« Le lien de subordination incarné par le salariat ne correspond plus à notre système productif » (on dirait du Macron Rebsamen) selon Denis Pennel, auteur, au Seuil, en 2013 de « Travailler autrement : Quel avenir pour le travail à l’heure de la révolution individualiste ? ». Selon Denis Pennel « Nous avons sans doute franchi le point culminant du salariat ». (C’est très osé alors que le salariat représente 93 % de la population active, et qu’il n’a cessé de croitre depuis 70 ans.)
Pennel reconnaît que « les chiffres semblent contredire l’importance du travail indépendant, puisque la France compte seulement 2,6 millions de travailleurs non salariés ». (Il exagère, c’est moins, sans doute 2 millions). Mais, il souligne que « l’hybridation des formes d’emploi progresse : CDD, intérim et temps partiel, le CDI à temps plein direct n’occupe plus que 70 % du champ du salariat« . (Il exagère encore, en fait 85 % des contrats sont des CDI et 95 % entre 29 ans et 54 ans).
Il prétend que la « pluri-activité brouille la frontière stricte entre salariat et travail indépendant » : 2,3 millions de personnes cumuleraient plusieurs activités professionnelles (non-salariés exerçant une activité secondaire salariée, salariés exerçant une activité secondaire non salariée, salariés à multi-employeurs). (C’est du pipeau, ces pauvres gens ne peuvent faire autrement pour survivre et ces économies informelles dysfonctionnent et relèvent du tiers monde pas du fonctionnement d’une économie développée comme la nôtre).
Il propose donc de faire du Macron : développer de « nouvelles formes de travail, telles que les auto-entrepreneurs, micro-entreprises ou consultants indépendants…Chacun devenant son propre employeur et fournit à une organisation le fruit de son propre labeur ». (En fait la précarité a doublé mais elle ne fait que 15 à 18 % des contrats – les embauches sont à 80 % en CDD mais en flux, pas en stock et les « indépendants » ne sont que 7 % des actifs et souffrent dans leur RSI riquiqui).
Donc il faut remplacer la « subordination » par la « soumission librement consentie » comme le dit le Medef. Pennel prétend que le CDI ne protège plus les salariés : détenir un CDI ne garantit plus un emploi à vie. (Là, il ment : en fait la durée des CDI s’allonge contrairement a tout ce qu’il raconte et ils sont passés, en 30 ans, de 9,5 ans en moyenne à 11,5 ans)
« Un retour vers le passé » se demande Plennel ? « Certains pourront voir le développement du travail hors salariat comme une régression historique » (Oui !) « Le danger face à l’essor du travail hors salariat est de revenir vers une marchandisation du travail, un travail à la demande, payé uniquement en fonction des tâches effectuées, une sorte de retour vers le « tâcheron » ou le travailleur « journalier ». En outre, le risque est de voir des emplois salariés se transformer en faux travail indépendant, uniquement pour des raisons d’optimisation sociale. […] (Ca c’est vrai, ce serait une énorme régression et ils la souhaitent mais elle totalement improbable, à contre courant de toute la dynamique économique et sociale des 70 dernières années)
Pennel ne fait pas une analyse de la réalité : c’est un programme qu’il défend, celui de Macron (quand il modifie l’article 2064 du code civil) et du Medef.
lire « Salariés si vous saviez… » Ed. La découverte 2007, en voie de ré édition actualisée
lire chronique hebdomadaire « au boulot » dans l’Humanite dimanche ici n°236
2 Commentaires
Pour entendre la CDU allemande en stéréo, il suffit d’écouter ce que dit le Parti « Socialiste » français :
« En visite officielle au Portugal, bon élève de l’austérité européenne, Manuel Valls a invité, vendredi, les autorités grecques à présenter « une liste de réformes plus profondes » et à « persévérer dans leurs efforts », si elles veulent obtenir les nouvelles aides européennes qu’elles réclament. »
source : http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/valls-fait-la-lecon-a-la-grece-lors-d-une-visite-au-portugal_1669865.html
Pour mémoire, les « réformes » demandées par l’Eurogroupe portent, entre autres, sur l’allongement de la retraite à 67 ans, l’augmentation de la TVA et de nouvelles privatisations.
Merci pour avoir cité mon livre.
Les dernières séries longues de l’INSEE apportent des enseignements intéressants sur la montée du travail indépendant:
- Sur 15 ans, le nombre total d’emplois nets créés est de 1,4 millions, 30% sont des emplois non-salariés (422 000);
- Depuis 2008 (jusqu’en 2014), le nombre d’emplois nets créé est de 169 000 mais ceci dissimule la destruction de 146 000 emplois salariés compensée par la création de 315 000 emplois non-salariés.