Quel pacte ? Quelles entreprises ? Pour QUI dans les entreprises ? Dans quel but ? (Part 1)


Sortir les entreprises de la spirale malfaisante dans

laquelle la finance les entrainent contre l’emploi (part. 1)

 

Un « pacte avec les entreprises » nous dit-on ?  Pourquoi ? Parce que jusqu’à présent l’état a donné aux entreprises 65 milliards d’aides publiques et 20 milliards de CICE… « sans pacte » ?

Gattaz se rejouit officiellement dans une tribune du Monde. Le JDD annonce un « tournant » (a droite, encore plus de cadeaux aux patrons ?).

« Moins de charges, plus d’embauches et de dialogue ».

De quelles charges s’agit-il sachant que les cotisations sociales ne sont pas des charges mais du salaire brut ? De quelles embauches s’agit-il sachant qu’il y a explosion des CDD courts ? Quel dialogue social, sachant que l’ANI du 11 janvier, exemple cité du dialogue, a donné la « loi de sécurisation de l’emploi » du 14 juin mais a débouché sur davantage de plans de licenciements ?

Un « pacte » est-ce différent de ce qui a été fait sans pacte ? Est-ce différent de ce qui a été donné au patronat sans contreparties tout au long de l’année 2013 ? (non amnistie des syndicalistes, flexibilisation du code du travail, gel du smic, suppression des élections prud’hommes, dégradation des retraites à 43 annuités et 66 ans, casse de l’inspection du travail, suppression programmée des cotisations allocations familiales, élargissement des ouvertures du dimanche, bientôt ANI du 14 décembre sur la formation professionnelle..…) ?  En quoi ?

Y a t il trop de « charges » ?

Tout patron vous dira qu’il compte depuis toujours, évidemment, en salaire brut, pas en net. Nul ne peut considérer que nos salaires qui sont trop bas sont une « charge ». Ils sont dans la moyenne européenne. La « crise » dite des sub-primes qui dure depuis 2009 est due aux salaires trop bas et aux crédits trop hauts. On ne va pas baisser ces salaires tout de même ? Est ce cela l’annonce ?

Il s’agit alors, parlant de ces charges, des impôts sur les sociétés ?

Mais les taux d’imposition sont moins élevés que dans les autres pays européens et moins élevés dans les grandes entreprises que dans les PME et TPE. Total doit payer autour de 8 % d’impôt : faut il faire plus bas encore ?

Les dividendes n’ont jamais été aussi hauts : 200 milliards l’an passé. Le CAC 40 a gagné 80 milliards en 2012 et distribué 40 milliards de dividendes. Les banques qui nous ont pillé, ont distribué 18 milliards de dividendes l’an passé. Dexia est tenu à coup de finance publique alors qu’on a laissé couler Mittal. Alcatel Lucent jette ses salariés et progresse de 225 %. Depuis l’ANI du 11 janvier, il y a eu 1017 Plans sociaux dont 270 depuis le 1er juillet. Sur ces 270, les deux tiers sont par « liquidation », les banques toxiques imposant leurs diktats. 109 sont par plans « négociés » selon l’ANI et 79 ont été agrées par les DIRECCTE au nom du ministère ! Une entreprise comme PSA qui a reçu des milliards d’aides publiques (chômage partiel, primes à la casse, exonérations…) a distribué 6 milliards de dividendes à ses actionnaires puis supprime des postes… Sanofi est en pointe coté bénéfices et licencie. Floundry entreprise de pointe, florissante, ferme.

Le fameux théorème de Schmidt est éculé depuis longtemps : les profits n’ont jamais fait spontanément les investissements de demain, encore moins les emplois d’après demain. La spirale est même inverse : plus il y a de surprofit, plus la finance siphonne ce qui devait aller à l’emploi.

Le 31 décembre 2013, la Bourse finit à 4440 points pour le CAC 40, un niveau jamais aussi élevé depuis le début de la crise provoquée par la finance en 2009, soit + 17% en un an, sous la gauche ! Les 500 familles ont gagné 59 milliards de plus en un an de juillet 2012 à juillet 2013, soit + 25 % sous la gauche, passant de 271 milliards à 330 milliards, 16 % du PIB. Il existe 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux : d’ou viennent ils ces centaines de milliards qui manquent à nos politiques, sinon des surprofits, des dividendes, des spéculations et fraudes, des casinos financiers ?

Les prétendues charges cela fait 25 ans que le patronat réclame qu’elles baissent. Et entre temps le patronat de la finance l’a emporté sur le patronat de l’industrie.

Et cela fait 25 ans que le chômage augmente, excepté sous le gouvernement Jospin lors des 35 h.

Depuis 25 ans, les salaires ont perdu autour de 10 points par rapport aux profits. Les marges des entreprises ne sont plus de 5 % mais autour de 15 % : la finance exige ce taux de rentabilité coute que coute, au détriment de l’emploi, en se moquant bien de la productivité ou autre compétitivité si elles ne rapportent pas assez !

Les 65 milliards d’aides publiques, (exonérations, emplois aidés, dégrèvements, subventions de toutes sortes…) font du patronat la catégorie de la population la plus assistée, eux qui se réclament de la « libre entreprise » sont les rois de la mendicité, de la quémande, de la sébile tendue auprès de l’état…

Cela fait 25 ans que le patronat réclame le démantèlement du droit du travail et celui ci ne cesse de se faire, depuis la loi quinquennale de Balladur-Giraud en janvier 1994, depuis les lois Fillon du 4 mai 2004, depuis la « recodification » (réécriture totale du Code du travail de 2004 à 2008), depuis les lois Bertrand de 2008 et les suites de l’ANI 2013, le code du travail a été sans cesse passé à l’acide des exigences du Medef. Et tout cela s’est effectué sans retour, sans investissement conséquent, sans amélioration de l’emploi et des salaires.

Toutes les aides sans contreparties sont happées, siphonnées, avalées par les actionnaires, les dividendes, la « finance » sans retour pour l’emploi, sans retour contre la précarité et le chômage, sans progrès pour les salariés. Il faut sauver les entreprises de ces spéculations, pas alimenter les spéculateurs !

Tout ce que cette politique de « baisse de charges » de « baisse du cout du travail », de « flexibilisation » rapporte, c’est le contraire dans les faits que les buts qui sont affichés : 5,1 millions de chômeurs, 7 à 8 millions de précaires, 10 millions de pauvres !

Notre économie ne souffre pas de « trop » de « charges » aux entreprises mais de trop détournement des énormes surprofits de ces entreprises vers les casinos de la finance

L’assistanat de la puissance publique aux actionnaires, rentiers, patrons rapaces, tombe dans un puits sans fond.

Et ceux-ci n’en ont jamais assez !  Quand le gouvernement de gauche propose 20 milliards de CICE, le Medef, en la personne de M. Gattaz, réclame 100 milliards.

Quand le gouvernement donne 2,2 milliards de remise sur les allocations familiales en 2014 au patronat, celui ci réclame la totalité de celles ci, 34 milliards. Quand le gouvernement paie une partie des salaires bruts à la place des patrons, ceux ci demandent à ce qu’ils paient toutes les cotisations sociales à sa place.

Le patronat ne veut plus payer que l’acte productif net, mais pas ce qui permet qu’il existe. Or un salarié peut il produire sans l’éducation, la formation, le logement, la santé, la famille, la prise en charge des accidents du travail et maladies professionnelles, la protection face au chômage, la retraite ? Que cache la « baisse des charges » ?

Quand il est question de fusionner l’impôt et la CSG, où ira l’argent des cotisations sociales ?

Ce sera la fusion des recettes ou la fusion des dettes ? Actuellement notre budget social, toutes caisses confondues ne génère que 10 % du total de la « dette » présumée du pays ? Est-ce là, dans ce budget qui s’équilibre presque, en dépit du chômage de masse, des salaires et cotisations bloquées, qu’on va aller chercher de quoi rembourser les 90 % de dettes qui viennent d’ailleurs ?

Pour y revenir, la « baisse des charges » veut elle dire la fin du salaire brut ? Revenir au XIXe siècle, actionnaires et patrons s’engraissent sans devoirs vis à vis de ceux qu’ils exploitent ? Et qui va croire qu’on va baisser les dépenses publiques et « stabiliser l’impôt » en transférant ce que paient les actionnaires et employeurs… sur le budget de l’état ? Quels sont ces libéraux qui veulent moins d’état et veulent que l’état paie les salaires à leur place ?

Ce n’est pas de la « pression des charges » qu’il faut « sauver » les entreprises mais de la pression de la finance et du gaspis, du détournement et de la fraude, de l’avidité des surprofits et des dividendes. Le meilleur service à rendre aux entrepreneurs ce n’est pas de les laisser s’enfoncer dans l’assistanat, dans la facilité des surprofits au mépris de leurs salariés, c’est de les forcer à ré utiliser  leurs énormes dividendes dans l’intérêt général.

Ce n’est pas sur la feuille de paie qu’il faut chercher les prétendues « charges » : les produits, dans notre pays, seraient vite compétitifs s’ils n’étaient pas « chargés » de 200 milliards de dividendes.

Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, le 2 janvier 2014

(partie 1 :

à suivre partie 2 : « plus d’embauche et dialogue social » ?)

6 Commentaires

  1. ESPOIR
    Posted 2 janvier 2014 at 13:42 | Permalien

    il manque à cet exposé assez complet, le taux de change de l’euro trop élevé par rapport au dollar. Il est une donnée essentielle de la compétitivité de la France.

    L’effet du CICE à l’export qui aurait un impact de 2% environ sur les prix de revient est totalement annulé par un taux de change défavorable de 18 % (des experts estime le taux de l’euro normal à 1.04 dollar)

  2. reveur
    Posted 2 janvier 2014 at 16:01 | Permalien

    merci pour l’autodéfense intellectuelle gérard. Tu me convainc encore davantage de ne pas voter pour ce président.

    Pour les élections locales, je jugerai sur les programmes. Je n’exclut pas d’emblée le PS, mais si ce qui est proposé c’est de l’accompagnement à la casse sociale, c’est clairement ballade en forêt, en bord de mer ou au cinoche.

    Mon siné mensuel est arrivé c matin, je vais pouvoir le lire tout à l’heure. J’attends toujours un crobard de la main de BOB. Ca va clairement dégommé les pneus dans mon sweet home.
    Pas sûr qu’il accepte mais je peux toujours demander.

    En tout cas, ça, les retraites, les cotisations… au moins on est vraiment moins con.ne après.

  3. B
    Posted 2 janvier 2014 at 18:10 | Permalien

    billet interesting because les enflures du Medef ont répondu à Hollande :
     » Oui, Chef »

  4. alain
    Posted 4 janvier 2014 at 9:28 | Permalien

    Bonjour,
    Excellent mais je reste pantois car vous ne parlez absolument de Bruxelles et du TFUE qui impose à la France ce dogme liberal.
    La France dans le tfue ne décide plus. Elle obéit à des directives.
    Un de vos lecteurs a qd meme évoqué l’euro.

    Ah ouai il nous faut une autre Europe, celle dont malheureusement Seguin ou chevenement parlait.

    Ça fait 25 ans qu’on nous parle d’une autre Europe aussi. ..

    C’est foutu !

  5. Posted 4 janvier 2014 at 12:38 | Permalien

    aucun traite n’est applique par aucun pays depuis deux décennies, les critères de Maastricht ne sont respectés nulle part
    arrêtez de dire qu’on est « empêchés » c’est faux et démoralisant, c’est une question de volonté nationale à Paris, de faire ce que nous voulons,
    sans compter que beaucoup de décisions de redistribution des richesses seraient de facto « euro-compatibles », d’autres seraient tellement populaires que nul libéral en Europe ne pourrait s’y opposer,
    mais faut le vouloir !

  6. Posted 7 janvier 2014 at 22:38 | Permalien

    peut être qu’avant il n’était pas totalement appliqué, mais
    actuellement suite au renforcement de certaine parties du traité,
    il est de plus en plus appliqué et pris en compte par le
    gouvernement français et plus question de trainer.
    déjà avec le remplacement de cahuzac par cazeneuve,
    ministre des affaires européennes catapulté en ministre
    du budget, ça parle non.

    Viviane Reding invité par l’assemblée nationale, où comment
    se faire remonter les bretelles…
    h..p://youtu.be/V3OOgomBW1I

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