Conseil national du PS le 17 nov : la motion 6 (le rapport Gallois) fort contestée

Le Conseil national du PS s’est réuni, très fortement renouvelé. Plus de 30 % de ses membres ont été élus sur des motions opposées à celles de la direction majoritaire. Et même au sein de la motion 1 il y a eu un fort renouvellement. Le BN lui-même est renouvelé à au moins 80 % ! Une vraie secousse. Il faudra du temps pour mesurer tous les effets de ce mouvement interne.

Avec 13,67 %, forte de 11 800 voix, la motion 3 dispose de 65 membres élus au CN, titulaires, suppléants et membres de diverses commissions et elle a 7 membres au BN. Mais la motion 4 (Hessel : 11,99 % des voix) dispose aussi de 45 membres et il est possible de la compter à gauche du parti et de travailler avec elle. Même la motion 2 est représentée à la proportionnelle (5 %) et pas mal de questions sont posées en son sein. Au sein de la motion 1, les ex-UMA ( ex- « Un Monde d’avance » ) ont conservé une trentaine de postes mais peu au BN. Dans les fédérations, la grogne de la base du parti s’est manifestée par ces 32 % de voix qui ont refusé la motion 1 le 11 octobre, par 28 % de voix sur le candidat Emmanuel Maurel qui a été nationalement opposé à Harlem Désir le 18 octobre, et le jeudi 15 novembre par des scores encore plus importants aux élections des comités, bureaux et secrétariats fédéraux (souvent plus de 30 %, 40 %). Jamais la gauche du parti n’a été aussi forte à la base du parti.

L’ampleur croissante et la répétition de tous ces votes non suivistes par rapport à la majorité du PS exprime le malaise profond qui traverse le parti et la gauche dans le pays, vis à vis des attentes sociales insatisfaites. Le parti affichait 250 000 membres pour le congrès de Reims, 170 000 pour le congrès de Toulouse, et 80 000 environ ont voté. Le congrès des 27 et 28 octobre a ouvert le débat plus qu’il ne l’a clos.

En effet l’eau passe vite sous les ponts de la nouvelle direction du parti et le courant ne s’est décidément pas inverse dans le bon sens. La tonalité de ce premier conseil national après le vote des militants a été éloignée des discours parfois combatifs qui ont été entendus à Toulouse.

Certes Harlem Désir, dans un discours construit et percutant, a su trouver les mots justes pour brocarder l’esprit de « résistance » de l’UMP, qui est surtout une résistance à la justice sociale, ou pour décrire la dérive droitière de ses chefs, qui tous, désormais, empruntent à la rhétorique du Front National, mais, en positif, des grands engagements du congrès, il ne reste pas grand chose tellement le « pacte de compétitivité » est passé par là.

Des conventions thématiques, ont été annoncées, tout d’abord.

Ainsi, celle sur la réorientation européenne se tiendra après la rédaction d’un « manifeste » élaboré dans le cadre du Parti des Socialistes Européens, et qui devra donc avoir l’approbation du SPD allemand, qui trouve le gouvernement français trop « austère » ou du Labour britannique pas encore relevé des séquelles du blairisme. Est-ce le mieux pour préparer les européennes de 2014 ?

Et encore, la méthode avancée, un « grand forum où chacun pourra s’exprimer » n’a pas grand chose à voir avec ce que doit être une convention du parti : un débat de fond des militants, dans toutes les sections, dont les questions essentielles sont tranchées par un vote.

Lointaine aussi parait l’idée de rassembler la gauche.

Le premier secrétaire a eu des mots plus que durs vis-à-vis de nos partenaires qu’ils soient actuellement au gouvernement, comme EELV, ou qu’ils soient hélas, en-dehors, comme le Front de gauche. Ce n’est pas avec un discours de ce type qu’on réduira les divergences qui se cristallisent entre forces de gauche ! L’unité est pourtant plus que jamais nécessaire contre la finance, contre les « trois M » (Merkel, Medef et Marchés) et pour la faire avancer, il ne faut pas cultiver les critiques mais rechercher de façon volontariste les points d’accord possibles, sur les salaires, le droit du travail et l’emploi. Il est plus que nécessaire, dans les futures listes municipales de 2014, pour battre la droite, d’avoir des listes unitaires dés le 1er tour, c’est le cas emblématique notamment à Paris.

Malheureusement, depuis Toulouse une sorte de « 6ème motion » est apparue, « la motion Gallois », qui est apparemment devenue majoritaire, puisque deux de ses propositions essentielles, la hausse de la TVA et 20 milliards de cadeaux fiscaux au patronat sans aucune nuance ni contrepartie (même pas en termes de sauvegarde de l’emploi), ont été proposées plus vite que le contrôle des licenciements, le droit de vote des étrangers, le non-cumul des mandats. Pourtant si on écoute la base du parti, inclus de larges secteurs de la motion 1 ce n’est pas populaire, voire pas majoritaire du tout. Beaucoup, au CN, se sont interrogés sur la nécessité d’introduire à l’Assemblée des contreparties exigeantes manquantes en matière d’emploi, et lorsque que cela a été proposé par différents orateurs ce fut fort applaudi. Signe du temps.

Les instances BN et SN ont été élues ce 17 novembre. Et la motion 3 n’a pu accepter la participation minorée et conditionnée qui lui était proposée au secrétariat national, d’autant qu’elle était assortie de la part de la motion 1, de contraintes inacceptables : interdiction de choisir ceux de la motion 3 qui y figureraient et de s’exprimer ensuite autrement que pour défendre la nouvelle orientation du parti.

Dans ce CN renouvelé, apparemment, ceux qui, avec Benoit Hamon, prétendaient défendre dans la motion 1 la ligne politique qui avait été celle d’ex-UMA ont perdu leur voix, même pour dénoncer l’intrusion dans le langage de la direction socialiste du concept de « réduction du coût du travail ». La gauche de ce parti c’est celle qui « met le social au coeur », la hausse des salaires, la relance, combat l’austérité, demande la redistribution des richesses, pas celle qui se tait.

Cela ne peut que conforter notre volonté de poursuivre l’action de la motion 3 dans la durée et nous nous sommes fixés des objectifs dans ce sens. D&S, pour sa part, et pour y contribuer, appelle à une rencontre le samedi 15 décembre à Paris. Ce sera à l’occasion des 20 ans de la revue, du n° 200, colloque, débats, spectacle militant, fête, repas collectif et festif et musique, permettront de conclure la séquence du congrès de Toulouse et d’ouvrir la suivante : celle du mouvement social.

18 Commentaires

  1. Coma81
    Posted 19 novembre 2012 at 1:51 | Permalien

    « La gauche de ce parti c’est celle qui « met le social au coeur », la hausse des salaires, la relance, combat l’austérité, demande la redistribution des richesses, pas celle qui se tait. »

    désolé la hausse des salaires dans le cadre de l’euro est impossible.

    J’attends avec impatience que le gouvernement s’attaque au droit du travail comme jamais la droite n’a osé le faire.
    C’est au programme, sur les conseils des économistes sociaux libéraux :

    « En même temps, davantage de flexibilité sur le marché du travail devrait naturellement permettre de réduire le chômage de long terme. » Elie cohen et philippe Aghion

    « Des pratiques anticoncurrentielles aux seuils sociaux, la liste est longue des entraves que nous mettons à la croissance de nos champions potentiels. Il est temps de s’y attaquer. » Pisani ferry

    Tous sont « de gauche ».

    GF, vous êtes leur allié.

  2. Posted 19 novembre 2012 at 10:47 | Permalien

    mais quelle bêtise ! comment peut on en arriver à écrire que « la hausse des salaires dans le cadre de l’euro est impossible » ?
    vous rendez-vous compte que vous vous opposez ainsi à toute grève… tant qu’on est pas sorti de l’euro d’abord ?
    comme si les 35 h était impossible en France ? et vous donnez raison à qui lorsque Parisot veut les supprimer ?
    comme si les 5,5 % ou 7 % ou 10 % de la restauration étaient impossibles ? 850 000 salariés dont les patrons ne sont pas en concurrence internationale ? On ne peut augmenter leurs salaires ?
    Comme si on ne pouvait avoir de conquêtes partielles, comme si avant de défendre le droit du travail, il fallait quitter l’Europe et l’euro !
    D’ailleurs c’est ce que vous écrivez littéralement : « J’attends avec impatience que le gouvernement s’attaque au droit du travail comme jamais la droite n’a osé le faire. »
    On sent où vont vos désirs : rendre impossible tout ce qui serait progrès, lutte, rapport de force… tant que vos analyses figées ne sont pas conceptuellement confirmées !
    Dogme et sectarisme ont rarement été aussi clairement exprimés ici : vous n’êtes pas un mobilisateur mais un démobilisateur, pas un adepte de l’unité pour le changement mais un adepte de l’impossibilité du changement…
    pourtant vous vous dites de gauche, mais je vous en reconnais la qualité, car il y a beaucoup d’idées fausses malheureusement au sein de la gauche

  3. anne
    Posted 19 novembre 2012 at 10:57 | Permalien

    Bonjour,
    J’ai vu sur le web votre intervention au congrès de Toulouse que j’ai trouvée très bonne et courageuse car les organisateurs du congrès n’avaient qu’une hâte celle de couper court à votre intervention (applaudie par les militants -au fond de la salle-)
    Les idées que vous développez sont très proche de celle du Front de Gauche, rejoignez-les, vous y serez fort utile car il est d’utilité publique d’arrêter cette mascarade de fausse gauche néfaste à l’imagination au pouvoir et au mieux vivre de la population

  4. Posted 19 novembre 2012 at 12:24 | Permalien

    j’avais 7 minutes de temps de parole, j’ai parlé 7,52′ il était normal que je sois coupé (par exemple MN Lienemann avait obtenu 9′ de temps de parole, elle est coupée aussi à 9’12 Maurel qui s’était attribué 25 a été coupé à 25’43, etc…)
    les images sont en partie mutilées et ne montrent pas la « standing ovation » de l’immense majorité du congrès à la fin, mais la presse l’a largement noté
    si vous pensez que ce que j’ai dit est bien, ne me demandez surtout pas de quitter le parti où j’ai été applaudi, demandez-moi au contraire de les y défendre avec plus de vigueur

  5. Coma81
    Posted 19 novembre 2012 at 13:52 | Permalien

    GF,

    Vous n’avez pas compris mon propos: je suis pour les luttes sociales. Je suis pour la hausse des salaires ici et maintenant d’autant plus que leur effet sera de creuser le déficit commercial, affolant les marchés et faisant exploser l’euro.

    j’ai simplement une grille de lecture qui me permet de comprendre pourquoi le gouvernement socialiste va bientôt déréguler le marché du travail.

  6. luc
    Posted 20 novembre 2012 at 20:17 | Permalien

    Excellente remarque de François Hollande pendant sa conférence de presse.

    « La dépense publique atteint 56% de la richesse nationale. C’était 52% il y a 5 ans. Vit-on mieux pour autant? Non. (…) Il faut une réforme de l’Etat, plus efficace, plus juste. Faire mieux en dépensant moins. »

    Comment ne pas être d’accord!

  7. Posted 20 novembre 2012 at 23:31 | Permalien

    oui les dépenses de la dette, le remboursement des usuriers, les dizaines de milliards donnés aux banques privées font qu’on dépense plus depuis 2009, on pourrait ne pas rembourser ces voleurs, pour payer encore une 3 e fois à Dexia ? …

    mais les dépenses publiques, elles, ont baissé de 1996 à 2008 (en proportion du PIB) avant que les banksters ne viennent nous piller suite à leurs folies de subprimes

    ensuite, il y a trois budgets, trois, celui des caisses de protection sociales est de 450 milliards, et génère peu de déficit (10 %) et seulement 10 % du total de la dette…rien quoi.

    ce 3° budget ne fait par ailleurs pas partie des prélèvements obligatoires publics, car ces cotisations sont collectées par un organisme de droit privé !

    ainsi les chiffres de 56 % et de 52 % n’ont aucun sens, c’est l’addition de torchons et de serviettes

    bon mais si vous aimez les mauvais calculs libéraux…

  8. sintes
    Posted 21 novembre 2012 at 12:38 | Permalien

    Bonjour,
    Comme j’aimerai avoir tort. Malheureusement, malgré tous les efforts louables de la part de votre motion, Hollande continue a annoncer des mesures innacceptables. Derniere en date: la liberté de conscience pour les officiers d’état civil chargés d’appliquer la loi. Je le regrette mais plus vous pensez pouser le parti a gauche et plus c’est une politique de droite qui est menée. Ce ne sont pas ceux qui pensent comme moi qui sont agressifs, ce sont bien les dirigeants PS.(pas tous, certe mais les plus influents)
    Cordialement.

  9. Posted 21 novembre 2012 at 23:41 | Permalien

    seules luttes sociales et mouvements de masse peuvent, il est vrai, transformer les choses et modifier la situation du PS, pas seulement nos motions, mais c’est alors que notre action politique prendra toute son ampleur irremplaçable
    tu remarqueras, vous remarquerez tous, que moi je ne polémique jamais avec VOS partis et leurs cortèges d’échecs et de débats infinis, car je suis unitaire

  10. Posted 22 novembre 2012 at 17:41 | Permalien

    « On ne fait pas et on ne peut pas faire le socialisme au moyen de décrets, pas même lorsqu’existe un gouvernement socialiste, si parfait soit-il. Le socialisme doit être fait par les masses, par chaque prolétaire. Là où les prolétaires sont rivés à la chaîne du capitalisme, c’est là que la chaîne doit être rompue. C’est ça le socialisme, et ce n’est qu’ainsi qu’on peut le réaliser » (Rosa Luxemburg, 1918)

    Un PS qui n’encourage plus à aller manifester contre les politiques libérales d’austerité est-il utile au socialisme ? Je pose juste la question.

  11. TOUTAIN Joëlle
    Posted 22 novembre 2012 at 19:56 | Permalien

    La politique menée par le Gouvernement socialiste – qui a tous les pouvoirs – m’inquiète à plusieurs titres. D’abord, elle contribue à rejeter politiciens et politiques dits de Gauche qui ont perdu leur crédit en reniant leur parole. Pour beaucoup le protestation « de rue » est inutile (Le gouvernement Sarkosy a montré comment on pouvait ne pas voir des millions de gens dans la rue … Ayrault et Hollande ont le même comportement.
    S’organiser à l’entreprise, dans le contexte actuel où les licenciements pèsent comme une épée de Damoclès sur la tête de chacun !!!
    Le vote du 6 mai, représentait l’espoir qu’un certain nombre de droits prioritaires seraient rétablis, (empêcher les licenciements injustifiés par exemple) A la place de cet espoir, c’est le renforcement du soutien au MEDEF et aux BANQUIERS, et l’alourdissement des taxes pesant sur les usagers qui est mis en place.Aucun dossier n’est abordé avec une autre logique que celle de la Domination des Marchés et de la Finance. Mêmes inspirateurs (Gallois!) mêmes solutions, mêmes effets….
    le Parti Socialiste prépare une voie royale pour que le FN se présente comme le Sauveur. Aura -t-il encore l’audace d’appeler à voter utile (c.à.d PS)pour sauver Quoi ?

  12. Posted 23 novembre 2012 at 16:20 | Permalien

    erreur d’analyse : la grande différence c’est que s’il y a « des millions de gens dans la rue » CE gouvernement à la différence du malfaisant Sarkozy en tiendra forcément compte…

  13. André
    Posted 23 novembre 2012 at 21:40 | Permalien

    Cela reste à prouver, ce gouvernement est sourd de l’oreille gauche, mais pas de la droite (cf 20 milliards de crédit pour les entreprises) dès que 96 patrons du CAC se sont manifestés.
    Cessez de faire prendre des vessies pour des lanternes aux gens.

  14. Posted 24 novembre 2012 at 0:27 | Permalien

    c’est souvent beau Rosa Luxembourg
    sans démocratie pas de socialisme
    la démocratie poussée jusqu’au bout est l’instrument du pouvoir du salariat, la technique, la méthode, le savoir faire, la respiration, le collectif, l’école et l’art du socialisme,

  15. Posted 24 novembre 2012 at 1:44 | Permalien

    Erreur d’analyse, Gérard, « s’il y a des gens dans la rue, CE gouvernement » envoie flics et milices de destruction. Encore aujourd’hui à Notre Dame des Landes.

    Ce soir des camarades de Drôme et Ardèche ont collectivement et publiquement déchiré leurs cartes du PS.

  16. Posted 24 novembre 2012 at 20:43 | Permalien

    oui oui il reste encore 100 000 membres, 3 millions de sympathisants, 17 millions d’électeurs, 20 régions sur 22, 61 dpts sur 100, 2 villes sur 3 et 60 % des syndiqués + l’assemblée nationale, le sénat, la présidence.
    Mais on vous écoute : c’est un « astre mort » pardi ! et deux membres ont déchiré leurs cartes en 26 et 07, c’est un signe !
    Même le PCF à Nantes est pour NDDL, mais ça viendra, hein ? (d’ailleurs on l’espère, à D&S, en luttant pour les salaires et l’emploi en en priorité le social libéralisme peut voler en éclats plus vite qu’il ne le croît) venez donc débattre le 15 décembre, 200 n° de D&S et 20 ans de combat, ça n’use pas mais ça donne du recul pour voir l’essentiel !

  17. Posted 24 novembre 2012 at 21:01 | Permalien

    Depuis tout jeune je suis léniniste au sens où cet homme était un extraordinaire et acharné révolutionnaire, un théoricien lumineux, un polémiste de génie, un sens de classe anti versaillais, mais avec, c’est vrai, des amendements de presque tous les écrits de Rosa Luxembourg qui a eu plus que souvent raison contre lui, sur le parti, mais aussi sur les questions nationales, et encore plus sur la démocratie et de Trotski aussi qui le premier a décrit et dénoncé la spirale du remplacement du peuple par le parti, du parti par le comité central, du comité central par le bureau politique, du bureau politique par le premier de secrétaire (« Nos tâches politiques » dés 1905 ! génial !…). Un siècle après la démocratie n’est toujours pas respectée en pratique, ni par Harlem Désir, ni par JL Mélenchon. Et à l’UMP, ils sont carrément tsaristes, ils s’acharnent à remplacer la démocratie par un seul chef ! J’ai entendu ce jour, l’autre, Eric Zemmour qui prônait qu’il n’y ait pas de démocratie dans les partis, genre un chef, une base,

  18. Posted 25 novembre 2012 at 11:42 | Permalien

    cessez de nier qu’il faut lutter pour unir toute la gauche

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