Négociations de branches pour le CICE et le « Pacte de responsabilité » ? Du vent !

« Le patronat n’a pas passé la vitesse supérieure. Il doit aller plus vite. Il faut qu’il fasse son boulot ! » s’insurge Laurent Berger, selon qui « deux branches professionnelles ont signé un accord, vingt ont ouvert des négociations, quatre font un état des lieux sur leur situation économique et sociale, vingt-quatre n’ont rien fait du tout. Ce n’est pas acceptable ! »

Sur les 700 branches, à peine 47 « sont mobilisées ». A peine « une vingtaine devrait finaliser leurs discussions d’ici à la fin octobre » assure le Medef dans un communiqué.

Et encore, ce chiffre est-il contesté par les syndicats, mais aussi par la CGPME : « Nous avons beaucoup de branches en commun avec le Medef, et d’après ce que nous voyons, c’est bien moins. » Pour beaucoup, l’engagement se limite à de vagues discussions.

Ce n’était pas la peine d’introduire dans l’ANI du 11 janvier 2013 que les Comités d’entreprises pourraient demander des comptes sur l’emploi du CICE ! Le patronat se moque impunément de sa propre signature ! (cf. Bilan de l’Ani dans le dernier livre « comment résister à la démolition du Code du travail ? » Ed le vent se lève, 116 p 10 euros Gerard Filoche, préface de Thierry Lepaon)

Les accords tangibles sont au nombre de deux : dans la chimie et dans la métallurgie.

Le ministre des Finances se met donc à expliquer qu’il ne fallait « pas attendre d’effets directs sur les embauches du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi » (CICE).

Cet avantage fiscal est d’après lui destiné « à aider les entreprises à reprendre l’initiative ».

Il ne faut plus selon lui s’attendre à un effet direct du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) sur les embauches » ose dire Michel Sapin lors d‘une visite du site de la société Broc Service Frais à Feyzin, près de Lyon, vendredi 5 septembre :

« Ce n’est pas comme ça que fonctionne l’économie, ce n’est pas comme ça que fonctionne une entreprise : le CICE est là pour aider les entreprises à reprendre de l’initiative », a-t-il affirmé.

« L’initiative cela peut être de sauver une entreprise »

« L’initiative, cela peut être un investissement, cela peut être de sauver une entreprise », a ajouté Michel Sapin.

S’il y a « des entreprises qui grâce au CICE ne vont pas créer un emploi », le ministre considère néanmoins qu’elles « vont éviter d’en détruire ». Et d’ajouter : « Le CICE vient d’être versé, donc on ne sait pas à quoi dans chaque entreprise il peut être utilisé ».

Lire CICE : « Il y a une responsabilité évidente des entreprises françaises » (Sapin)

Tout ça parce que le « Rapport d’évaluation du CICE » est censé être fait rendu bientôt ! le Comité de suivi du CICE, présidé par Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective, doit présenter d’ici la fin du mois ce rapport « d’évaluation de ce dispositif. »

En 2013, le CICE représente 4 % de la masse salariale des salaires inférieurs à 2,5 Smic, et 6 % en 2014. En régime de croisière, il doit représenter un budget de 20 milliards d’euros annuels. Tout ça pour dire qu’il n’y a « pas de relation directe avec la création d’emplois » !

Prenons l’exemple concret de la branche chimie souvent évoqué :

L’industrie chimique en France a perdu 41704 emplois de 2000 a 2013 pour des bénéfices en considérable hausse. Elle est passée de 244 685 à 203 161 emplois selon le patronat de l’UIC (union des industries chimiques). La chimie ca pèse 83 milliards, pour les raffineries, le caoutchouc, la plasturgie, la pharmacie… On cite Sanofi, Arkema, Rhodia, Michelin, Faurecia, Loreal, Alcan-Pechiney…

Alors le CICE puis les milliards du « pacte dit de responsabilité » vont être déversés au secteur : pour la seule branche chimie ce sera 80 millions de C3S, 180 millions de baisse d’impôts, 290 millions de CICE, 80 millions d’exonérations de cotisations patronales. Au total : 685 millions d’euros.

« Ca va être bénéfique pour l’emploi » affirmait le président Hollande le 14 juillet. L’UIC annonce en effet 47 000 recrutements d’ici 2017. Soit environ 15 000 par an pendant 3 ans.

Faut il y voir un exemple fameux de « contrepartie »  patronale aux centaines de millions reçus par cette branche chimie ? (Notons que cela revient très cher : 140 000 euros par emploi).

Mais seront-ce des emplois  » nouveaux » ?

Non, pas du tout affirme à juste titre la branche CGT chimie. Car en 2013 il y a déjà eu 15 689 recrutements « naturels » (8755 en CDI, 6924 en CDD) qui ne compensent d´ailleurs même pas les départs  » naturels » en retraite, les restructurations, fin de CDD, etc. Le « solde » est négatif depuis 2000 de 1,5% par an.  Mais alors ca va continuer : cela correspond simplement, en prolongeant ces calculs, aux 47 064 annoncés sur trois ans.

« Supercherie » crie la CGT ! Mais non, pas du tout, réplique cyniquement l’UIC car ce sont des emplois que nous ne supprimerons pas alors qu’ils l’auraient été !

Y’aura t il tout de même un excèdent de création d’emplois?

Autour de 1000 emplois en plus par an explique candidement l’UIC ! Alors ça coûte encore davantage de subventions publiques en plus pour ces mille emplois privés, le cout est énorme ! rétorque la CGT.

Et chacun de comprendre, à partir de cet exemple industriel concret et précis (mais on peut aussi se remémorer les 3 milliards donnés sans aucun effet emploi pendant 5 ans aux patrons de la restauration, ils auraient financé 100 000 fonctionnaires…) qu’on est pas près d’inverser la courbe du chômage.

On comprend que Berger s’inquiète, le Medef ne se presse pas et fait du vent, Michel Sapin prend les devants en expliquant que si on connaît la vie des entreprises, il ne faut s’attendre à rien.

Si on connaît la vie des entreprises au 2° trimestre, on sait qu’elles ont distribué 30, 3 milliards de dividendes alors qu’elles recevaient 7 milliards de CICE.

On va se faire saigner 50 milliards de nos besoins publics pour en donner 41 milliards aux actionnaires qui se goinfreront tandis qu’on restera avec 5,9 millions de chômeurs toutes catégories confondues.

 

 

 

 

 

6 Commentaires

  1. step
    Posted 9 septembre 2014 at 14:47 | Permalien

    si l’on ne s’attend à rien… pourquoi leur donner quelque chose ??

  2. milan
    Posted 9 septembre 2014 at 15:22 | Permalien

    les députés frondeurs qui prévoient de s’abstenir lisent ils ton blog?
    Ils en pensent quoi de ces cadeaux faits aux riches?
    Il était évident que tous ces milliards iraient avant tout aux actionnaires et comme la France ne peut aider un modèle d’entreprise particulière sous peine que Bruxelles trouve cela discriminatoire on voit bien vite les limites du système social libéral du Président

  3. Posted 9 septembre 2014 at 22:53 | Permalien

    Donner aux pauvres coûterait moins cher et rapporterait plus puisqu’ils dépenseraient un peu plus, que les entreprises seraient un peu obligées de recruter pour faire face à la demande et que d’autres verraient le jour et du coup il y aurait moins de gens très fauchés qui à leur tour, etc.

    Je n’arrive pas bien à comprendre pourquoi ce raisonnement est si difficile à comprendre. Pourtant dans le sens demander plus d’impôts à ceux qui sont le plus nombreux parce qu’ils sont nombreux c’est très bien compris. Alors pourquoi dans l’autre sens ça ne passe pas ?

  4. Posted 10 septembre 2014 at 0:18 | Permalien

    oh oui, ils lisent !

  5. Posted 24 novembre 2016 at 21:50 | Permalien

    salut,
    je viens d’entendre sur arte ( émission 28 minutes) que vous disiez que le cice n’était que pour les grandes entreprises.
    Est-ce vrai?
    Est-ce ce que vous pensez?

    remarque
    il me semble que les boites de profs ( acadomia, educia ) pratiquent un capitalisme à la tache limite légal.Quelqu’un s’y est-il penché?

    merci d’aider aussi le sous prolétariat

  6. Posted 24 novembre 2016 at 22:05 | Permalien

    les 1000 entreprises qui font 50 % du Pib siphonnent tout en effet

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*