le COR prévoit un PIB de 3 900 milliards d’euros en 2040, le double du PIB d’aujourd’hui

Jean-Jacques Chavigné argumente sans relâche contre toutes les contradictions grotesques de la propagande officielle sarkozyste :

Avec une croissance de 1 % par an, le PIB serait  multiplié par 1,5 en 40 ans et passerait de 1 950 milliards d’euros aujourd’hui à plus de 2 900 milliards d’euros en 2050. Ce qui, quand on y réfléchit, ne serait déjà pas si mal. Car avec un PIB qui augmenterait de 950 milliards d’euros (constants, une fois neutralisée l’inflation), il serait encore possible de financer les 115 milliards d’euros de besoins de financement prévus par le COR, tout en augmentant les salaires directs, en finançant l’assurance-maladie, les investissements publics et les investissements productifs des entreprises privées…

Pour que le PIB double en 40 ans, il faudrait une croissance (moyenne)  annuelle de 1,75 %.  Entre 1988 et 2008 (en 20 ans), le PIB de notre pays a augmenté, selon l’INSEE, de 48,37 %. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 40 ans, il puisse augmenter de 100 %. Ce sont d’ailleurs les chiffres du COR qui intègrent ce doublement du PIB en 40 ans. Ces chiffres précisent, en effet, que le besoin de financement de 115 milliards d’euros représenteraient 3 % du PIB de 2050. Ce qui signifie (en multipliant donc 115 par 100 et en divisant le chiffre obtenu par 3) que le COR prévoit  un PIB de 3 900 milliards d’euros du PIB en 2040. Cela n’est donc pas un acte de foi que de considérer que le PIB doublera en 40 ans, c’est simplement reprendre à notre compte les chiffres du COR sur lesquels prétend s’appuyer le gouvernement pour allonger la durée de cotisation et faire reculer l’âge légal de la retraite.

Sarkozy lui-même va bien au-delà de ces 1,75 % de croissance annuelle puisqu’il prévoit une croissance de 2,5 % dès 2011. Il faudrait quand même qu’il se décide à accorder  ses violons.

La compétitivité dépend (essentiellement) de deux éléments. D’abord du coût des produits. Si les cotisations retraites patronales
augmentent le Medef et le gouvernement prétendent que le coût des produits ne pourra qu’augmenter et que la compétitivité des entreprises en souffrira. C’est faux, il suffit, s’ils sont de bonne foi, que les actionnaires acceptent que les dividendes qui leur sont versés diminuent du même montant que les augmentations de cotisations retraites patronales. L’économie n’en souffrira pas car la propension à consommer de ces gens là est très faible (en fonction donc de leur revenu) et ils alimenteront beaucoup moins la demande que les retraités à qui l’on n’aura pas baissé le montant de leurs pensions. Au contraire, l’économie ne pourra que mieux s’en porter puisque ces dividendes sont, le plus souvent, placés de façon spéculative et risquent de nous faire replonger dans une crise encore pire que celle dont nous commençons à peine de sortir.
L’autre élément dont dépend la productivité est l’investissement productif. Mais l’augmentation des cotisations retraites patronales, si elles n’impactent que les dividendes (sommes versées aux actionnaires et qui sortent donc de l’entreprise), n’affecteront pas l’investissement productif (dépendant des sommes qui restent dans l’entreprise).

Les dividendes ont augmenté de 5,3 points de PIB entre 1982 et 2007, passant de 3,2 % à 8,5 % du PIB.. Cela représente 103 milliards d’euros pour la seule année 2010. 103 milliards d’euros qui ont été captés par les actionnaires aux détriments des salaires. Cela représenterait, selon le doublement du PIB prévu par le COR, 206 milliards d’euros en 2050. Largement donc de quoi financer les 115 milliards de besoins de financement des retraites, selon le COR, sans toucher à l’âge légal de 60 ans et sans augmenter la durée de cotisation mais en remplaçant la rigueur salariale par la rigueur financière. Il restera encore aux actionnaires une part égale à 3,2 points du PIB, comme en 1982. Soit plus de 124 milliards d’euros (en 2050) « gagnés en dormant » comme le disait François Mitterrand.  Ils n’auraient même pas à se séparer de leurs voitures de luxe et, s’ils devaient se plaindre, reconnaissons qu’il est quand même plus doux de pleurer sur les coussins d’une
Mercédes que sur ceux d’une Clio.

JJC

8 Commentaires

  1. luc
    Posted 23 avril 2010 at 20:57 | Permalien

    Jean-Jacques Chavigné a oublié la croissance démographique.

    La croissance démographique de la France est de +0,5% par an.

    Une croissance économique de 1 % par an avec une croissance démographique de +0,5% par an, cela fait une quasi stagnation.

    Concernant les dividendes, Jean-Jacques Chavigné oublie de dire que l’essentiel des privatisations (ou ouvertures du capital) ont commencé en 1986 alors que 1982 est la période des nationalisations

    Saint-Gobain en 1986
    Paribas en 1987
    Société générale en 1987
    Rhône-Poulenc en 1993
    Elf-Aquitaine en 1994
    Péchiney en 1995
    Usinor-Sacilor en 1995

    Et surtout avec Jospin qui a privatisé pour 31 milliards d’euros, un record
    Air France 1999
    France Télécom 1997
    Crédit lyonnais 1999
    Aérospatiale 2000……..
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Privatisations_en_France

    Comme il y a beaucoup plus de grandes entreprises privatisées en 2007 par rapport à 1982, il y a plus de chiffres d’affaires et plus de dividendes.

  2. Vincent
    Posted 25 avril 2010 at 16:01 | Permalien

    « Partage de la valeur ajoutée : le hold-up tranquille »

    Depuis 1983, l’INSEE évalue à 9,3 % du PIB les richesses qui ont glissé de la poche des salariés à celle des actionnaires. C’est une donnée clé, qui représente des centaines de milliards d’euros – ce que nous appelons un « hold-up tranquille » et qui permet de renverser le regard sur toutes les « réformes » en cours : retraites bien sûr, mais aussi Sécurité sociale, flexibilité, pouvoir d’achat.

    http://www.fakirpresse.info/articles/336/partage-de-la-valeur-ajoutee-le-hold-up-tranquille.html

  3. luc
    Posted 25 avril 2010 at 17:26 | Permalien

    @ Vincent

    Comme je l’ai déjà démontré sur ce blog, ce calcul est faux

    Partage salaire-profit : la gauche s’enlise
    GRÉGOIRE BISEAU Libération 18 février 2009

    « Depuis 20 ans le partage entre salaires et profit est stable et est identique à celui des années 60!

    La gauche prétend “qu’il y a 10 % du PIB qui ont été volés par une minorité de privilégiés à la majorité de la population ces trente dernières années.”

    “Ils font juste preuve d’une habile mauvaise foi politicienne. En prenant comme point de référence trente ans, ils remontent astucieusement à la fin des années 70, en plein choc pétrolier. Or, l’économie française subit durant cette période une spirale inflationniste qui déforme le partage de la valeur ajoutée au profit des salaires. En 1982, la part de ces derniers atteint alors le pic historique de 75 % de la valeur ajoutée. Mais avec la politique de rigueur et de désindexation des salaires décidée par la gauche à partir de 1983, ce taux va progressivement redescendre à 65 %.

    «Si l’on admet que la bosse des années 1974-1986 est davantage un accident historique qu’une norme de référence, il apparaît que les années récentes [en terme de partage de la valeur ajoutée, ndlr] se situent à peu près à un point en dessous de la moyenne 1959-1973».

    En clair, le partage salaire-profit est non seulement stable depuis vingt ans, mais en plus il est presque inchangé par rapport à la période des années 60.”

    http://www.liberation.fr/economie/0101320157-partage-salaire-profit-la-gauche-s-enlise

  4. Vincent
    Posted 26 avril 2010 at 14:28 | Permalien

    @Grégoire Biseau

    Certes, certes, ce n’est pas 10. Vous êtes même cité par Frédéric Lordon comme référence [13] :

    (…)
    « Grosse déception ? On veut bien l’imaginer : 3 points c’est moins que « 10 »… Mais 10 points, c’était la différence entre le point le plus haut – trop haut – et le point le plus bas – où l’on n’est plus (1989)… selon l’INSEE. Trois points de PIB, en 2007, ce sont tout de même 53 milliards d’euros, qui ne sont pas rien. En réalité ces trois points sont un minimum. Pour s’en faire une idée, il suffit de constater que la part des dividendes dans le PIB est passée de 3,2 % en 1982 à 8,5 % en 2007 : 5,3 points au bas mot, virés aux actionnaires et récupérables par le salariat. « Relaps ! » s’écrieront immédiatement certains journalistes de Libération [13], car c’est persévérer dans l’erreur que de reprendre à nouveau 1982 pour référence, l’année du capital injustement spolié. A ceci près qu’on ne voit aucune objection sérieuse à faire revenir la rémunération des actionnaires à ses 3,2 points de 1982, sauf à pouvoir exhiber un argument qui tienne la route et justifie à peu près l’utilité de ces dividendes. Or, d’arguments de cette sorte, il n’y en a point. Bien sûr deux décennies de pouvoir actionnarial ont mis dans toutes les têtes molles une chansonnette à base de « rémunération du risque » et de « fourniture des indispensables capitaux propres ». Mais la première strophe a servi à justifier tout et n’importe quoi, en particulier, au nom de « la prime de risque », des rendements des capitaux propres exorbitants ; quant à la seconde elle est carrément fausse puisqu’il est maintenant avéré que le capital actionnarial est en bonne voie de pomper plus de liquidité aux entreprises cotées qu’il ne leur en apporte [14]… »
    (…)

    http://blog.mondediplo.net/2009-02-25-Le-paradoxe-de-la-part-salariale

  5. Vincent
    Posted 26 avril 2010 at 14:29 | Permalien

    http://www.dailymotion.com/video/xbl976_g-filoche-retraites-4-salaires-haut_news

  6. Chavigné
    Posted 29 avril 2010 at 14:41 | Permalien

    Réponse à Luc.

    Bonjour,

    Vous considérez que 0,5 % et 1 % ne représente pas une différence significative. Cette différence, ramenée au PIB, serait pour vous l’équivalent de zéro (une quasi stagnation). Un taux de croissance supplémentaire de 0,5 % annuelle représente pourtant (en 40 ans) une augmentation du PIB de 500 milliards d’euros en 2050. Autant dire que vous considérez que le besoin de financement »‘ de 115 milliards d’euros prévu par le COR en 2050 (bien inférieur à ces 500 milliards d’euros) est plus qu’insignifiant et qu’il n’y a donc aucun problème pour nos retraites.

    Mais ce n’est pas sur le chiffre d’une croissance de 1 % par an que le COR calcule son déficit de 115 milliards d’euros, égal à 3 % du PIB en 2050 mais sur un taux de croissance moyen annuel de 1,75 %. La différence est donc de 1,25 % soit une croissance du PIB de 1250 milliards d’euros (une fois la croissance démographique neutralisée selon votre méthode) et donc, une fois financées les retraites, un reliquat de 1 135 milliards d’euros.

    Enfin, il n’est pas juste de considérer qu’un accroissement de 0,5 % de la population correspond à une augmentation de 0,5 % du PIB en terme de dépenses pour cette population. Pour calculer, par exemple, le « ratio de dépendance élargi », les statisticiens considèrent que les jeunes de – de 20 ans, pèsent environ la moitié des adultes dans la consommation. L’effectif des moins de 20 ans est donc pondéré par 0,5. En 40 ans, ces moins de 20 ans représente 50 % de l’augmentation de la population. C’est donc, au total, une fois neutralisée la croissance démographique, une augmentation du PIB de 1,50 % par an qui est prévue par le COR et donc une augmentation du PIB de près de 1 600 milliards d’euros, à comparer aux 1115 milliards d’euros du COR.

    Je ne comprends pas votre raisonnement concernant les dividendes des actionnaires privés. Que les privatisations aient augmenté le montant des dividendes de ces actionnaires est une évidence.

    C’est un des éléments (avec la rigueur salariale) qui explique l’envol des dividendes entre 1983 et aujourd’hui. Ces dividendes existent bel et bien, vous le reconnaissez d’ailleurs.

    Ils peuvent donc être frappés de cotisations sociales pour financer les retraites et remplacer « la rigueur salariale » par la « rigueur financière » afin d’épargner la compétitivité des entreprises de notre pays.

    Cordialement,

    JJC

  7. luc
    Posted 2 mai 2010 at 14:50 | Permalien

    Dans le monde, Jean Peyrelevade, démontre que les calculs de la gauche, repris par Jean-Jacques Chavigné, sont peu crédibles

    Retraites : le scénario démagogique

    « Les économistes d’Attac, les amis de Jean-Luc Mélenchon, Jean-Luc Mélenchon lui-même, voire l’aile souverainiste du Parti socialiste proposent au problème du financement des retraites une solution démagogique.

    Premièrement, il faut « couvrir l’augmentation des besoins sociaux par un accroissement des prélèvements collectifs sur la richesse produite ».

    Deuxièmement, il convient pour ce faire de ne pas toucher aux revenus du travail, mais uniquement à ceux du capital. « Cela est possible si le curseur de la répartition des revenus revient en faveur de la masse salariale. Celle-ci a connu trois décennies de dégradation, tandis que la part des dividendes dans le PIB est passée de 3,2 % en 1982 à 8,5 %.

    Malheureusement, cette solution séduisante repose sur des chiffres faux.

    1/ La répartition de la valeur ajoutée des sociétés non financières est, en ce qui concerne la part des salaires, stable depuis vingt ans : 65,3 % en 1988, 65,6 % en 2009, avec peu de variations intermédiaires. La dégradation ne s’étend donc pas sur trois décennies, mais se mesure par rapport à une seule, la plus éloignée dans le temps. La part des salaires dans la valeur ajoutée y avait atteint un maximum de 74,2 % en 1982, record historique absolu jamais égalé ni avant ni après, et qui intervint après les trois ébranlements majeurs que furent les chocs pétroliers de 1974 et de 1979 et la relance mitterrandienne de 1981.

    A un tel niveau, une fois payés l’impôt et l’intérêt, on arrive à grand-peine à renouveler le capital existant. Inutile alors de parler d’investissement net, donc de croissance.

    La thèse est-elle qu’il faut revenir aux ratios économiques de 1982, année de déséquilibre majeur débouchant sur deux dévaluations et deux plans de rigueur?

    2/ Les dividendes net distribués par les sociétés non financières étaient bien en 1982 (année dont on a vu en quoi elle était exceptionnelle) égaux à 3,2 % de leur valeur ajoutée et sont depuis remontés jusqu’à 8 % en 2007. Mais ladite valeur ajoutée ne doit pas être confondue avec le PIB, dont elle ne représente que la moitié. Il faut être cohérent : rapportée au PIB, la distribution de dividendes est en fait passée de 1,6 % à 4 %, soit une variation du même ordre de grandeur que les ressources manquant au financement des retraites.

    En gros, il faudrait supprimer la notion même de dividendes, donc de rémunération du capital, donc de capitalisme, pour financer les retraites. On rencontrerait sans doute quelques autres obstacles sur un chemin aussi enchanteur. »

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/04/28/retraites-le-scenario-demagogique-par-jean-peyrelevade_1343995_3232.html

    En résumé, mise à part la période 1974-1986, le partage salaire-profit est stable.

    Ensuite, les dividendes, représentant 4% du PIB, ne sont pas une ressource infinie

  8. SYMON
    Posted 9 juin 2010 at 11:37 | Permalien

    Plutôt que de projeter à 40 ans tel que le fait le rapport du COR et estimer indispensables des mesures dès le mois de septembre de cette année, il serait intéressant de suggérer au COR de réaliser l’exercice en se fondant sur des prévisions réalisées en 1970.
    Il aurait dû prendre en compte:
    1. Deux crises pétrolières
    2. L’apparition de la micro-informatique qui a sensiblement modifié le volant d’emploi dans les entreprises.
    3. La chute du mur de Berlin et l’élargissement de l’Europe aux Peco avec les délocalisations que cela suppose.
    4. Quatre krachs boursiers
    5. La conversion de la Chine marxiste-léniniste au libéralisme industriel.
    6.La chute de Lehman Brothers
    7. L’arrivée au pouvoir en France de « redoutables bolchéviques » qui ont instauré la semaine de 35 heures et….la retraite à 60 ans.
    Cela posé, cher Gérard Filoche, j’adhère à tes thèses et désespère de mes anciens camarades qui ont ingéré le modèle libéral et s’interdisent toute réflexion qui y dérogerait un tant soit peu.

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