Le coup de force contre la médecine du travail a échoué, mais ils menacent de le recommencer

97 % de nos frais de santé sont d’ordre curatif, 3 % de l’ordre de la prévention. Nous avions, dans la foulée du programme du Conseil national de la Résistance, après 1945, conçu deux magnifiques médecines de prévention, l’une scolaire, l’autre au travail. La médecine scolaire a été tuée. La médecine du travail a été laissée progressivement à l’abandon, le patronat n’en ayant jamais voulu. Sur 6500 médecins du travail, plus de 600 postes sont vacants, 1700 médecins vont partir à la retraite d’ici 5 ans. Dénigrement, sous estimation, routine ont diminué les vocations. De plus, le Medef a été pris la main dans le sac en novembre 2007 (par Rues 89, France inter, et le Canard enchaîné) alors qu’il volait tout ce qu’il pouvait dans les caisses des centres de santé au travail.

En 2009, il y a eu 8 réunions nationales entre 8 syndicats et le Medef qui n’ont abouti à rien. Le Medef voulait supprimer les médecins spécialisés, espacer les visites tous les 4 ans, prendre encore davantage le contrôle des « SST » (« services de santé au travail »). Comme tous les syndicats unanimement s’y opposaient, le Medef par le canal de quelques parlementaires UMP stipendiés a tenté le 15 septembre dernier à l’Assemblée nationale, avec « l’amendement » 730, de faire passer en force son projet.

Nous, 20 000 syndicalistes de tous les syndicats, et 1100 médecins et inspecteurs/contrôleurs du travail avons tenté d’empêcher ce sale coup par un appel lancé au début de 2010 et nous avons rencontré, à notre demande,  le représentant du ministre du travail, le DGT, (directeur général du travail), Combrexelle, le 24 septembre 2010 pour lui demander de retirer le « cavalier parlementaire » introduit dans la loi de pillage des retraites supprimant de facto la médecine du travail conformément à la volonté du Medef. Un « cavalier législatif » c’est un article de loi qui est introduit dans une loi qui parle d’autre chose et qu’on fait voter en même temps… En nous recevant, le DGT a refusé de reconnaître qu’il exécutait les volontés patronales et a refusé de retirer ce « cavalier ».

Mais voilà, pour une fois, le Conseil constitutionnel s’en est aperçu et a censuré les articles liés à la médecine du travail. Chou blanc pour le Medef, le DGT et son ministre Woerth.

Mais ledit ministre du Travail a aussitôt déclaré que « compte tenu du caractère indispensable de la réforme de la médecine du travail pour la santé des salariés, les articles censurés feront l’objet d’un projet de loi spécifique dans les meilleurs délais« . Comme s’il s’agissait vraiment de la santé des salariés ! Le mensonge permanent de ce gouvernement pour détruire la médecine du travail, c’est le même que pour la retraite : « - C’est pour la sauver ».

Ce combat est donc devant nous, et nous suggérons que tous les syndicats, tous les salariés, le prennent en main avec toute la gauche : une information a déjà commencé avec l’appel des médecins et inspecteurs du travail, (http://www.non-mort-medecine-travail.net). Elle doit se développer, réaliser une unité plus vaste encore, mobiliser pour une vraie médecine du travail, indépendante, financée par les patrons mais échappant totalement à leur contrôle !

Xavier Bertrand s’est déjà vanté que le Conseil constitutionnel n’avait pas désavoué le projet de mise à mort de la médecine du travail sur le fond mais sur la forme… il a donc l’intention de le reprendre intégralement si on ne se mobilise pas dans l’unité, et vite…

One Commentaire

  1. Posted 23 novembre 2010 at 2:23 | Permalien

    d’autant qu’ils attaquent ailleurs, sous un autre angle, en contournant cet « obstacle temporaire », voir :
    http://www.bastamag.net/article1298.html
    en réduisant de 10 % le budget de l’Anact qui oeuvre à lutter contre la pénibilité du travail. A croire qu’ils veulent absolument exterminer les travailleurs pour ne pas payer du tout de retraites…

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