de nouvelles contradictions : n’ont ils pas accordé  le régime « spécial » dans la police, la gendarmerie, l’armée, non seulement aux agents de terrain, mais aussi aux administratifs ?

 

Gérard Filoche

 

la Sécu nous protège encore…

 

Au boulot n° 478

 

Pénibilité à l’hôpital

 

N’ayez pas d’embolie pulmonaire de façon générale, c’est trop risqué. On dit beaucoup de mal de ce genre d’épisode qui ne vous prévient pas. Mais si ca vous arrive un samedi 4 janvier à 13 h 30 brutalement  sachez en perdant connaissance que même un début de week-end, période de vacances scolaire et au 32° jour de grève généralisée, Macron n’a encore tout cassé dans notre beau pays :  les pompiers par ailleurs grévistes, arrivent à votre étage en 5 minutes. Ils vous relèvent de votre position latérale de sécurité, ils vous mettent de l’oxygène, font un électrocardiogramme en liaison déjà avec l’hôpital, ils vous descendent les escaliers en fauteuil roulant et vous transportent en direct à Cochin, bravant tous les embouteillages. Ce sont trois jeunes pompiers 22, 23, 28 ans professionnels et efficaces.

A l’hôpital aux urgences tout est nickel grâce à un personnel remarquable qui fait face calmement aux sollicitations de plusieurs dizaines de patients angoissés et stressés. Angiographie par scanner avec des brancardiers à gros bras pour vous emmener puis vous porter. La pénibilité physique on la voit là. «- Elle n’est pas reconnue » disent-ils. Ancien déménageur, il s’est pourtant « reconverti », façon Blanquer ou Pénicaud-Macron. Mais passé 50 ans, pousser les brancards et  soulever des corps devient aussi difficile. Comme tous leurs collègues des services ils sont en grève depuis huit mois mais Macron s’en moque bien.

Le scan rend vite son verdict il informe que vous êtes dans un grand « intermédiaire » entre le retour au bien être et un mal être définitif : alors là tout s’agite, on vous conduit avec diligence dans une salle de réanimation aux moyens techniques impressionnants et vous vous retrouvez équipé, branché, câblé, à tous les niveaux. Trois internes qui font 80 h de travail. Trois infirmières jeunes autour de 30 ans et qui font des nuits de 12 h. Des aides-soignants qui font les tâches plus ingrates tout autour, vous êtes surveillés nuit et jour, calculés, mesurés, au millimètre tout est organisé en détail professionnellement. On vous sauve la vie. Et ils étudient comment vous devrez faire ensuite quand tous les examens oxygène sang veines Doppler échographie, sont effectués. Quel niveau précis d’anticoagulant ? Quel taux d’oxygène ?

Vous n’avez pas à sortir de chéquier, les cotisations sociales salariales et patronales vous protègent. 67 millions de résidents français doivent la vie à ce système que Macron veut casser : un budget à part, pré affecté de 504 + 314 = 818 milliards ! Les 30 millions de salariés s’ils s’unissent dans les grèves et manifestations doivent et peuvent sauver ce magnifique système de santé et de retraites mutualisé par la « grande Sécu »

 

Gérard Filoche.

chronique hebdomadaire n° 476   (10° année) dans l’Humanité Dimanche

Envoyé de mon iPhone

Au début, avant le 3 janvier 1979, il n’y avait pas de CDD. Et puis le 18 décembre 2019 Macron et Pénicaud se sont lâchés

 

 

Il y a 40 ans….

avant on vous embauchait en CDI, et le patron savait ce qu’il faisait,  il avait son plan de développement. Il avait besoin de quelqu’un, il s’arrangeait pour le garder, et si ça ne marchait pas, il licenciait avec motif. Dans un licenciement, le motif, c’est important, on ne fait pas n’importe quoi avec des humains, si on ne peut absolument pas garder le salarié, on écrit ce qui ne va pas dans la production dont il est un des éléments essentiels. C’est contrôlable et contestable (convention n°158 de l’OIT).

Et puis, il y a 40 ans, le 3 janvier 1979, une loi permit qu’au lieu de motiver la rupture de son contrat au salarié, le patron n’ait plus qu’à motiver la raison pour laquelle, il prend celui-ci « à durée déterminée ». C’était un CDD devenu inhumain, d’application mécanique. Le patron gagnait le droit à ne pas faire d’effort pour vous garder, vous insérer durablement : son plan de production était autorisé à prévoir des « temps courts » d’humains au travail. Avec licenciement mécanique sans motif à la fin. Vous n’étiez plus une « vie » au travail mais une « pièce » dans le travail.

Depuis, les employeurs paresseux  se sont laissés aller à la solution de facilité : de plus en plus de CDD à tous prix.

Quelques lois ont d’abord essayé d’empêcher les abus. Il fut interdit de prendre des CDD sur un poste durable. Il devint obligatoire d’écrire le motif du CDD, soit pour le remplacement d’un salarié absent, soit pour un surcroit temporaire d’activité.

Les patrons n’aimaient pas : car un contrat non motivé était « requalifié» en CDI.

Les employeurs ont exigé des CDD « saisonniers, » des CDD « d’usage constant » (sic), des  CDD « de mission » (à la tâche), de « chantiers ». Puis les gouvernements ont eux mêmes créé des CDD « de senior », des CDD « d’insertion », des CDD « d’avenir », des CDD « Jeunes ».

Il fallut limiter la durée des CDD : un an, dix huit mois, préciser que le CDD devait être payé comme un CDI, imposer un formalisme : le CDD devait être impérativement écrit dans les premières 48 h, avec motif et  terme. Puis il fallut limiter le renouvellement des CDD : pas plus de deux avec un délai de carence égal au tiers du temps du premier CDD séparant la fin de celui-ci du début du second.

Manuel Valls est allé plus loin : il a autorisé trois CDD de suite,  jusqu’à 18 mois de tranche de vie en travail précaire ! 84,2% des embauches, hors intérim, se sont alors faites en CDD, un record.

Il a fallu taxer les CDD (10 % d’ IPE indemnité de précarité d’emplois, puis 15 %). Rien n’y fait : les employeurs utilisent de plus en plus des CDD, de plus en plus courts !

Alors Macron-Pénicaud viennent de se lâcher : il ont signé en décret du 18 décembre 2019 un « CDD unique multi-remplacement » remplaçant plusieurs salariés sur plusieurs postes différents de la même entreprise !

Que personne ne dise que c’est « l’Union européenne qui leur impose » : Angela Merkel, elle, a fixé un quota limité à 2,5 % de précaires par entreprise de plus de 300 salariés !

 

Gérard Filoche

 

l’horreur économique de Macron…. vue d’Angleterre

Marie-Christine Aragon envoi du 26 décembre, 19:25 ·

 

 

La réforme des retraites vue d’Angleterre par The Guardian… journal de centre gauche (pas d’extrême gauche, donc…) »

 

 

Emmanuel Macron a lancé un projet de réforme qui constituerait la plus profonde refonte du système de retraites français depuis sa création, dans l’après-guerre. Le gouvernement a défendu ses ambitions dans un langage jacobin, s’engageant à mettre en œuvre un “système universel”, où tout le monde serait traité de façon égalitaire. En oubliant de préciser que ce serait au prix d’une dégradation de la qualité des prestations.Certes, il est probable que les réformes de Macron permettront de faire des économies. Avec le système actuel, les pouvoirs publics sont confrontés à un déficit du régime de retraite qui devrait atteindre entre 8 et 17 milliards d’euros d’ici à 2025. Mais ces mesures porteraient un coup très dur à l’un des meilleurs systèmes de retraite du monde. En France, seulement 7 % des personnes âgées sont menacées de pauvreté. C’est le taux le plus faible de toute l’Union européenne, bien en dessous des 19 % du Royaume-Uni et de l’Allemagne. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’espérance de vie en France est légèrement plus élevée que dans ces deux derniers pays. Un tel système doit être préservé et développé, non pas écorné.Des sacrifices demandés au Français moyen

Ce n’est pas la première fois que Macron tente de rogner sur l’État-providence. Depuis son investiture en 2017, le président a également réduit les allocations de chômage et simplifié la procédure de licenciement pour les entreprises, tout en comprimant les coûts des services publics.Parallèlement, il a remplacé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui s’appliquait à tous les contribuables détenant un patrimoine supérieur à 1,3 million d’euros, par un impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui frappe les biens immobiliers dépassant ce seuil. Comme les “gilets jaunes” l’ont exprimé avec force, le Français moyen est de plus en plus obligé de faire des sacrifices, tandis que les nantis reçoivent des cadeaux du gouvernement.S’il y a un fil conducteur des réformes de Macron, c’est cette idée que la France doit devenir plus attrayante pour les entreprises. Cela a toujours été l’obsession du principal syndicat patronal de France, le Mouvement des entreprises de France (Medef). Tout a commencé dans les années 1980, quand les voisins de la France ont adopté des réformes favorables aux entreprises à un rythme bien plus soutenu. Regrettant de n’avoir jamais eu un Reagan ou une Thatcher, les élites patronales françaises ont désormais le sentiment que leur pays est économiquement à la traîne, qu’il y a trop de paperasse, que le droit du travail privilégie les salariés, que les dépenses de l’État laissent le secteur privé sur la touche. Le système de retraite est emblématique de ces frustrations : là où les retraités voient des prestations bien méritées, les patrons et les réformateurs voient un dinosaure coûteux, alimenté par les charges sociales.Une réussite incomparable qui doit être préservéeOn a du mal à avoir de la sympathie pour ces geignards.

Car enfin, la France est encore la sixième économie de la planète, et les riches n’ont aucun mal à y gagner de l’argent. L’Hexagone compte plus de 40 milliardaires ; l’année dernière, les sociétés françaises ont distribué plus de dividendes à leurs actionnaires que celles de n’importe quel autre pays de l’Europe continentale.Plus important encore, la France peut s’enorgueillir de posséder l’un des meilleurs États-providence du monde. C’est la principale raison pour laquelle le pays affiche un taux de pauvreté plus faible que ses partenaires américain, britannique et allemand, souvent idéalisés. Ce filet de sécurité a aussi permis d’amortir le choc de la dernière crise économique. Une leçon que le gouvernement Macron ferait bien de retenir, à l’heure où l’économie mondiale connaît un ralentissement.Les manifestants français sont tournés en dérision. Accusés d’irréalisme, ils se voient reprocher de défendre un modèle dépassé. En fait, ce qui est vraiment dépassé en 2019, c’est cette volonté de Macron de tailler dans un système social efficace, très apprécié des Français. Il suffit de voir dans quel état sont les pays vers lesquels les entreprises françaises lorgnent si amoureusement. Sur le papier, le Royaume-Uni et les États-Unis sont peut-être plus compétitifs que la France, mais à quel prix ? Peut-on vraiment dire que les réformes néolibérales en ont fait des pays où l’on vit mieux ?L’État-providence de la France est une réussite incomparable qui doit être préservée, et non pas vidée de sa substance à des fins d’économies.

« Cole Stanglerwww.courrierinternational.com/…/opinion-macron-sabote-letat…