Au boulot n° 35
En France, le creux de la « crise des subprimes » est effacé et les profits du CAC 40 ont explosé au détriment des salaires : 80,373 milliards d’euros, plus de 70 % par rapport à 2009 et 40 milliards de dividendes sont distribués à leurs actionnaires. Si l’on prend la richesse moyenne par adulte, la France est 5e devant les États-Unis 7e. Elle est la 1ere nation européenne (4e rang au monde avec 12 100 milliards de dollars) devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les cinq plus grosses banques françaises annoncent 21 milliards d’euros de profit en 2010 deux fois plus qu’en 2009. Les 100 Français les plus riches avec 2,8 milliards d’euros, ont gagné en un an ce qu’un salarié gagnerait en 1,3 millénaire ou 300 vies de labeur. Il y a 2,2 millions de millionnaires en France soit 9 % du total mondial. La rémunération totale des présidents du CAC 40 atteint 3,06 millions d’euros en moyenne en 2009 soit 190 fois le Smic annuel.
La fameuse « crise des subprimes » n’a nui qu’aux salariés et profité qu’aux puissants. Selon le directeur du Bureau international du travail, Juan Somavia la croissance des salaires a été amputée de 50% : « La récession n’a pas seulement été une catastrophe pour les millions de personnes qui ont perdu leur emploi, elle a aussi affecté les salaires de ceux qui l’ont conservé ». « La stagnation des salaires fut un important élément déclencheur de la crise, elle continue d’affaiblir la reprise ».
Le Smic horaire en France a été bloqué à 9 euros brut au 1er janvier 2011 (+ 1,6 %) pour la 5e année consécutive. Le salaire médian est de 1500 euros. 95 % des salaires sont inférieurs à 3200 euros. L’inflation est 2,4 % en janvier. Le gaz, l’électricité, l’essence, les loyers, les assurances, tout a augmenté de 3 à 7 %.
Et l’on ne pourrait pas fixer un plafond de revenu limité à 20 fois le Smic ? et l’on ne pourrait pas, du coup, augmenter massivement les salaires de ceux qui produisent vraiment les richesses soit 93 % de la population active ? Il ne serait pas juste de revendiquer un Smic à 1700 euros ?
Allez, un seul exemple : près du Puy-en-Velay, 72 salariés d’Interep ont fait grève 12 jours, ils ont gagné une hausse de 150 euros de salaire mensuel. Ils avaient baptisé l’entrée de l’usine « Place Tahrir » et installé une belle pancarte : « Tunisie, Egypte, Interep ».
Gérard Filoche