Ils veulent aussi supprimer les prud’hommes

Laurence Parisot affirme que « les prud’hommes insécurisent les employeurs »

Aussi Woerth a t il fait passer à l’ombre du pillage des retraites, une loi du 15 octobre 2010 dont l’article 7 reporte le renouvellement général des conseils de prud’hommes jusqu’à une date qui sera fixée par décret et au plus tard le 31 décembre 2015. Cette loi prolonge le mandat des actuels élus de 2 ans.  Ceci, prétendument, en raison du grand nombre de scrutins prévus au premier semestre 2014 et « afin de mener une réflexion sur une éventuelle modification du mode de désignation des conseillers prud’hommes, commencée par le rapport Richard, compte tenu notamment de la baisse du taux de participation et du coût élevé du scrutin selon les modalités actuelles. »

Pour préparer le terrain, Darcos avait déjà peint en noir le dernier scrutin du 3 décembre 2008 (25,5 % de votants) en prétendant avoir tout fait pour améliorer la participation : 1°) « implantation de bureaux de vote dans les entreprises, » 2°) expérimentation du vote électronique à Paris » 3°) « simplifications des modalités de vote par correspondance », 4°) « campagne de communication significative », 5°) « dépense globale de 95 millions d’euros ».
Mais c’était faux : la composition des listes était largement incomplète, les erreurs d’adresses et d’envoi d’informations considérables, les bureaux de vote étaient restés mal implantés, et ce ne sont pas les votes électroniques aléatoires qu’il fallait faciliter, mais l’information des électeurs eux-mêmes. Qui sait que tout salarié peut voter, même un jeune de moins de 18 ans ? Les jeunes ne le savent pas, on ne leur dit pas dans les écoles où ils sont pourtant en alternance. Qui sait qu’un chômeur peut voter ? C’est un gymkhana pour s’inscrire quand on est au Pôle emploi. Qui sait qu’un immigré peut voter ? En effet, il suffit qu’il ait un contrat de travail  pour aller élire les juges de la République ! Dans ce pays où l’on discute à l’infini du droit de vote des immigrés aux élections locales, ce n’est pas rien : mais aucune information ne leur est faite. Qui sait qu’un salarié peut quitter son entreprise, aller voter sans perdre de salaire ? Pas les patrons d’un million de petites entreprises de moins de 10 salariés : lorsqu’un inspecteur du travail fait sa permanence ce jour-là, il reçoit de nombreux appels :

« - Allo, mon patron ne veut pas me laisser sortir pour aller voter, il dit qu’il me retient la demi-journée si je fais cela ». Enfin les spots télévisés sont rares, tardifs, indigents, non explicatifs. Aucun grand média n’explique aux 17 millions de salariés concernés ce que sont vraiment les prud’hommes. Il n’y a eu aucun débat télévisé en 2008 sur aucune chaîne de service public, entre les syndicats, sur leur programme, leurs orientations et candidats. À la fin, on rencontre des millions de salariés qui ne SAVENT PAS ce que sont les prud’hommes. C’est donc un miracle positif extraordinaire s’il y a eu quand même 4,5 millions de votants !
En fait, ils étouffent l’intérêt des électeurs, ce qui hausse le nombre des abstentions et il ne reste plus, ensuite, comme dans une République bananière qu’à reporter l’élection elle-même avant de la supprimer. Ils ont déjà procédé ainsi de 1965 à 1995 avec les élections aux caisses de protection sociale. Une fois qu’ils auront supprimé l’élection des prud’hommes c’est plus facile de supprimer l’institution elle-même : rêve de Medef !

One Commentaire

  1. Posted 19 janvier 2011 at 13:37 | Permalien

    C’est incroyable qu’on puisse vouloir empêcher ses employés d’aller exercer leur droit de vote et d’expression en tant que travailleur.

One Trackback

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