« Pactes de compétitivité » contre Code du travail : la loi Warsmann est passée le 22 mars. Abrogation.

Sarkozy nous a fait payer sa cotisation aux grands projets européens « anti code du travail » de Merkel et des « hommes in fric » de Goldman Sachs, les « Mario » (Mario Monti, celui qui veut interdire le droit de grève en Europe et Mario Draghi, celui qui déclare « la mort du modèle social européen ») en faisant publier  la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 « relative à la simplification du droit et à l’allégement des démarches administratives ». Derrière ce titre discret que se cache t il ? Cinq changements en guise de pochettes surprises – les articles 40, 44, 39bis, 41 et 48 –  ont été introduits par cette ultime offensive anti code du travail votée par l’Assemblée UMP. Parmi eux, l’article 40 tueur d’état de droit dans les entreprises.

Article 40

« Modulation du nombre d’heures travaillées sur courte période sans requalification du contrat de travail : la mise en place d’une répartition des horaires sur une période supérieure à la semaine et au plus égale à l’année prévue par un accord collectif ne constitue pas une modification du contrat de travail »

 

Alors que des négociations nationales se tiennent les employeurs peuvent désormais proposer un texte qui permet de baisser les salaires et faire varier la durée du travail par accord d’entreprise, modifier des éléments fondamentaux du contrat de travail, tel que durée du travail, conditions de travail, aménagement du temps de travail et rémunération,  en échange d’un hypothétique engagement à maintenir l’emploi.

 

C’était déjà possible depuis la loi Fillon du 4 mai 2004 qui permettait d’inverser la hiérarchie des sources de droit du travail et déroger au niveau de l’entreprise selon un « principe de défaveur » à des accords de branches ou à des lois qui le prévoyaient. Mais jusque-là vous pouviez refuser ce diktat, et invoquer votre contrat en usage. Dans ce cas c’était à l’employeur de démontrer les difficultés de l’entreprise et il devait vous licencier pour « motif économique », avec les garanties attachées à ce type de rupture (reclassement, contrat de sécurisation professionnel …) Si vous êtes 10 à refuser cette modification, l’employeur doit faire un plan de sauvegarde de l’emploi.

Dorénavant dès que l’entreprise pressent des problèmes économiques à venir, elle peut négocier, imposer une baisse des rémunérations, de variation de la durée du travail, par accord d’entreprise. Ce sont les fameux « pacte de compétitivité annoncé par Sarkozy le 31 janvier. Et ce qui est nouveau c’est que si vous les refusez, votre licenciement ne sera plus considéré comme « économique ». Vous serez en faute. Votre motif de licenciement sera inattaquable devant un juge ! Le comité d’entreprise ne peut plus vérifier la réalité des difficultés économiques, faire des propositions alternatives aux licenciements, défendre vos intérêts. De plus, l’employeur échappe aux obligations propres à ce type de licenciement (reclassement, contrat de sécurisation professionnel) !

 

Article 44

Simplification du bulletin de paie :

 

Ceci n’est pas anodin. Le Medef veut supprimer les cotisations sociales, le salaire brut et ne payer que l’acte productif, le « net ». Ceci a pour objet de réduire le nombre de lignes figurant sur la feuille de paie pour que vous n’y voyez plus les cotisations sociales que l’on vous supprimera ensuite

 

Article 39 bis (nouveau) :

Instauration d’une obligation légale pour les partenaires sociaux d’ouvrir des négociations sur les salaires dès lors que le salaire minimum national professionnel des salariés sans qualification se trouve à un niveau inférieur à celui du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Disposition introduite à l’initiative de la commission des Affaires sociales)

 

Normalement aucun salaire minima conventionnel ne devrait se trouver en dessous du Smic. Il devrait être rajusté automatiquement, ce n’est pas du domaine de la négociation mais de la loi.

 

Article 41 :

Dispositif permettant, dans le cas des licenciements pour inaptitude physique d’origine non professionnelle, une rupture du contrat de travail dès la notification du licenciement. Maintien des règles actuellement en vigueur pour le calcul de l’indemnité de licenciement, en dépit de la non-exécution du préavis (Disposition introduite à l’initiative du Rapporteur)

 

Si vous êtes malades et inaptes, vous êtes virés plus vite de l’entreprise, on n’aura plus le temps de vous dire merci.

 

Article 48 :

Information du chef d’entreprise par l’agent de contrôle des circonstances de fait susceptibles de constituer une infraction pénale, ainsi que des sanctions encourues à ce titre, en cas de constatation d’infraction à la législation du travail. En conséquence, suppression de la transmission à l’employeur des PV des inspecteurs du travail (Disposition introduite par le Rapporteur et par la commission des Affaires sociales)

 

C’est seulement pour rendre plus lourde la tache des inspecteurs et contrôleurs du travail : ils doivent prévenir l’employeur « des circonstances de fait susceptibles de constituer une infraction »…avant de dresser procès-verbal ! Autant ne plus faire de PV, le juge dira qu’ils n‘ont pas été prévenus, et s’ils sont prévenus, l’employeur dira qu’il a modifié la situation délictuelle.

 

A la gauche d’abroger ces articles et de

reconstruire le code du travail

comme cela est prévu dans le « projet socialiste »

 

 

 

D&S n°194, 20e année, avril 2012 est paru
24 p, 3 euros – Bientôt dans vos boîtes à lettres…
Abonnez-vous : 10 n° = un an = 30 euros
Chèques à : « D&S » C/O D&S 85 rue Rambuteau 75 001 Paris

Sommaire, le 10 avril :

En « une » : « C’est maintenant, les 22 avril et 6 mai »
Élire François Hollande pour chassez Sarkozy
P.2 : Informations diverses et agendas
P.3 : édito : un enjeu historique et gouvernement PS-EELV-FdG
P.4 à 7 : Bilan antisocial de Sarkozy
P.8-9 : Le tacticien et l’idéaliste
P.10 -11 : Espagne victime de «l’économie de la douleur »
P.12 : MES un « pare feu » en bois inflammable
P.13 : Grèce, 11 millions de morts vivants
P.14-15 : À bas l’Europe des Mario, Monti et Draghi
P.16-18 : Faire que les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012
P.19-21 : Retour sur la tragédie de Toulouse Montauban
P.22 : Mise en scène de l’élection française à la BBC
P.23 : Post it. : un autre regard sur la résistance palestinienne
P.24 : Loi Warsmann, ultime attaque contre le Code du travail

9 Commentaires

  1. Posted 10 avril 2012 at 12:47 | Permalien

    36e réunion publique Gérard Filoche depuis janvier 2012 : RV 19 h 30 le mercredi 11 avril Paris 4e Café politique 34 avenue du Temple 75 003

  2. dominominus
    Posted 10 avril 2012 at 19:59 | Permalien

    Maintenant que la guerre économique n’est plus un secret pour personne, allongeons la liste des victimes, exclusivement issues de la piétaille ! Pactes de compétitivité, ou manière soft de tuer !

  3. Posted 11 avril 2012 at 7:24 | Permalien

    nous nettoyons en effet les insultes, les éructations et autres agressions, provocations, sans fond, sans argument et sans apport intellectuel ou politique

  4. micmaxjos
    Posted 11 avril 2012 at 12:44 | Permalien

    Pas d’accord avec toi en ce qui concerne l’article 41
    Avant cette loi, le salarié ne pouvait pas s’inscrire à pole emploi donc pas de droit aux allocations de chomage
    Et comme il n’était pas payé pendant le préavis , il ne percevait rien pendant tout ce temps

    c’est la seule disposition intéressante de cette loi qu’il ne faudra surtout pas changer

  5. Pierre
    Posted 11 avril 2012 at 14:53 | Permalien

    Le 16 Avril, une semaine avant le premier tour, une chose tres grave va se produire : l’Eurex, le leader des marchés de produits financiers dits dérivés, va ouvrir un contrat à terme sur les emprunts d’Etat français . Même l’économiste libéral Marc Fiorentino s’est ému, le 23 mars dernier : « Quel hasard! Quelle coïncidence. 13 ans après la disparition du MATIF, le marché à terme des instruments financiers, une semaine avant les élections françaises, tous les spéculateurs du monde entier pourront facilement vendre à découvert de la dette Française. Facilement. A coûts bas. »

    Ce nouveau titre financier permettra d’améliorer la liquidité sur les obligations d’Etats françaises, mais surtout de spéculer plus facilement sur les emprunts français.

    Attention, DANGER !!! SVP François Hollande, parlez en aux Français, car les journalistes de télé n’en disent pas un mot !

  6. Alain
    Posted 13 avril 2012 at 9:43 | Permalien

    Je n’avais pas vu grande opposition des camarades socio-démocrates lors de la « vente à la découpe » du Code du Travail, et je n’escompte rien de la part de Hollande, qui dira à chacun les paroles qu’il espère et ne fera rien. Donc, en appeler à « la gauche », c’est un voeu pieu, un aveu.

  7. Melle Luche
    Posted 13 avril 2012 at 16:22 | Permalien

    ce lien n’est pas pour vos lecteurs (ils l’ont certainement déjà lu) mais pour vous (vous pouvez donc l’effacer après comme tous les autres)

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/j-ai-quitte-le-ps-pour-l-honnetete-114570

    amitiés socialistes

  8. Posted 13 avril 2012 at 16:36 | Permalien

    Savez vous pourquoi Mélenchon a quitté le PS le 6 novembre 2008 : il a donné deux raisons ce jour là dans son communiqué de départ 1°) « Ségolène Royal a gagne dans les urnes et dans les coeurs », (il y voyait une défaite du PS) et 2°) le PS va au Modem comme la rivière va la mer (je suppose qu’il en déduisait que le PS perdait à cause de cela son caractère de parti de gauche). Aucun de ces deux motifs de rupture ne s’est concrétisé

  9. Marcelin
    Posted 18 avril 2012 at 9:46 | Permalien

    le Communiqué de Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez dont j’ai connaissance est transcrit ci après.

    Vous en mentionnez un d’une autre teneur en réponse à un commentaire sur ce billet.

    Auriez vous l’amabilité de nous en donner les références ?
    Merci.

    « Ça suffit comme ça !

    Le résultat du vote au parti socialiste est connu. Les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête. Elles obtiennent 80% des suffrages. Et la motion de Ségolène Royal l’emporte avec sa proposition d’alliance au centre. Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec. Elles avalisent l’Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l’abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n’y change rien malheureusement.

    Pour nous, ça suffit comme ça !

    Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quels que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l’orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Non ! Pour nous, ça suffit comme ça !

    Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d’une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles. Nous voulons reprendre l’initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy. Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d’action. Nous quittons le Parti socialiste. Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l’écosystème. Nous allons la proposer au suffrage universel. Ainsi que nous l’a montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec Die Linke, nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d’un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes. Nous savons qu’une énergie immense dans notre peuple est disponible pour le changement. Il faut aller de l’avant.

    Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l’Essonne
    Marc Dolez, député du Nord »

One Trackback

  1. [...] « Pactes de compétitivité » contre Code du travail : la loi Warsmann est passée le 22 mars. Abr…. [...]

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*