Quelles entreprises raflent la mise des 41 milliards de Valls ?

Dans un débat sur France 24 un représentant du Medef, Thibault Lanxade me défendait l’Entreprise, « créatrice d’emplois » en des termes que Manuel Valls n’aurait pas renié. Mais tout patron qu’il était, il ne savait pas ce qu’étaient les entreprises de notre pays.

L’Entreprise avec un grand « E » ça n’existe pas, c’est un MYTHE. Il existe 1,2 million d’entreprises très différentes. Elles n’ont rien à voir entre elles : CAC 40, grands groupes, ETI, PME-PMI ou TPE.

Thibault Lanxade s’indignait que je dénonce principalement les 1000 entreprises qui, à elles seules, produisaient 48 % du PIB, décidaient de tout et captaient l’essentiel des 41 milliards que Valls allait distribuer. Il entendait, lui, Medef, nous rebattre les oreilles avec les ETI, PME, et TPE.

Mais les entreprises de taille intermédiaire (ETI, entre 250 et 4999 salariés, 2,8 millions de salariés)) censées être l’épine dorsale des exportations sont en fait sous contrôle des grands groupes. Les ETI « indépendantes » ne jouent qu’un rôle très marginal dans l’économie et dans les exportations avec 166 000 salariés.

Quand aux PME (plus de 10 mais moins de 250 salariés) dont il me rabattait les oreilles, dans 1 cas sur 2 elles n’ont qu’un seul donneur d’ordre, ce sont des filiales des groupes, des unités sans autonomie ni même parfois de consistance. De nombreuses PME  ont été rachetées par les grands groupes sans lesquels elles n’existeraient pas. Elles ont été créées pour « externaliser » un service de l’entreprise-mère ou échapper à des seuils sociaux (11 ou 50 ou 300 salariés) ou faire sortir des salariés du champ d’une convention collective. Les PME sous contrôle d’un groupe emploient 1,450 million de salariés !

Certes les PME « indépendantes » emploient encore 2,070 millions de salariés mais sur un total de 17 millions de salariés, ca ne représente que 12,5 % des salariés du secteur marchand, ce qui est très loin des 50 % à 70 % annoncé par le porte-parole du Medef ! 97 % du total des entreprises ont moins de 50 salariés.

Quant aux TPE (moins de 11 personnes, 4,2 millions de salariés) elles emploient 19 % des salariés du secteur marchand (hors agriculture). Il s’agit, notamment, des artisans et des commerçants. Il n’y a rien à voir entre la faiblesses du million de TPE de moins de 11 salariés et la puissance des 1000 entreprises de plus de 1000 salariés.

Alors qui est-ce qui rafle les crédit impôts compétitivité (CICE) et les 41 milliards du « Pacte » dit de « responsabilité » ?

Ce sont bel et bien les « groupes », en France,  2 % des entreprises qui emploient 64 % des salariés (50 % dans les groupes français et 14 % dans les groupes étrangers) et réalisent 70 % de la valeur ajoutée. Ce sont les 217 entreprises de plus de 5000 salariés qui emploient 31 % des salariés qui se goinfrent le plus des milliards de l’état. Et pourtant ce sont elles qui ont les marges les plus élevées, qui licencient le plus, qui embauchent le moins !

Affiche Finale

 

à lire dans ma chronique hebdomadaire de l’ Humanité Dimanche n°202

6 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 9 septembre 2014 at 14:31 | Permalien

    Puisqu’on en est aux cadeaux fiscaux, il faut savoir que l’administration fiscale s’acharne contre Acrimed, une indispensable association d’analyse des médias (la seule de son espèce) tandis que dans le même temps un organisme comme Civitas se voit reconnu comme d’intérêt général.
    Voir le communiqué d’Acrimed, à faire circuler pour soutenir cette association :
    http://www.acrimed.org/article4437.html

  2. Lionel mutzenberg
    Posted 10 septembre 2014 at 11:22 | Permalien

    Tout à fait ! l’on attaque Acrimed, mais nos socialistes à deux balles laissent Yves Calvi avec son émission C’ Dans l’Air, sur France 5,chaîne publique, répandre ses saloperies chaque jour.
    Mais quand va-t-on pouvoir les virer ?

  3. Posted 10 septembre 2014 at 12:21 | Permalien

    Tribune

    Offre ou demande, le mauvais débat français

    Par Jean-Claude Rennwald, politologue, militant socialiste et syndical

    « Savoir ce qui provoque un infarctus n’est pas savoir le traiter ; il en va de même avec les crises économiques », écrit Paul Krugman, prix Nobel d’économie, en ouverture de son ouvrage Sortez-nous de cette crise … Maintenant ! (Flammarion, 2012). Cette affirmation reflète le climat dans lequel nous vivons. Climat dominé par l’incertitude, car sur des notions essentielles telles que la croissance ou la dette, chacun y va de son petit couplet. A quoi s’ajoute qu’à gauche, beaucoup sont déboussolés par la politique des François Hollande, Manuel Vals et autres Emmanuel Macron, politique pour l’essentiel dictée par le MEDEF, principale organisation du patronat français.
    Par rapport à ceux qui soutenaient, voici quarante ans déjà, l’idée de décroissance, le socialiste Willy Ritschard, alors conseiller fédéral, avait déclaré devant le Conseil national : « Comme syndicaliste, je sais ce que la croissance zéro signifie. » Il ne croyait pas si bien dire, puisque la Suisse sortait de l’une de ses crises les plus graves, qui avait surtout frappé l’horlogerie et l’industrie des machines et qui s’était traduite par des dizaines de milliers de licenciements et par le renvoi de 250’000 travailleurs migrants dans leur pays.
    Quarante ans plus tôt, une croissance négative avait eu des effets encore plus désastreux. Comme on peut le constater à la lecture du magnifique livre de Johann Boillat, Les véritables maîtres du temps. Le cartel horloger suisse (1919-1941) (Alphil, 2013), les exportations horlogères sont passés, de 1929 à 1933, de 307 à 96 millions par année. Dans le même temps, le taux de chômage dans l’horlogerie grimpait de 0,4 à 31,7 % !
    Ces chiffres sont sans appel, mais la nécessité d’une croissance forte pour soutenir l’emploi n’empêche pas de réfléchir au contenu de cette croissance. Plutôt que d’entrer dans le débat croissance-décroissance, nous pensons, à l’instar de Michael Loewy, sociologue franco-brésilien, qu’il faut ranger les activités économiques dans trois catégories :
    • Les activités qu’il faut détruire, comme l’armement et le nucléaire.
    • Celles qu’il faut modérer, comme l’automobile, l’industrie des médicaments ou du tabac.
    • Les activités dans lesquelles on doit investir massivement : formation, recherche, services et transports publics, nouvelles technologies, énergies renouvelables.
    Ainsi seraient jetées les bases d’une économie écosociale, laquelle suppose encore que les principes de la démocratie politique soient étendus à l’entreprise.
    En France, le débat porte sur une politique de l’offre ou de la demande. Opposer ces deux termes nous paraît stérile, point de vue que partage Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne : « Une stratégie cohérente pour réduire le chômage doit s’appuyer sur des mesures d’offre et de demande tant au niveau de la zone euro dans son ensemble qu’aux niveaux nationaux. » (Le Monde, 30 août 2014).
    Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est une politique de l’offre visant à renforcer la compétitivité des entreprises. Le « Pacte de responsabilité » (40 milliards accordés aux entreprises sur le dos des contribuables) de François Hollande est une catastrophe, car le gouvernement social-libéral n’a obtenu, en échange, aucune garantie concrète du patronat pour la création d’emplois. L’amélioration de la compétitivité devrait d’ailleurs être le fait des entreprises elles-mêmes. On l’a bien vu en Suisse lors de la crise horlogère des années septante. Sans Nicolas Hayek et quelques autres, qui ont changé l’organisation de la branche, les méthodes de travail et initié de nouveaux processus de fabrication, l’horlogerie n’existerait peut-être plus. Le soutien public à la politique de l’offre n’est intervenu qu’à titre subsidiaire, via l’arrêté Bonny, qui prévoyait des aides pour les entreprises de l’Arc horloger et les usines textile de Suisse orientale, à condition qu’elles créent des emplois et qu’elles se diversifient.
    En France, les entreprises ne souffrent pas de charges trop lourdes, mais de carnets de commande qui sont vides. C’est ici qu’intervient le volet demande de la relance, qui implique une augmentation des investissements publics et un renforcement du pouvoir d’achat, via une revalorisation des salaires, notamment du SMIC. Ces mesures ne doivent pas être contrecarrées par de monstres paquets d’économie. Vous allez faire grimper la dette de manière exorbitante, répliqueront les austériens (partisans d’une austérité sans concession). A court terme sans doute, mais cela va aussi relancer l’emploi et améliorer les rentrées fiscales. Entre 1939 et 1941, une vague de dépenses fédérales a fait augmenter de 7 % le nombre des emplois aux Etats-Unis, « ce qui reviendrait aujourd’hui, précise Paul Krugman, à créer plus de dix millions d’emplois » !
    En Suisse, en France, aux Etats-Unis et ailleurs, la droite et le patronat prétendent que la réussite réside dans la faiblesse des impôts. Or, rien n’est plus faux. Aux Etats-Unis, la part des impôts dans la richesse nationale s’élevait à 20,6 % et le taux de chômage à 4 % en 2000. Dix ans plus tard, en 2010, la part des impôts était tombée à 15,1 %, mais le taux de chômage (9,6 %) avait doublé ! Dès lors, pour faire baisser le chômage, augmentons les impôts, surtout ceux des 10 % les plus aisés, qui détiennent 60 % de la richesse en Europe et 70 % aux Etats-Unis, pour se donner les moyens de faire face aux périodes de récession.

  4. milan
    Posted 15 septembre 2014 at 9:01 | Permalien

    ce matin on apprend que Gattaz entend revenir ur le nombre de jours férié
    Or la France avec 11 jours n’est qu aun 37em rang international dans le nombre de jours férié
    Le Japon en a plus que la France par exemple
    Monsieur Gattaz s’attaquera ensuite au nombre de RTT ; au travail de nuit et a une baisse du smic pour les chomeurs longue durée….
    Vive le Medef
    comme dit Valls….

  5. milan
    Posted 15 septembre 2014 at 12:23 | Permalien

    http://www.lepoint.fr/economie/les-grandes-economies-mondiales-ralentissent-et-la-zone-euro-decroche-15-09-2014-1863255_28.php#xtor=CS3-191
    LEurope s’enfonce dans la crise
    elle etait censée défendre nos emplois , total elle a laissé rentrer le loup dans la bergerie en laissant fermer des milliers d usines et licencier des millions de travailleurs
    Peut on encore avoir confiance a ceux de droite et de gauche qui ont permis cela ?

  6. milan
    Posted 19 septembre 2014 at 14:16 | Permalien

    c’est bien calme ici

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