Où mène le suivisme à l’égard du FMI, de la BCE, de l’UE ? …au désastre des dirigeants socialistes grecs, espagnols, portugais

Les « indignés » de la Puerta del Sol à Madrid avaient écrit, sur une grande banderole :  « Faites du bruit, les Grecs s’endorment » et sur la place Syntagma à Athènes, les « indignés » Grecs ont répondu « Allons nous continuer à dormir ? » Du coup la division de la gauche grecque s’est arrêtée et tous ont défilé ensemble. En Grèce, dimanche, il y a eu 500 000 manifestants dans tout le pays. Dont 150 000 à Athènes. Tous les soirs, il y a des manifestations et le gouvernement de Georges Papandréou est totalement discrédité, isolé : il y a eu moins de 23 % de votants exprimés lors du dernier vote dans un pays où le vote est obligatoire ! Ses ministres ne peuvent sortir en public sans être hués. Le PASOK qui fut un grand parti, est en pleine crise, laminé par la soumission de son chef aux ordres de la finance internationale.
Le peuple grec ne supporte pas, à juste titre, que son patrimoine, et 30 grandes entreprises publiques, soit vendus à l’encan, que ses salaires baissent de plus de 20 %, ses retraites de 50 %, que la misère et le chômage se répandent comme une pandémie. Au nom d’une dette qui ne cesse d’augmenter, vu la récession organisée par ses soins, la sale politique du FMI de la BCE et de l’UE Markel-Sarkozy continue de piller les salariés du pays. Pourtant la dette est illégitime : elle est encore constituée de la dette de la dictature des « Colonels » de 1967 à 1974, de dépenses spéculatives des Jeux olympiques de 2000, des dettes des banques consécutives à la crise dite des subprimes… La Grèce est le 2° pays au monde en budget d’armement par rapport à son PIB, croyez-vous que le FMI ait demandé de supprimer ce coûteux surarmement ? Non, le FMI a demandé de supprimer les droits sociaux !

 

C’est pareil en Espagne : lorsque José Luis Zapatero, le 10 mai 2010, en moins de dix minutes de discours s’est rallié aux ordres du FMI et de la BCE, il a perdu 15 points dans les sondages en quelques jours. Les dernières élections du 22 mai 2011 ont été un désastre, le désespoir frappe la jeunesse réduite au chômage, et l’abstention massive de la gauche a laissé la droite emporter les municipales. Au point que Luis Zapatero assume la déroute et doit quitter la direction de son parti…

 

Il en est de même au Portugal. Quiconque veut défendre une politique d’austérité « de gauche », de « priorité au remboursement de la Dette », doit méditer ce troisième vote des législatives du 5 juin 2011 : la gauche démoralisée par la politique du dirigeant socialiste José Socratés s’est effondrée.  Il n’y a pas eu transfert des voix à droite, il y a eu un raz-de-marée d’abstention à gauche (40 %) qui a suffi à faire gagner la droite de Pedro Passos Coelho. Le quotidien Jornal de Notícias décrit : « Désormais, ce sont donc le PSD et le [parti conservateur de droite] CDS qui remplaceront le PS pour devenir les gouverneurs du FMI, de l’UE et de la BCE et appliquer les plans du ‘marché’ pour le protectorat portugais. … Si notre système électoral prenait en compte les 40 % [qui se sont abstenus], il y aurait près de 90 sièges vides au prochain Parlement. Et les partis auraient le nombre adéquat de députés qui correspond aux faveurs réelles des électeurs, c’est-à-dire à peine plus de la moitié du total actuel. Ce qui, dans le langage des marchés, correspondrait à la note ‘pourrie’. »

 

Alors que la politique pourrie de Sarkozy est au fond du puits, veut-on ne pas gagner en France en 2012 ? Il suffit de laisser entendre qu’on fera comme Papandréou, Zapatero et Socrates ! Croit-on qu’on va esquiver la question ? L’autre jour, sur France inter, Dominique Seux, affirmait qu’il fallait interroger les candidats socialistes sur ce  point. Et en guise de réponse, Pierre Moscovici semblait incliner sur une ligne pro-FMI. C’est justement ce qu’il ne faut pas choisir.

Cela se pose dés maintenant et va dominer la campagne électorale : c’est la ligne de partage. Si on se plie aux diktats du FMI, de l’UE et de la BCE, si on renonce à la retraite à 60 ans, aux 35 h réelles, au Smic à 1600 euros, à bloquer les salaires à 20 fois le Smic, à bloquer les loyers, à redresser et élargir les services publics, on perd la large avance dont la gauche bénéficie actuellement sur Sarkozy. S’il y a ambiguïté, s’il y a hésitation, l’abstention à gauche nous envahira comme à Athènes, Barcelone, Lisbonne. Pour gagner il faut mobiliser, être déterminé, dynamique, annoncer que la Dette est illégitime, qu’on a l’intention de demander des commissions d’enquête, de traquer les spéculateurs et les charlatans des agences de notation, de redistribuer les richesses en faveur des salariés, pas des banksters. Le chantage à la Dette est l’arme de la droite pour enrichir les riches et ponctionner le salariat : refusons ce chantage ! Priorité au social, pas à la Dette !

15 Commentaires

  1. Posted 10 juin 2011 at 13:07 | Permalien

    Tout à fait d’accord avec votre analyse.

    Que faites-vous encore au PS, parti dirigé par des gens de centre droit et absolument pas anticapitalistes !

    Amicalement,

    Lisée

  2. Posted 10 juin 2011 at 14:36 | Permalien

    Melenchon aurait du rester avec nous, on peserait plus au sein du PS, là ou se joue la bataille décisive

  3. Posted 10 juin 2011 at 17:47 | Permalien

    l’espoir vous fait vivre visiblement,

  4. Serge
    Posted 10 juin 2011 at 20:48 | Permalien

    Attac présente sa co-présidente pour succéder à DSk à la tête du FMI. Je n’ai pas entendu le PS soutenir cette candidature, alors même que j’ai entendu Martine Aubry (présentée plus à gauche que Hollande) soutenir la candidature de Mme Lagarde !!
    Alors je ne sais pas si l’espoir fait vivre, mais le problème aujourd’hui c’est que le PS n’est plus porteur d’aucun espoir. La seule certitude que le PS laisse entrevoir c’est qu’il serait un peu moins libéral que l’UMP…Tout cela est un peu léger pour parler d’une dynamique de gauche.
    Je ne suis pas un fan de Mélenchon, mais je pense qu’il peut y avoir bien des surprises d’ici 2012…et le PS qui n’est toujours pas sorti de son positionnement hégémonique, et n’a toujours rien d’autre à proposer que le vote « utile » est capable de relancer la machine à perdre.

  5. Posted 10 juin 2011 at 22:13 | Permalien

    Quelle dommage, alors que Mélenchon (et quelques autres « qui aurait du rester avec vous ») passe toutes les semaines dans les médias, il faille être fidèle à ce blog pour vous lire.

    Pesez-vous au sein du PS avec le moindre espoir que s’y joue de décisives batailles ou seul l’espoir vous fait-il vivre?

    Allez-vous dans quelques mois, sans ambiguïté ni hésitation vous ranger derrière un candidat dont la «  réponse semblait incliner sur une ligne pro-FMI » si tel est celui du PS,
    ou (convenir que d’ors et déjà vous faite la campagne d’un autre et)
    continuer votre combat où c’est possible au grand jour puisque comme vous le dites
    « Pour gagner il faut mobiliser, être déterminé, dynamique »?
    N’esquiver pas (trop longtemps) la question.

    Vous réclamez l’union, vous avez raison, mais ne fait-elle pas la force que lorsqu’une cohérence l’impose?

  6. Posted 10 juin 2011 at 23:52 | Permalien

    et Dolez et généreux… ils sont avec nous.
    Tu dois te sentir bien seul au PS
    en 1978 le PSU disait déjà du PS
    « le PS reste attaché à une conception libérale de l’économie, prônant une régulation globale par le marché, tout en organisant un contrôle de l’Etat sur son fonctionnement.  »
    on l’avait tous oublié, mais rien de changer, pourquoi on s’en étonne ?
    c’est pas mieux que la sfio

  7. Posted 11 juin 2011 at 4:00 | Permalien

    si rien de changé depuis le PSU de 1958, pourquoi melenchon, dolez,genereux etaient-ils au PS entre 1958 et 2008 ?

  8. Posted 11 juin 2011 at 4:03 | Permalien

    vous faites semblant de ne pas entendre : nul ne gagnera sans le PS et le combat pour ancrer le PS a gauche est donc le principal combat…

  9. André
    Posted 11 juin 2011 at 7:55 | Permalien

    Il ne faut pas nier les faits, car c’est tromper les gens: le combat pour ancrer le PS à gauche est une illusion. La majorité des cartés PS étant sur une ligne DSK, Valls, Terra Nova.
    Donc il faut prendre acte.
    Et ne pas oublier: quel est le pourcentage de cartés du PS parmi tous les français votant à gauche?
    Vous savez très bien que le PS au pouvoir ce sera comme en Grèce, au portugal, en espagne.
    La seule différence, nous subissons moins qu’eux la crise, pour l’instant!
    Alors qu’il existe des tas d’arguments pour être vraiment de gauche, le PS n’a jamais été aussi à droite.

  10. Posted 11 juin 2011 at 20:44 | Permalien

    « vous faites semblant de ne pas entendre :nul ne gagnera sans le PS et le combat pour ancrer le PS a gauche est donc le principal combat… »

    Jusqu’à quel jour et quelle heure se demandera-t-on si le PS peut être un atout ou un handicap pour « gagner à Gauche »? (ou pour « gagner au Centre »?) L’éternel débat tournant à l’incohérence plombe les uns autant que les autres pour le plus grand désarroi de militants et électeurs (potentiels) et au bénéfice de la droite décomplexée.

    Ceci dit, si l’on considère que gagner tient d’avantage au coût de la campagne, qu’un marketing onéreux peut suffire à offrir un supplément de crédibilité, malgré sa fragilité, à une posture non encore acquise moins d’un an avant l’élection(ce qui supposerait que les électeurs soient pris pour des crétins)alors, le PS peut gagner, sans -voire contre- la Gauche. Cela n’est effectivement pas impossible!

  11. Teje
    Posted 13 juin 2011 at 16:10 | Permalien

    Quelle est la meilleure stratégie, changer les choses de l’intérieure (et ne pas avoir -ou très peu- accès aux médias pour faire passer son message) ou construire quelque-chose de nouveau et avoir une tribune lors de l’élection présidentielle?

    La question qui se pose avec le front de gauche peut également se poser avec Europe-écologie.

    Votre point de vue de tenter de changer les choses de l’intérieur du PS qui aurait put se défendre en d’autres temps.
    Aujourd’hui, je pense qu’il est trop tard, le PS est (comme les autres partis « socialistes » européens) gangréné et malheureusement rien (même vous) ne pourra modifier sa trajectoire : à fond dans le libéralisme.

    Vous faites partie d’une infime majorité dans votre parti et vous n’avez, pour l’instant aucuns représentant lors de la primaire…Vos messages seront donc oubliés lors de la campagne présidentielle.

    Aubry qui soutiens Lagarde, on croit rêver…

  12. Teje
    Posted 13 juin 2011 at 16:14 | Permalien

    dans mon commentaire il fallait bien sur lire « d’une infime minorité »…

  13. SPIGA
    Posted 13 juin 2011 at 19:43 | Permalien

    Je suis d’accord avec l’analyse économique qui a été faite.
    Seulement, les ténors ne juraient que par DSK qui incarne le capital et toutes les contraintes imposées aux pays en difficulté.
    Heureusement qu’un scandale a pu révéler sa vraie personnalité et ses rapports avec l’argent et sa face cachée de « DROITE ».
    Pour gagner, le PS est obligé de reprendre les valeurs de gauche et pas imiter d’une façon grotesque l’adversaire.

  14. Posted 15 juin 2011 at 9:32 | Permalien

    aliburton : regardes les grands bourgeois qui dirigent le CAC 40 ils sont bien pire

  15. Posted 16 juin 2011 at 14:26 | Permalien

    « ils sont bien pire »

    Évidemment! C’est le propre du modèle d’être plus accompli.

    Que la question soit mal (16) ou mieux (15) posée ce que je comprends de ce qu’ils disent, c’est que lorsque des politiciens se laisse fascinés par ceux qu’ils sont censés combattre, allant parfois jusqu’à retourner leur force contre ceux qu’ils sont censés protéger, il ne méritent plus d’être autorisés à se prétendre de gauche.

    Nous ne voulons pas les moins pire de nos ennemis, mais les meilleurs de nos alliés.

    Remarquez au passage, que le seul progressisme qu’au PS il leur reste, le sociétal dit « valeurs de Bobos », est -déconvenue culturelle s’il en est- à la peine dans les couches les plus populaires. (Dont acte selon Terra-Nova.)

    Remarquez aussi que en ce qui vous concerne « l’analyse économique qui a été faite » n’est pas contestée, seule le lieux où elle est portée pose question, celle de la pertinence de votre fidélité partidaire.

    La pertinence idéologique n’apparaissant pas, cette fidélité devrait-être ébranlée, sauf le cas où autre chose viendrait motiver cette fidélité. Mais quoi d’autre alors que l’idée même que vous vous faite de la fidélité?
    Faut-il être fidèle à l’infidèle plus qu’à soit-même?

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