8 mars : Égalité professionnelle hommes femmes… pour le port des charges

Au boulot n°35

Bonne fête du 8 mars pour les femmes dans le code du travail Sarkozy-Parisot ! Depuis le 1er mai 2008 et pour la 3e année, le port de charges par du personnel féminin n’est plus limité à 25 kg (art. R 234-6 de l’ancien Code du travail).
Le code du travail « recodifié », imposé au Parlement par ordonnance de décembre 2004, promulgué le 12 mars 2007, entré en vigueur le 1er mai 2008, a « oublié » cette limitation maxima de 25 kg : le nouvel art. L 4541-1 sur « la manutention des charges » est vide.

C’est au « nom de l’égalité professionnelle hommes – femmes » que le nouveau code précise que les femmes peuvent porter le même poids que les hommes ! Il n’impose pas l’égalité des salaires… mais l’égalité des ports de poids ! Bienvenue salariées, vous pouvez porter le même poids que les hommes au moment où il n’y a plus de limites de poids dans la loi…

Voyant des femmes pousser de lourds chariots dans une cantine, un inspecteur du travail a interrogé le ministère sur les limites des charges pouvant être « traînées, poussées, tirées, ou soulevées » par des femmes. « La disparition de l’art. R 234-6 était-elle un « acte volontaire » du nouveau code ? La Direction générale du travail (DGT) a répondu qu’il s’agissait bien d’une « suppression volontaire » dont il restait à vérifier « avec davantage de précision les incidences éventuelles » (sic). Soit, en novlangue : « Les récentes données scientifiques des physiologistes et des ergonomes tendent à ne plus appréhender un seuil indépendamment du contexte (facteurs aggravants tels que l’ambiance physique, la cadence, la durée d’exposition…) ». En matière de manutention manuelle, il n’y a donc plus de seuil maxima mais « une approche chiffrée indicative selon l’environnement » ! Qui jugera que les petites femmes de Paris ne devront pas porter 25 kg mais que les solides femmes de banlieue le devront ? Question d’ambiance physique…

Le Medef n’aime pas les chiffres : ni les 35 h, ni les 60 ans, ni les 1600 euros, il préfère une durée du travail « à la carte », une retraite « à la carte », un Smic « à la carte », et… un port de charges à la carte !

L’un des « recodificateurs » avait écrit en été 2007, préfaçant la 1iere édition du Code passé à l’acide des exigences du Medef : « Il faudra des mois voire des années pour que le nouveau code révèle tous ses secrets » ajoutant : « ce sera un effort colossal pour les usagers » . En effet, femmes et hommes doivent faire des efforts colossaux…

Gérard Filoche

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