SH 50 : Boosnapping

Cordonniers mal chaussés…

La principale boite d’édition de France (3,6 milliards de chiffre d‘affaires, loin devant Hachette, 60 publications, 1220 salariés) spécialisée en matière de droit social et ressources humaines, propose de supprimer 184 postes de travail.

Lamy, vous connaissez ? (on dit Lamy des patrons…) « Liaisons sociales », ça vous dit ? Le vrai nom de la société, c’est Wolters Kluwer France (on dit aussi workers creveurs…) rachetée par une hollandaise, Nancy Mc Kinstry (4e salaire des Pays-bas avec 5,4 millions d’euros dont 628 000 de bonus). Cette pédégère de combat censée vendre du droit social ne se contente pas des 16 % de profit obtenus en 2008, la crise ne l’intimide pas : en 2009 elle veut 20 % de marge bénéficiaire.

Alors elle fait régner la schlague parmi ses cadres : un système d’évaluation individuelle éliminatoire d’inspiration anglo-saxonne avait été mis en place en 2008 basé sur les « six valeurs » du groupe : « le focus client », « l’intégrité, le « travail en équipe », « l’innovation », la « responsabilité », « la création de valeur »… Les syndicats CFTC, CFDT, FO, SNJ, CGT, CNT de WKF s’y sont opposés et, première juridique en France, le tribunal de grande instance de Nanterre l’a jugé « illicite », possiblement générateur de stress, de discriminations…

Tentative plus sérieuse de faire de la marge sur le dos des salariés : l’entreprise s’est rachetée elle-même sur la base d’un prix surévalué de 50 %, soit un montant exorbitant de 753 millions d’euros, grâce à un prêt de la maison mère qu’il est prévu de rembourser 30 millions d’euros en 15 ans. Double but : les actionnaires ne paient plus d’impôt sur les sociétés, les salariés ne touchent plus de participation (5 millions d’euros en moins). Sans que WKF renonce pour autant aux bienfaits de la collectivité : aides de l’état consenties à toute entreprise de presse, exonération de taxe professionnelle, réduction de cotisations sociales, tarifs postaux allégés ! Les syndicats ont saisi les tribunaux contre ce montage financier inouï qui spolie les salariés qui travaillent pour abonder les actionnaires qui ne travaillent pas.
Mais ça ne suffit pas à Nancy Mc Kinstry : pour « sauvegarder la compétitivité » et économiser encore 50 millions d’euros, elle veut donc 184 postes en moins.

Là, ce qui n’était jamais arrivé dans l’entreprise, s’est produit, il y a eu 15 jours de grève joyeuse et unitaire des cadres, journalistes, et employés au siége de Rueil-Malmaison, tout le mois de juillet, avec concerts de casseroles, pique-niques solidaires, musique avec le groupe « Los Gandillos » (du nom du PDG Gandillot) et concours de dessins satiriques. Le PDG (président du syndicat patronal de la presse spécialisée qui réunit 7300 des 37 300 journalistes français encartés soit 20 %) organise des formations pour les chefs d’entreprise sur « comment réussir un plan social sans se faire bossnapper ». Avisé, il a refusé prudemment de rencontrer les syndicats et les salariés.

Vous savez ce que ça veut dire « bossnapper » ? C’est le terme de la presse étrangère spécialisée pour nommer la nouvelle occupation qui fait fureur chez les Français : prendre un patron en otage pour obtenir satisfaction. La grève de WKF n’est que « suspendue » jusqu’à la rentrée. Et qu’est ce qu’ils font à la rentrée chez WKF ? Ils bossnappent ?

Gérard Filoche
Voir www.wkfdegraisse.wordpress.com sur lequel on trouve des supers affiches.

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*