- Le débat entre Gérard Filoche et « Einschwein » qui conteste la responsablité de Sarkozy dans la crise financier dite des subprimes, prend, à mon avis, sa source dans le sens différent qu’ils donnent à l’expression « crise des subprimes ». Gérard Filoche, à l’évidence, ne reprend ce terme que parce que c’est le plus parlant, le plus usité pour parler de la crise de 2008. Parlez de la crise de 2008, beaucoup vous regarde avec étonnement. Parlez de la crise des « subprimes » tout le monde comprend. Mais pour Gérard, les « subprimes » ne sont pas la cause de la crise de 2008, elles ne sont que l’étincelle qui a déclenché la crise. Pour lui, il faut chercher les causes profondes de cette crise dans les politiques néolibérales dont Sarkozy, le chantre de la « droite décomplexée » est l’un des représentants les plus voyants. Et aucun des chefs de gouvernement qui ont mis en œuvre ces politiques néolibérales, partout dans le monde, ne peut s’exonérer de ses responsabilités dans la crise de 2008 qui est la conséquence de la mondialisation de ces politiques.Pour « Einschwein », à l’évidence également, la cause de la crise de 2007-2008 se trouve dans les « subprimes ». Sans les « subprimes », la crise n’aurait pas eu lieu. Les « subprimes » étant un phénomène exclusivement américain, Sarkozy serait alors aussi peu responsable de cette crise que de la disparition des dinosaures.Dans un tout autre domaine, tous les historiens sont maintenant d’accord à ce sujet : l’assassinat de l’archiduc d’Autriche Sarajevo n’était pas la cause de la 1ère guerre mondiale, elle ne peut même pas être considérée comme une « cause », même immédiate. Le terme « cause » a un sens beaucoup plus profond qu’il ne faut pas confondre avec l’étincelle que fut cet assassinat, produit des contradictions profondes qui structurent l’époque en même temps qu’instrument de la mise à feu des matières explosives accumulées depuis des décennies. Si l’archiduc n’avait pas été assassiné, une autre étincelle aurait joué le même rôle dans le déclenchement de la guerre, en 1914 ou en 1915.Il en va de même pour la crise dite des « surprimes ». L’éclatement de la bulle spéculative immobilière qui a déclenché la crise 2007-2008 n’était, en effet, que l’étincelle qui a mis le feu aux contradictions accumulées depuis le début des années 1980 par les politiques néolibérales. L’éclatement de la bulle spéculative dite des « nouvelles technologiques » qui avait entraîné l’effondrement du Nasdaq en 2000 aurait pu, par exemple, servir d’étincelle. Cela n’avait pas été le cas parce que les contradictions des politiques néolibérales n’étaient pas encore suffisamment explosives. La crise des « nouvelles technologies » a cependant contribué à l’éclatement de la crise de 2007-2008 : les sommes astronomiques que les spéculateurs avaient retirées brutalement de la bulle spéculative des « nouvelles technologies » étaient allées aussitôt gonfler une autre bulle, la bulle spéculative immobilière, d’où partirait la crise de 2007-2008.Les racines de la crise 2007-2008 sont beaucoup plus profondes. Elles datent du début des années 1980 lorsque, à la suite de Reagan et de Thatcher, les politiques néolibérales se sont généralisées pour rétablir en taux de profit en voie d’effondrement.Le taux de profit s’est rétabli mais aux dépens des salaires qui ont subi depuis, partout dans le monde mais à des rythmes différents, une régression de leur part dans le partage de la valeur ajoutée de l’ordre de 10 %, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en France, en Allemagne (au cours de la dernière décennie), comme en Inde ou en Chine.
Cette diminution de la part salariale posait un problème aux néolibéraux : comment écouler les marchandises (produits et services) et maintenir le taux de profit sans l’augmentation régulière de la demande salariale.
Ils ont tenté de résoudre le problème de multiples façons.
D’abord en augmentant la consommation des riches, la consommation de luxe. Il suffit de voir l’envolée des profits de LVMH, Porsche, Moët et Chandon… pour constater que la crise de 2007-2008 ne les a pas fait changer de politique.
Ensuite, ils ont tout fait pour que l’épargne des ménages diminue et soit utilisée à consommer. Aux Etats-Unis, en 2007, cette épargne n’était pas loin de 0 % du revenu des ménages contre 15 % dans la plupart des pays de l’Union-européenne, à l’exception notable du Royaume-Uni.
Ils ont, aussi, distribué le crédit sans compter. Crédit à la consommation puis crédit immobilier. Là encore, c’est le crédit des riches qui a démarré la danse, les prêts étant attribués sur la base de la valeur immédiate des portefeuilles d’actions données en garantie. Et comme les cours de la bourse augmentaient régulièrement, les banques faisaient de même pour les crédits qu’ils accordaient. Ensuite, le crédit a été étendu aux couches moyennes salariales. Enfin, il a été étendu, aux salariés pauvres à qui les banques ont proposé des prêts immobiliers très bas au départ mais indexés sur les taux de la Réserve fédérale qui ont augmenté de façon vertigineuse.
Les « subprimes » n’étaient donc que l’ultime échelon de politiques néolibérales qui cherchait par tous les moyens à compenser la baisse salariale et ses conséquences sur la consommation.
Nicolas Sarkozy dont la politique avait pour objectif d’augmenter encore la part des profits et la consommation des riches (bouclier fiscal, baisse de l’impôt sur les successions, multiplications des niches fiscales…) au détriment des salaires (réforme des retraites, stagnation du Smic, refonte du code du travail, attaques contre l’Assurance maladie, la Fonction publique, les services publiques…) a parfaitement joué son rôle dans l’orchestre néolibéral mondial et apporté – comme l’avait fait Chirac avant lui – toute l’eau que les rapports de force sociaux en France lui permettaient d’apporter au moulin de la crise de 2007-2008.
La rapidité avec laquelle la crise s’est étendue aux Etats-Unis, puis dans l’ensemble du monde, de l’immobilier aux banques, des banques aux bourses des valeurs, de la finance à la production de marchandise trouve aussi son explication dans les politiques néolibérales.
La libre circulation des capitaux imposée à l’Europe par l’Acte unique de 1986) a été l’une des facteurs essentiels de cette extension.
Mais d’autres politiques libérales ont aussi leur part de responsabilité : la titrisation des créances, la multiplication des produits dérivés, la spéculation sans apport de garantie, la possibilité pour les banques de spéculer avec les fonds de leurs clients, la tolérance (pour ne pas dire plus) de l’existence de paradis fiscaux, l’absence totale de régulation des mouvements financiers, l’absence de tout contrôle des fusions-acquisitions dans un domaine aussi décisif que la banque ….
Des bulles spéculatives immobilières se sont, au même moment, démesurément gonflées en Irlande et en Espagne avec l’aide des banques qui prêtaient sans le moindre discernement, comptant sur les hypothèques et la hausse des cours de l’immobilier pour être de toute façon remboursées.
Le résultat est là, sous nos yeux, il y a deux millions de logements neufs et inoccupés dans la région de Madrid, les banques irlandaises n’ont été sauvées de la faillite que parce que l’Etat irlandais a repris leurs dettes à son compte, les banques espagnoles, particulièrement les caisses d’épargne régionales, sont au bord du gouffre malgré les pans de sauvetage successifs de l’Etat espagnol. Les néolibéraux (les oligarques européens, le FMI) multiplient aujourd’hui les plans d’austérité qui étouffent la croissance pour obliger les peuples qui n’ont jamais eu leur mot à dire à régler les dettes privées (en particulier celles des banques) qui ont été reprises à leur compte par les Etats.
- Une nouvelle bulle spéculative, gigantesque, celle des dettes publiques a été gonflée et continue à l’être. La crise ne se résumait pas aux « subprime » : elle est loin d’être terminée. Les dettes publiques européennes sont, en effet, devenues un objet de spéculation pour les marchés financiers, exactement comme l’immobilier. Les grandes banques européennes qui, en 2010, prêtaient à plus de 6 % à l’Etat grec tout en se refinancement à 1 % auprès de la Banque Centrale Européenne sont à la pointe de cette spéculation. Jerôme Frévent
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Une vraie retraite à 60 ans c‘est possible
(G. Filoche, J.J. Chavigné)
Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche ont publié en 2010 « Une vraie retraite à 60 ans c’est possible » (éditions Jean Claude Gawsewitch). Ils publient courant septembre un nouveau livre intégrant la réforme des retraites de 2010, la crise économique et celle de l’Union européenne, l’arrivée au pouvoir d’un Président et d’un gouvernement de gauche…
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Le choc
Le choc, après Cahuzac
128 p, 9,90 € Éd. Gawsewitch – en librairie le 13 juin (G. Filoche, C. Gispert, JF Claudon)
Le « choc Cahuzac » du 2 avril 2013 a ébranlé toute la France. Ce jour-là, des millions de citoyens ont découvert, abasourdis, une insupportable vérité.
Le chef du Budget fraudait le Budget.
Le ministre chargé de lutter contre la fraude fiscale trichait.
Le ministre de la rigueur l’appliquait aux autres mais pas à lui. Le défenseur intransigeant de la « règle d’or » planquait son or. L’homme qui jouait le « père la morale » n’avait aucune morale.
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« La dette indigne »
La dette indigne
10 questions, 10 réponses
Par Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche.Éditions Jean-Claude Gawsewitch, 240 p., 14,90 euros
En 10 questions, 10 réponses, les deux auteurs avancent leurs propositions après un passage en revue détaillé de toutes les solutions présentées : de la restructuration des dettes publiques aux plans d’austérité en passant par la « règle d’or », la sortie de la zone euro, les euro-obligations ou la monétisation des dettes publiques.
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Méta
5 Commentaires
OUI, merci à Jerôme Frévent de sa contribution. IL ne faut pas non plus perdre de vue que lorsque Fillon et la propagande de l’Elysée essaient d’exonérer le « bilan » de Sarkozy de ladite crise, ils tentent un tour de force.
En effet, ils essaient de dire que le bilan de 5 ans de Sarkozy serait bon, si par malheur il n’y avait pas eu cette crise, donc que ce n’est pas la faute a la politique suivie par Sarkozy : c’est vraiment trop gros comme pilule à faire avaler.
Le « AAA » de la France menacé à l’horizon 2020 si les réformes s’arrêtent.
La note maximale accordée à la France, « AAA », pourrait être menacée à l’horizon 2020 si le pays ne poursuit pas sa réforme de ses systèmes de retraite et de santé, indique l’agence de notation Standard & Poor’s dans un rapport publié vendredi.
http://www.20minutes.fr/economie/739467-aaa-france-menace-horizon-2020-si-reformes-arretent
Si la gauche passe en 2012…
mais nous sommes des citoyens de XXI° siècle, adultes, pas des pigeons des pseudos agences privées de charlatans de notation : elles sont toutes corrompues, payées par les banques auxquelles elles donnent des bonnes notes..Il faut les mettre en examen, comme aux USA, nommer des commissions d’enquête sur Fitch ratings, par exemple, la française dirigée par Marc Ladreyt Delacharriére, le DF de Loréal, 1er cercle UMP, ami de Fillon, nommé par Sarkozy pour diriger le Louvre des ables d’Abu dhabi…
ouiaiis, fatal, hein ? o le beau défaitiste ! rien ne sert de militer d’agir, tout est foutu d’avance, on reste chez soi, hein ?
hé bien, pas nous, on agit la ou il faut, au coeur de la gauche, au sein du plus grand parti de la gauche, pour que ca ne se passe pas comme cela, et on pense que le rapport de force spécial peut nous aider… évidemment si on n’a pas des poilus qui se résignent et se contentent de lettre des posts aussi intelligents et constructifs que ce dernier…
aliburton, t’as le droit de n’être pas choqué, et de voter FN mais va polluer d’autres sites