Sarkozy dénonce le « cancer des 35 h » : lui, c’est le « cancer du chômage » – « Travailler plus » accable de boulot les uns et pousse au chômage les autres.

LEMONDE.FR annonce que le suicide à son domicile d’un salarié de Renault, Raymond D., technicien au technocentre de Guyancourt (Yvelines), en février 2007, a été reconnu, mardi 9 mars, comme accident du travail par le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) de Versailles.

Un accident incontestable du travail que Renault niait : « La hiérarchie a confié à Raymond D. un objectif à atteindre sans s’interroger sur la capacité psychique et physique de son salarié à supporter cette charge accrue de travail », estiment les juges du TASS, concluant que « l’acte suicidaire de M. D. est survenu par le fait du travail ». Le classement en accident du travail donne droit pour la famille à une rente, qui peut être éventuellement abondée plus tard par des dommages et intérêts si l’employeur est condamné pour « faute inexcusable » par un TASS.

« ILS VONT ME LICENCIER ET JE SUIS FINI »

Ce salarié de 38 ans s’était pendu à son domicile le 16 février 2007, en laissant une lettre où était écrit : « Je ne peux plus rien assumer, ce boulot c’est trop pour moi, ils vont me licencier et je suis fini, je ne saurai pas faire son top série de merde à Gosn [sic] et à Hamel, pardon, bonne chance. » « Ce jugement met l’accent sur les amplitudes horaires trop importantes et la hiérarchie qui n’a pas pris la mesure du stress de son salarié », a souligné Me Emmanuelle Boussard-Verrecchia <http://www.lemonde.fr/sujet/0736/emmanuelle-boussard-verrecchia.html> , l’avocate de la famille de Raymond D. « C’est la première décision qui montre l’adéquation entre la charge de travail, les objectifs de travail et la santé physique et psychique du salarié », a-t-elle ajouté.
Deux précédents suicides de salariés du Technocentre en 2006 et 2007 avaient été classés comme accident du travail dès 2007 par une commission de recours amiable, instance paritaire de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) des Yvelines. Cette commission avait en revanche refusé de reconnaître le caractère professionnel du suicide de Raymond D.
Par ailleurs, le 17 décembre 2009, Renault a été condamné pour « faute inexcusable » par le TASS de Nanterre après le suicide d’Antonio B., ingénieur en informatique de 39 ans, qui s’était jeté du 5e étage du bâtiment principal du technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines), le 20 octobre 2006.

Voilà tout ce que dit Le Monde. Bien sur il ne dénonce pas le scandale que l’affaire représente :

Car le 14 janvier 2010 Renault a fait appel de la première décision du 17 décembre 2009 ! Non seulement l’entreprise refuse de reconnaitre les suicides au travail provoquées par sa sale politique managériale, mais elle refuse la décision de la justice. Vont-ils faire appel cette fois encore ?

Rien, absolument rien n’est fait, changé, corrigé contre le management tueur, la suppression de postes et l’accroissement des durées du travail.

Comme à France télécoms, l’ancien PDG Lombard n’a pas été sanctionné alors que sa gestion relevait pour le moins de la faute lourde avec 37 suicides en 2009. Il ne dirige plus mais continue d’être payé au même super tarif jusqu’en 2011.

Le nouveau PDG Richard, de la même « école » ne fait rien : des « études » sur le stress… Ces études ont été faites depuis longtemps par les syndicats CGC ou Sud et l’inspection du travail. Le livre « La machine à broyer » (Dominique Deceeze Ed. JC Gawsevitch)  a été écrit en 2004 ! L’observatoire du stress avait sonné l’alerte en 2007 ! Mais s’ils ne recrutent pas pour alléger les charges de travail, s’ils ne négocient de nouvelles garanties de progression et de stabilité de carrière, s’ils ne suppriment ces entretiens individualisés de type totalitaires, tout continue comme avant. Il y a déjà 7 suicides à France télécoms depuis janvier 2010 !

Il faut que la machine à broyer tourne à l’envers, qu’elle « jette » les méthodes des DRH, ces « managers » (sic) biberonnés aux résultats en piétinant les humains, ces garde chiourmes de la maxi rentabilité au service de la finance. Ce ne sont pas les besoins de la productivité qui doivent l’emporter sur les besoins des humains mais l’inverse : retour aux 35 h comme durée réelle, respect des durées maxima du travail dans tous les cas, jamais plus de 10 h par jour et de 48 h par semaine.  La limitation de la durée du travail, c’est la santé, c’est l’emploi ! « Travailler plus pour gagner plus » est un slogan mensonger et mortifère.

Au lieu de cela, Sarkozy ose encore dénoncer le « cancer des 35 h ».

Quelle impudeur de la part de celui qui organise la dislocation des durées du travail entre sous travail, surtravail, sans travail. C’est Sarkozy le roi du « travailler moins pour gagner moins » a forcé 600 000 salariés en 2009 au chômage partiel, 300 millions financés par l’état pour ne pas produire !  C’est Sarkozy le cafouillage des heures supplémentaires qui coutent à l’état sans pour autant rapporter aux salariés, car il y en a des centaines de millions pas déclarées, pas payées, pas majorées.  C’est le « travailler plus » qui accable de boulot les uns et pousse au chômage les autres, plus de 4 millions…

Le « cancer du chômage » c’est Sarkozy, qui, toute, honte bue, s’attaque, sans le moindre argument,  à la seule grande mesure qui, en 2000, avait aidé à créer 450 000 emplois de plus et a faire baisser le chômage massivement alors que lui, Sarkozy l’a ramené à plus de 10 % – comme avant 1999…


6 Commentaires

  1. André
    Posted 10 mars 2010 at 3:41 | Permalien

    En tous cas, dans les PME, on ne dénonce pas le cancer des 35 heures, parce que les 35 heures à la sauce Aubry ont apporté la flexibilité que réclamait le MEDEF. Aubry n’a pas voulu légiférer sur les conditions d’application des 32 heures, elle a donc laissé négocier les accords dans des entreprises où on ne sait même pas ce que c’est qu’un syndicat.
    Martine Aubry, c’est une bénédiction pour les patrons. Si elle (ou DSK) est candidate du PS en 2012, ils vont se frotter les mains.

  2. Posted 10 mars 2010 at 11:02 | Permalien

    J’en ai assez de ces propos de droite qui dénoncent les 35 h, ils ne valent rien… la loi sur les 35 h hebdomadaires est une LOI, donc rigide, donc s’appliquant à 100 % des salariés, car elle établit une durée légale généralisée… Il y a des ignares en droit du travail qui ne comprennent pas cela. Par opposition à la loi de Robien qui était autant pour les 32 h que pour les 35 h mais sur la base du volontariat des chefs d’entreprise ce qui n’a abouti qu’à 3500 entreprises et à 35 000 salariés concernées tandis que la loi Aubry a placé 24 000 000 de salariés face à cette durée légale. Ensuite la loi Aubry a imposé que toute négociation, dans ce cadre, sur l’aménagement du temps de travail (pas la durée légale, elle n’est pas négociable) passe par un syndicat, forcément par un syndicat. Quand le rapport de force a été favorable, l’application de la loi a été bénéfique. Quand cela n’a pas été le cas, cela s’est moins bien passé. Rappelons que plus de 70 % des Français sont favorables aux 35 h.
    Maintenant j’avais, avec des amis inspecteurs, en 1998 comme en 2000 rédigé deux projets de lois, plus précis, mieux structurés, avec des contrôles, et de la coercition, qui auraient aidé au rapport de force, et permis aux salariés d’imposer de meilleures conditions… Il en a été beaucoup question dans la presse à l’époque, on a réussi quelques amendements, mais c’est vrai, c’est pas assez. On ne souffre pas de « trop de 35 h » mais de « pas assez de 35 h »…
    quand à André-Gilbert-Da.., il module déjà son propos, il n’en avait le plus souvent que contre DSK…le voilà qui est contre DSK-Aubry… parce qu’il a entendu qu’il y aurait un accord entre DSK-Aubry et Fabius pour un ou une seule candidate. Ce sera la première secrétaire en ce cas. Primaires réglées, unité réalisée, orientation à gauche, ah ça lui en bouche un coin, imaginons qu’il y ait un seul candidat rose et vert, + un candidat de la gauche de la gauche, qui sera en tête et qui se désistera ?
    au fait comment cela s’explique que les non unitaires baissent dans les sondages ? Ou est la gauche plus forte « en dehors » qui va « peser » sur ce qui se passe « en dedans » ? Le PS était mort à Reims ?

    Bon, mais laissons cela, car ce qui compte c’est la lutte contre l’abstention le 14 et 21 mars, pour le maximum de voix à gauche car ceux qui font de la politique, de la vraie, savent que c’est ainsi qu’on prépare les luttes d’avril à l’automne, car dés qu’il y a une embellie, les gens seront plus combatifs, et il sera plus difficile de les arrêter. Je maintiens qu’il est possible que le quinquennat ne se termine pas… On publie, à D&S, un livre sur les retraites, bouclé depuis hier, en libraire dans 15 jours… et un livre sur le droit du travail, prêt dans 15 jours aussi. On anticipe.
    D&S 173 (4000 ex, mensuel de la gauche socialiste, 18 ° année) a publié la 3° partie de la contribution qu’on a rédigé pour la convention nationale du PS le 29 mai.
    J’ajoute : lisez Jean-Jacques Chavigné qui a écrit deux excellents articles, l’un dans D&S 173 sur la Grèce face aux spéculateurs et l’autre sur le site de D&S sur l’Islande : Icesave ou iceslave ?
    Enfin je le répète nous avons besoin de soutien financier, abonnez vous ! merci

  3. André
    Posted 10 mars 2010 at 15:12 | Permalien

    Orientation à gauche, laisse moi rire. Avec Aubry, alliée au MODEM à Lille (alors que ce n’était pas nécessaire) et qui envoie des signaux forts pour faire reculer l’âge de la retraite. Allons, Gérard, tu n’es plus un enfant…

  4. André
    Posted 10 mars 2010 at 23:52 | Permalien

    Filoche : « Ou est la gauche plus forte « en dehors » qui va « peser » sur ce qui se passe « en dedans » ? Le PS était mort à Reims ? »

    Réponse : nonobstant les divisions malheureuses de la gauche de gauche, les sondages indiquent plus de 10 % pour le total. Combien pour le MODEM ?
    La gauche « en dehors », comme tu dis (pour ma part c’est plutôt le PS qui est en dehors des clous, avec tous ses ambitieux qui, lorsqu’ils ne vont pas à la soupe Sarkozy, dirigent des instances maléfiques comme le FMI) va contraindre le PS à choisir.
    Soit de se tourner vers elle, en donnant quelques gages, soit de s’allier avec le MODEM. C’est pas rien, non ?
    Et ça ne pourrait pas se faire sans la construction d’une force à la gauche du PS, parce que tout le monde sait bien que le PS est une coquille vide, un parti d’élus et de notables qui n’a plus la moindre idée, qui est à poil idéologiquement (gérer le capitalisme, c’est pas franchement excitant quand on est de gauche).

    Patience, Gérard, l’unité viendra, la pression viendra de la base qui en a marre du sur place des directions d’appareils. Dans les régions où il y a eu alliance du FG et du NPA, c’est parce que les militants l’ont imposé aux dirigeants.

  5. Sprlmvitch
    Posted 13 mars 2010 at 7:04 | Permalien

    Depuis que le NPA et le FRONT DE GôCHE se sont ralliés aux imbécilités néo-puritaines des écolos—Sauveurs de planète et respireurs d’air pûr et bouffeurs de légumes moisis « bio »—et aux idéologies du capitalisme raisonnable et humain—Décroissance et antiproductivisme— ces organisations sont vouées à une dégénerescence trés rapide et à être assimilées par la social-démocratie…
    La subversion véritable naîtra ailleurs…

  6. Ange
    Posted 31 mars 2010 at 10:27 | Permalien

    « Rien, absolument rien n’est fait, changé, corrigé contre le management tueur, la suppression de postes et l’accroissement des durées du travail. »

    Ceci pourrait tout à fait s’appliquer à un député socialiste, dont vous connaissez le nom, M. Filoche, qui n’hésite pas à supprimer les postes de ses « vieilles » assistantes pour les remplacer par des gamines malléables à merci.

    Le cancer, il est aussi au sein de la plus grande institution française qu’est l’Assemblée nationale. Mais cela personne n’ose le dénoncer !

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