La réforme anti retraites que le gouvernement veut faire voter par la majorité de gauche au Parlement n’est, hélas, ni « juste» ni « équilibrée ».

La gauche doit s’opposer au Medef, pas le « cajoler » !

La réforme des retraites du gouvernement aurait, sans doute, pu être pire. Jean-Marc Ayrault l’a à plusieurs reprises souligné, il n’a pas reculé l’âge de départ en retraite au-delà de 62 ans et n’a pas accéléré l’allongement du nombre de trimestres en 2013 et 2019.  Encore heureux ! Le gouvernement ne peut pas ignorer  la mobilisation syndicale en construction  et le mécontentement des militants du PS qui s’est, notamment, vérifié par le succès rencontré par l’appel des socialistes pour les retraites « Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins ».

Pour autant, la réforme que le gouvernement veut faire voter par la majorité de gauche au Parlement n’a, cependant, hélas,  rien de « juste» ou d’ « équilibrée ».

Le patronat n’aura pas à verser un euro de plus. Jean-Marc Ayrault l’avait déjà annoncé au Medef le 27 août et Pierre Moscovici l’a confirmé lors de l’Université d’été du Medef : la hausse de la part patronale des cotisations retraites sera entièrement compensée par une baisse des cotisations de la branche famille et la baisse du « coût du travail » continuera.

La réforme reposera donc uniquement sur le dos des salariés. Non seulement ils se voient infliger un allongement de la durée de cotisation mais ils devront payer pour compenser la baisse des cotisations patronales de la branche famille et assumer le coût des mesures prises en faveur de la pénibilité du travail que le patronat n’aura pas à prendre en charge puisque le « cout du travail » va continuer à baisser.

Le recul de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans est entériné par le projet actuel de réforme. L’allongement de la durée de cotisation prolonge les mesures prises par la droite en 2003. La droite avait allongé cette durée de 40 à 41,5 annuités (6 trimestres) entre 2003 et 2019 (16 ans). Le gouvernement veut aujourd’hui allonger cette durée de 41,5 à 43 annuités (6 trimestres) entre 2020 et 2035 (15 ans). Les salariés n’auront donc aucun répit : la durée de cotisation n’aura pas cessé d’augmenter entre 2003 et 2035.

Des millions de salariés s’étaient pourtant mobilisés en 2003 et 2010 contre l’allongement de la durée de cotisation et contre le recul de l’âge de la retraite et notre parti, le Parti socialiste, était à leurs côtés. Croyons-nous vraiment qu’ils ont la mémoire aussi courte et qu’ils ne s’en souviendront pas lors des prochaines élections ?

Les mesures sur la pénibilité du travail, les trimestres validés pour les apprentis, la meilleure prise en compte des trimestres à temps partiel imposé (le plus souvent aux femmes) ne sont pas des « avancées sociales » ? Ces mesures se contentent d’atténuer la portée de l’allongement de 6 trimestres de cotisation qui frappera aussi bien les salariés exposés à un travail pénible que les apprentis ou les femmes.

François Hollande dit avoir fait de la jeunesse une priorité de son quinquennat. Pourtant, ce sont les jeunes qui apparaissent comme les grands perdants des propositions actuelles de réforme. 43 ans de cotisation : c’est, comme le dit le syndicat étudiant UNEF, une absurdité pour une génération qui ne trouve toujours pas d’emploi.

Le risque est grand que les jeunes perdent toute confiance dans le système de retraite par répartition, et que ceux qui en ont les moyens se tournent vers les illusoires retraites par capitalisation. C’est bien l’objectif recherché par le Medef et la droite. De la même façon l’appel lancé par le professeur André Grimaldi à propos de la Sécurité sociale note que la sécu ne rembourse plus que 50% des soins (et beaucoup moins les soins dentaires et optiques). Ce sont les complémentaires (assurances privées pour l’essentiel) qui montent en puissance. Résultat : les plus riches sont mieux remboursés que ceux qui ont le moins de moyens. C’est tout notre système de protection sociale (santé, retraites, famille) qui est donc menacé.

Il est nécessaire que nous, socialistes, nous nous mobilisions pour que la réforme des retraites se fasse dans l’intérêt des salariés et non du Medef.

Il ne s’agit pas de nous mobiliser contre le gouvernement mais de l’amener à revoir sa copie et à la corriger dans un sens favorable à notre base sociale et électorale. Aujourd’hui, le Medef sait se faire entendre beaucoup plus fort que les salariés. Il faut donc aider à la mobilisation de ces derniers pour que François Hollande se mette à entendre aussi bien de son oreille gauche que de son oreille droite.

Cette mobilisation est d’autant plus nécessaire que sans elle, les amendements favorables au Medef risqueraient fort de se multiplier.

Si cette réforme n’est pas amendée, nous risquons de la payer au prix fort, dès les élections municipales de 2014 où l’abstention et le vote FN seraient alimentés par la désillusion de ceux qui nous ont fait confiance et qui ne comprennent pas que notre gouvernement mène une politique aussi favorable au Medef et aussi défavorable aux salariés.

Participons massivement à la mobilisation appelée par la CGT, FO, la FSU et Solidaires, le mardi 10 septembre. Continuons à signer et faire signer l’appel de socialistes pour la retraite « Contre tout nouveau recul : pas un trimestre de plus, pas un euro de moins ».

5 Commentaires

  1. Plault
    Posted 3 septembre 2013 at 15:17 | Permalien

    Mais la gauche s’oppose à cette réforme des retraites !! C’est une évidence.
    Quant au PS il n’est plus à gauche d epuis longtemps

  2. jacques chanéac
    Posted 3 septembre 2013 at 23:03 | Permalien

    Je viens de lire vos analyses sur la réforme des retraites que prétend nous imposer le gouvernement.
    Comme si souvent, je les partage pleinement.
    Seule la partie suivante m’échappe totalement. Naïveté? Cécité? Comment pouvez-vous espérer que triomphe le propos (le votre) qui suit :

    « Il ne s’agit pas de nous mobiliser contre le gouvernement mais de l’amener à revoir sa copie et à la corriger dans un sens favorable à notre base sociale et électorale. »

    Là, vous rêvez totalement…hélas et je vous dis, comme bien d’autres, sans joie, et avec le plus grand respect pour votre travail et votre honnêteté, que vous perdez votre temps au sein de ce parti.

    Cordialement

  3. Posted 3 septembre 2013 at 23:22 | Permalien

    mais si et ça fait un siècle,

  4. Fabien
    Posted 5 septembre 2013 at 15:06 | Permalien

    Foin de polémiques stériles pour savoir si le PS est de gauche! On ne vous convaincra pas (malgré l’évidence) qu’il est vain de prétendre « agir de l’intérieur » (et quand bien même: vous avez, je crois, laissé entendre que si vous deviez quitter le PS vous n’irez nulle part ailleurs!!).
    Inversement, vous ne nous convaincrez pas qu’il faut soutenir ce gouvernement au nom de l’unité de la gauche… car ce gouvernement, de notre point de vue ne mène tout simplement pas une politique de gauche! Entre le FG et vous, tout a été dit depuis longtemps sur le sujet…
    Plutôt qu’à ressasser nos désaccords stratégiques, l’heure est plutôt à l’unité d’action. Et je ne peux à ce titre que saluer vos remarquables analyses et vos appels à la mobilisation. Quand on parle des solfériniens et de la droite compléxée (trouvaille de Frédéric Lordon), ce n’est pas vous qu’on vise. Pour moi, en tout cas, vous méritez amplement le beau mot de socialiste!

  5. Posted 5 septembre 2013 at 15:07 | Permalien

    oui, ca fait mille fois qu’on le repete, unité d’action, tous le 10 sept

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