La grenouille et le scorpion

Le scorpion demande à la grenouille de l’emmener sur son dos pour traverser le fleuve.  «  – Ah, non lui dit celle-ci, tu vas me piquer ». « - Non, répond le scorpion, je te l’assure ». La grenouille prend le scorpion, et celui-ci la pique au milieu du fleuve. Ils vont mourir tous les deux. «  – Mais enfin pourquoi as-tu fait cela ? », lui demande la grenouille. «  – C’est plus fort que moi, je n’ai pas pu m’en empêcher » répond le scorpion.

L’histoire est connue, c’est celle des états et des marchés. Celle des spéculateurs rapaces et des régulateurs naïfs.

Les états dirigés par les néolibéraux ont aidé les banquiers et banqueroutiers, et puis les banquiers ne peuvent s’empêcher de les couler comme ils le font avec les Etats grecs, espagnols et portugais (les « PIIGS » comme ils disent si gentiment, Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Spain). Le capitalisme ne peut s’empêcher de faire le mal, scorpion il est, scorpion il reste, même quand des centaines de milliards de dollars ont été déversés dans ses veines bancaires.

Les « agences de notation » et les « comparateurs », ces organismes privés, payés pour intoxiquer au service de leurs commanditaires de la finance, entreprennent de reprocher aux Etats les dettes qu’ils ont contracté en luttant contre la crise des subprimes.

En perspective, demain avec ce système, la France sera dans le collimateur, et Fillon nous ressortira en avril, après les élections, le coup de la France en faillite qu’il faut absolument mettre à la diète.

Les critères de Maastricht qu’ils ont fait voler en éclats lorsqu’il s’est agi de sauver les banques, ils vont les ressortir contre notre protection sociale et nos salaires. Ils exigent que la Grèce abaisse son endettement de 4 à 5,25 % en un an…Leurs exigences sont à géométrie variable.

Trouver 4 à 5,25  % de PIB grec en un an pour rembourser les banques leur semble planifiable à eux qui disent impossible de trouver 6 % points de PIB français d’ici trente ans pour sauver nos retraites…

La Grèce n’a pas à se plier à ces diktats sauvages, illégitimes, que les technocrates et gouvernements de l’Europe libérale veulent lui imposer. Elle a besoin d’un plan de relance pas d’un plan d’austérité. Ce n’est pas le salaire des fonctionnaires grecs qu’il faut baisser mais les primes des traders et autres grands patrons de la finance parce que ce sont ces derniers qui ont fauté. Pareil en France : le manager partial, petit frère des riches, qui est à l’Elysée, a trouvé 320 milliards de caution et 40 milliards de prêts pour les banques, mais va bientôt exiger qu’autant de milliards réels soit trouvés par une politique de rigueur et de restriction des déficits. Ce, afin que la France ne perde pas son « triple A », cette arnaque des actionnaires anonymes, ces notations mystérieuses au nom desquelles on vous assassine les droits sociaux et les salaires.

Xavier Darcos anticipe dans ce sens : il propose encore de « simplifier le droit du travail ». On se frotte les yeux, le code vient d’être simplifié, passé à l’acide des exigences du Medef, entre le 16 février 2005 et le 1er mai 2008, il a été entièrement ré écrit. Cela a été fait technocratiquement, sournoisement, sans concertation, (par le cabinet du Medef Jacques Barthélémy sous la direction de Jean-Denis Combrexelle, le « Besson » du droit du travail qui dînait chaque mois avec Denis Gauthier-Sauvagnac) pendant trois ans sur la base d’une ordonnance de décembre 2004. Il s’agissait déjà de rendre le texte « plus lisible » et plus « accessible » aux usagers. Ils l’ont charcuté au détriment des salariés intégrant l’essentiel de rapport « de Virville ». Cela ne leur a pas suffi, ils veulent recommencer inlassablement !

N’importe quoi : Darcos explique que le droit du travail est « très complexe, trop sophistiqué, voire contradictoire » et souligne que les entreprises le trouvent « confus » ce qui est « coûteux et angoissant » et « génère beaucoup de contentieux ». « Il serait nécessaire, par exemple, de créer une échelle raisonnée de sanctions », dit-il.

Il rajoute n’importe quoi pour plaire au Medef et à Mme Parisot qui pense que « la liberté de penser s’arrête là où commence le code du travail : « les critiques portées à la complexité du système sont assez unanimes et tout le monde considère qu’il est grand temps que le dossier soit rouvert ». Cette fois c’est carrément un DRH, directeur des ressources humaines du groupe Vinci, Franck Mougin qui devra « rendre son rapport en novembre 2010 ».

Ca menace, il va encore y avoir du scorpion par là.

16 Commentaires

  1. Anonyme
    Posted 21 février 2010 at 13:57 | Permalien

    Monsieur Filoche,

    vous dites : « Le capitalisme ne peut s’empêcher de faire le mal, scorpion il est, scorpion il reste, même quand des centaines de milliards de dollars ont été déversés dans ses veines bancaires. »

    Ne perdons pas de vue que le marché n’est pas une création ex nihilo, que c’est le résultat d’un rapport de forces (de lutte des classes, gros mot), bref, de choix politiques !

    A quand un « devoir », et non pas seulement un « droit d’inventaire » au Parti Socialiste ? Je vous suis dans vos positions et combats (bravo pour votre intervention sur @si : « travailler moins, mieux et tous ») mais ce sont les so-cia-lis-tes qui en France et en Europe ont structuré le capitalisme financiarisé (source: « La crise de trop » par Frédéric Lordon, paru en mai 2009 aux éditions Fayard) :

    - Loi de déréglementation des marchés financiers (Bérégovoy, 1986);
    - Directive Delors-Lamy prise en 1988 se donnant l’horizon de l’été 1990 pour la réalisation de la pleine mobilité des capitaux, non seulement intraeuropéenne mais également entre les Etats membres et les Etats extérieurs à l’Union (actuel article 63 du traité de Lisbonne);
    - Effondrement de la fiscalité sur les revenus du capital (Bérégovoy, 1990);
    - Régime fiscal douillet pour stock-options (Strauss-Kahn, 1998);
    - Création du Fonds de réserve pour les retraites (FRR de Lionel Jospin, 1999);
    - Promotion de l’épargne salariale avec de lourdes intentions d’en faire le tremplin vers les fonds de pension (PPESV de Laurent Fabius, 2001);
    - Projet de directive Bolkenstei abolissant toute défense possible contre les OPA (défendu par les socialistes européens emmenés par Pervenche Bérès, 2001).

    Les « ingénieurs socialistes » l’ont fait en bons petits soldats, tous seuls comme des grands, sans l’aide de la droite. Ce sont bien les règles et les structures mises en place par ces politiques qui permettent les dérives actuelles du capitalisme financiarisé et rendent toute tentative de « moralisation » complètement stérile et vaine.

    Pour moi, tant que le Parti Socialiste n’aura pas fait publiquement cette auto-critique et assumé ses erreurs (le mot est faible) là (je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, la retraite à 60 ans, les 35h etc. sont à garder), le combat à gauche se jouera ailleurs.

    Cordialement,
    Vincent

  2. Posted 22 février 2010 at 1:41 | Permalien

    Eh oui, malheureusement, on ne peut faire confiance au PS pour aller à la victoire des salariés. Ce ne sera que la victoire des notables comme dans les régions actuellement. Je sais, ce serait pire avec la droite, et encore…bof…on s’en moque un peu par qui on est pressurisés… et franchement, avec le PS, toutes les mesures de la droite ont pu se mettre en place sans que les régions n’y puissent rien. A quoi servent-elles? Si c’est à gérer la pénurie et les saloperies du capital, mieux vaut s’abstenir, ne plus participer, à rien. On verrait s’ils tiennent en face, tous seuls…on se poilerait bien.
    Pensez, ça se saurait si quelque chose changeait avec toutes les régions à gauche, depuis le temps…il n’en manquait que deux.
    Et qu’ont-ils fait de nos votes?
    Maintenant, ils piounent tous dans les régions pauvres parce que l’Etat leur coupe les vivres, mais ne pouvaient-ils s’y attendre et combattre avant d’être battus? Le PS croit à la paix sociale, c’est sa grande faiblesse et naïveté, son réformisme, pour ne pas être méchante. J’estime que les responsables socialistes se trompent et pensent que nous ne sommes pas en « guerre civile » larvée depuis longtemps, mais ils ne la sentent pas…(dans quoi vivent-ils ?) des gens meurent, de froid, de faim, de solitude, au travail, en se suicidant ou en bossant tout simplement. C’est quoi ça si ce n’est pas la guerre sociale.
    Voilà. Donc si on ne construit pas un grand mouvement de fond pour mettre ce petit monde inhumain dehors par la force des baïonnettes, on a des chances d’attendre encore longtemps le progrès humain dans cette société… surtout avec les tricheries « à la chaussette », ou comme en Floride, aux USA lors de l’élection de Bush… ce sont des tricheurs car leurs intérêts ne tiennent qu’au fait qu’ils ont tous les pouvoirs. Et les régions ne changent pas grand chose pour nous. C’est ce qu’il faudrait pourtant, une belle « fronde » des seigneurs de fiefs…

  3. André
    Posted 24 février 2010 at 20:32 | Permalien

    Comme on sait que le scorpion PS va tomber du côté où il penche (en s’alliant avec le Modem), c’est peut-être pas inintéressant de télécharger ici ce qu’un parti de gauche pense du programme du MODEM. Il s’agit d’un PDF publié par le Parti de gauche.
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/

    Une analyse qui montre clairement que le MODEM est un parti de droite. Je serais curieux de savoir ce qu’à la gauche du PS on pense de cette analyse. Est-elle partagée ?

  4. luc
    Posted 24 février 2010 at 21:06 | Permalien

    Depuis 20 ans le partage entre salaires et profit est identique à celui des années 60!

    La gauche prétend « qu’il y a 10 % du PIB qui ont été volés par une minorité de privilégiés à la majorité de la population ces trente dernières années. »

    « Ils font juste preuve d’une habile mauvaise foi politicienne. En prenant comme point de référence trente ans, ils remontent astucieusement à la fin des années 70, en plein choc pétrolier. Or, l’économie française subit durant cette période une spirale inflationniste qui déforme le partage de la valeur ajoutée au profit des salaires. En 1982, la part de ces derniers atteint alors le pic historique de 75 % de la valeur ajoutée. Mais avec la politique de rigueur et de désindexation des salaires décidée par la gauche à partir de 1983, ce taux va progressivement redescendre à 65 %.

    «Si l’on admet que la bosse des années 1974-1986 est davantage un accident historique qu’une norme de référence, il apparaît que les années récentes [en terme de partage de la valeur ajoutée, ndlr] se situent à peu près à un point en dessous de la moyenne 1959-1973». En clair, le partage salaire-profit est non seulement stable depuis vingt ans, mais en plus il est presque inchangé par rapport à la période des années 60. »

    http://www.yanndarc.com/article-28284214.html

  5. Posted 24 février 2010 at 21:45 | Permalien

    Mais non Luc, cet argutie laborieuse développée tardivement par l’UMP ne fait pas contre feu !
    Sarkozy avait demandé un rapport pour essayer d’étayer cette entourloupe, ce fut le rapport Cotis. Nous avons démonté dans D&S, sous la signature de Jean Jacques Chavigné, soigneusement, chiffres à l’appui, lorsqu’il fut publié, ce rapport Cotis, qui, depuis a fait long feu. Lire aussi Michel Husson.

  6. Sprlmvitch
    Posted 25 février 2010 at 4:42 | Permalien

    Par-contre l’animal qui se fout à poil et s’allonge à plat ventre cuisses écartées ce n’est pas l’âne…
    Qu’en pense MONSIEUR Chérèque ?

    Le Fifilolozozophe BHL a exprimé son dégoût pour les gens qui osent utiliser des métaphores animales pour dénigrer un adversaire politique…Il voulait ainsi protéger Kokozyzy des allusions perfides de Villepin et offrir discrètement ses services de courtisan abject…

    Mais je dis cela uniquement parce que je meurs d’amour pour Arielle…ZALOUZIE! ZALOUZIE!

    J’avoue que ces métaphores animalières ( on va me dire que ce sont plutôt des paraboles…je sais!) m’amusent .
    Elles m’amusent beaucoup plus que les imbécilités symboliques végétales du type  » RACINES Chrétiennes  » dont se gargarisent les pédants pérorateurs ( GALLO, ZEMMOUR,…etc…)

  7. Posted 25 février 2010 at 19:59 | Permalien

    Luc a tort d’essayer de fabuler contre l’idée que les profits aient volé 10 points aux salaires,

    la droite UMP a espéré un rapport pour argumenter comme Luc mais elle a du y renoncer

    c’etait le rapport Cotis (lire dans D&S juillet 2009)

    Jean-Philippe Cotis, directeur général de l’INSEE, a rendu le 12 mai le rapport que lui avait demandé Nicolas Sarkozy après les manifestations du 29 janvier qui avaient rassemblé 2,5 millions de personnes. Sarkozy avait, alors, proposé un partage des revenus selon « la règle des trois tiers » : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés, un tiers pour l’investissement. Le rapport Cotis devrait, selon le président de la République, servir de « base » aux prochaines discussions entre le patronat et les syndicats.

    Le rapport Cotis conclut à une part « plutôt stable » des salaires dans la valeur ajoutée (la richesse créée par les entreprises) depuis 20 ans, ce qui nous ramène à la fin des années 1980. Ce chiffre n’a pas été choisi au hasard.

    Une part « plutôt stable » des salaires depuis 20 ans ?

    Entre 1982 et 2007 (derniers chiffres connus), la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué de 9,6 points de la richesse produite chaque année par les entreprises. Ce qui représentait environ 140 milliards d’euros pour la seule année 2007. 140 milliards d’euros confisqués par les profits aux salaires. Mais cette diminution n’a pas été progressive. La part salariale a baissé d’environ 9 points entre 1982 et 1989. Elle est restée à peu près constante ensuite.
    Mettre l’accent sur la relativité stabilité de la part salariale depuis 20 ans revient donc à évacuer la véritable question, celle de la baisse de 9 points de la part salariale entre 1982 et 1989. Si l’on considère l’année 1982 comme un « pic » et que l’on prend pour point de départ l’année 1974, la différence reste, de toute façon, énorme : – 5,9 points, soit en 2007 un transfert de 85 milliards d’euros des salaires vers les profits.

    Cette baisse de la part salariale n’est pas spécifique à la France. Le FMI constate une baisse de la part des salaires d’environ 7 points dans les pays développés depuis 1980 et note que ce recul a été plus marqué dans les pays européens.
    La Commission européenne affirme dans son rapport annuel sur l’emploi (2007) que la part des salaires de l’Union européenne se « situe actuellement à des niveaux historiquement bas ». L’OCDE chiffre ce recul de la part salariale, dans les 15 pays riches étudiés, à 10 points de la valeur ajoutée depuis 1976. L’OIT constate le même type de recul dans les économies avancées (9 points) mais aussi en Amérique latine (13 points) et en Asie (10 points).

    Ce qui est spécifique à la situation française, c’est la baisse brutale de la part salariale entre 1982 et 1989. Dans les autres pays européens, la baisse de cette part a été progressive, à l’exception de l’Allemagne où la brutalité de la baisse de la part salariale ne s’est manifestée qu’au cours des toutes dernières années. Ce qui permet au MEDEF, toujours d’aussi bonne foi, de prétendre qu’à la différence de l’Allemagne, la part des salaires est restée stable en France. L’organisation patronale se permet même de souligner la « résistance » des salaires. Les salaires seraient-ils attaqués – et par qui – pour qu’ils aient ainsi à faire de la résistance ?

    Accroissement des inégalités salariales

    Le rapport Cotis constate égale un accroissement des inégalités salariales. Il note que les plus fortes hausses salariales sont allées au 1 % ou au 0,1 % des salariés les mieux rétribués alors que depuis le début des années 1980, la progression moyenne annuelle des salaires n’était que de 1 % par an.
    Laurence Parisot reconnaît que cette progression de 1 % est faible. Elle en voit l’explication dans la faible croissance économique et surtout pas dans l’augmentation continue des profits. Elle ne s’interroge pas non plus sur l’origine de cette faible croissance qui n’aurait bien sûr rien à voir avec l’application des politiques néolibérales voulues par le MEDEF.

    Le MEDEF cherche également à minimiser l’augmentation des hauts salaires en affirmant qu’ils ne concernent que 13 000 personnes (les 0,1 % des salaires les plus élevés) alors que l’écart entre les 10 % des salaires les plus élevés et les 10 % les moins élevés a tendance à diminuer. Ainsi oublie-t-il de préciser que c’est d’un alignement vers le bas qu’il s’agit, les profits se taillant la part du lion dans le partage de la valeur ajoutée aux dépens de
    l’ensemble des salaires. Il oublie également, toujours selon le rapport Cotis, que la part des 1 % des salariés les mieux payés (130 000 salariés) ne représentait que 5,5 % de la masse salariale globale en 1993 mais s’élève à 6,5 % aujourd’hui. Il oublie, enfin, que la situation française se rapproche petit à petit de la situation américaine où les très hauts salaires ont connu une formidable envolée mais ne sont en réalité que des profits déguisés, distribués sous une autre forme.

    Une hausse des dividendes

    Le rapport Cotis constate que les dividendes nets versés aux actionnaires ont plus que doublé entre 1993 et 2007 : de 7,1 % à 16,3 % des profits. Il faudrait aller plus loin et préciser (Michel Husson « La part salariale n’a jamais été aussi basse ! » L’Economie politique n° 42) qu’en 1982, les dividendes nets représentaient 4,4 % de la masse salariale et 12,4 % en 2007 et qu’« autrement dit, les salariés travaillent aujourd’hui près de six semaines par an pour les actionnaires contre deux semaines au début des années 1980 ».

    Les investissements, quant à eux, représentaient 17,3 % des profits en 1993, mais n’en représentent plus aujourd’hui que 12,7 %. La conclusion à tirer de ces chiffres est donc assez simple : la diminution drastique de la part salariale n’a pas été utilisée pour stimuler l’investissement mais pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires. Le problème de compétitivité dont le MEDEF nous rebat les oreilles aurait donc pu être parfaitement réglé en augmentant les salaires mais en diminuant les dividendes. Le MEDEF, là encore, cherche à faire diversion, en affirmant que le principal problème est celui de la répartition des richesses entre générations. Une façon de tenter, une nouvelle fois, d’opposer les salariés entre eux et de diminuer encore le montant des retraites. Pourtant, avec les 140 milliards annuels confisqués par les profits aux salaires, il n’y aurait pas le moindre problème pour financer les retraites, l’assurance-maladie, diminuer le temps de travail pour en finir avec le chômage de masse tout en augmentant les salaires directs. La proposition du MEDEF de créer des « comptes épargnes individuels » ne permettra en rien, contrairement à ses affirmations de « garantir » le niveau de retraite des générations actuelles.
    Cette proposition consiste tout simplement à demander aux salariés de jouer leur retraite en bourse. Les sommes que le MEDEF accepte de consacrer à cette retraite par capitalisation serait beaucoup mieux utilisées à augmenter les cotisations retraites patronales et à financer nos retraites par répartition dont la baisse (sur laquelle le MEDF fonde son argumentation) est le produit direct de la politique du MEDEF et des gouvernements de droite, entièrement dévoués à la défense des intérêts des actionnaires.

    La CGPME affirme, pour sa part, que la distribution de dividendes ne concerne que les grandes entreprises. C’est en partie vrai mais ne fait que confirmer la structuration de l’économie française comme une gigantesque machine à drainer les profits vers les grandes entreprises. Une machinerie où toute subvention, toute exonération, toute aide accordée aux PME sans contrepartie en termes de salaires, d’emplois ou de conditions de travail, finit par aller gonfler les profits de ces grandes socités.

    La « règle des trois tiers » de Nicolas Sarkozy

    Début février, alors que faisait rage la polémique sur les rémunérations des dirigeants des banques, Nicolas Sarkozy avait appelé patronat et syndicats à discuter de la question du partage des profits. Il avait même proposé une règle pour effectuer ce partage : « un tiers des bénéfices aux salariés, un tiers aux actionnaires sous forme de dividendes et un tiers réinvestis dans l’entreprise pour financer son développement ». Visiblement, ce jour-là, Sarkozy n’avait pas pris la mesure de ce qu’il proposait.

    Le rapport Cotis indique, en effet, une répartition des profits et non de la valeur ajoutée) assez différente de cette règle des trois tiers. 57 % des profits iraient à l’investissement, 36 % au capital et 7 % aux salariés sous la forme d’intéressement et de participation. La proposition de Sarkozy reviendrait donc à augmenter de 26 points la part des salariés dans le partage des profits, de diminuer de 3 points celles des actionnaires et de 24 % celle de l’investissement.

    C’est parfaitement inepte, mais si Sarkozy veut vraiment augmenter de 26 points la part des salaires dans le partage des profits qu’il le fasse aux dépens des actionnaires plutôt que de l’investissement productif. La meilleure façon d’augmenter cette part des salariés serait d’ailleurs d’augmenter les salaires (200 euros d’augmentation mensuelle de tous les salaires, un Smic brut à 1 500 euros) et de réduire le temps de travail. Cela serait une excellente nouvelle pour les salariés, la sécurité sociale et ouvrirait la perspective d’un nouveau modèle économique et social, fondé sur une hausse régulière des salaires, qui nous épargnerait les crises financières et économiques à répétition. Ce n’est bien sûr pas le chemin que veut prendre le MEDEF qui refuse toute négociation nationale sur le partage des profits et qui propose de fusionner la participation et l’intéressement (exonérés de cotisations sociales) dans les entreprises de moins de 250 salariés. Il propose même, en pleine crise économique, que ce dispositif porte un nom sans équivoque « la peirf » : sans « performance » de l’entreprise, pas d’intéressement ou de participation.

    Jean-Jacques Chavigné

  8. luc
    Posted 25 février 2010 at 21:13 | Permalien

    L’article de Jean-Jacques Chavigné confirme les chiffres de l’article de Grégoire BISEAU Partage salaire-profit : la gauche s’enlise

    http://www.liberation.fr/economie/0101320157-partage-salaire-profit-la-gauche-s-enlise

    Jean-Jacques Chavigné écrit
    « Entre 1982 et 2007 (derniers chiffres connus), la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué de 9,6 points (..) La part salariale a baissé d’environ 9 points entre 1982 et 1989. Elle est restée à peu près constante ensuite.
    http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1930 »

    Donc depuis 1989 le partage entre salaires et profit est stable.

    Ce que reconnait Thomas Piketty économiste proche du PS: «Il n’y a aucune raison statistique pour aujourd’hui remettre en cause cette stabilité.»

    Ensuite, Jean-Jacques Chavigné oublie de dire que le pic de part salariale de 1982 est le résultat d’une inflation à plus de 10% depuis 1974, période pendant laquelle la France a vu le chômage passé de 400 000 à 2 millions.

    Si la forte hausse de la part salariale pendant les années 1974-1981 avait été une si bonne chose pour les salariés, pourquoi Giscard a-t-il été battu en 1981?

  9. Posted 26 février 2010 at 7:31 | Permalien

    Bonjour,

    Le calcul de la valeur ajoutée n’est pas évident. Les statistiques de
    l’Insee ne sont pas les mêmes que les statistiques européennes. Si l’on
    prend les statistiques de l’Insee (les moins favorables à la thèse
    défendue ici) on constate que la part des salaires dans la valeur
    ajoutée a diminué de 8,5 points et que celle des profits
    a,corrélativement, augmenté de 8,5 points. Ensuite, le partage s’est,
    semble-t-il stabilisé.

    Avec des augmentations de salaires réels (une fois l’inflation
    neutralisée) de l’ordre de 3 à 4 % par an, de Gaulle s’était retrouvé
    avec un mai-juin 1968 sur les bras. L’argument de la défaite de Giscard
    en 1981 n’en est donc pas vraiment un.

    Oui la part est stable depuis 1989. Elle a mis 7 ans à dégringoler. En
    Allemagne la chute s’est étalée sur 20 ans. Mais si on vous coupe un
    bras en 1982 et qu’on ne s’attaque pas, ensuite, au second bras :
    doit-on, pour autant, s’en féliciter (je n’ose dire applaudir des
    deux mains) ?

    Le taux d’inflation n’a rien à voir dans cette histoire : l’inflation
    frappait aussi bien les profits que les salaires.

    L’inflation n’avait, d’ailleurs, rien à voir avec le chômage. Depuis
    1983, l’inflation a considérablement régressé ce qui n’a pas empêché le
    chômage de monter, de descendre (pendant le gouvernement Jospin), de
    doubler pour arriver à 4 millions de chômeurs réels, sans aucun lien
    avec les modifications (minimes) de l’inflation.

    Cordialement

    JJC

  10. Posted 26 février 2010 at 7:57 | Permalien

    Bah oui, le Modem est une formation « bourgeoise » de droite (UDF), et sur certaines questions précises (l’introduction de l’impossibilité des déficits dans la constitution et la retraite à la carte) plus a droite que la droite (comme l’était aussi parfois l’UDF vis-à-vis du RPR)… Le parti radical qui participait du rassemblement populaire de 1935 (dit front populaire en 1936) était aussi une formation « bourgeoise », qui avait gouverné à maintes reprises la III° République en coalition avec le reste de la droite… Il n’y a pas là de désaccord sur la nature de classe de la formation politique…
    Si on analyse, comme André-Gilbert (ces pseudo…) le PS comme n’étant pas un parti de gauche, on n’a pas de raison de s’indigner qu’il s’allie avec le Modem… si on s’indigne qu’il s’allie avec le Modem, c’est qu’on pense au contraire qu’il y a là une alliance contre nature
    Même dans le Front populaire de 36 il y avait une alliance contre nature entre le PS et le PCF d’un côté et les radicaux de l’autre… D’ailleurs, les électeurs du 4 mai 36 ne s’y étaient pas trompés puisque en faisant (tout de même) gagner le Front populaire et sa dynamique, ils avaient « glissé » vers la gauche, faisant progresser le PCF et le PS et faisant reculer les radicaux… A l’époque même une mauvaise alliance avait quand même, indiquant la voie de l’unité, et battant électoralement la droite, déclenché la gréve générale…(mais la même mauvaise alliance avait joué aussi pour l’arrêter, grâce au célèbre « il faut savoir terminer une gréve » de Maurice Thorez – qui affirmait en « une » de l’Humanité « les radicaux ont raison ! » )
    Ceci dit, les radicaux de 36 comptaient plus que le Modem de 2010 réduit à un groupuscule, et qui ne pèse même pas, ce qui est important, pour l’obtention de la majorité : la gauche est majoritaire sans le Modem ! Ce n’est pas une mince différence ! Que des Modem soient adjoints, sans nécessité, sans poids réel, en queue de liste, au second tour des régionales, est certes regrettable, condamnable, mais cela reste assez secondaire, ce n’est pas eux qui font le programme ni la victoire, cela restera une victoire de la gauche à souligner comme telle avec les effets que nous en espérons tous pour créer une dynamique capable de ratiboiser Sarkozy, de paralyser les suites de ces projets de fin de quinquennat…

  11. luc
    Posted 26 février 2010 at 21:36 | Permalien

    Pourquoi le chômage a-t-il si fortement augmenté en 1974-1981?

    Selon ce cours d’histoire La France depuis 1945 au Bac

    « Le taux moyen annuel de croissance a diminué de plus de moitié par rapport aux années 60 ( 2,5 % contre 5,7 % ) en raison du recul de l’investissement productif.

    En effet, les possibilités d’autofinancement des entreprises ont baissé car les coûts de production se sont élevés et les charges se sont alourdies du fait de la hausse des prix du pétrole et des coûts salariaux et sociaux. »

    Jean-Pierre HUSSON
    Lycée Clemenceau de Reims
    http://www.crdp-reims.fr/cinquieme/evolution_sociale.htm

    Ensuite, la relance de 1981 n’a pas marché comme l’explique Jacques Attali

    « La relance massive, faite à contretemps de la conjoncture, et les charges augmentées des entreprises en 1981, ont entraîné un vif déficit du commerce extérieur car la consommation s’est portée sur les importations. Les entreprises françaises ne construisent ni magnétoscope, ni ordinateur compétitif, ni une bonne part de ce que les Français désirent en 1983 ; celles qui en étaient capables avaient vu leurs charges brutalement augmenter et ne pouvaient investir. Le franc était devenu fragile, gros de deux dévaluations déjà, avec une inflation autour de 8% l’an et un déficit budgétaire pour 1982 de 150 milliards de francs. »
    http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-tournant-de-la-rigueur-mars-7542

    Enfin, la population active est passé de 22 à 28 millions de personnes depuis 1970 soit une hausse de 27%.
    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=projpopact0650

    Donc à taux de chômage égal, le nombre de chômeurs en valeur absolue est 27% plus élevé en 2010 par rapport à 1970.

    PS En France, pour l’Insee, le nombre d’actifs comprend les actifs occupés et les chômeurs. Les chômeurs sont comptabilisés comme actifs.

  12. luc
    Posted 28 février 2010 at 21:37 | Permalien

    Pourquoi mon dernier message a-t-il été censuré?

    L’extrait du cours d’histoire de terminal est clair

     » Stagflation de 1974 à 1982 : une croissance faible et une forte hausse des prix

    Le taux moyen annuel de croissance a diminué de plus de moitié par rapport aux années 60 ( 2,5 % contre 5,7 % ) en raison du recul de l’investissement productif.

    En effet, les possibilités d’autofinancement des entreprises ont baissé car les coûts de production se sont élevés et les charges se sont alourdies du fait de la hausse des prix du pétrole et des coûts salariaux et sociaux.

    L’inflation était liée à l’augmentation du prix de l’énergie importée ( facture pétrolière multipliée par 10 entre 1973 et 1982 ), et à l’indexation de l’évolution des salaires sur les prix. »

    Jean-Pierre HUSSON
    Lycée Clemenceau de Reims
    http://www.crdp-reims.fr/cinquieme/evolution_sociale.htm

  13. F.
    Posted 2 mars 2010 at 18:43 | Permalien

    L’inflation était liée à l’augmentation du prix de l’énergie importée ( facture pétrolière multipliée par 10 entre 1973 et 1982 ), et à l’indexation de l’évolution des salaires sur les prix. »

    L’inflation était aussi liée au taux du crédit qui atteignait 18 %, aussi bien pour les prets immobiliers que pour les crédits aux entreprises.

    Mais on s’en fout de tout celà. Ce que l’on veut, c’est un retour de balancier franc et massif vers les salaires, aux détriments du capital, des rentes et des revenus des loyers. REDISTRIBUTION de ce qui a été volé aux travailleurs ! Est-ce clair ? C’est à dire dehors l’UMPS, au pouvoir la gauche . Merci.

  14. Sabine
    Posted 11 mars 2010 at 10:38 | Permalien

    Bonjour,

    Je voulais juste compléter l’histoire du scorpion et de la grenouille, parce que la métaphore mérite d’être connue jusqu’au bout :o)).

    Quand la grenouille demande au scorpion pourquoi il l’a piqué, celui ci répond : » C’est plus fort que moi, je sais que ce n’est pas dans mon intérêt (ni dans le tiens!) , mais … c’est dans ma nature ! », les 2 meurent noyés.
    Mais … quelques temps plus tard … un autre petit scorpion vient demander le même service à une autre petite grenouille, celle ci échaudée par les expériences de ses collègues, se méfie du scorpion, celui ci jure qu’il a compris et que ce n’est pas dans son intérêt de perpétuer de telles pratiques … … La petite grenouille cède et embarque le scorpion … à nouveau !
    A 2 mètres de la rive, la grenouille sent remuer sur son dos et comprend que l’inéluctable va se renouveler, alors … avant que le scorpion ait eu le temps de la piquer, elle plonge, laissant le scorpion au milieu du guet, celui ci juste avant de se noyer lui crie : »Pourquoi ? » et la grenouille lui répond : « Je sais … ce n’est pas dans ma nature … mais c’est dans mon intérêt ! ».

    Morale de l’histoire complète : Quand on est confronté à des spéculateurs et des hors sol démocratiques, dont la nature prime sur l’intérêt général, il faut savoir parfois faire selon l’intérêt général, quitte … à forcer un peu … sa nature :o))

    Bises
    Sabine

  15. Posted 14 juillet 2010 at 0:29 | Permalien

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