Préjudice d’anxiété

 

 

Qu’est ce que le « préjudice d’anxiété » ? Il est nécessaire d’y revenir vu l’importance qu’il a prit.

La loi du 23 décembre 1998, rendait possible un « départ à la retraite anticipée pour les salariés exposés à l’amiante » même lorsqu’ils n’ont pas développée de maladie.  En effet, asbestose, mésothéliome ou cancer de la plèvre peuvent attendre de longues années avant de se manifester. Parfois il est très tard pour se soigner et trop tard pour se plaindre car les procédures sont longues et vous êtes décédé avant d’avoir obtenu « réparation » ! (Ainsi que nous l’avons vu avec les verriers de Givors).

En 2010, la Cour de cassation, a reconnu le droit pour les salariés d’un établissement classé « amianté » selon l’article 41, de demander réparation d’un préjudice tenant à « l’inquiétude permanente » dans laquelle les plonge le risquede développer l’une des maladies liées à l’amiante.

En 2017, la Cour de cassation a limité le champ : pour que les plaintes prospèrent, il fallait  que  l’établissement soit classé « article 41 ».

Mais entre 1995 et 2009, l’Institut de veille sanitaire estime entre 61 000 et 118 000 morts, et d’ici 2050, entre 68 000 et 100 000 morts. Les procédures engagées par des salariés sont donc devenues de plus en plus nombreuses.

La Cour de cassation a opéré un revirement de jurisprudence,  le 5 avril 2019 : même s’il n’a pas travaillé dans un des établissements mentionnés à l’article 41, un salarié exposé à l’amiante et ayant, de ce fait,  « risqué » de développer une maladie grave, peut demander la réparation d’un préjudice d’anxiété sur le fondement du droit commun régissant l’obligation de sécurité de l’employeur, s’il apporte la preuve qu’elle n’a pas été respectée.

Bravo !  Mille fois bravo !

Pourquoi ce sain principe de « préjudice d’anxiété » reste t il dans un champ limité ?  D’autres risques graves sont en cause. Le préjudice d’anxiété frappe 6 millions de chômeurs et 15 000 chômeurs par an en meurent. L’espérance de vie de la profession des égoutiers est en moyenne de 58 ans. L’espérance de vie d’un ouvrier est en moyenne de 9 ans de moins qu’un cadre. L’espérance de vie en bonne santé est autour de 63 ans et elle baisse.

Sont frappés du préjudice d’anxiété tous ceux, qui, en écoutant Macron, ne sont plus surs de partir à 62 ans ni du nombre d’annuités exigées risquent de perdre leur retraite, désindexée de façon aléatoire un an sur deux, ou transformée en « points » de niveaux fluctuants.

Hors loi de 1998 et article 41, à lui seul, le discours de Macron nous insécurise dans une inquiétude permanenteet généralise le principe d’anxiété. Agissons pour obtenir réparation avant qu’il ne soit trop tard.

 

Gérard Filoche

 

lire l’humanité-dimanche chaque semaine

 

 

Après Macron, 6 mois de blabla, 150 h de télé, tout ça pour ça…

 

Six mois de manifestations du magnifique mouvement des gilets jaunes,  cinq mois de débat et d’agitation de Macron, 150 h monopolisées de télévision, une conférence de presse et tout ça pour ça ! Il ne prononce même pas le mot salaire.

 

Il est contraint de parler uniquement à cause de la force des gilets jaunes et il les méprise, il ne leur répond sur rien : ni sur les salaires, ni sur les retraites, ni sur les minimas sociaux, ni sur les services publics, ni sur l’ISF, ni sur la justice fiscale, ni sur les inégalités, ni sur le carburant et les transports, ni sur le RIC, pas même sur le vote blanc.

 

Pourtant son langage est  raboté, son ambition bien diminuée : « je peux mieux faire ». Il est dans un tourbillon et il godille. Il connait pas le pays, comme dirait Ruffin. Il parle des « plis de la société » des « angles morts », de « l’épaisseur humaine », et de « la boule au ventre » des « femmes isolées », de la « collectivité d’individus ». Mais pas des classes sociales.

 

Ou alors il évoque « les classes moyennes » qui n’existent pas, il y met un  « s » tellement il ne sait pas les définir mais il veut faire savoir qu’il les aime infiniment plus que le salariat.  Il ment sur tout : « – On ne travaille pas assez » et ne peut plus afficher de but clair : « à quel âge la retraite ? » Il enfouit « le projet » de son livre « Révolution » : obligé, par le rapport de force qui lui est devenu défavorable,  de masquer ses objectifs initiaux, d’ubérisation, de France start up, de société  post salariale, sans statut, ni droit ni loi du travail.

 

Les questions de journalistes, triés et invités, sont douces : « Comment va le président ? » Aucun ne demande « comment vont les 610 blessés graves  (dont 260 blessures à la tête, 23 éborgnés, 5 mains arrachées), les 4570 Gardes à vue, les 3747 condamnations, les 697 comparutions immédiates, les 216 personnes emprisonnés, les plus de 12 000 arrestations).

Tout le monde sait bien qu’il a quand même pris des coups de pieds au derrière de la part de millions de salariés y compris de ses électeurs. Démission ! Dehors ! Dissous ! « Un manque de confiance aussi, dans les élites, toutes les élites, votre serviteur au premier chef… »  8 millions de téléspectateurs jeudi 25 avril au lieu de 23 millions de 10 décembre dernier. Effet pschitt : il ne veut rien leur dire de ce qu’ils attendent donc des millions de français n’attendent plus rien de lui. L’explosion sociale menace.

 

Les premiers de cordée ?

 

Il nie que la corde soit cassée entre ceux d’en haut et les derniers de corvée d’en bas. Tout le monde en rit, car chacun sait que rien ne ruisselle, les riches veulent toujours être plus riches, les exploiteurs plus exploiteurs, l’élite se goinfre avec le patronat cupide. Y a qu’a regarder le « premier de cordée » Carlos Ghosn, il s’est goinfré de 11 millions de dépenses personnelles sur le compte de Renault et de Nissan, en plus de 600 Smic qu’il se payait à l’année. Ca ne ruisselle pas, ils pompent, ils pompent, ils pompent. « Y’a pas d’argent caché, ni de trésor magique, » radote Macron : mais si ! On a vu un milliard sortir en une nuit pour  Notre Dame de Paris, jamais on a vu ça pour les misérables !

Il suffit de regarder la fraude fiscale 100 milliards, l’optimisation fiscale, 100 milliards, 57 milliards de dividendes, ca rapporte plus de spéculer avec 600 milliards d’avoirs français loin dans les paradis fiscaux, plutôt que d’embaucher ici, d’investir.

 

 

 

 

L’impôt ?

« Les vrais inégalités ne sont pas fiscales » Donc il ne propose pas de traquer la fraude et l’optimisation fiscale.

L’ISF, il botte en touche avec mépris, sans aucun argument (il faut bien qu’il tienne sa parole et rembourse ses commanditaires qui lui ont donné 16 millions d’euros pour se faire élire).

Il feint de dire qu’il y en a trop d’impôt. Alors qu’il n’y en pas assez : « déficits » et « dettes » viennent de là. Si tout va mal c’est parce qu’ils ont considérablement baissé l’impôt progressif sur le revenu IR (77 milliards) et l’impôt sur les sociétés IS (59,7 milliards).

On n’a pas un problème de dette mais un problème de recettes.  Ca va s’aggraver.

Un peu plus de 50 % des 37, 4 millions de foyers fiscaux sont actuellement imposés : soit 17 millions de contribuables. En-dessous ce sont les plus pauvres.

L’IR « progressif » ne rapporte que 77 milliards selon les chiffres 2015 de la DGFiP,  la part des foyers imposables est tombée à 42,8 %. En trois ans, le chiffre a reculé de près de 10 points par suite de baisses précédentes de l’IR. Macron, semble donc vouloir encore baisser les impôts sur le revenu des 15 millions de foyers fiscaux restants, chacun de 300 euros en moins : cela veut dire que même la tranche élevée de revenu entre 217 519 euros et 73 779 euros en bénéficierait.

Ces 5 milliards vont surtout être « cadeaux » à ceux qui n’en ont pas besoin.

Le problème des inégalités devant l’impôt va s’accroitre car le principal impôt, la TVA (190 milliards) est payé de façon injuste, proportionnelle, par tous,  y compris les pauvres. 100 % des contribuables paient ces 190 milliards de TVA, soit 66 % de l’impôt, Macron ne veut pas baisser la TVA.  Les 20 millions les plus pauvres n’auront rien.

 

Le niveau des retraites :

 

C’est Macron qui a haussé la CSG et les a désindexé de l’inflation. Il feint de mettre un terme à cette turpitude qui vient de lui, en 2020 et 2021, en pillant au passage et d’ici là, plus de 3 milliards à tous les retraités. Il parle d’une retraite à 1000 euros, mais déjà 50 % des 17 millions de retraites sont à ce niveau tristement bas. Par contre il continue de menacer de son « système de retraite par points » que nul ne réclame parce que justement cela lui permettrait à l’avenir de faire baisser les retraites à son gré, comme il vient de le faire de 2017 à 2021.

 

L’âge de la retraite :


Il déploie tout l’art de l’hypocrisie, ne repoussant pas formellement l’âge de départ de 62 ans (déjà trop élevé) mais laissant courir le nombre d’annuités exigées pour partir avec un niveau de retraite décent. Il dit qu’on « vit plus vieux » mais veut ignorer que l’espérance de vie en bonne santé recule de 64 vers 62 ans parce qu’on s’use déjà trop au travail. Il reconnait que les gens n’arrivent pas à continuer de travailler à partir de 55 ans, ce qui est contradictoire, ils sont au chômage à la place de la retraite et les jeunes n’ont pas de boulot, ca devrait militer pour le retour à 60 ans, et à 55 ans dans les métiers pénibles, mais Macron n’aime pas le mot « pénibilité » pas plus que le mot « retraités ».

Travailler plus ?

 

Sur la vie, donc. Sur la semaine, il n’ose pas aller jusqu’au bout, mais les 35 h ne sont plus qu’une référence légale, le taux des heures supp’ peut être abaissé jusqu’à 10 %, il est possible d’en faire sans limite puisque la durée maxima de 48 h est devenue dépassable jusqu’à 60 h par accords, sans autorisation préalable de l’inspection du travail.

 

Elles sont payées par les salariés eux mêmes avec nos impôts, et sans cotisations sociales – à la place des patrons.  Hors la France est au 6° rang de l’UE en matière de durée réelle du travail et elle a le plus fort taux de productivité au monde par heure. Aucune raison de « travailler plus » sans « gagner plus » mais il a menacé quand meme d’un jour férié en moins…

 

La « prime Macron » ?

 

D’abord elle mérite d’être appelée « prime gilet jaune ». Mais elle est limitée, aléatoire, sans cotisation sociale, ce n’est pas du salaire. Or les gilets jaunes n’ont cessé de le redire, et les syndicats aussi : on veut du salaire, pas d’aides, d’aumônes, ni de primes, mais du salaire pour payer décemment notre travail.  Travail et salaire ! Mais non, tout le fond de la politique de Macron est de baisser le cout du salaire et d’offrir des marges plus importantes aux capitalistes, aux actionnaires et à leurs dividendes.

 

Chômage de masse :

 

Pas un mot, ou plutôt il laisse entendre de façon inouïe qu’on est déjà au plein emploi,  ce qui est la pire insulte faite aux 6 millions de chômeurs, pour lui ce sont des « rien » laissés pour compte, rayés de la carte, dont il abaisse les indemnités et rend difficile de les toucher, pour lui les chômeurs sont comme les retraités, c’est à dire, ne sont pas productifs, tant pis pour eux, il n’est « pas là pour défendre les jobs existants ».  Pourtant avoir 6 millions de salariés qui font 60 h et 6 millions de chômeurs qui font 0 heure, c’est un gâchis productif incalculable dans notre société !

Le chômage ne baisse pas, il fait seulement baisser les statistiques : Macron refuse le partage du travail et des richesses, c’est le choix d’une société fracturée, explosive, et donc qu’il faut  réprimer brutalement, ce qu’il fait.

 

Maisons de service au public :

 

Il y en aurait 1300 qui fonctionnent. Il dit « une par canton » : il existe 4055 cantons (en moyenne 150 par régions, 40 par départements). Une façon de reconnaitre les méfaits des politiques destructrices des services publics suivies depuis des décennies : mais c’est sa politique qui a cassé les transports Sncf, et les petites lignes, mis en place les « cars Macron » qui font faillite, diminué écoles et hôpitaux, administrations et services, marginalisé les maires, supprimé les emplois « aidés ».

Alors il va rebâtir cela ? Avec quels moyens, en baissant les impôts ? Qui va payer ? Les collectivités ? Faire appel au privé ?

 

Moratoire sur les hôpitaux ?

Heureusement, car c’est la tragédie, ils sont à l’os. Au contraire d’un moratoire, il faut recruter en masse dans les services hospitaliers.

Ecole : classes de 24 ? On parlait de 12 pour éviter les décrocheurs ? Et si c’est avec 2500 professeurs en moins et la suppression de la culture générale dans les LEP, c’est mauvais signe.

Il semble lâcher sur les 120 000 fonctionnaires en moins, mais sans autre précision ce qui n’est pas rassurant sur le statut,  ni les salaires alors qu’il y a déjà 20 % de précaires dans la FP.

 

Institutions : il veut renforcer la V° surtout pas une VI°

 

Il veut toujours sa réforme institutionnelle, cet été, à l’américaine, des régions plus fortes morcelant le pays, des transferts de compétences, des différenciations territoriales, selon les besoins du capital : pourquoi pas différents smic ou des codes du travail différents ?

 

Il veut aussi 25 à 30 % de députés en moins, ce qui les rendra plus puissants moins accessibles aux électeurs, mais plus liés au pouvoir personnel présidentiel encore plus centralisé et moins démocratique. Pour faire passer cela il accorde une proportionnelle très limitée à 20 %.

 

Rejet du vote blanc, rejet du RIC, un RIP inatteignable, Macron c’est Jupiter ou Lucifer mais pas un démocrate. Un « conseil de participation citoyenne » ? avec 150 tirés au sort ? « un « droit d’interpellation des individus » (sic ! 200 à 300 000 gilets jaunes l’interpellent chaque samedi depuis 6 mois !) Fin « des grands corps » ? Remplacés par quoi ? (les « Young leaders ?)  et « un conseil de défense écologique » : y’en a déjà des dizaines, un de plus !

 

Immigrés :

 

Là, il se lâche, c’est lui qui tient à traiter ce sujet, dont personne d’autre n’a parlé, mais il est en concurrence directe avec le Pen. Alors il en rajoute, la traque contre l’islamisme politique, contre les « passeurs » (lui qui a rejeté les passagers de l’Aquarus et aide les garde chiourmes libyens à esclavagiser les migrants). Pour un « patriotisme ouvert il faut avoir des limites ». Frontières fermées, mais « patriotisme inclusif » : « travailleurs détachés » à condition qu’ils soient discriminés surexploites et sous payés. Il est sur le terrain de Salvini et de Orban pour tenter de gagner l’électorat de RN : ce faisant il est de plus en plus proche, et pareillement dans la politique autoritaire de l’état, il est le marchepied de Le Pen.

 

 

Au total :

 

Une conférence de presse d’un personnage manœuvrier mais empêtré, isolé entre les mains de l’oligarchie, mais haïssable pour son fanatisme ordo-libéral, il est atteint mais toujours dangereux.

Il n’a pas compris l’essentiel : nous voulons le recul des inégalités, la redistribution des immenses richesses et nous l’imposerons, avec les gilets jaunes, tous les syndicats, et la gauche de ce pays, quand elle va réussir à se réunir et à se reconstruire en pouvoir alternatif. Le programme nous l’avons, l’unité nous l’aurons.

 

 

 

 

L’unite de la gauche, la FI, Jean Luc Mélenchon : un pas dans le bon sens Concrétisons vite

Mercredi 24 avril, dans une interview à Libération, Jean-Luc Mélenchon a fait ce que nous estimons être un pas dans la bonne direction : il a proposé la création d’une fédération populaire voulant rassembler toute la gauche.

Nous accueillons favorablement cette ouverture de la part du dirigeant de LFI. Cela fait bien longtemps que la GDS se bat pour l’unité de la gauche : pour des primaires de toute la gauche en 2016-17, pour l’unité Mélenchon-Hamon-Jadot aux présidentielles, pour l’unité en soutien au mouvement social et pour la constitution d’une maison commune de toute la gauche suite à la débâcle de 2017. Encore le 9 avril dernier, notre porte-parole Gérard Filoche signait une lettre adressée à tou.tes les dirigeant.es de la gauche pour proposer une démarche commune pour les européennes.

Bien entendu, il existe des divergences, des rancœurs et des arrière-pensées qui constituent des obstacles à l’unité. Il en a toujours été ainsi à gauche et il y a toujours eu une solution éprouvée : le débat transparent sans préalable pour constituer un socle programmatique commun en s’appuyant sur ce qui réunit et en écartant autant que possible ce qui divise.

Or, comme le constate Jean-Luc Mélenchon lui-même dans son interview à Libération, aujourd’hui ce qui réunit domine largement. Neuf-dixième du temps, dit-il, les députés des trois groupes de gauche à l’Assemble Nationale votent dans le même sens. Toutes les listes de gauche aux européennes disent vouloir changer les traités européens, mettre fin à l’austérité et accueillir dignement les migrants. Tous les partis de gauche s’opposent à la politique économique et sociale de Macron et à son virage autoritaire. Tous les partis de gauche sont pour lier les enjeux sociaux aux enjeux du climat et de l’écologie. Voici de bases pour discuter. Ne cherchons pas des obstacles sur le chemin de l’unité: untel propose son programme comme base de discussion, un autre telle clarification sur l’Europe ; ces préalables nuisent à la construction d’une dynamique vertueuse.

Et ne remettons pas cela à plus tard.  Rencontrons-nous dès maintenant. Il ne suffit plus de se dire pour l’unité, il faut le démontrer.

 

communique au nom de GDS  www.gds-ds.org

 

Vient de paraître l’excellent revue mensuelle D&S, N°264 (27° année), la plus expérimentée, la plus opiniâtre, la meilleure au coeur de la gauche, la plus rigoureuse, la plus militante, la plus unitaire

pour un comite de liaison de toute la gauche et le meilleur programme possible

 

Tous les samedis le pouvoir réprime plutôt que de répondre sur le fond aux revendications.

1 décès, 611 blessés dont 260 blessures à la tête, 23 éborgnés, 5 mains arrachées, 4570 Gardes à vue, 3747 condamnations, 697 comparutions immédiates, 216 personnes emprisonnés, plus de 12 000 arrestations !  Et il faut ajouter à cela une campagne de dénigrement, de calomnies, d’insultes sans précédent, un rédacteur en chef allant jusqu’à les traiter les gilets jaunes  de « vermines »

…Des journalistes sont visés à Paris, à Toulouse. Les sociétés de journalistes s’en émeuvent, le secrétaire du SNJ (syndicat national des journalistes) explique : « On a rarement vu une telle répression contre les journalistes dans notre pays » (1).

Dans sa « non-allocution », intervention annulée du fait de l’incendie de Notre-Dame, Macron ne répondait pas à l’exigence de justice sociale et fiscale qui secoue le pays depuis plus de 5 mois : aucune augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux ! Pire, il en appelait à travailler davantage. Et voilà que depuis une semaine, les responsables macronistes reprennent les uns après les autres une vieille obsession patronale : augmenter le temps de travail sans augmenter les salaires !

Travailler mieux, moins, tous et gagner plus :

Les salariés travaillent ici autant que dans les autres pays d’Europe, n’ont pas plus de congés ou de fériés qu’ailleurs. Leurs durées réelles du travail ne sont pas plus basses. Ils sont meme les plus productifs au monde. Macron aujourd’hui comme Sarkozy hier se moquent de nous. Ce qui compte pour eux, c’est d’aider les grandes entreprises à maximiser leurs profits et museler la combativité des salariés.

Le 23 avril 1919, une loi légalisait les 8 heures de travail par jour. Aujourd’hui, avec la hausse constante de la productivité du travail, ce sont les 32 heures par semaine qui devraient être d’actualité pour donner du travail à toutes et tous, et en finir avec les temps partiels imposés. Le 1er Mai et toutes les mobilisations sociales à venir seront l’occasion de le rappeler. L’heure est au partage du travail et des immenses richesses pas à l’accumulation des fortunes ni à l’austérité avant un « ruissellement » qui ne viendra jamais.

Créer les conditions d’un sursaut

La magnifique mobilisation des gilets jaunes, et les luttes, nombreuses, se heurtent à un pouvoir politique intransigeant. Sans perspective concrète et immédiate d’alternative majoritaire, la dispersion des forces de gauche amène, selon les sondages actuels pour les européennes, à ce que trois listes de droite soient en tête : LREM, RN, LR ! Les électeurs de gauche sont désemparés, beaucoup risquent de s’abstenir. Pour ces électeurs, tous les responsables des différentes formations sont peu ou prou responsables de cette situation. Nul n’en sortira grandi ! Toutes les postures, arrière-pensées et manœuvres d’appareil ne peuvent que paraître dérisoires dans la situation actuelle.

Conscients de cette situation, les militant.e.s du réseau de la Gauche démocratique et sociale (GDS) se battent pour le rassemblement de la gauche quel que soit le nom qu’on lui donne : comité de liaison, confédération, fédération, front, union…Toute proposition dans ce sens est la bienvenue. Cela fait des mois que nous, GDS,  proposons à FI, PG, PCF, EELV, Générations, PS, NPA, LO de travailler en commun. Et de le faire savoir par des actions communes.

Une partie d’EELV déclare s’éloigner à la fois de la droite et de la gauche, une autre partie reste ancrée à gauche. Le PCF est favorable à l’unité mais donne la priorité à assumer son identité. Générations parle d’unité mais se présente seul. Le PS n’est pas clair sur ses choix ni sur le rejet du bilan d’Hollande et l’association avec Glucksman, et Nouvelle Donne. LO refuse. Le NPA refuse tout en cherchant positivement les terrains d’unité d’action. Le leader de FI vient de proposer une « fédération populaire », oui bravo, ca semble un pas en avant, mais c’est présenté par-dessus et en dehors de tous les autres tout en refusant la notion de « gauche » tandis que le PG, Parti de gauche est… à gauche.

Combien de temps ca va durer ainsi ? Les salariés, les citoyens sont unitaires de façon massive. Cette unité peut passer de façon dynamique par dessus les partis, associations et syndicats existants, mais… elle ne peut pas s’en passer. Pour qu’il y ait un front populaire il faut qu’il y ait Blum et Cachin sur la tribune. Pour qu’il y ait unité il faut les preuves que la division est dépassable.

Nul ne gagnera seul. Sans unité pas de victoire possible contre Macron. Avec l’unité la gauche serait en tête aux européennes et le combat pour les revendications des gilets jaunes serait renforcé.

Unité sans exclusive à gauche, il faut d’abord débattre des convergences sur les questions sociales et écologiques. Ne pas ignorer les divergences, mais ne jamais en faire un préalable pour mener des actions en commun sur ce qui est possible. Reconstruire le meilleur programme possible entre les forces concernées, un programme de transition qui ne soit ni social libéral ni gauchiste, un programme au cœur de la gauche pas à ses marges.

Ensemble le 1 er mai ! Ensemble pour construire un front uni permanent et préparer l’après-Macron.

(1)  https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/04/22/mobilisation-en-soutien-a-gaspard-glanz-defere-apres-une-interpellation-en-manifestation_5453511_1653578.html?fbclid=IwAR0Wn9CBoNZCzyRxB1Q15GhjggGGbmEIGYpjR1fvQmxtT-xPn6o6zB49SB8

 

 

 

la théorie du ruissellement ou des « premiers de cordée »

Monsieur Filoche,

 

Nous sommes étudiants en journalisme et réalisons une enquête sur l’utilisation du terme de « théorie du ruissellement » pour désigner la politique d’Emmanuel Macron. Nos recherches nous ont montré que vous aviez été le premier à employer ce terme pour parler de la politique d’Emmanuel Macron, alors qu’il était ministre de l’Economie. Nous souhaiterions vous poser quelques questions. Vous pouvez nous contacter par téléphone ou bien y répondre directement par mail si vous préférez.

 

  • Qu’est-ce que c’est pour vous la “théorie du ruissellement” ?

 

  • C’est la plus vieille et la plus pitoyable des théories de l’élitisme. Rien de nouveau, c’est celle qui consiste à penser que le salut de ceux d’en bas vient de ceux qui sont en haut de l’échelle sociale. On doit tout à « Notre bon maitre » « ! Ca consiste à mettre en œuvre l’enrichissement des riches pour qu’ensuite ils distribuent leurs richesses accumulées en les faisant ultérieurement ruisseler sur les pauvres, sur les salariés, et sur les catégories intermédiaires. Sans riche point de salut : il faut commencer par enrichir ceux qui font « tourner la société » si l’on veut qu’ensuite la société se sortent de ses contradictions. Ce sont les vaillants « premiers de cordée » qui tirent la cordée, il faut les flatter, les encourager, les stimuler, pour qu’ils hissent le reste du monde sur les pentes périlleuses de la montagne. Plus il y a de richesses accumulées en haut, plus il y a de chances qu’elles ruissellent sur le petit peuple dans le besoin. Plus les entreprises sont « compétitives » plus les salariés recevront une part meilleure. Plus le capital fera de marges plus il y a de chances que le travail en reçoive une part en retour.
  • D’ou l’idée que c’est le capital qu’il faut abonder pas les salaires.  C’est une conception de la lutte de classe façon Warren Buffet. Ce sont les riches qui doivent la gagner. Il faut faire une politique de l’offre. C’est à dire donner toutes les clés, tous les moyens aux chefs des entreprises pas à ceux qui travaillent dans les entreprises. Récompenser les patrons et actionnaires les meilleurs pour qu’ils redonnent ensuite. D’ou l’allégement des impôts des multinationales, des grandes entreprises, les « crédits d’impôts » comme le CICE : donnez 40 milliards et ils embaucheront ou ne licencieront pas. D’ou la baisse du coût du travail : bloquer le salaire net, supprimer le salaire brut et super-brut, les cotisations sociales, pour que les marges soient plus grandes. D’où la baisse des services publics et le choix des privatisations : pour que la rentabilisation des capitaux privés soit maximale dans tous les domaines. D’où la destruction du droit du travail : pour faciliter l’exploitation de la main d’oeuvre salariée.
  • C’est une théorie censitaire, une théorie ségrégationniste, c’est une théorie anti républicaine, anti égalitaire, anti démocratique. Ceux d’en haut ont les talents, ceux d’en bas exécutent, ils sont les « riens ». Cette théorie promeut la classe dominante et subordonne les autres classes sociales au succès de l’action de l’oligarchie. Surtout pas d’autogestion. Il y a ceux qui sont éclairés, et ceux qui bénéficient de leurs lumières. Dans l’entreprise ce qui compte c’est l’entrepreneur. Dans le pays c’est la présidence jupiterienne. Les sujets leur doivent toute espérance. Ruisseler ce n’est pas partager, tout est en haut, et ce qui redescend, une part éventuelle, ne le fait que par la volonté d’en haut. Bouche ouverte, les salariés sont condamnés à attendre les miettes qui leur seront accordées.
  • Depuis les rois jusqu’à notre système présidentialiste, depuis le féodalisme jusqu’au capitalisme et l’impérialisme, l’expérience prouve que ça n’a jamais marché. Ceux d’en haut prétendent qu’il y a toujours crise, cachent leur trésor et jurent qu’il n’y a pas d’argent magique pour ne jamais redistribuer. Et quand ils sont obligés de lâcher un peu aux cadres et aux salariés, aux affamés et miséreux d’en dessous, c’est toujours le minimum et toujours sous la contrainte des grèves, des mouvements sociaux, des révoltes et révolutions. Il n’y a jamais de pitié ni de compassion chez les riches. Carlos Ghosn se paie 600 smic et trouve le moyen de prier 11 millions d’euros pour sa personne dans les caisses de Nissan-Renault. le PDG d’airbus prend 68 millions en partant en retraite. Celui de la MACIF s’augmente de 62 %. Tous font ça. Les « premiers de cordée » se moquent des derniers de corvée, ils les écrasent et les pillent. Le système empire. Dans le temps, les entreprises licenciaient parce qu’elle n’avait plus de marges maintenant elles licencient parce que leur marge n’est plus assez grande (voir « En guerre » ! de Stephane Brizé) . La course à la marge la plus grande est le moteur de la concurrence capitaliste : le capitalisme ne fonctionne pas avec la recherche du profit mais avec la recherche du profit maximum. ( Voir « Corporates » de Ellul) Il ne ruisselle jamais, au contraire, il pompe toujours, tel est son destin irrésistible. Les plus riches se comparent entre eux. (voir : « Too big to fail »). Les premiers de cordée ne songent qu’à leur victoire au sommet et y subordonnent l’existence de leur cordée entière. 27 hommes possèdent plus que 3,5 milliards d’humains et ils sont encore en concurrence entre eux pour savoir qui sera le plus riche du monde.
  • Pire, pour « ruisseler davantage » l’argument est qu’il faut chaque fois davantage de moyens. Il faut toujours que les salariés travaillent plus et gagnent moins avec la promesse toujours repoussée, qu’un jour, ils en retireront du bénéfice. Plus il y a de progrès technologique moins ils sont partagés : au contraire ils servent de prétexte à diminuer l’emploi, à faire travailler plus les uns, à faire précaires ou chômeurs les autres et le plus grand nombre, à opposer Pierre et Jacques. Plus il y a de dividendes, plus il en faut sous prétexte d’encourager les investisseurs, les actionnaires. La course à la côte la plus élevée des actions c’est la course à la moindre redistribution des dividendes. Et comme la finance permet que les spéculations rapportent plus que l’emploi, en fait, la logique du système réel institué c’est de surtout de ne jamais ruisseler ou le moins possible.
  • c’est de « compétitivité » dont il est sans cesse question dans l’idéologie capitaliste, or la « compétitivité » c’est fatalement l’autre nom de la guerre. Les premiers de cordée ont toujours fait se battre les seconds de cordée entre eux pour augmenter leurs marges, érigées en normes suprêmes, pour le « bien suprême » de la « nation » en fait du « capital ». « Compétitivité » c’est l’anti thèse du ruissellement, c’est la guerre entre ceux d’en haut pour ne pas ruisseler et pour capter le ruissellement des autres. Et pour cela ils font encore se battre et mourir ceux d’en bas.

 

  • Pourquoi avoir fait cette association entre théorie du ruissellement et Emmanuel Macron ? Pourquoi lui et pas un autre ?

 

C’était tout naturel : son premier fait d’arme, c’est rapporteur pour Sarkozy, de la commission Attali, c’est à dire du « géo-trouve-tout » du libéralisme, un bric-à-brac de centaines de mesures anti sociales, inhumaines, technocratiques entièrement et aveuglément tournées vers la hausse immédiate des profits et la baisse des salaires. Il a travaillé avec Cahuzac, « son ami », à amender dans le sens pro-finance, le programme et l’action de Hollande. Pistonné pour conseiller l’Elysée, il a introduit le mal systématique de ce quinquennat maudit, Pacte de responsabilité, CICE, lois Sapin, Rebsamen, Macron 1, El Khomri. En compétition avec Valls, il surenchérissait dans la casse du droit du travail, dans le baisse du coût du travail, dans les cadeaux sans contrepartie par dizaines de milliards aux multinationales et aux mille entreprises françaises qui font 50 % de notre PIB. Sa complicité avec Uber, son choix de remplacer les contrats de travail par des contrats commerciaux, son imbécile « France start up», sa « société sans statuts », sa « société post-salariale » sans droit ni lois du travail, tout cela attirait l’attention de qui voulait bien voir et réfléchir. Un homme de cabinet comme Macron avait tout pour plaire au Medef, aux banques, aux milliardaires qui possèdent 95 % de la presse, il avait une théorie expressément adaptée à eux. Rien à voir avec la gauche, mais tout à voir avec le thatchérisme, il incarnait parfaitement toutes les aspirations encore non exaucées – depuis 1945 – du patronat français, je l’avais parfaitement perçu a travers ses attaques anti code du travail.

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Dés 2015 j’ai perçu les dangers des idées du personnage et j’ai dénoncé leur mise en application par tous les moyens et à toutes les occasions : au BN du PS il ne se passait pas une semaine sans que je combatte de façon argumentée la politique de Macron, ses effets concrets anti sociaux, et la façon dont elle faisait dériver le quinquennat à fond à droite. Je publiais sur mon blog et répercutais mes interventions en BN à des centaines de milliers d’exemplaires mes analyses détaillées anti-Macron. J’étais tellement alerté, conscient du danger, que j’ai mené ce combat avec vigueur. Je n’ai été écouté ni par Hollande, ni par Valls, ni par la majorité du PS. J’ai même eu beaucoup de mal à convaincre mes partenaires de la gauche socialiste de l’ampleur du sujet, je les trouvais timorés alors qu’ils auraient du tous être aussi offensifs que moi. Alors j’ai lancé un appel-pétition à la démission de Macron en été 2015 : j’ai eu ce qu’on peut appeler un gros succès puisque les médias l’ont répercuté, et qu’il y a eu 17 000 signatures ! (J’étais seul, sans soutien à gauche, Mélenchon a dit que ce n’était pas le problème de Macron mais celui de Hollande). Il paraît que le succès de cette pétition a inquiété Macron et qu’ayant craint d’être ainsi entrainé dans le même rejet anti Hollande, il a décidé de démissionner de son poste au ministère, et de se dégager pour ensuite revenir un prétendu homme neuf à la présidentielle.

 

  • Vous parlez de théorie du ruissellement pour Macron, à l’époque où il était ministre de l’économie. Cela s’est-il confirmé depuis qu’il est président ?

 

Evidemment, il applique de façon fanatique cette théorie du « premier de cordée » toujours aux ordres du Medef, des banques et des multinationales, et au détriment du salariat. Son Premier ministre  Edouard Philippe dit aimer Hayek et Friedmann, en fait Macron est un libertarien, et tout son projet « masqué » lors de son élection, mais contenu dans son livre « Révolution », est de détruire tout le système social français issu de 1945. Sauf que pour appliquer Hayek en France il faut faire du Pinochet : Macron par une répression violente et sans précédent du mouvement social, s’y exerce d’ailleurs. Résultat : en bas, les inégalités se creusent, la misère croit, il y a toujours 6 millions de chômeurs, 9 millions de pauvres, 50 % des salariés sont en dessous de 1700 euros,  50 % des retraités sont autour de 1000 euros, partout les services publics reculent.  En haut, il y a 600 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux, 100 milliards de fraude fiscale, 100 milliards de blanchiment fiscal des 58 multinationales françaises, les 500 familles dont 78 milliardaires (record en Europe) ont 460 milliards, 2 milliardaires sont en tête de cordée et possèdent plus à eux deux que 20 millions de français. Le code du travail français est devenu bien pire que le code du travail allemand. Macron se distingue peu de l’extrême droite sur l’immigration et la répression policière au point de lui faire la courte échelle. En Europe, Macron est le pire ordo-libéral,  il ne reçoit pas « d’ordre de l’union  européenne », il les devance, il est le pire, le poison est chez nous, à l’Elysée, et ne vient pas d’ailleurs. Je le dis : Macronxit !

Macron veut détacher toute la protection sociale du travail, supprimer les cotisations pré affectées, pour la faire passer par l’impôt, et ensuite pouvoir en diminuer le volume au gré des majorités ;  c’est un hold up gigantesque de 500 milliards contre les salariés et en faveur du patronat. Comme les Shadocks, il pompe il pompe il pompe, il ne ruisselle pas du tout. Toutes ses mesures visent à diminuer toutes les prestations sociales et salaires de ceux d’en bas, et « en même temps » à baisser les impôts des dominants. C’est une contre-révolution terrifiante si on fait l’effort de bien la comprendre en détail comme je l’ai décrite, dés décembre 2017, dans un livre prémonitoire  « Macron ou la casse sociale »  (Ed L’Archipel, 400 p.). Je prévoyais que, par la mise en oeuvre de cette politique, Macron se démasquerait, s’isolerait, se heurterait à une résistance sociale, dont les gilets jaunes ne sont que le début et qui deviendra une guerre de classes, où les « riens » se vengeront puissamment et violemment.

 

Merci de votre réponse.

 

Très cordialement,

 

Alice, Salomé, Jules B

 

Non-allocution historique Macron rejette tout

 

 

Lundi 15 avril, ce ne fut pas du tout l’« effet waaoouh » annoncé par l’Élysée. Notre-Dame brûlait et, quand l’enregistrement de Macron – dont la diffusion avait été suspendue à l’annonce de la catastrophe – a finalement fuité dans la presse, il sentait déjà le réchauffé.

Le pire, c’est qu’au moment où l’on prenait connaissance des grandes lignes de la non-allocution présidentielle, les dons mirobolants des grands groupes français pour reconstruire la cathédrale meurtrie ont commencé à affluer. Pauvre Macron ! Lui qui se tue à expliquer qu’il n’y a pas d’argent magique, ni de trésor caché, il a été mis en difficulté par ses super-riches adorés qui ont trouvé un milliard d’euros en 24 heures pour de très belles pierres alors au cœur de l’attention. Mais de là à ce qu’ils « donnent » pour des êtres humains…

 

Fin de non-recevoir sur les salaires

Comment dire, après cette débauche de « générosité » – largement défiscalisée –, qu’il y a un excès de dépenses publiques et trop d’impôts ? Le 10 décembre dernier, Macron n’avait rien lâché, seulement opéré un tour de passe-passe pour faire payer par les uns un minimum qui est donné du bout des doigts aux autres. Il déshabille Pierre pour habiller Paul, mais ne touche pas à Arnault et Pinault qui possèdent pourtant à eux deux autant que 20 millions de Pierre et de Paul. Il refuse encore aujourd’hui de répondre aux revendications des Gilets jaunes et à celles des syndicats, qui ont fait grève et manifesté avec eux ces cinq derniers mois.

En guise de salaire, il propose une prime aléatoire de 1 000 euros (elle aurait été en moyenne de 500 euros… dans un nombre très restreint d’entreprises et sans cotisations sociales !) en « fin d’année », alors que cela fait plus de vingt ans que les salaires sont bloqués et que les dividendes explosent.

En matière de retraites, il a déjà augmenté la CSG l’an passé, désindexé les pensions par rapport à l’inflation, et il propose de continuer pour les retraites de plus de 2 000 euros, ce qui signifie qu’elles vont perdre au moins 15 % en dix ans… Comme si après 41 annuités de labeur et de cotisations, une pension de 2 000 euros était synonyme de fortune indue. il aura du mal a diviser les salariés entre ceux qui ont moins et ceux qui ont plus de 2000 euros et ça ne colle même pas avec son autre prétention d’alléger ce qui pése  sur « les classes moyennes » (lesquelles n’existent pas…

 

L’égalité réelle attendra…

En matière de fiscalité, il fait le contraire de ce qu’on lui demande : il conserve la suppression de l’ISF et réduit les impôts « des classes moyennes » (sic), mais continue à affaiblir les services publics dont le besoin se fait cruellement sentir. Quant à l’étrange « moratoire » sur les fermetures d’hôpitaux et d’écoles, il semble indiquer que l’on pourrait, dans ces domaines, se contenter de l’existant. Comme si nos hôpitaux n’étaient pas asphyxiés et les personnels en nombre insuffisant ! Comme s’il n’était pas prouvé qu’il faut des classes à effectifs réduits pour assurer la réussite de nos enfants ! Rien par ailleurs sur la SNCF qui ferme ses petites lignes et brade ses guichets…

Pour ce qui est de la participation citoyenne, il borne la soif de démocratie qu’incarne  le RIC à des enjeux locaux, et ne facilite guère le recours pourtant malaisé à un référendum d’initiative partagée (RIP). À défaut de se soumettre à la volonté populaire, Macron fait dans la démagogie anti-élites. D’où l’annonce de la suppression de l’ENA, qui ne résoudra évidemment aucun problème, mais qui a le mérite, à ses yeux, de caresser le « populo » dans le sens du poil. sera t elle remplacée par l’école US des « young leaders » ? La communication présidentielle est moins tapageuse quand il s’agit de confirmer mezzo voce la casse de la Fonction publique et la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires,

Et maintenant ?

Aucune de ces mesures n’est « puissante » comme annoncée, aucun changement de cap ; tout est mauvais, négatif, mesquin, détestable. Aucun geste de redistribution des richesses : les super-riches sont toujours les chouchous du régime, ils peuvent bénévolement donner un milliard selon leurs envies, puisque nul ne les contraint à nous redistribuer les fruits de notre travail qu’ils ont abondamment pillés. « Tout ça pour ça », est-on tenté de dire ?

Quelle provocation et quelle médiocrité à la fois ! Après trois mois de pseudo-débat, 100 heures de télévision, un bourrage de crânes sans précédent, une répression d’une violence inouïe (voir le dossier de ce numéro, p. 7-11), tout reste à faire, pour nos salaires, nos minima sociaux et nos retraites qu’il veut encore davantage avilir en imposant un système « par points ».

Seule la lutte paie. Si Macron déchaîne la colère, c’est tout autant un choix cynique de sa part que la conséquence de sa fonction de fondé de pouvoir du capital. Il faut lui répondre comme il se doit ! Il n’y a que la masse des salariés unis qui puisse l’arrêter, avant qu’il n’ait fait table rase de notre modèle social.

 

2000 salariés des Wagons-lits : forcés de basculer vers une convention collective de restauration sédentaire ?

 

Il existe plus de 700 conventions collectives, par branches, métiers, régions et départements. Les regrouper n’est pas forcément une mauvaise idée car beaucoup d’entre elles sont figées depuis des décennies, le patronat refusant de les négocier depuis belle lurette.

Pourquoi pas une seule grande convention collective de l’automobile, cela ferait positivement évoluer les sous-traitants des grands groupes ! Autre exemple, la convention des « bombeurs de verre », moins de 800 salariés, a été pendant plus de 30 ans sans évoluer, ce qui ne serait pas le cas dans la convention de la verrerie.

Encore faut-il opérer ces changements en respectant le « principe de faveur », conservant ce qui est le mieux pour les salariés. Et ne pas regrouper les conventions par décrets sans tenir compte des spécificités qui les ont fait exister et en infligeant de lourdes pertes aux salariés concernés – pratique que le ministère Pénicaud met en oeuvre allégrement, avec la bénédiction empressée du Medef.

Ainsi le 7 avril 2019, au nom de la « fusion des champs conventionnels » (articles L 2261 du code du travail 2017) les 2000 salariés de la « convention nationale de la restauration ferroviaire », sont menacés, sous préavis de 15 jours, de basculer dans la « convention collective des personnels des entreprises de restauration des collectivités ».

Pourquoi  les personnels  «roulants»  assurant le service restauration à bord des TGV,  salariés d’entreprises concessionnaires, subissant des contraintes et conditions de travail similaires au ACT-SNCF (en recherche d’équilibre permanent, trajets variables, horaires de présence et repos aléatoires, découchés et amplitude pouvant dépasser les 10 heures légales), ne seraient ils plus traités socialement comme leurs homologues cheminots ?

 

Pourquoi les personnels logistiques de ces entreprises assurant le ravitaillement des trains dans conditions similaires au personnel cheminots en gare (travail et plannings arythmiques 7 jours sur 7, 24 h sur 24) ne seraient pas traités avec la même équité ? Avec des salaires de base au SMIC et des parts variables allant de 1/3 à 2/3 du SMIC !

 

Comment est-ce possible, alors que toutes les spécificités de leur métier (développement des ventes, objectifs commerciaux, déplacements et horaires décalés, etc..) sont totalement opposées et distinctes d’une restauration sédentaire de collectivité,  en conditions de travail et en terme de salaire ?

 

Les 24 et 25 Avril 2019 un appel à la grève générale du secteur a été lancé avec rassemblement le 25 Avril devant la Direction Générale du Travail à Paris.

Avec Macron, il faut se battre sur tout, tellement il casse les droits de tous, dans tous les détails.

Gérard Filoche

 

 

Macron rejette en bloc le fond des revendications

 

Lundi 15 avril, ce ne fut pas du tout un « effet waaoouh » comme l’annonçait l’Elysée. Notre-Dame a brulé et quand Macron suspend puis ressort son enregistrement, ca sent déjà le mauvais réchauffé.

Lui qui se tue à expliquer qu’il n’y a pas d’argent magique, ni de trésor caché a été confronté à ses super riches chéris qui ont trouvé un milliard en 24 h pour des pierres (certes très belles) mais pas pour les humains.

Comment dire après ça qu’il y a un excès de dépenses publiques et trop d’impôts ?  Macron n’a déjà rien lâché le 10 décembre dernier, seulement opéré un tour de passe pour faire payer par les uns un minimum qui est donné du bout des doigts aux autres. Il déshabille Pierre pour Paul mais ne touche pas à Arnaud et Pinault qui possèdent pourtant autant que 20 millions de Pierre et de Paul.

Il refuse encore aujourd’hui de répondre aux revendications des Gilets jaunes et à celles des syndicats qui ont fait grève et manifesté avec eux ces 5 derniers mois.

En guise de salaire, il propose une prime aléatoire (1000 euros ! elle aurait été en moyenne de 500 euros… et dans un nombre très restreint d’entreprises et sans cotisations sociales !) en «  fin d‘année » alors que ça fait plus de vingt ans que les salaires nets et bruts sont bloqués pendant que les dividendes explosent.

En guise de retraites, il a déjà augmenté la CSG l’an passé, désindexé les pensions de l’inflation, et il propose de continuer pour les retraites de plus de 2000 euros, ce qui signifie qu’elles vont perdre au moins 15 % en 10 ans…  Comme si après 41 annuités de labeur et de cotisations, 2000 euros était signe de fortune.

En matière de fiscalité, il fait le contraire de ce qu’on lui demande : il conserve la suppression de l’ISF  et réduit les impôts « des classes moyennes » (sic – que sont –elles ?) mais réduit aussi les dépenses/services publics dont on est en manque – sauf un étrange « moratoire » en matière de fermetures d’hôpitaux et d’écoles. Comme si nos hôpitaux n’étaient pas asphyxiés et les personnels en nombre insuffisant ! Comme s’il n’était pas prouvé qu’il faut des « classes de 12 » et pas de 24 pour assurer le succès de nos enfants. Rien sur la SNCF qui ferme ses petites lignes et brade ses guichets.

En guise de referendum, il rejette la soif de démocratie à des cas locaux (RIC), et bouge à peine l’usage difficile d’un referendum d’initiative partagée (RIP). Et au passage, alors qu’il casse la fonction publique, supprime120 000 postes de fonctionnaires, il parle de supprimer l’ENA et l’ENM.

Aucune de ces mesures n’est « puissante » comme annoncée, aucun changement de cap, tout est mauvais, négatif, mesquin, haï, aucun geste de redistribution des richesses, les super riches sont toujours les chouchous du régime, ils peuvent bénévolement donner un milliard selon leurs envies puisque nul ne les contraint à nous redistribuer les fruits de notre travail qu’ils ont abondamment pillés.

« Tout ça pour ça » est-on tenté de dire ? Quelle provocation et quelle médiocrité à la fois ! Après 3 mois de pseudo débat, 100 h de télévision, un bourrage de crânes sans précédent,  une répression d’une violence inouïe, tout reste à faire, pour nos salaires, nos minimaux sociaux, et nos retraites qu’il veut encore casser « par points ».

Seule la lutte paie, Macron déchaine la colère, c’est son choix cynique, hé bien, il faut lui répondre comme il se doit, il n’y a que la masse des salariés, unis, qui puisse l’arrêter, avant qu’il n’ait tout détruit de notre modèle social.

 

UE : avec Macron, le pire est chez nous : Macronxit

 

Inouï, avec Macron, il faut perdre l’habitude de dire « c’est la faute à l’Union européenne », « c’est la faute à Merkel »,  « il obéit aux directives européennes » parce que Macron c’est lui le pire, il est en pointe de ce qu’il y a de plus ordo-libéral en Europe. Le poison ne vient pas d’ailleurs, il est à l’Elysée. Les traités capitalistes européens que l’on combat, c’est Macron qui en donne la pire version.

En matière de droit du travail après les casses des lois Hollande-Valls-El Khomri (2016) et les ordonnances anti travail de Pénicaud-Macron (2017), nous en sommes au point ou il faut aller chercher dans des aspects du droit européen, les éléments de défense de nos propres droits fondamentaux !

C’est ainsi que nos tribunaux prud’hommes sont allés chercher dans le droit européen et l’OIT, les références nécessaires pour ne pas plafonner les indemnités qu’ont le droit de recevoir légitimement les salariés licenciés de façon abusive. Et c’est Muriel Pénicaud qui tente de faire barrage, par circulaire, au fait que les juges du travail vont chercher en Europe la justice que la France interdit.

Pareil pour les licenciements, il faut aller chercher dans la convention n°158 de l’OIT que l’Allemagne et d’autres pays européens appliquent le fait que les licenciements ne sont pas des « ruptures conventionnelles collectives » mais doivent être obligatoirement « motivés », « écrits », puissent faire l’objet de « recours » en interne à l’entreprise, puis en externe devant le juge, et que la totalité du préjudice soit « réparé ».

Idem pour le droit à congé en cas de longue maladie : dans le droit français, un long arrêt maladie d’origine non professionnel ne crée pas de droit à congé, mais dans les textes européens, n’importe quel salarié peut bénéficier d’au moins un mois de congés payés annuels (cinq salariés de Goodyear viennent ainsi de gagner devant le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand).

Idem en durée du travail, la durée maxima du travail d’ordre public en Europe est toujours de 48h hebdomadaire et le repos quotidien de 11h : les « forfaits jours » ne permettent pas d’y déroger. Macron est aussi en fraude lorsqu’il proclame (octobre 2017) devant préfets, gendarmes et policiers, qu’il n’est « plus question de respecter la directive européenne sur le repos de 11h ».

idem le Conseil de l’Europe estime qu’aménager la durée du temps travail en France sur une période de référence qui peut atteindre trois ans (loi El Khomri) n’est pas «raisonnable» et donc contraire à la Charte sociale européenne de 1999. Et ce pour une raison simple : cette disposition prive les travailleurs de leurs droits à une rémunération équitable et, en particulier, à une majoration des heures supplémentaires.

Et c’est encore une directive de l’UE du 16 avril 2019 qui réalise une timide avancée pour rapprocher les droits minimaux des travailleurs sur plate-forme (périodes d’essai, formation,  prévisibilité des horaires) de ceux des autres travailleurs (excepté pour les « auto entrepreneurs » à la française, cette barbarie qui livre des « commerciaux » et non pas des salariés à Uber ou Deliveroo).

Macron est même allé chercher des accointances avec la Hongrie de Viktor Orban contre les « lanceurs d’alerte » qui  remettraient en cause le « secret des affaires » des entreprises.

A quoi sert le mot d’ordre de « sortie de l’Union européenne » en ce cas ?  A comparer, le code du travail est devenu meilleur, sur bien des points, pour les salariés, en Allemagne. Le bon mot d’ordre c’est  : « Macronxit »

Gérard Filoche