Les cyniques, en haut, qui cassent le service public…

Belle matinée que lundi 2 mars. La coïncidence a voulu que ma carte bleue vienne a échéance le 28 février, qu’il faille recharger mon « passe navigo » RATP en ce début de mois et puis aller à la SNCF prendre un billet  de train à l’avance.

J’ai eu droit à une tranche de vie concentrée de la façon dont les cyniques, en haut, à la Poste, à la RATP, à la SNCF cassent sciemment le service public et fabriquent du chômage à la fois.

Bureau de Poste : je tombe sur ce service commercial  bizarre qu’ils ont mis à peu prés partout et qui décore le bureau de colifichets divers et inutiles pour la plupart. Une brave employée qu’on a placé là, au milieu, est chargée de vendre des gadgets, genre cartes postales en avance pour le 1er mai, cartons, pochettes, enveloppes décorées, porte clefs et autres gris-gris, et des livres (sic) du genre « comment gribouiller au bureau quand on s’ennuie »…  Mais derrière, il y a deux files d’attente de 25 personnes et deux vrais guichetiers débordés. Ils ont supprimé plus de 800 guichetiers sur Paris et fait augmenter l’attente moyenne de près de 7 minutes. Allez, 30 minutes plus tard, après un échange sympa avec le postier qui lui-même, me reconnaissant, s’indigne de ses conditions de travail,  je ressors avec ma nouvelle carte bleue valable deux ans.

Entrée du métro : Ils ont supprimé le guichet. Oui, là où il y avait un point de vente avec deux personnes derrière, il n’y a plus rien : un mur fermé. A la place une machine automatique qui appelle à recharger le « navigo ». Mais la machine « est provisoirement indisponible ». On ne vend plus de billets à cette station : « navigo » tend à tout remplacer, la carte orange est morte, des centaines de guichetiers ont été supprimés, plus d’accueil, entrée de station désertée…  et quand les machines tombent en panne « provisoirement », que faire ?

Allez, je fraude et m’arrange avec une dame pour passer derrière elle, avec le tourniquet et la porte étroite qui se rabat, il ne faut pas être gros.  Il me restera à trouver un guichet, mais à la station de mon bureau, il n’y en a plus, ce sera une autre machine, gare de Lyon, pour une fois en état de marche.

Reste la SNCF : Pareil, la queue atteint, si je compte rapidement, 30 personnes devant moi. Il n’y a qu’un petit nombre de guichets ouverts, les salariés ne chôment pas, les gens se regardent, impatientés, agacés. Alors viens une jeune fille avec un mini uniforme, elle se propose de nous prendre par la main pour nous emmener aux machines automatiques et nous montrer comment ça marche. Pas de chance, la première est aussi en panne. Pour la deuxième, j’ai du mal à trouver le billet pour Villefranche sur Rouergue, aller et retour aux heures qui me conviennent. La jeune fille elle-même dont j’apprends qu’elle est une « stagiaire » SNCF, mal payée, pour remplacer les guichetiers à plus bas prix, et « éduquer » les usagers, (pardon, les clients) n’y arrive pas . Je finirai par retourner à la queue qui n’a naturellement pas diminué entre temps.

Déshumaniser, robotiser, détruire le service public telle est la feuille de route que le stupide pouvoir libéral sarkozien a assigné  aux «chefs» technocrates d’en haut dans ces trois services publics.

On sait qu’ils suppriment des bureaux de poste mais pas qu’en province, à Paris aussi. On sait qu’ils diminuent les effectifs, pour tout : les rapports aux usagers, la sécurité, le confort et la ponctualité, mais aussi la fermeture de gares, de lignes de province. On sait que de nombreux problèmes de sécurité et d’environnement sont apparus dans le métro faut de présence humaine, ça ne fait rien, ils continuent à fermer les points de contact entre usagers et employés. Fausses économies, résultats humains dramatiques et surtout chômage accru. Il y a quelque chose d’enrageant, d’insupportable dans cette manière de faire, méprisante, cynique, systématique.

Puis je rentre à l’inspection du travail … où nous sommes un inspecteur et deux contrôleurs pour 4500 entreprises et 45 000 salariés. 430 sections d’inspection pour 16 millions de salariés et 1,2 million d’entreprises.

On a beau savoir,  être averti, lucide,  c’est intolérable, ils ont vraiment de la chance qu’on ne pende plus aux réverbères comme aux temps de la révolution …Mais Bling-bling devrait faire attention à lui, le peuple de France a parfois été excessif quand on lui en a trop fait voir.

One Commentaire

  1. Posted 5 mars 2009 at 15:31 | Permalien

    J’ai manqué raconter un peu la même histoire, après mon séjour éclair sur la capitale. Arrivée gare Montparnasse dans ce qu’on pourrait appeler un TGV-Foire-de-l’agriculture, je me retrouve avec tous mes braves concitoyens de cambrousse entassée à l’entrée du métro. Là, des tas de machines délaissées qui ne servent qu’à renouveler le fameux pass Navigo et nous, une foule énorme de provinciaux qui doit absolument acheter des TICKETS pour avancer dans la capitale. Ouf, deux guichets à humain sont ouverts, mais peinent à absorber les deux files tentaculaires de plus de 50 personnes chacune. Heureusement que le provincial bouseux est d’humeur printanière, parce qu’après 15 minutes d’attente, mon guichet ferme et nous voilà une bonne centaine à faire le pied de grue devant le dernier facteur humain de la gare. Au bout de 30 minutes, j’avise que j’ai raté mon rendez-vous. Voilà qu’un gars se glisse dans la file en entrouvrant son blouson : « qui veut un ticket de métro? 1,5€ le ticket de métro, tout de suite ». Tu vois, c’est ça qui est magique avec le libéralisme : ça recycle même la pire merde.

    J’ai pensé frauder, puis finalement, j’ai trouvé une machine pas en panne qui débite des carnets.
    Tu vois, ça me rend triste, ce monde de machines et de chômeurs. Pourtant, on avait pu créer de la prospérité et de la convivialité, avant tout cela : http://blog.monolecte.fr/post/2007/09/24/Negation-de-lhomme

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