Non à l’accord révélé avec Mittal : nationalisation !

je n’ai pas voté le communiqué du BN du PS, mardi 3 décembre, sur Florange, on n’avait pas encore le texte de l’accord avec Mittal, mais il était impossible de croire que l’emploi était conservé de façon pérenne, que le fonctionnement des hauts fourneaux était assuré, que la filière de l’acier était assurée (même sous future éventuelle version Ulcos). Alors la motion 3 n’a pas voté, à la différence d’ex-UMA qui l’a cautionné avec le reste de la motion 1 (et malgré les doutes exprimés qui traversent celle-ci).

Oui à la nationalisation seul moyen, en la circonstance, de reprendre la main sur le dossier et de sauver l’emploi et la filière acier. Mais il ne s’agit pas d’une simple nationalisation « temporaire » visant à nationaliser les pertes et à privatiser ensuite les profits lorsqu’ils seront de retour… Cela doit entrer dans une grande politique, dans un grand plan de re développement de l’économie contre le désert et marasme destructeur qu’impose la finance. Par exemple, il faut inclure Petroplus dans cette même démarche. Rappelons que la « déclaration de principe fondamentale » rédigée, discutée, approuvée par le PS sous l’égide de François Hollande en 2008, prônait « une économie mixte ». Nous sommes pour une économie mixte ! Et des nationalisations peuvent être des « modalités » mais aussi des « finalités » car il faut re-bâtir un grand périmètre de secteur public cohérent pour protéger, faire vivre l’industrie, l’énergie, un grand pôle financier public, les transports, les communications, les équipements essentiels, la protection sociale, la santé, l’école, la culture. (cf. D&S et @quevivelamotion3)

14 Commentaires

  1. nemo
    Posted 5 décembre 2012 at 12:42 | Permalien

    Oui, ressuscitons l’URSS !!!

  2. Leo de Hurlevan
    Posted 5 décembre 2012 at 13:41 | Permalien

    Bonjour ! quel effet ça fait de voir un gouvernement ps faire un boulot de droite quand on se dit de gauche ? je me suis toujours demandé … quel effet ça fait de voir son parti envoyer les crs sur l epeuple de gauche pour un aéorport ? filer 20 milliard au medef avant de doubler la mise, se moquer des travailleurs métallurgistes pour un peu de pub personnelle, ou s’apprêter à supprimer le droit du travail pour faire plaisir à ses amis banquier et au cac 40 ? franchement je me suis toujours demandé …
    salutation socialiste

  3. shaher
    Posted 5 décembre 2012 at 18:29 | Permalien

    Bravo ! Cette séquence est scandaleuse, dans la méthode des arbitrages comme dans leur contenu.

    Courage à ceux qui les contestent au PS et en dehors. Courage aux salariés en lutte. Ne lâchez rien.

    http://sauvonsflorange.wesign.it/fr.

  4. CanluCat
    Posted 5 décembre 2012 at 22:42 | Permalien

    Le changement c’est maintenant. Ca, c’était avant la présidentielle.
    Aujourd’hui, je propose ce nouveau slogan :
    « Le changement c’est tous les jours, maintenant ! »
    En 2017, la France ne sera ni rose (si elle l’est aujourd’hui ?), ni verte, ni rouge, ni même bleu ciel, mais noire et brune, car c’est la seule couleur que les Français n’auront pas encore essayés ! Je peux vous dire que, dans la France d’en bas, la déception est ultra-violente. Et, je sais que nombreux sont ceux qui, non seulement rendent leur carte du PS, mais en plus interdise à leur Fédé de continuer à leur faire parvenir des infos, courriers et messages !!! Mais bon… Ils ne sont ni HEC, ni ENA. Des demeurés donc certainement…

  5. luc
    Posted 5 décembre 2012 at 22:58 | Permalien

    Re-bâtir un grand périmètre de secteur publique……

    En 2011, la dépense publique a atteint le record de 1 118,4 milliards d’euros.

    Que faire de plus?

  6. Posted 5 décembre 2012 at 23:42 | Permalien

    on vous a déjà dit qu’en 1945 la dette était de 290 %/PIB, trois fois plus… et qu’on s’en est sorti en construisant le plus grand des secteurs publics ?
    mais c’est vrai qu’à l’époque le patronat rasait les murs tellement il avait collaboré avec les nazis et il n’avait pas la prétention de piller comme aujourd’hui à ce point les immenses richesses créées par les salariés

  7. Patou
    Posted 6 décembre 2012 at 9:49 | Permalien

    et tu oublies de dire qu’à l’époque il y avait un véritable parti des travailleurs (le PCF) et pas une bande de bourgeois menteurs et travestis …

  8. Coma81
    Posted 6 décembre 2012 at 12:21 | Permalien

    « Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique ».
    2008

  9. Jupsy
    Posted 6 décembre 2012 at 14:02 | Permalien

    Florange: la trahison…BIS

    3 décembre 2012

    Par Jacques Sapir

    Ainsi, c’était donc ça. L’accord avec MITTAL, sur lequel on pouvait déjà avoir des doutes importants compte tenu de la « réputation » de la société à ne pas tenir ses promesses, se révèle n’être qu’un plan social camouflé. On annonce déjà plusieurs centaines de départs en préretraite. Les investissements promis ne sont que ce qui était prévu avant la négociation, essentiellement pour le partie « froide » du site. Les travailleurs ont été roulés dans la farine par le Premier ministre et le Président. À vrai dire, on s’y attendait. Mais, pas que le vernis craque aussi vite, en moins de 72h. Le problème, en l’occurrence, est que ceci était d’emblée dans la tête de J-M Ayrault, qui semble avoir été plus intéressé à sauver des emplois dans sa région que par le sort des ouvriers de Florange. Tel est le « secret » d’un accord qui n’en est pas un et qui constitue une capitulation en rase campagne de la part du gouvernement.

    Reprenons depuis le début ; MITTAL veut liquider la partie « chaude » du site (les hauts-fourneaux), mais tient à garder la partie « froide » qui fabrique des emballages à partir du métal, et qui gagne de l’argent. MITTAL, par ailleurs, emploie 20 000 ouvriers sur divers sites en France. Le gouvernement a fait l’erreur de traiter ce problème de manière parcellaire, se mettant ainsi lui-même la tête sur le billot, et celle des ouvriers de Florange par la même occasion. On lit sans problème la stratégie de MITTAL, qui consiste à menacer, en cas de nationalisation de l’ensemble du site de Florange, de cesser ses investissements dans le reste du pays, et qui menace donc l’emploi. Cette stratégie est efficace, mais elle ne l’est que parce que le gouvernement ne veut pas traiter du problème dans son ensemble, c’est-à-dire de l’ensemble des installations de MITTAL en France. On dira que le coût serait extrêmement élevé. Non, si on le fait dans une logique où ces activités seraient reprises par un ou plusieurs repreneurs. La question de la gestion et des activités commerciales serait réglée par des sociétés déjà existantes.

    Jean-Marc Ayrault prétend que ce repreneur n’existe pas. Or, les deux sites de Florange sont connus pour intéresser beaucoup de monde, le groupe russe SEVERSTAL entre autres, mais pas seulement. La possibilité de trouver un repreneur était bien présente, mais à la condition d’une reprise globale du site. C’est sur cette ambiguïté qu’a jouée le Premier ministre pour imposer l’accord qu’il voulait. Cet homme, de Notre Dame des Landes à Florange, sera désespérément resté un élu local.

    Le problème fondamental est celui de la logique financière qui est celle du groupe MITTAL. Entendre qualifier « d’entrepreneur » Lakshi Mittal a de quoi faire se retourner dans sa tombe Joseph Schumpeter. Dors en paix, pauvre Joseph, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Lakshi Mittal est essentiellement un financier, sans logique industrielle d’ensemble, qui n’est intéressé que par le rendement immédiat de ses entreprises. Il n’a de cesse, pour utiliser une expression un peu vulgaire, que de faire « pisser du cash », et ceci sans souci du moyen ou du long terme. Un entrepreneur, et il faut le rappeler à tous ceux qui n’ont que ce mot à la bouche, y compris au MEDEF et à la sinistre Parisot, est quelqu’un qui entreprend une activité dont il pense que grâce à une innovation de produit ou de procédé, il tirera profit. Un entrepreneur industriel, de plus, a dans la tête la notion de filière et de pérennité de son entreprise. Pas un opportuniste ou un preneur de rente.

    La mise en place d’une logique industrielle d’ensemble cohérente et la seule réponse possible à l’attitude du groupe MITTAL. Les éléments de cette logique existent, ainsi que les partenaires, qu’il s’agisse de sociétés françaises ou de sociétés étrangères. Mais, cette logique étant contradictoire avec celle de MITTAL, il convient donc de se débarrasser de ce groupe, et pour cela d’en nationaliser l’ensemble des établissements sur le territoire français. On fera l’objection des obstacles que pourrait soulever l’Union européenne. Mais, étant contributrice nette à hauteur de 7 milliards d’euros par an, la France peut parler fort à Bruxelles. La véritable réponse à l’arnaque que prépare MITTAL, avec l’assentiment du Premier ministre, est bien une nationalisation d’ensemble, mais accompagnée de la constitution d’un syndicat de repreneurs, appelé à reprendre les diverses activités et à les développer dans la lignée de ce que l’on a décrit dans la première note. Ici encore, cela implique une politique industrielle d’ensemble sur la filière sidérurgique de la part du gouvernement français. Or, c’est bien ce qui manque aujourd’hui.

    Où, plus précisément, c’est bien la volonté de penser le développement d’ensemble de l’industrie, les coexistences de filières sur un même site, qui est aujourd’hui absente dans le pôle libéral de ce gouvernement, représenté par Sapin, l’homme qui accepte le chômage, par Moscovici, l’homme qui accepte l’Euro et les pertes de compétitivité qui en découlent, et par Ayrault, Premier ministre plus attaché à sa circonscription qu’aux intérêts du pays et de l’ensemble de ses travailleurs.

    Oui, le « socialisme » compassionnel a bien trahi les travailleurs de Florange, et d’autres trahisons se préparent, qui laisseront toutes un goût de plus en plus amer. Jusqu’à ce que ce gouvernement soit régurgité par ceux là même qui l’ont élu.

  10. Greg
    Posted 6 décembre 2012 at 15:02 | Permalien

    Je recopie ici mon commentaire posté initialement sur la page de l’appel à la mobilisation pour les élections syndicales. Je le fait en espérant qu’il trouve sur cette page plus de visibilité, mais je comprendrai qu’étant un bis, il sois effacé par le webmestre. J’en ai profité pour corriger une petite faute d’orthographe et ajouter une petite bribe en plus. Bien à vous, lecteurs Filochéens!

    « Un mot d’un sympathisant qui te lit depuis déjà quelques années, depuis le début de Siné Hebdo en fait.

    Si je te tutoie, n’y vois s’il te plait aucune familiarité de ma part, c’est simplement que cela me semble être la manière la plus adaptée pour te dire cela, toi qui est si souvent simple, chaleureux et fraternel dans tes discours.

    J’en viens donc à mon sujet.

    Je sais que je dois être le 27568ème à te le dire, mais franchement, il est temps pour toi de quitter le P.S. et de rejoindre les camarades du front de gauche. Je crois deviner que tu es très en colère contre Jean-Luc Mélenchon, que tu trouves (et sûrement n’as-tu pas tout à fait tort) qu’il a préféré le destin personnel à la lutte collective au sein du parti.

    Peut-être même que son départ a affaibli l’aile gauche du parti et t’a rendu la tâche plus difficile.

    Mais quels que soient les griefs, il y a des raisons politiques que tu ne peux, à mon humble avis, plus ignorer. Ce gouvernement se rend chaque jour coupable de nouveaux renoncements, de nouvelles trahisons. Contre le peuple. C’est grave.

    A ce stade, tu ne sers guère qu’a donner une caution de gauche au P.S. et ce au risque de devoir endosser au yeux des citoyens et ce du seul fait de ta solidarité envers ton parti l’une des politique les plus brutale envers les travailleurs qui ait été menée ces 30 dernières années en France.

    J’imagine que tu ne liras peut-être pas jusque là, que ma suggestion est trop agaçante ou trop contraire à ton cœur, ou plus simplement que tu es fatigué de lire et d’entendre sans arrêt le même conseil usé.

    Cependant, je t’écris ces lignes l’âme serrée par la nécessité et la crainte de l’avenir. Toi et tes camarade de l’aile gauche du P.S., vous portez aujourd’hui une responsabilité historique. En faisant sécession (mot impropre, j’en conviens), vous auriez la capacité de déclencher une crise politique suffisante pour obliger le gouvernement à regarder la réalité en face et à enfin agir pour l’intérêt du peuple. Je sais qu’ils sont peut-être convaincu de le faire, mais ils vont dans le mur, sur toute la ligne. Tu l’écris toi-même assez souvent. Et quelques réformes de sociétés au demeurant bienvenues n’y feront rien!

    Donc quittez le P.S., rejoignez le front de gauche, entrez en lutte efficacement. Si vous faîtes cela, soit le gouvernement fait machine arrière et entreprend enfin une politique de gauche, soit il se tourne vers le centre. Je pense personnellement qu’il penchera vers le centre.

    Cela ne sera pas forcément tant que ça un mal. Certes, la politique ne changera pas, mais au moins les choses seront claires, la duperie évidente, la trahison éventé. Et vous, vous pourrez alors incarner avec les forces du front de gauche que vous aurez rejoint l’honneur de la gauche, et surtout, beaucoup plus important, la possibilité d’une alternative politique réelle, concrète, applicable, source de joie et d’espérance en l’avenir.

    C’est là l’essentiel de la responsabilité qui est la vôtre, car si vous ne faîtes pas cela, alors le front de gauche sera trop faible, et la seule alternative potentiellement majoritaire sera le FN rejoint par la Droite Forte (et surtout sans vergogne).

    C’est donc une responsabilité historique et surtout humaine. Vous en avez réellement le pouvoir !

    Ne laissez pas le gouvernement nous préparer le retour du fascisme.

    Un grand salut fraternel, et merci pour tout ce que tu as déjà fait. »

    P.S. : J’ai depuis visionné toutes les vidéos de tes discours à Toulouse le 12 septembre, et j’en suis resté pantois, de voir à quel point la brochette du premier rang, Jean-Marc Ayrault en tête, semble te considérer avec dans le meilleur des cas, la gène ressentie face au discours d’un oncle un peu encombrant à un repas de famille, voire carrément un mépris affiché et théâtralisé par le faciès à mon avis modelé consciemment. Bref, tu n’as rien a attendre d’eux, m’est avis, alors que tu peux tellement pour le peuple.

  11. Catherine
    Posted 6 décembre 2012 at 15:30 | Permalien

    Faire une nationalisation même temporaire aurait été la meilleure solution. Quand on connaît les mensonges de Mittal depuis des années, comment un gouvernement PS peut-il se laisser abuser ainsi ? Mais gare aux résultats des prochaines élections, le peuple d’en bas gronde !!!!

  12. Posted 6 décembre 2012 at 17:01 | Permalien

    Cher camarade, cher Harlem,

    Dans la nuit du 6 au 7 mai dernier, tu étais aux côtés de François Hollande sur l’immense scène installée place de la Bastille. Cette nuit-là, tu as senti l’espérance d’un peuple de gauche venu défier les appels presque unanimes à la résignation. Tu as vu ces dizaines de milliers de Françaises et de Français dont l’enthousiasme était une demande : celle que les Socialistes, revenus au pouvoir, parviennent enfin à changer la vie.

    Je n’étais pas avec vous à Paris. J’ai fêté la victoire auprès de mes camarades dans le Nord. Mais déjà, cher Harlem, je n’y croyais plus beaucoup… Est-ce parce que nous avions déjà trop souvent déçu les nôtres ? Me doutais-je que nous nous apprêtions à le faire de nouveau, peut-être plus rapidement et plus brutalement que jamais ?

    Je suis entré au PS à l’âge de 17 ans. La figure tutélaire de François Mitterrand, le poing et la rose, le combat contre les forces de l’argent, les 110 propositions : jeune militant, je revendiquais fièrement cet héritage.

    Même lorsqu’il s’est éloigné de ses valeurs, j’ai continué de croire mon Parti capable de rénovation. Grâce à notre démocratie interne, la prise en compte des différentes sensibilités, l’écoute mutuelle, la camaraderie (notion aujourd’hui disparue), il me semblait possible d’ancrer à gauche notre ligne politique.

    J’ai la tristesse mais enfin la lucidité, après vingt-trois années de militantisme, dont neuf au sein de la direction nationale du PS, de constater que je me suis trompé. Désormais je comprends à quel point les dirigeants du Parti Socialiste s’accommodent cyniquement d’avoir une aile gauche pesant en moyenne 15% lors des scrutins internes. Des personnalités telles qu’Henri Emmanuelli et Benoît Hamon autrefois, ou telles qu’Emmanuel Maurel aujourd’hui, ont simplement permis de maintenir, en façade tout au moins, l’image d’un vrai parti de gauche. Tel est le rôle d’Arnaud Montebourg au Gouvernement ; tel a été mon rôle dans le Nord. À un parti en pleine dérive idéologique, il fallait ses « idiots utiles ».

    Depuis mai, sous le regard d’une Bastille incrédule, qui avait tant besoin de retrouver la foi dans le progrès social, François Hollande et le Gouvernement n’ont fait que reculer… sous les applaudissements de l’appareil socialiste.

    Te souviens-tu seulement du projet que nous avons porté ensemble ?

    Dès 2010, Benoit Hamon voulait substituer au mythe gentillet et creux de « l’égalité des chances » un retour à l’objectif historique de la gauche : l’égalité réelle entre tous les citoyens. Pour ce faire, il proposait une batterie de mesures sociales et sociétales ambitieuses.

    Bien qu’ayant refusé d’adhérer à ce catalogue de mesure lorsqu’il était candidat aux primaires, François Hollande en avait finalement reprises plusieurs dans son programme présidentiel : le système d’attestations lors des contrôles d’identité, souvent vécus comme discriminatoires, l’encadrement strict des dépassements d’honoraires des médecins, le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, la limitation des écarts de salaire de 1 à 20 dans les entreprises publiques. Sur chacun de ces sujets, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault a soit renoncé purement et simplement, soit reporté les réformes sine die, soit affadi leur contenu jusqu’à les rendre inutiles.

    La liste des reculades, des incohérences et des échecs ne s’arrête malheureusement pas là. Le Gouvernement a renoncé à exiger le non-cumul des mandats dès 2012, malgré les engagements pris et signés par l’ensemble des parlementaires socialistes. La loi sur le logement social a été retoquée par le Conseil Constitutionnel pour vice de procédure. On a laissé entendre aux Maires qu’ils seront libres de ne pas appliquer la loi sur le mariage pour tous. La TVA Sarkozy, dite « sociale », décriée à juste titre pendant la campagne électorale, est revenue sous une autre forme à l’occasion de la remise du rapport Gallois. Enfin, on devine que le projet — pourtant central dans le programme de François Hollande — d’une « grande réforme fiscale » ne sera probablement jamais mis en œuvre pendant le quinquennat.

    Certains choix semblent traduire le reniement de nos convictions les plus profondes. Malgré le courage et l’obstination de la Ministre Aurélie Filipetti, le Gouvernement a choisi de diminuer le budget de la culture. Ce serait grave en temps normal ; c’est catastrophique en temps de crise, car je reste persuadé que l’Art est le premier outil de combat — ou d’évasion — lorsque tout va mal.

    La seule ligne directrice du Gouvernement porte un nom : l’austérité. Elle porte aussi un chiffre, comme une prison intellectuelle : 3%.

    La droite n’a jamais tant aimé le PS ; Manuel Valls est plus que jamais sa coqueluche. Elle qui craignait tant François Hollande avant son accession au pouvoir, finirait presque par le trouver exemplaire de courage et de modernité !

    Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est par l’enchaînement d’une série de fautes que vous avez commises, main dans la main avec la droite, au sujet de l’Union Européenne. Vous n’avez tiré aucun enseignement de la large victoire du non au traité constitutionnel européen de 2005. Pour moi, ce décalage entre les dirigeants et la base électorale du Parti a été un premier motif d’interrogation et d’embarras.

    Le second a été la promesse faite par François Hollande de renégocier le traité Merkel-Sarkozy. Et quelle renégociation ce fut ! Le Président de la République a trouvé le prétexte d’un « pacte de croissance » indolore et inopérant pour se rallier — ni vu ni connu, pensait-il sûrement — à la « règle d’or ».

    En réalité, dans l’Europe que vous êtes en train de construire, ou dont vous acceptez passivement les règles du jeu, les Etats n’ont pas et n’auront bientôt plus aucune marge de manœuvre.

    Les politiques européennes pèsent sur le budget de l’Etat. Et puisque les collectivités territoriales, privées de leur autonomie fiscale, vivent essentiellement de dotations de l’Etat, elles doivent désormais rogner sur leurs politiques, y compris lorsqu’elles relèvent de l’urgence. Dans les Départements, c’est la santé et le social qui sont touchés. Dans les Régions, c’est l’emploi, la formation.

    Voilà pourquoi, Président de la Commission des Finances du Conseil Régional Nord-Pas de Calais, je ne peux pas cautionner la poursuite annoncée des baisses de dotations d’Etat aux collectivités, après l’avoir dénoncée sans relâche pendant les cinq années de mandat de Nicolas Sarkozy.

    Ayant renoncé à transformer l’économie, les Socialistes pourraient encore se distinguer des libéraux et des conservateurs en s’intéressant à cette « France invisible » — celle que personne ne veut plus voir.

    Cela a été dit et répété : le PS a oublié les ouvriers. Mais pas seulement eux. Au fond, vous partagez le diagnostic de Laurent Wauquiez : un parti de gouvernement doit s’adresser aux « classes moyennes » (car au moins elles votent). Les chômeurs, les précaires, les toxicos, les taulards, les prostitués, les paysans, les mères célibataires, les surendettés, les malades, les psychotiques, les handicapés, les sans-abris : les exclus de tous poils et les onze millions de pauvres qui vivent en France ne comptent pas, ou si peu.

    Il faut d’urgence prendre des mesures fortes et symboliques. En 1981, ce furent les 39 heures, la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés, l’abolition de la peine de mort, l’autorisation des radios libres… Que propose le PS aujourd’hui ? Le droit au mariage pour les couples homosexuels, pudiquement rebaptisé « mariage pour tous », est un pas dans le bon sens. Mais cette mesure seule ne suffira pas à apporter à la France la bouffée d’oxygène dont elle a tant besoin !

    De deux choses l’une. Soit il n’y a qu’une seule politique à mener, que l’on soit de gauche ou de droite, et dans ce cas le PS s’est moqué des Français pendant dix années d’opposition, plus particulièrement pendant une campagne électorale toute entière axée autour de la promesse du changement (« maintenant ! »).

    Ou alors une autre politique est possible, et dans ce cas qu’attendez-vous pour changer de stratégie ? Pour engager un réel dialogue avec les partenaires de gauche et retrouver le « talisman » de l’union, auquel François Mitterrand n’avait jamais renoncé ? Oserez-vous faire ce choix, ou bien donnerez-vous raison à ceux qui ont vu dans la discrète réception d’élus Modem à l’Elysée, il y a quelques jours, l’amorce d’un renversement d’alliance avec le centre-droit ?

    J’ai le regret, cher Harlem, de quitter aujourd’hui le Parti Socialiste. Je le fais avec une grande tristesse mais aussi, en optimiste obstiné, avec l’espoir que vous retrouverez un jour la voie de la raison et le courage d’être de gauche.

    Michaël Moglia

  13. Greg
    Posted 7 décembre 2012 at 0:32 | Permalien

    Juste un petit mot pour dire Bravo Monsieur Moglia pour cette décision juste et courageuse. En espérant que cela serve!

    Amicalement.

  14. Sprlmvitch
    Posted 10 décembre 2012 at 23:23 | Permalien

    Les pleureuses de l’endettement se manifestent avec une telle constance qu’il me foutent la nausée…Rien ne serait possible paske 1180,7 milliards de dettes, d’autres disent 1800 milliards…AD NAUSEAM!
    Ces minables pleurnichards ne connaissent même pas la liste des SOPHISMES…
    ARGUMENTUM AD NUMISMAM débilloff profondikum est!!!
    Il y a 980 millions d’arbres adultes dans les forêts domaniales…
    Il y a 60 000 000 de toiles de maître dans les réserves des musées…
    Je vous laisse réffléchir…
    Mais ne révez pas trop les conservateurs du patrimoines et les sauveurs de planète veillent…

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