Le PS n’a pas été consulté, tout ce qui vient d’arriver s’est passé hors de lui – Pour un congrès du Parti socialiste. Démocratie !

Trop facile ! Le Monde écrit : « Le PS doit enfin choisir sa ligne idéologique ». Tous les chantres du libéralisme profitent des événements  pour repartir à l’assaut : faire ployer le premier parti de gauche, le soumettre aux ravages du social libéralisme, le couper de la gauche et du salariat…

Le 26 août, dans le Monde, un de ces “politologues” (Gérard Grunberg) spécialisé en instrument de campagne de propagande libérale y va de sa plume servile : “ Ce qui devait arriver a fini par arriver ! Le Parti socialiste se retrouve face à lui-même, obligé de trancher au plus mauvais moment un débat qu’il a toujours évité de mener au fond : peut-on aujourd’hui être un grand parti de gouvernement, diriger l’une des principales économies du monde et continuer en même temps à véhiculer une idéologie anti-libérale et anti-mondialisation, une idéologie qui considère les chefs d’entreprise plutôt comme des adversaires que comme des partenaires ? Tel est le débat que le Parti socialiste a toujours réussi à éviter jusqu’ici.”

En effet, jamais le PS n’a voté la politique de l’offre, jamais il n’a voté la baisse du coût du travail, jamais il n’a voté la casse du code du travail et de l’inspection du travail, jamais il n’a voté le recul des droits à retraite, la suppression des élections prud’hommes, le gel des seuils sociaux, les ouvertures des magasins le dimanche, la facilitation des licenciements, jamais il n’a voté l’austérité, ni le cadeau de 40 milliards d’euros au Medef, ni la suppression de 50 milliards de nos besoins sociaux, jamais il n’a voté le gel du Sic, ni le transfert des fonds publics de l’emploi au secteur privé…

Si bien que du “Projet” socialiste de 2011 ( dont Valls niait au CN du 14 juin qu’il existait et qu’il avait été discuté, travaillé, adopté) au discours du Bourget qui en découle encore, tout ce qui émane du PS a été balayé par l’exécutif en place depuis mai juin 2012.

Même le rôle du PS a été balayé : alors qu’Harlem Désir à été élu à 61 % des voix au congrès de Toulouse sur un texte de motion (qu’il ferait bon de relire, car même si elle est critiquable à l’époque, elle est devenu elle même une …critique de l’actuelle politique du gouvernement). Harlem Désir à été “déplacé”… non pas par les militants mais par l’Elysée. Lorsque Jean -Marc Ayrault a été remplacé, ce n’est pas le Premier secrétaire du parti majoritaire de l’Assemblée qui a été consulté, non un jeu de chaises musicales a été décidé d’en-haut, hors de toute démocratie liée au Parti et à ses militants. L’actuel nouveau Premier secrétaire “nommé” lui-aussi d’en-haut, souhaitait un vote rapide, un congrès rapide, il a du, comme Harlem Désir, s’incliner devant les exigences du pouvoir personnel.

Les militants sont privés de parole et d’écoute. La seule consultation depuis deux ans qui a eu lieu pour la convention Europe du 16 juin a donné des résultats spectaculaires : 73 % des voix exprimées (sur 59 000 ce jour-là, le 6 juin) ont demandé la “suspension du TSCG signé par Sarkozy avec Merkel, de 65 à 73 % ont pris position contre le TAFTA, pour un Smic européen… mais ce  vote majoritaire a été foulé aux pieds, nul n’en a tenu compte.

Peu à peu les débats et vote du Parti ont été balayés, puis les volontés du groupe parlementaire ont été caporalisées,  puis le gouvernement a été rétréci au point que tout ministre critique soit écarté, le processus impitoyablement antidémocratique de la Ve République a été imposé CONTRE le PS. Il suffit de circuler en province d’une fédération à l’autre, pour mesurer les dégâts : colère, résignation, départs, et fronde.  D’autant que la demande d’un congrès est jusqu’à présent refusée et repoussée jusqu’en 2016.

Et c’est là qu’interviennent les politologues de droite : ils exigent que le PS accepte ces coups de force, il devrait s’incliner, il devrait se soumettre, il devrait éliminer ses principes, sa culture, sa tradition, ses projets, son programme, il devrait accepter le social libéralisme dicté d’en haut.

Y’a t il une résistance ? oui, partout, dans les sections, dans les instances, parmi les militants et les élus, dans le groupe parlementaire.

Et la configuration est telle, en l’absence de congrès, que cela se concentre et se voit de plus en plus dans les instances dirigeantes et au Parlement.

Au Parlement, l’ANI n’ a été approuvé qu’avec 41 abstentions de gauche… et grâce à abstention de toute la droite. La loi contre les retraites ( 43 annuités et 66 ans de facto) a été perturbée à cause de 17 refus de votes socialistes à l’Assemblée : le gouvernement a du passer en force du 17 novembre au 18 décembre par des “votes bloqués”. Puis le gouvernement Valls s’est heurté aux refus de votes de 41 députés, puis de 17 députés puis de 37 députés, ce qui démontre que sa “majorité” est fragile et à la merci d’une fronde.

Au Bureau national du 18 février, un excellent texte contre l’austérité, contre la politique de l’offre, contre la baisse du coût du travail, pour une réforme fiscale et une relance, texte a été signé et défendu par 29 membres sur 72 et il représentait donc 40 % (qui regroupaient les motions 3 et 4 et des parties de la motion 1 liées à Hamon et à Montebourg).

Un “appel pour la retraite à 60 ans” a été lancé en automne 2013 en défense des retraites ( 6000 signatures socialistes) et en mars 2014 autour du texte des 40 % du BN ( 7000 signatures socialistes).

En juin, 100 militants socialistes se sont réunis avec “les socialistes affligés” le 6 juin à Paris 7°, 200 autres avec “UMA” le 14 juin à Paris 11°  et encore 300 “socialistes contre l’austérité” venus de 65 départements à Bellerive-sur-Allier les 20-22 juin.

L’appel “socialistes contre l’austérité” recueille autour de 6000 signatures d’avril à juin.

Puis 100 parlementaires ont  signé un texte similaire contre l’austérité lorsqu’il s’est avéré que le premier gouvernement Valls s’entêtait dans cette voie libérale. (Le gouvernement a essayé d’avoir un texte de soutien mais n’a obtenu derrière Jean-Marie le Guen que 20 députés).

Valls avait fait mine au CN du 14 juin de craindre “la mort de la gauche” : mais ce qu’il entendait par là c’est que la gauche pouvait ne pas survivre si elle lui résistait à lui et à sa politique “blairiste”, à son orientation libérale. Il sommait en quelque sorte ce qu’il appelle “la vieille gauche” (celle qui est “sociale”) de cesser de résister à sa “nouvelle gauche” (“libérale, blairiste, schroderienne”).

C’est donc, c’est vrai un grand choix politique et historique : est-ce que le PS reste ancré à gauche, et recherché l’unité de la gauche, ou bien est ce qu’il se livre aux sirènes du libéralisme comme l’exigent politologues et grands médias pro patronaux.

Cette résistance, dans le parti, ne peut se faire entendre qu’à l’occasion d’un congrès. Normalement celui-ci devait avoir lieu fin 2014. Mais l’exécutif le refuse et cherche le “bon moment” pour essayer de reprendre en main, de caporaliser le parti comme il travaille a le faire chaque jour du groupe parlementaire. Il s’agit de mettre tout le parti à la botte de la politique suivie.

Renommé les 25 et 27 août, avec un gouvernement rétréci, et encore plus nettement libéral, Manuel Valls sait qu’il lui faut affronter la double fronde du PS et de ses parlementaires : alors il menace : “Si la majorité au Parlement n’était pas au rendez vous c’en serait fini”.

Il y a donc un double chantage contre ce qu’est le PS, contre ses principes, ses orientations, ses militants, contre sa démocratie.

Chantage des politologues, propagandistes des grands médias qui veulent libéraliser notre parti, le faire rompre avec ses racines, son histoire, ses références.

Chantage, coup de force institutionnel de l’exécutif : si nos députés ne votent pas “c’en sera fini”.

Mais “fini” de quoi ? Fini de la politique du gouvernement de Manuel Valls ? Ou fini de la majorité de gauche de mai juin 2012 ? Car ce n’est pas du tout pareil ! Si Valls est en minorité, le PS sera… en majorité. Si la majorité du groupe parlementaire met Valls en minorité, elle se retrouvera en phase avec la majorité de ses électeurs, un autre gouvernement pourra surgir de la majorité qui existe : rose rouge verte.

Nul ne peut penser en ce cas que Valls pousserait le Président à faire un putsch en dissolvant l’assemblée de gauche : quiconque ferait ça ramènerait la droite en force aussitôt ! et aussitôt ce qui serait “fini” et pour de bon dans ce cas là, ce serait le pouvoir du président.

La vérité c’est que le PS et les parlementaires sont sociaux et démocrates, et qu’au cas où Valls serait mis en minorité, ce serait normal, dans un Parlement normal. Ca ne serait pas “fini”, ça recommencerait autrement. Et un président normal devrait nommer un autre gouvernement normal correspondant à la majorité réelle du PS et du Parlement. Et le PS continuerait à exister et à lutter selon le meilleur de ses traditions de gauche.

 

 

 

 

7 Commentaires

  1. step
    Posted 27 août 2014 at 15:24 | Permalien

    « mais ce vote majoritaire a été foulé aux pieds, nul n’en a tenu compte. » Ce n’est pas qu’au PS… j’en ai un souvenir européen cuisant. Je constate que la réflexion progresse sur l’état de notre démocratie….

    « Nul ne peut penser en ce cas que Valls pousserait le Président à faire un putsch en dissolvant l’assemblée de gauche  » Oh si, Oh si. L’objectif n’est pas de conserver le pouvoir, mais de le céder à quelqu’un (de droite) qui conduira la même politique économique. Hollande il a déjà sa paye à vie.

    Bonne chance nonobstant.

  2. step
    Posted 27 août 2014 at 15:25 | Permalien

    « la même politique économique » entendre  » au service des même intérêts ».

  3. milan
    Posted 6 septembre 2014 at 10:43 | Permalien

    Le parti socialiste creuse sa tombe en laissant faire cette politique sociale libérale Vals Hollande
    si les députés socialistes ne font rien , ils seront rendus co-responsables
    le souffle qui les balaiera de leurs mandats sera plus fort que celui qui les a poussés hors de leurs mairies
    On ne trahit pas son électorat sans que celui ci un jour se rappelle a son bon souvenir….
    apres 30 mois de gouvernance aucun résultat , aucune perspective d’amélioration et on prétend que c’est la seule voie possible !!!
    La patience des citoyens ne sera peut etre pas infinie
    Il est temps que cela change

  4. Posted 6 septembre 2014 at 11:42 | Permalien

    adhères donc !

  5. Posted 8 septembre 2014 at 9:25 | Permalien

    La majorité de gauche ? Les contestataires PS n’ont font pas partie. Ce n’est pas pour eux que la majorité des électeurs s’est déterminée. On n’a pas viré Sarkozy pour finir de vider les caisses de l’Etat. Résultat : vous allez donner une nouvelle majorité à Marine Le Pen. Vous pouvez être fiers de vous, les apprentis-sorciers !

  6. Posted 8 septembre 2014 at 10:33 | Permalien

    c’est dément votre.. non analyse

    vider les caisses de l’état ? mais elles manquent de recettes parce que les impôts ne sont pas assez élevés sur les sociétés et riches, et si l’on ramassait cet argent pour le mettre pour l’emploi au lieu de les laisser jouer avec a la roulette casino aux iles Caiman, on s’en sortirait

    ce qui donne que Le Pen est en tête même de façon relative, (car en chiffres absolu elle perd des voix) c’est que la gauche ne fait pas une politique de gauche

    haussons les salaires, baissons les dividendes, et ça fera sur Le Pen l’effet attribué a l’ail sur les vampires

  7. Posted 8 septembre 2014 at 20:04 | Permalien

    ça n’est pas plus dément que votre sempiternel slogan « Y a qu’à prendre aux riches » qui est d’une simplicité déconcertante. Les nombreux pays qui vont mieux que la France l’ont-ils fait ?

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