Sale patron, sale entreprise

OBOULOT n° 16 dans L’HUMANITÉ DIMANCHE

Tous les patrons ne sont pas comme ça heureusement. Mais celui-là bat les records : il ne crée rien, ne produit rien, ne fait que se glisser dans les mailles d’un système pour exploiter près de trois cents femmes qu’il utilise pour faire le ménage dans des grandes chaînes d’hôtels, il les choisit, si possible africaines, ne sachant pas lire, ni défendre leurs droits, et il les « place ». Il prétend qu’il apporte une « valeur ajoutée » avec des « gouvernantes » qui les « dirigent » sur place et qu’elles ne sont donc pas sous les ordres directs des hôteliers. Il épargne aux dirigeants des Campanile, Novotel, et autres Sheraton, d’avoir à gérer et à intégrer dans leurs effectifs, avec leur niveau de salaire, cette partie pourtant essentielle de leur personnel.

Il manipule ces femmes avides d’avoir quelques sous pour survivre : si elles ne travaillent pas « assez », ne sont pas assez « souples », il a un mode de sanction facile, il les « mute » en prétextant que leur contrat prévoit la «mobilité» dans toute la grande région parisienne. Il les envoie à Roissy, à Bagnolet, ou Aubervilliers, plutôt qu’au centre de Paris. Ça les épuise en temps de transport et en rallonge de carte Navigo 5 zones. La punition, c’est Roissy… Il les embauche en temps partiel de 9 h à 12 h, mais comme tous les clients ne quittent pas leur chambre avant midi, ça rallonge d’autant la durée réelle du travail. Comme elles ont un nombre présumé de chambres à faire, « à la tâche » elle sont obligées de rester jusqu’à 14 h, 15 h, voire 16 h… Et ces heures ne sont jamais payées, ne figurent nulle part. Avec deux heures de transport aller et retour, ces femmes sont subordonnées 10 h par jour et payées 3 ou 4 h. Éparpillées, c’est dur a contrôler. On reçoit des dizaines de plaintes aux permanences de l’inspection.
Le « patron » de cette « boîte », est conseiller prud’homal côté patronal. Il se vante de connaître et de respecter « le droit ». Selon lui, il ne fait pas de la fausse sous-traitance et ce n’est pas de l’intérim, il n’a pas à verser 10 % de majoration à ces femmes. Jusqu’à la visite de l’inspection du travail, il avait réussi à ne pas s’inscrire à un centre de visite médical, à ne pas payer de visites aux salariées. Il avait réussi aussi à ne pas organiser d’élections aux institutions représentatives du personnel. Contraint de se mettre à jour, il a intrigué pour opposer deux tentatives de deux syndicats ( – « Moi, je préfère quand il y a plusieurs syndicats, ils se bouffent le nez » a t il osé me dire). Il a gagné du temps, a écarté la femme la plus consciente, a fait passer une autre qui lui mange dans la main, puis il ne remplit aucune des obligations (réunions de DP, de CE, de CHSCT…).

Ça prend un temps fou de lui faire rendre gorge. Il fait traîner, ment, se dérobe. Je l’ai pris la main dans le sac, parce qu’au lieu de mettre « heures supplémentaires » comme la loi l’exige, sur une ligne distincte du bulletin de paie, il met « LS » : « lit supplémentaire ». Il paie « au lit fait » en plus du nombre de chambres attitrées. 0,37 centime d’euros par « LS ». Soit à raison de 10 minutes par lit, 2, 22 euros de l’heure, 1/5e du Smic. Refusant de reconnaître qu’il était interdit de payer ainsi « à la tâche », il a augmenté…à 0,50 centimes par « LS » soit en pratique 3 euros de l’heure. Et il dispute encore le fait qu’il faille 10’ par lit !

  • Gérard Filoche

4 Commentaires

  1. bghflt
    Posted 22 juin 2011 at 8:46 | Permalien

    Gérard, merci de modérer les commentaires. C’est insupportable de découvrir après un papier si poignant, des commentaires d’une telle bassesse.. cf KRONAGNON

  2. Pascale
    Posted 22 juin 2011 at 11:48 | Permalien

    @Kronagnon
    « pourquoi faudrait-il se battre pour elles alors qu’elles se battent contre nous ? »
    Cette idée est vraiment stupide. Elles se battent pour gagner leur « croute », il n’y a que ça à dire. Je vois que les Grecs ne sont pas nos seuls adversaires, il y a aussi les Africains et probablement les Français d’origine africaine et qui encore? Les patrons voyous, je veux parler de ceux d’entre les patrons qui traitent leurs salariés comme des esclaves, qui leur mentent pendant l’entretien d’embauche (horaires, conditions de travail …) pour les amadouer mais qui ne respectent rien de ce qui a été dit, la seule solution restant au salarié est de démissionner avec l’assurance de ne pas avoir droit au chômage et donc de se retrouver sans le sou, n’est ce pas eux nos adversaires? Mon camp est celui de ces salariés contre les patrons voyous (pas uniquement ceux qui ont droit aux parachutes dorés mais tous ceux qui trichent, qui mentent et qui exploitent des salariés qui ont peur de se retrouver au chômage ou pire sans allocation chômage), sans aucun doute!

  3. Dupont
    Posted 23 juin 2011 at 13:55 | Permalien

    Merci Gérard d’avoir karcherisé tous ceux qui posent des questions gênantes pour notre parti ! en période d’élection il faut contrôler tout ce qui concerne notre grand parti prolétarien !

  4. Gaston Rouge
    Posted 24 juin 2011 at 11:01 | Permalien

    Afin de décrocher le pompon, Lagarde promet de n’avoir aucune indulgence pour l’Europe …

    Martine était-elle au courant de cette position lorsqu’elle a soutenu la candidature de Lagarde ?

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