737 maîtres du monde

« Rassurer les marchés », voilà ce qu’on entend sans cesse. Qui sont ces foutus « marchés » qui nous font tant de mal et qu’il faudrait « rassurer » ? Pourquoi nous demande t on de leur rembourser une “dette” qui n’est pas la nôtre ? Sont ils insaisissables à ce point qu’on ne puisse rien contre eux ?

Pourtant il y a des responsables. Ils sont identifiables. On peut agir pour les empêcher de continuer de nuire.

Dans une étude récente, trois chercheurs  de l’Institut fédéral de technologie de Zurich viennent une nouvelle fois de mettre en évidence l’extrême centralisation du pouvoir capitaliste[1].

Selon eux, « les multinationales (…) forment une structure de nœud papillon géante et une grande part du contrôle est drainée par un cœur tissé serré d’institutions financières ». Après avoir identifié 43 060 firmes transnationales (Trans National corps ou TNCs), selon la définition de l’OFCE, ils calculent que « à eux seuls, les 737 détenteurs prépondérants cumulent 80 % du contrôle sur la valeur de toutes les TNCs ». Ils en tirent la conclusion que « le degré de contrôle du réseau est bien plus inégalement distribué que la fortune. En particulier, les acteurs du haut de la liste détiennent un contrôle 10 fois plus que ce qu’on attendrait sur la base de leur fortune ».

Pour ces trois chercheurs, la centralisation du pouvoir capitaliste ne s’arrête pas là : 147 TNCs « via un réseau complexe de relations de propriété » possèdent 40 % de la valeur économique et financière des 43 060 TNCs.

Enfin, au sein de ce conglomérat de 147 multinationales, 50 « super entités » concentrent l’essentiel du pouvoir. Parmi ces « super entités » : Barclays PLC, JP Morgan Chase & Co, Goldman Sachs, Merrill Lynch, Bank of America corporation, mais aussi (en Europe), UBS AG, Deutsche Bank AG, et (en France),  AXA en 4ème position, Natixis, Société générale, BNP Paribas.

Un tel réseau financier « densément connecté devient très sensible au risque systémique » et c’est au final un nombre extrêmement restreint de fonds d’investissements et d’actionnaires, au cœur de ces interconnexions, qui décident de restructurer les grands groupes industriels et de spéculer sur l’immobilier, le pétrole ou les dettes des pays du sud de la zone euro…

Dans la lutte qui les oppose, le pouvoir du capital est très centralisé, la force du salariat reste encore beaucoup trop éclatée.

 


[1] Stefania Vitali, James B. Glattfelder et Stefano Battiston : “Le réseau  de contrôle global par les grandes entreprises” – Chair of Systems Design, ETH Zurich.


Vient de paraître : « Dette indigne, dix questions, dix réponses » Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche, Ed. JC Gawsevitch, 220 pages, 14,90 euros

3 Commentaires

  1. GILLERON Bernard
    Posted 5 octobre 2011 at 13:46 | Permalien

    Bien sûr que j »achèterai ce bouquin, comme les précédents.
    Mais tout de même: penser qu’Aubry va résoudre ces questions avec le PS seul(aucun pacte n’a été proposé aux autres (notamment le PCF, et le FdG), c’est très contradictoire avec ces analyses.

  2. I. Molyneux
    Posted 7 octobre 2011 at 23:47 | Permalien

    Bonjour Gérard,

    Je viens simplement d’écouter M. Aubry sur les retraites, lors du dernier débat des primaires. C’est lamentable ! Elle ne remet en cause ni les 41,5 ans de cotisation ni les 62 ans !… Elle ne remet simplement rien en cause de la réforme Fillon ou alors quelques points de détail !

    Je confesse d’ailleurs tous les autres prétendants à la candidature du même péché, y compris Montebourg !

    Comment peux-tu nous demander d’aller voter pour elle, toi qui es sur des positions si différentes (en gros 37,5 ans de cotisation et 60 ans) (et si justes) ! Je pense d’ailleurs que ce choix brouille ta position et désoriente tes sympatisants.

    Y compris pour le (vrai) second tour, je n’irai donc pas voter pour M. Aubry.

    Cordialement,

    Irwin.

  3. Posted 26 octobre 2011 at 18:40 | Permalien

    Bonjour.

    Votre intervention sur France Inter, ce mardi matin 25/10/11 qui était très bien et a attiré mon intention, ce qui m’a permis d’aboutir sur votre site sur lequel j’émets les observations suivantes.

    Si 737 individus peuvent détenir autant de pouvoirs financiers, ce qui dépasse l’entendement le plus élémentaire, il y a obligatoirement une cause qui échappe à toutes les réflexions sur ce sujet, Pourquoi cette lacune dans les raisonnements ?

    Parce que cette cause provient des inégalités naturelles qui interviennent continuellement sur tous les comportements, mais la pensée globale de l’humanité n’a pas encore pris conscience de cette réalité. Résultat : Le genre humain est sous l’emprise d’une multitude d’inégalités qui déterminent la vie en société pour inévitablement aboutir à des actions animées par des inégalités positives ou fastes d’un côté; c’est le progrès. Et de l’autre côté, à des actions dominées par des inégalités négatives ou néfastes; c’est la misère, la guerre et le désastre. Pour combattre les comportements dominés par des inégalités néfastes et nuisibles, les hommes ont inventé le droit. Mais ils n’ont pas encore compris qu’en inventant le droit dans l’ignorance des inégalités naturelles, les esprits pervers n’ont pas manqué d’utiliser le pouvoir politique pour instituer légalement L’INÉGALITÉ DES DROITS.

    En évoluant sous l’emprise d’un nombre incalculable de droits inégaux, l’humanité en a subi d’effroyables conséquences, et tout le monde se lamente sur ces effets catastrophiques, mais personne n’en recherche la cause, alors qu’elle crève les yeux. Tous les problèmes de la vie en société proviennent de l’inégalité des droits, et pour sortir de cet engrenage infernal, il n’y a qu’une solution. C’est de communiquer pour acquérir l’égalité de tous les droits par tous les moyens. Et en particulier, pour mettre fin à la crise actuelle de l’endettement, c’est de se rassembler, revendiquer et agir pour obtenir l’égalité des droits économiques sur les résultats de son travail collectif. Égalité des droits sur les profits pour obtenir une bonne et juste répartition de l’argent dans l’entreprise, là où les travailleurs produisent les véritables richesses indispensables à notre existence. Pour en savoir plus, et tout comprendre sur le fonctionnement de l’économie, voir : http://www.egalitedesdroits.info
    Salutations
    André Virasolvy

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